Mars - 3

Saroumane est un méchant que je respecte, non pas à cause du personnage un peu banal, mais grâce à son acteur. Bien que Christopher Lee avait l'air d'être un bon gars, le pauvre s'est retrouvé, pendant un bon morceau de sa carrière, à jouer des méchants. Même dans Charlie et la Chocolaterie, il est méchant ! Plus sérieusement, Saroumane est le cas du soi-disant gentil qui fini par devenir méchant. Lui, il passe du blanc au noir, sans gris. Son poto Gandalf lui faisait confiance, vu que c'est quand même le chef des magiciens de la Terre du Milieu. Mais non, Saroumane, ce qu'il aime, c'est le pouvoir. Il a donc été vendre son âme à un oeil tout enflammé qui a un complexe face à un anneau, et il a fini embroché comme une brochette, en bas de sa tour entourée d'arbres vivants (oui, ce que je raconte est tout à fait logique, c'est le début du Seigneur des Anneaux 3, en film) 

(évocation de vomi)

C'est un peu cul-cul, mais ça a été tout doux à écrire


— Oh mon pauvre doudou... qui a bien pu te refiler ça ?

J'essaie de répondre, mais une nouvelle nausée me prend. Je penche la tête vers les toilettes et je dégobille ce qui me reste dans l'estomac. Ma mère est toujours accroupie à côté de moi, et elle passe une douce main sur mon visage. Elle risque d'être en retard au travail, mais elle a tenu à rester.

Sans crier gare, cette nuit j'ai été pris de la pire envie de vomir que je n'ai jamais connue. J'ai à peine eu le temps de descendre les escaliers que je rendais mon repas du soir. J'ai passé la nuit dans la salle de bain, à essayer de calmer mon estomac qui ne veut plus rien retenir. Et comme ma mère se le demande, je m'interroge aussi. Ou est-ce que j'ai pu choper cette saleté ? Si Curtis avait été malade, je pense qu'il m'aurait prévenu. Et c'est plus ou moins la seule personne avec qui je reste plus de trente secondes. Je suis un vrai courant d'air dans les vestiaires. Les amis de John me fixent avec un regard noir, et je redoute toujours le moment où ils me rentreront dedans pour me faire goûter leur poing. Par contre, je surprends également quelques regards de Rio sur moi. J'ai l'impression que ça va un peu mieux entre nous. Peut-être qu'il ne participera pas à la baston générale quand les potes de John me coinceront enfin.

— J'en sais rien maman... mais ne t'inquiète pas, ça va aller. Va travailler. Je peux me débrouiller tout seul.

Heather a fait le dernier service au bar et elle dort chez une de ses collègues. Je les suspecte d'avoir un truc, mais comme la rupture avec Lola est encore trop récente, je préfère me faire. Elle n'est donc pas à la maison.

— Mon doudou...

Je souris. J'adore quand elle m'appelle comme ça. Il n'y a qu'avec elle que je peux redevenir un garçon normal. Pas de détestation, pas de méchant de service. Je suis juste son doudou.

— J'ai mon téléphone, mon chargeur et mes écouteurs, ainsi que de l'eau de source que tu es allée me chercher. Ça va aller pour moi, maman. T'inquiète pas.

Je sais que cette dernière phrase ne sert à rien, mais tant pis. Elle n'a vraiment pas à s'inquiéter.

— S'il y a le moindre problème, tu m'appelles d'accord ? À n'importe quelle heure.

— D'accord. Je te le promets.

— Promesse du petit doigt ?

Elle glisse son auriculaire contre le mien et me le serre de toutes ses forces. J'espère qu'elle va se laver les mains. Je n'ai aucune envie qu'elle chope ma saleté de gastro.

— Promesse du petit doigt.

Une nouvelle caresse dans mes cheveux et elle quitte la salle de bain. Il n'y a plus qu'à prier pour qu'elle n'ait pas de bouchons sur la route où elle risque de prendre sa caisse avec du retard.

Je ne sais pas combien de temps je reste la tête contre le mur carrelé de la salle de bain, les écouteurs dans les oreilles. Mon ventre semble s'être calmé, mais je n'ose pas bouger de peur de redémarrer une nouvelle nausée. Ça risque de faire mal, parce que je n'ai rien avalé depuis hier soir et que mon estomac est vide.

