La douleur Nina, oh cette douleur... Je m'en souviendrai toujours. Elle m'a brisée. Morcelée. Je m'y suis perdue.

Je suis un minuscule corps désarticulé dans un océan de souffrance, malmené par la houle, étouffé par l'écume, écrasé par les vagues violentes.

Mes proches ont tenté de m'aider, ils m'ont tendu des mains, jeté des bouées, crié d'aller mieux. Mais rien n'y faisait, j'avais mal et mes cordes vocales ne voulaient plus rien prononcer alors que ton nom sonnait creu.

Je fume, beaucoup, parce que la fumée emporte tellement de douleur... Mais à chaque taffe, je pleure et je m'en veux de te trahir. Et pendant que je tire sur la cigarette, je me dis que de toute façon, tu n'est plus là pour voir ça.

Ça déchire ma poitrine, je n'arrive pas à comprendre pourquoi toi, pourquoi si tôt, pourquoi je n'ai pas eu le temps d'apprendre à te connaître. Je n'ai pas eu le temps de repeindre les murs de ton appart', acheter un chien ou te voir en robe blanche. Personne ne te verra en robe blanche Nina. Sûrement pas moi.

Parfois rien.

Un vide.

Béant.

C'est ça que tu as laissé dans mon cœur. Et la douleur le remplit. Parfois les larmes la font disparaître et c'est si vide que plus rien ne s'écoule de mes glandes lacrymales.

Ces moments là sont horribles mais les pires c'est ceux dans lesquels tout brûle dans moi. Dans lesquels la souffrance est telle que je n'ai même plus le temps de pleurer.

Je suis revenue dans l'appart, souvent, trop souvent. Putain à chaque fois que j'y allais j'espérais tellement fort que tu sois là, allongée sur le lit.

Et à chaque fois que j'y allais, il n'y avait rien.

Les mêmes murs blancs, le même balcon sur lequel je fumais à ta place, la même cuisine minuscule.

Longtemps je n'ai rien fait pour éteindre tout ça. Longtemps j'ai abandonné face à la douleur. Je ne saurais donner des précisions. Tout était flou, beaucoup trop. Elle m'est apparu si tard, ma solution...