Septembre - 3

Coby @ Les Potes

Bonjour tout le monde ! Comme prévu lorsque nous avons quitté Dublin, aujourd'hui, on se retrouve pour faire les comptes et notre bilan de voyage. Pour éviter que ça soit trop ennuyant et parce que c'est sans doute la dernière fois qu'on se retrouve tous ensemble avant le GRAND DÉPART À LA FAC, je propose qu'on se voie à la salle d'arcade, là où toute cette histoire a commencé. Ça vous va ?

Je relis le message de Coby alors que je suis en route pour ladite salle d'arcades. Pour une fois, je n'ai pas pris la voiture parce que j'ai bien envie de me laisser porter dans la ville par les transports en commun. Mes yeux se promènent sur le paysage urbain, et je sens la nostalgie qui commence à me saisir le cœur. Coby a totalement raison ; c'est sans doute la dernière fois qu'on se voit tous ensemble.

Hier, j'ai appris une affreuse nouvelle : la mère de Samuel n'est disponible qu'un seul jour pour l'aider à déménager à Coleraine. Et comme les choses sont bien faites, c'est le même jour que ma propre installation à Dublin. Je pensais que nous allions nous aider l'un l'autre — et en profiter pour grappiller toutes les minutes possibles ensemble — mais apparemment, c'est irréalisable. Je ne peux pas décaler puisque la camionnette de déménagement est déjà louée, et il est hors de question de demander à Samuel de changer. Je me suis donc promis de faire un effort pour lui rendre visite le plus rapidement possible.

Je veux également profiter de la réunion pour proposer à Coby de prendre la place de Samuel. Je me doute qu'il va sauter au plafond, parce que lui aussi, il va être séparé de moi. C'est une réalisation qui m'a frappée quand je profitais de la vie à Dublin. Je vais non seulement être séparé de mon mec, mais aussi de mon meilleur pote. Et c'est bien plus douloureux que prévu.

— Hello !

Je sors de mes pensées franchement tristes, et je fixe celui qui m'a hélé. Je suis heureux que ça soit Coby qui arrive le premier. Je vais pouvoir lui parler de ma proposition.

— Salut salut.

— T'es tout seul ?

— Comme tu peux le voir. Je suis trop en avance.

— Une envie de fuir la maison ? Ton père est toujours là ?

Je grimace en me rappelant la très mauvaise surprise qu'il m'a faite en revenant à la maison. La seule chose qu'il a réussi à me dire, c'est que ma nouvelle maison devait être Oxford et qu'il fallait que je pense à mon déménagement. Il est reparti comme un fantôme, ne changeant pas ses habitudes.

— Non. Il est à Londres.

— Il devrait déménager là-haut. Il y passe toute sa vie.

— C'est une proposition que ma sœur lui a faite. Il commence franchement à y réfléchir d'ailleurs. Je ne sais pas comment il fera avec son travail, mais je m'en moque complètement.

Coby est arrivé à ma hauteur, et pose un bras sur mon épaule. Il est ainsi à chaque fois que je parle de mon paternel. Au début, je n'osais pas le faire devant lui ; ses parents sont divorcés et il voit son père une fois dans l'année, tout au plus, alors qu'il l'adore. J'ai fini par lui demander si ça ne le dérangeait pas. Il m'a répondu avec un grand sourire que ça allait. La plupart du temps, je ne le crois pas vraiment. Mais pour faire cracher le morceau à Coby, il faut se lever tôt. Très tôt même.

— Curtis...

Je sursaute un peu. Ça fait de nombreux jours qu'on ne m'a pas appelé comme ça et même si c'est impossible, j'ai l'impression d'en avoir perdu l'habitude. Je sais que je devrais attendre l'arrivée des autres, mais je ne peux pas m'en empêcher. Il faut que je lui en parle.

— Ne t'inquiète pas Coby, tout va bien. J'ai juste quelque chose d'important à te dire.

— Tu me fous les jetons. C'est grave ? C'est triste ? Ou est-ce qu'il faut que j'aie encore recours au sandwich de Curtis ?