C'est un message qui me fait bouger. Il est dix heures, c'est l'heure de la pause. C'est sans doute Cameron, mon pote d'école, qui se demande où je suis. Il aime particulièrement copier sur moi lors de nos contrôles de sciences et justement, il y en a un aujourd'hui. J'attrape mon téléphone en étant déjà blasé à l'idée de répondre. Je le suis déjà en temps normal, alors en étant malade, c'est encore pire.

> On se retrouve à mon QG ce soir ? J'aimerais beaucoup te montrer quelque chose que j'ai programmé rien que pour toi.

Malgré mes tripes retournées, je souris comme un imbécile. C'est Curtis. Je me doutais bien qu'il bossait sur quelque chose pour moi, parce que je n'ai pas eu le droit de me pencher sur son ordinateur lorsque je suis arrivé chez lui, la dernière fois que nous nous sommes vus. Je ne sais pas avec quoi c'est en rapport, mais ça me fait chaud au cœur. C'est pour ça que lui répondre que je ne me sens pas bien me le brise un peu.

> Je suis désolé, j'ai une gastro d'enfer. Pour l'instant, mon QG, ce sont mes toilettes. Garde bien ton programme sous la main, j'ai très envie de le voir !

Je reçois une ligne complète de smileys qui pleurent des litres d'eau. Ensuite, c'est un bonhomme avec un cœur près des lèvres. Cette fois-ci, j'ai une légende.

> Bisou magique ?

Je me laisse glisser au sol comme une larve. Il est trop mignon, et une part de moi serait prête à accepter, juste pour le voir. L'autre est plus pragmatique. Ce serait complètement inconscient et pas spécialement propre. Je n'ai pas très envie qu'il chope ma gastro.

> Uniquement au travers de mon écran de téléphone alors.

> Okay. Alors je t'en envoie tout un camion.

Mon cœur bat tranquillement dans ma poitrine, en regardant les smileys s'afficher. À quel moment peut-on penser que c'est un connard ? Il est prévenant au possible, et adorable. Il suffit juste de mieux le connaître et de s'intéresser à lui. Comme toute personne normalement constituée, en soi.

***

Heather passe en coup de vent en début d'après-midi pour manger. Elle m'oblige à quitter mon antre pour avaler un peu de riz, en me certifiant que c'est bon pour ce que j'ai. J'accepte bon gré mal gré et je ne lui avoue pas que c'est vrai que ça me fait du bien d'avoir quelque chose dans l'estomac. Elle m'épluche une pomme comme dessert, et me fait boire beaucoup d'eau. Comme d'habitude, c'est un peu une deuxième maman pour moi, vu que la première est occupée avec ses deux jobs, qu'elle enchaîne. Je ne dis pas cela pour la critiquer, loin de là. Je sais que c'est grâce à elle que nous avons un toit au-dessus de notre tête et de la nourriture dans le frigo. J'en veux juste à la vie d'être aussi chère.

Je passe l'après-midi allongé sur le canapé devant des films au scénario très discutable. Pour me changer les idées, je critique les choix faits par les actrices. Je suis presque triste qu'il n'y ait pas de films de Noël au mois de mars, parce que j'adore l'ambiance. La perfection qui se dégage de ce genre de film est très agréable pour un pauvre mec malade dans le fond de son canapé, qui s'ennuie terriblement.

À la fin de mon premier film, j'entends la sonnette de la porte. Je lève les sourcils, mais je n'ai aucune envie de bouger. Mes nausées se sont enfin calmées, et mon ventre ne fait plus de bruits bizarres. Il est hors de question que j'abandonne tout ça pour aller répondre à ce qui est très certainement un démarcheur de tapis ou d'aspirateur.

Je baisse donc le volume de la télévision, pour faire comme si je n'étais pas là, et je m'enfonce encore plus dans le canapé, comme si ça me camouflait. Ça sonne à nouveau, et je commence à m'énerver. J'aimerais être tranquille pour découvrir si Kimberly, l'héroïne de mon second film, tient une boutique de vêtements ou est éditrice.

Et comme si ce n'était pas assez, mon téléphone vibre entre mes mains. Exaspéré, je coupe le son de la télévision et je décroche avec violence.

— Quoi ?

Bon, ça va, tu n'es pas inconscient sur le sol de ta salle de bain, ça me rassure. Ça t'arrive de répondre à la porte de ta maison ?

Curtis ?

Tu connais quelqu'un d'autre qui serait venu jusqu'à chez toi alors que tu es malade ? T'inquiète pas, je suis équipé, j'ai un masque et des gants. Je t'apporte des médicaments et du bouillon de poulet de chez Adil. Tu vas voir, c'est délicieux.

Je ne peux pas m'empêcher de sourire. Au fond de moi, le monstre hurle que je ne le mérite pas. Que je ne mérite pas un petit ami prévenant qui prend soin de moi alors que je ne suis pas bien. Le monstre essaie de sortir de son armoire pour dire à Curtis de rentrer chez lui et de ne plus jamais venir me voir.

Sam ?

J'arrive. Ne bouge pas.

Je ravale le monstre et le force à rentrer à nouveau dans son placard. Il n'a pas sa place entre nous, et même si je suis ramassé par cette gastro, j'ai la force de le rembarrer.

Je m'enroule dans ma couverture comme une chauve-souris et je me lève difficilement de ma place. Je tangue un peu, parce que le riz et la pomme ne m'ont pas rendu les forces que j'avais perdues, mais je me remets rapidement sur mes pieds. Je marche assez lentement, mais je parviens à la porte, que je déverrouille rapidement. Curtis ne m'a pas menti. Il est bien là, un masque sur le nez, tenant un sachet dans une main gantée.

— T'as une sale tête. Sans vouloir te vexer.

— Je suis malade, c'est normal. Fallait t'y attendre.

Ses yeux me sourient et je le laisse passer, juste avant de refermer à double tour — une précaution que l'on prend toujours dans le quartier.

— Je me permets d'aller dans ta cuisine. La soupe est un peu froide, à cause du chemin. T'as faim ?

— Pas vraiment.

— Même si c'est moi qui te donne à manger ? Tu as juste à t'asseoir sur une chaise et à fixer mes beaux yeux.

Je ris, et en effet, je vais m'asseoir dans la cuisine. Elle est minuscule, mais nous avons une petite table pour manger dans la pièce, parce qu'elle est plus réconfortante que la salle à manger, toujours encombrée par des papiers et autres trucs. Le coin repas et le coin cuisine sont séparés par un petit demi-mur, ce qui donne une apparence de hauteur aux plans de travail, alors qu'ils ne sont pas de première jeunesse.

— Casserole ?

— Dans le placard à la gauche de la gazinière.

— Là ?

— L'autre gauche, Curtis.

Il éclate de rire et déniche enfin la fameuse casserole. Maintenant, je sens que je vais devoir lui expliquer comment on allume le gaz. C'est un vieil appareil, relié à une bonbonne que je change tous les six mois à peu près. Il faut utiliser des allumettes pour enflammer le gaz et pouvoir faire chauffer quelque chose. Si je me souviens bien de la cuisine de Curtis, elle est équipée de plaques à induction dernier cri. L'opposé complet des miennes.

— Hum... comment... ?

— Il n'y avait pas moyen de la faire réchauffer au micro-ondes, cette fameuse soupe ?

— C'est moins bon... Adil déteste ce truc, il m'a limite interdit de l'utiliser. Okay, il ne peut pas savoir, mais... je le respecte vraiment.

— J'arrive.

— Mais Sam...

Je me lève sous ses protestations, et je continue à sourire. J'avais raison. Je pose une main sur son épaule, qui est toujours engoncée dans sa veste d'uniforme rouge. Avant, avec ses cheveux, je trouvais que ça jurait beaucoup. Maintenant, ça fait juste ressortir ses yeux.

— Ne t'inquiète pas, je ne suis pas en sucre. Et de toute manière, si je tombe, tu es là pour me rattraper.

Un clin d'œil, alors que j'allume la plaque en deux temps, trois mouvements. Je place la casserole dessus, et je me tourne vers mon petit ami.

— Et voilà, tu peux faire réchauffer ta super soupe maintenant.

— C'est con, j'ai envie de t'embrasser, mais j'aime plus ma santé que toi. Désolé.