Je souris, et décide de rebondir sur cette spécialité de mon meilleur ami.

— Pour reprendre tes mots, il faudrait que tu aies recours au sandwich d'Adil.

Il lève les sourcils, avant de me balancer un magnifique.

— Hein ?

Je farfouille dans ma poche pour trouver mon passeport et mon visa, et lui révéler cette vérité que je cache depuis plus de trois ans. Il va sans doute m'en vouloir, mais je vais tenter de lui expliquer les tenants et les aboutissants de cette histoire.

— C'est mon véritable prénom. Celui choisi par ma mère. J'en avais honte, j'avais honte de qui j'étais, et je me suis réfugié dans mon identité anglaise, celle qui me permettait de me fondre dans la masse. Sauf que je ne suis pas comme la masse, et ça ne fait rien. Crois-moi, ça me ferait très plaisir que mon meilleur ami m'appelle par le nom qui m'a été donné à la naissance.

Il observe le passeport et ma tête par intermittence, et je ne sais pas trop quoi penser. Pour une fois, je ne parviens pas à lire en lui comme un livre ouvert. Au bout de nombreux aller-retour, il me rend le livret et me fixe droit dans les yeux, la tête neutre.

— D'accord.

Il s'approche de moi, colle ses deux mains sur mes joues rebondies par mon sourire grandissant, et déclare avec une certaine solennité.

— Cher Adil, je tiens simplement à te faire remarquer une minuscule, toute petite, riquiqui chose.

Il serre ma peau comme un sandwich, et éclate en même temps.

— T'aurais quand même pu me le dire plus tôt, hein !

Je me laisse emporter par une vague de rire, qui chasse l'appréhension de mon cœur. Je n'ai même pas besoin de m'expliquer. Coby fait son Coby, et c'est justement pour ça qu'il m'est si précieux.

— Je suis désolé.

— Ne t'excuse pas, crétin !

Il finit par me relâcher, avant de sauter dans mes bras. Il ne m'a jamais serré aussi fort.

— Je devine que ça a pas dû être facile. Que ça va pas l'être. Mais je suis fier de toi, je suis fier de ton évolution, et je serais toujours là pour toi, okay ? Même si t'habites à cent soixante-cinq virgule six kilomètres de chez moi.

— C'est précis.

Il me rapproche plus encore de lui, tout en grognant.

— La ferme.

Mes lèvres s'étirent alors que je respire son odeur. Il n'en a pas de spécifique comme d'autres personnes, et il ne se couvre pas de parfum. Pourtant, mes sens l'emmagasinent et l'intègrent dans mes souvenirs. Je ne sais pas vraiment pourquoi je fais ça ; je ne pars pas à des milliers de kilomètres, et deux heures de route, c'est vite fait, surtout avec un but et de la bonne musique.

— Je t'aime, Adil, finit-il par dire, en me laissant enfin respirer.

Son sourire est à la limite du mélancolique, et son regard fuyant. Je mettrais ma main à couper qu'il a ressenti la même chose que moi. Cette idée de fin de quelque chose, et la séparation à venir.

— Moi aussi, je t'aime Coby.

Nous nous fixons de longues minutes en chien de faïence, avant que la vie reprenne ses droits, et que nous apercevions les silhouettes de Sheridan et Harold. Je tente de chasser la chape de plomb qui s'est incrustée dans mon cœur, et de transpirer à nouveau la joie.

***

— Tout le monde à quelque chose à boire, c'est bon ?

Nous sommes tous les cinq installés à la table que nous avions utilisée quand Coby nous a proposé de partir en vacances ensemble. C'est encore une boucle qui se boucle, une histoire qui se termine. Je devrais être heureux de revoir mes amis, mais j'ai l'impression d'avoir le moral dans les chaussettes. Et ça, ça n'a pas échappé à Samuel.