Je joue au choqué, alors que je suis totalement d'accord avec lui. Ça serait inconscient de notre part.

— C'est con, parce que moi, je n'ai aucune envie d'embrasser quelqu'un qui n'est pas capable d'allumer ma plaque de cuisson.

Je lui offre un air presque dédaigneux, avant d'aller me rasseoir sur ma chaise — je suis vraiment épuisé, et même si je n'ai pas faim, la soupe me fera le plus grand bien. Je laisse tomber ma tête contre le bois abîmé et je ferme les yeux. Je n'écoute que le bruit du gaz qui réchauffe le plat acheté par Curtis, et je me laisse envelopper par la chaleur de ma couverture.

Je pense que je m'endors quelques minutes, parce que je me fais réveiller par quelques caresses dans mes cheveux. J'ouvre les yeux comme des stores et je regarde autour de moi. Curtis est assis sur la chaise à côté de la mienne, et glisse sa main toujours gantée dans mes cheveux. Je peux voir son sourire au travers de son masque, rien qu'à la plissure de ses yeux.

— Hey... la soupe est prête. Est-ce que tu veux la goûter ?

Je hoche la tête positivement, et je me relève difficilement de ma position. Je suis tout engourdi par le sommeil, et j'ai l'impression de peser dix tonnes. Je sens que saisir la grosse cuillère — qui a été miraculeusement trouvée dans les placards — va être compliqué.

Sauf que je me souviens que je n'en ai pas besoin. Curtis a déjà attrapé le couvert, a retiré son masque et souffle tout doucement dessus, pour éviter que je me brûle. Il me la présente ensuite avec un sourire, et je la gobe doucement. Le liquide chaud se répand dans ma gorge puis dans mon estomac. J'avais raison, ça me fait le plus grand bien. Non seulement ça me réchauffe, mais ça remplit mon ventre pas très plein de mon précédent repas. J'espère simplement que je vais le garder et ne pas le rendre dans quelques heures.

Je ne proteste pas lorsque je comprends que Curtis a bien l'intention de me nourrir entièrement comme ça. En réalité, je suis heureux. À cause de ma mère qui travaille non-stop pour nous nourrir et nous fournir un toit, je n'ai jamais été choyé comme ça. Heather a déjà veillé sur moi, cette semaine affreuse où j'ai eu la grippe, il y a cinq ans. Mais avec toutes ses activités extrascolaires, ses petites amies et le reste, elle ne m'offrait pas beaucoup de son temps. Là, j'ai réellement l'impression d'être la priorité numéro un de Curtis, et rien ni personne ne pourra le détourner de moi. Ça me fait incroyablement chaud au cœur, même si le monstre râle dans son placard. Intérieurement, je lui dis de se la fermer.

Je suis presque déçu lorsque la soupe est terminée. Je glisse à nouveau la tête sur la table, et je suis Curtis des yeux, qui va déposer le bol et la cuillère dans l'évier. Il revient ensuite vers moi, se rassied à sa place et recommence son manège avec mes cheveux. Il a remis son masque, mais je le supplie d'enlever ses gants. Ses caresses seront plus agréables ainsi.

— J'ai appris que ma sœur allait revoir Valentin et Eliot pour la Saint-Patrick. Elle me l'a dit, et m'a demandé si ça me dérangeait.

Son regard est triste. Je sais déjà ce qu'il a répondu à Sybil, mais ce n'était pas la volonté profonde de son cœur.

— Ils vont tous se voir. Sheridan, Kat, Harold, Sybil et Valentin. Je pense qu'il va leur présenter Eliot. Daisy aussi sera là, et elle a apparemment un petit ami.

Je sens qu'il me teste un peu. Qu'il veut voir ma réaction quant à cette annonce. Je le savais déjà, puisque je les ai vus ensemble au bal. Et comme il n'y avait plus de combat en elle, suite aux révélations de Miho et Rio, elle a fini par choisir. Je suis content qu'elle soit heureuse. Réellement content.

— C'est le frère d'Eliot, son petit ami. Son prénom m'échappe, mais c'est lui.

— Callahan ?

— Oui, c'est ça.

Un sourire. Parfois, j'oublie que Curtis et Eliot ont été très amis. Il doit connaître Callahan.

— C'est quelqu'un de bien. Il a toujours été très gentil avec moi, comme si j'étais aussi son petit frère.

— Je me doute. Daisy choisit toujours des gens bien pour l'entourer.

— C'est pour ça que tu n'y es plus ? Parce que tu estimes que tu n'es pas quelqu'un de bien ?

— Oui. Pas pour elle.

Il fronce les sourcils. Je sens que j'ai dit quelque chose de travers.

— Mais pour moi oui ? Comment dois-je le prendre ?

Ses caresses se sont arrêtées. Je m'en veux, parce que j'ai fait une gaffe. Encore une fois, je ne réfléchis pas avant de parler. Quel imbécile.

— Bien. Parce qu'entre nous, c'est réel Curtis. Je ne dis pas ça parce que tu es un méchant. Je dis ça parce que je...

Je m'arrête. Ça bloque toujours. Je n'arrive pas à lui dire que je l'aime. C'est insupportable.

— Avec Daisy, repris-je, en me raclant la gorge, ça n'a jamais été bien, à cause du timing. Parce que nous avions d'autres personnes dans la tête. Quand j'étais prêt, elle ne l'était pas. Quand elle l'était, je ne l'étais plus. Avec toi, ce n'est pas ça. C'est pour ça que pour toi, je suis quelqu'un de bien.

— Mais tu n'arrives toujours pas à me dire que tu m'aimes.

Ses mains sont sur le bois de la table, et il serre ses doigts. Il a mal au cœur, et il faut que je répare ça. Je les lui saisis donc, et je le regarde bien droit dans les yeux.

— Je sais ce que je ressens pour toi. C'est réel. Si je n'étais pas malade, je t'embrasserais ou je te ferais écouter mon cœur, pour que tu me croies. Oui, les mots ne sortent pas, et oui, ça me fait autant chier que toi. Mais je ne suis plus dans le déni, et j'ai accepté mes sentiments pour toi. Tu es... tu es mon premier amour Curtis, et ça, personne ne te l'enlèvera. Ni Daisy ni le monstre au fond de ta poitrine qui te hurle que je me moque de toi et que je vais te jeter. Je te le promets.

Un coin de son masque bleu change de couleur et je comprends ce qui se passe. Une larme vient de dévaler sa joue. Je hais encore plus ma maladie. Tout ce dont j'ai envie, là, c'est de le prendre dans mes bras pour le serrer contre mon cœur.

— Je me sens con, renifle-t-il.

— Bah, tu sais, c'est parce qu'on se sentait cons tous les deux qu'on s'est rencontrés. Alors il n'y a pas de mal à ça. Vraiment.

Il rit et je sais que j'ai gagné. Il entrelace nos doigts, et ses yeux sourient à nouveau. C'est à moi de me sentir con, à fondre comme ça devant lui, alors que je ne vois même pas la moitié de son visage.

— Pour la Saint-Patrick, repris-je, je peux te proposer un truc. L'association fait une petite fête. On peut y aller ensemble, si tu veux.

— Sérieux ?

Je ris. Il est définitivement adorable.

— Oui. Comme ça, tu ne seras pas tout seul. Tu seras avec ton méchant préféré et favori.

— Dark Vador sera là ? s'émerveille-t-il.

Je siffle entre mes dents, et je fais mine de me détacher de lui. Il me rattrape bien vite, et lie à nouveau nos doigts, en les serrant bien fort.

— Samuel.

Je fais mine d'être vexé et lui balance une onomatopée dédaigneuse.

— Hum.

— Tu n'es pas mon méchant préféré et favori.

— Merci de remuer le couteau dans la plaie. Je suis suffisamment blessé comme ça, pas besoin d'en rajouter une couche.

— Toi, tu es un autre méchant.

— Laisse-moi deviner. Le méchant que tu aimes bien, mais pas trop trop quand même, parce qu'il ne faudrait pas dépasser le grand Dark Vador.

Il me tire le bras pour que je le regarde. Son masque pendouille d'un côté de son visage, et je peux voir son sourire. Ma vexation fond comme neige au soleil. Je suis sûr qu'il l'a fait exprès.

— Non, toi, tu es le méchant de mon cœur.

Je l'avais bien dit. Il l'a fait exprès. 

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