Quand il est enfin arrivé — avec un peu de retard, comme d'habitude —, il a immédiatement remarqué ma tête étrange. Je lui ai vite murmuré, alors que les autres achetaient des jetons de jeu, que j'avais dit la vérité à Coby sur mon prénom, et que la réalité m'avait frappé en pleine face. Je n'ai malheureusement pas eu le temps de m'étendre là-dessus, puisque tout le monde s'est dirigé vers les différentes bornes d'arcades et que je ne voulais pas plomber l'ambiance. Je me suis donc laissé écraser par Harold au Dance Dance Revolution, avant de prendre une revanche bien méchante sur ce pauvre Samuel, à qui je n'avais pas parlé de mes dons de danseur numérique.

— Que veux-tu, avais-je déclaré, toi, tu es bon dans la vraie vie, et moi j'excelle plus ou moins dans la vie numérique.

J'ai éclaté quelques zombies avec Sheridan, et fait la course avec Coby, en le laissant gagner. À côté de moi, Samuel a fait la tête parce qu'il n'a pas eu le droit à ce traitement de faveur. J'en ai profité pour lui glisser que son statut privilégié lui donnait accès à un tout autre traitement de faveur. Il n'a plus moucheté de l'après-midi.

Après nous être bien éclatés, nous avons tous décrété qu'il était temps de boire un coup. C'est comme ça que nous nous sommes retrouvés autour de la table, un grand verre de milkshake devant nous. En les commandant — je n'ai pas laissé le choix aux autres —, j'ai été ravi de voir que la buvette était en rupture de saveur vanille. Bien que mon groupe d'amis soit l'exact inverse de mes camarades de primaire, je ne suis jamais à l'aise quand j'ai un verre de lait vanillé devant les yeux. Lorsque je l'ai raconté à ma psy, elle a trouvé cela tout à fait normal, et ça m'a rassuré.

— Oui, répondons-nous en cœur à la question de l'instigateur de ces retrouvailles.

J'attrape mon verre de pistache et je fixe mes amis. Tout le monde est retourné vers Coby qui lève son milkshake.

— Je voudrais qu'on trinque à notre voyage, à notre amitié et à notre futur. Si ça vous va.

Sheridan est le premier à s'avancer vers le centre, vite suivi par Harold. Samuel ne peut pas s'empêcher de m'envoyer un clin d'œil, et je suis le dernier à retrouver les autres. Nos verres cognent doucement pour éviter les débordements de lait, et nous prenons tous une lampée de liquide avec nos pailles. Ça fait beaucoup de bien, comme à chaque fois que je bois du milkshake.

Coby enchaîne ensuite sur les raisons de cette petite réunion. Il sort de son sac à dos un carnet très grand, et ouvre une page remplie de sa petite écriture de pattes de mouches. Il nous explique que c'est le livre de comptes de notre voyage. Chacun d'entre nous est associé à une couleur, et son but, c'est que tout le monde ait dépensé une somme équitable. Ce mot m'embête un peu, parce que tout le monde n'a pas les mêmes moyens.

Le problème, c'est que je ne veux vexer personne. Mon voisin, qui sirote son lait au chocolat, est aussi fier que sa sœur, même s'il ne l'avouera jamais à voix haute. Si j'ose prendre en charge certaine de ses dépenses pendant le voyage, il risque de me faire une tête au carré en m'expliquant par A plus B qu'il peut tout se payer tout seul et qu'il n'a pas besoin de mon argent. Et Coby est exactement pareil.

Je ravale donc ma frustration et je règle mes dettes. Nous sommes plusieurs à posséder des comptes bancaires, si bien que nous faisons tout cela rapidement avec des virements. Seul Coby nous offre de la monnaie sonnante et trébuchante, que nous nous empressons d'aller dépenser en jetons pour les arcades.

Après un second tour de piste qui chasse totalement mon idée que la boucle est en train de se boucler, et que tout se termine sans que je ne puisse rien retenir, je reviens à notre table pour me reposer un peu — le Dance Dance Revolution, ça creuse. Et je manque d'avaler de travers lorsque j'aperçois deux silhouettes se rapprocher de moi.

Il est de notoriété publique que Kat ne m'apprécie pas spécialement. Je suis certaine qu'elle a ses raisons, et je ne m'embêterais pas à les lui demander — outre le fait que j'ai brisé le cœur du meilleur ami de sa meilleure amie. Mais ce n'est pas ça qui manque de m'étrangler. C'est son accompagnatrice.

Je n'ai pas physiquement recroisé Daisy depuis le mois d'avril et notre discussion devant la chambre de Samuel. Bien entendu, je l'ai vue aux cérémonies de remises de diplôme à Clear Lake — où elle a fait un très beau discours — et à South Coast en tant qu'invitée. Dans les deux cas, je l'ai évitée un peu comme la peste, parce que j'avais peur que le monstre se déchaîne au fond de moi, et saute à la gorge de Samuel parce que je suis jaloux.

Assis sur ma chaise, j'attends patiemment que la sale bête se réveille et me fasse des misères. Mais rien ne vient. Mon estomac ne bouge pas, et je n'entends aucune voix pernicieuse dans mon intérieur. Si j'étais seul, je pense que je danserais sur la table tant je suis heureux.

— Salut Curtis. Est-ce que tu saurais par hasard où se trouve mon cher et tendre ? On ne l'a pas vu en entrant.

Curtis se serait moqué d'elle parce qu'elle ne connaît pas son petit ami et son amour presque inconditionnel pour le Dance Dance Revolution. Mais Adil lui sourit délicatement et lui indique le chemin à prendre pour le rejoindre. Il lui propose même de garder ses affaires, si elle veut jouer.

Et c'est comme ça que je me retrouve seul avec Daisy. Je ne sais pas comment gérer cette conversation, parce qu'habituellement, je suis guidé par mon monstre. Je réagis vis-à-vis de ses attaques, et n'entendre que le silence est quelque peu déconcertant.

— Kat m'a dit que tu allais à Dublin pour tes études. Qu'est-ce que tu vas faire, si ce n'est pas indiscret ?

Daisy et toute sa politesse. J'étire mes lèvres de la même manière que lorsque j'ai parlé à Kat, et je réponds.

— J'avais demandé l'université de Trinity, mais j'ai malheureusement été refusé.

— Oh, je suis désolée pour toi. Ça a dû être dur. Tu n'avais pas de plan de rechange ?

— Si, heureusement. Je vais travailler en freelance pendant une année, avant de retenter le coup. Et en parallèle, je prends des cours du soir en informatique.

— Parce que tu es nul avec un clavier entre les mains ?

Je ne peux pas m'empêcher de rire. J'ai considéré Daisy comme une amie quand je sortais avec Valentin, mais je me rends compte qu'on ne se connaissait pas. Valentin et moi, nous étions très secrets sur notre relation, et en dehors de notre couple, je ne parlais pas. Les autres avaient sans doute peur que je finisse par deviner qu'ils savaient pour ma bisexualité, et que je m'énerve. J'ai simplement grappillé quelques informations ici et là sur chacun d'entre eux, dont Daisy, bien entendu.

— C'est mon futur métier alors, pas vraiment. C'est pour éviter de perdre l'habitude d'aller en cours et de me jeter dans mon travail de développeur informatique.

— Oh, pardon.

Encore la politesse. Je lui souris pour la rassurer et elle sursaute presque.

— Tu ne pouvais pas savoir. Ça fait des années que nous n'avons pas discuté et même avant, nous n'étions pas très proches.

C'est un peu dur à s'avouer, mais je préfère être honnête avec mon cœur.

— J'aurais bien voulu l'être.

C'est à moi de sursauter. Les yeux bruns de Daisy évitent les miens, et elle fixe ses Converses blanches.

— Tu faisais partie du groupe autant que Coby ou Harold et je les connais bien. Je ne me trompe pas sur leurs études. Sauf que... je t'ai jugé. Comme je te l'ai dit en avril, je t'ai mis dans une boîte. Et je te demande pardon.

Si j'étais en train de boire mon milkshake, je pense que je l'aurais violemment recraché ou même avalé de travers. Daisy relève très lentement la tête vers moi, et m'affiche un sourire franc. La dernière fois que je l'ai vu, c'était en été, il y a trois ans.

— Tu n'as pas besoin de dire ça, réponds-je finalement. Tu as juste écouté ton meilleur ami. C'est normal. Je fais la même chose avec le mien.

— Mais je n'ai écouté que lui. Je n'ai pas cherché à en savoir plus sur toi, sur ce qui t'animait quand tu étais avec lui. Et Valentin n'est pas parfait, loin de là. Il aurait dû se séparer de toi quand il a compris qu'il ne t'aimerait jamais. Ça aurait causé moins de dégâts.

— C'est gentil de dire cela, mais le mal était fait. Au moment où je l'ai rejeté, où je n'ai pas accepté d'être proche de lui en public, c'était foutu. Il ne m'a jamais compris et n'a jamais cherché à le faire. Je n'étais qu'un lâche qui avait peur de son père tout le temps absent et de sa sœur qui avait déjà deviné. J'étais un lâche qui avait peur de lui-même.

— Mais tu n'en es plus un. Tu en es même loin, si tu veux tout savoir.

Je sursaute à l'entente de ces mots. J'espérais en avoir terminé avec cette conversation le temps que Samuel arrive. Malheureusement, il est juste derrière moi, et a posé ses deux mains sur mes épaules, pour me soutenir.

J'appréhendais d'être présent quand ces deux-là se reverraient. J'ai toujours cette impression sous-jacente que leur histoire ne s'est jamais terminée. Ce n'est pas le monstre ou la jalousie qui s'expriment. Juste mon manque de confiance en moi. Parce que Daisy m'a encore prouvé, en me demandant pardon, qu'elle était au-dessus du lot. Qu'elle était exceptionnelle.

Voyant que personne ne répond, Samuel s'abaisse en faisant glisser ses paumes sur mon haut. Sa tête est contre la mienne, et ses mains sont croisées contre mon torse. Je suis certain qu'il peut entendre mon cœur battre à toute vitesse.

— Il n'a jamais été lâche avec moi. Jamais. La première chose qu'il m'a dite, c'est « je suis un con » avant de m'expliquer pourquoi. Et ensuite, il a tout subi sans jamais lâcher prise. Mes sentiments lents, mes regrets, mon agression à l'école.

— Arrête, j'ai l'impression que tu m'encenses. Tout ça, c'est totalement normal. J'aurais été particulièrement merdique si je t'avais abandonné.

— Peut-être, mais tu ne l'as pas fait.

C'est Daisy qui répond, en souriant mélancoliquement. Je n'arrive pas à comprendre ce qui se passe. Est-ce que mes deux voisins se font des reproches ? Est-ce pour ça que Samuel est collé à moi, et me montre son affection d'une manière si franche ?

— C'est ça que tu es en train de dire, n'est-ce pas Samuel ? Que contrairement à moi, Curtis n'a pas abandonné.

— Exactement.

Je suis incapable de voir les yeux de mon copain, mais Daisy ne semble pas vexée. Pire, elle est presque joyeuse.

— C'est bien. C'est même très bien.

Elle se lève de sa place, pose une main sur l'épaule de Samuel. Moi, je ne suis plus vraiment là, mais je crois que j'assiste à quelque chose de grand.

— Je ne t'ai jamais vu aussi heureux, Samuel. Alors, je suis contente d'avoir abandonné.

Elle s'en va sur ces derniers mots, et mon voisin s'empresse de prendre sa place. Nos chaises se rapprochent et nos genoux se cognent. Il a l'air de vouloir me coller aujourd'hui, et je ne suis pas contre. J'ai l'impression que le mois de septembre est en train de m'échapper.

— Désolé si je t'ai mis mal à l'aise. Je n'ai écouté que mon désir. L'occasion était trop belle.

Je le fixe avec amour. Je suis certain que Coby dirait que je ressemble à une grosse guimauve au coin d'un feu. Mais je m'en fiche, puisque les autres ne font pas attention à nous.

— Je ne l'étais pas. C'était surprenant, mais...

Mon sourire se colle sur un coin de mes lèvres et je déclare.

— Maintenant, je n'ai plus aucune envie que ça s'arrête.


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