Mars - 2
Sauron n'est pas un méchant de science-fiction. Sauron est juste un grand oeil qui voit tout, une sorte de lampadaire géant sur la Terre du Milieu. Il brûle d'amour pour son petit anneau, le précieux, le trésor, l'unique. Il a une voix qui fait peur, et c'est d'autant plus effrayant parce que c'est un oeil, et qu'un oeil, ça n'a ni bouche, ni cordes vocales. Il est assez embêtant, parce que même si on le croit mort, il finit par revenir pour réclamer son fichu anneau. Faut lâcher l'affaire mon gars !
Oui, je suis de retour. Et peut-être que je vais vous jouer un mauvais tour.
Curtis sursaute en m'entendant. Tellement que je commence à penser qu'il ne s'y attendait pas. Qu'il a posé la question en s'imaginant que j'allais répondre que ce n'est pas réel, et que son cœur allait se briser dans sa poitrine. Je tourne la tête vers lui, qui me fixe comme si je n'étais pas réel — c'est le cas de le dire.
Je passe mes mains dans son dos, et je le ramène contre moi. Il comprend sans que j'ouvre la bouche. Ses paumes viennent retrouver mes joues, et il m'embrasse de tout son cœur. Ça ne dérape pas le moins du monde, mais on ne s'arrête pas pour autant. Comme si Curtis ne voulait pas me lâcher, pour ne pas se réveiller de ce rêve, pour ne pas abandonner cette fantaisie que son cerveau lui offre. Ce « et si ? » qui lui brisera le cœur quand il comprendra que ce n'est pas vrai. C'est pour cela que lorsqu'il se détache pour reprendre son souffle, le front collé contre le mien et ses beaux yeux fermés, je glisse.
— C'est réel Curtis. Je te le promets.
Il est prêt à pleurer. Ses joues et sa bouche tremblent, et il est extrêmement tendu contre moi. Ses doigts sont appuyés sur ma peau, comme pour la marquer. Il se raccroche à la réalité. À vrai dire, je ne comprends pas cette réaction. Est-ce parce que je suis aromantique et qu'il pensait que ça n'arriverait jamais ? Est-ce parce qu'il croit toujours que c'est un monstre et qu'il ne mérite pas que quelqu'un entretienne des sentiments pour lui ? Je ne sais pas, et je ne veux pas savoir.
Je lui fais me lâcher les joues — je commence à avoir mal — et je le ramène contre moi pour le serrer dans mes bras. Sa tête est contre mon cœur, qu'il écoute comme la plus douce des musiques. J'espère que ça va le calmer et qu'il va comprendre. Que même si pour l'instant, je me sens incapable de prononcer les mots — en dehors de c'est réel — ce que je ressens pour lui est fort, et dépasse absolument tout ce que j'ai pu connaître.
Ma main vient rencontrer ses cheveux, que je caresse tout doucement. Je nous allonge complètement sur le canapé, nos jambes tout entremêlées. Les siennes sont pliées pour faire comme s'il était plus petit que moi.
Il reste là, contre moi, sans demander le moindre baiser. Il écoute simplement mon cœur en se répétant que ce qui vient de se passer n'est pas un rêve.
Je ne sais pas combien de temps nous demeurons dans cette position, mais c'est la clef tournant dans la serrure qui fait sursauter Curtis. Il se dresse comme un suricate à l'affût, et fixe sa sœur qui est en train de rentrer. Une parole en arabe — que je suppose être un juron — lui échappe.
— Ça ne fait rien, chuchoté-je. Je vais me glisser dehors par-derrière et sortir à côté de la piscine. Elle ne me verra pas.
Il me retient par le bras. Son regard surpris a laissé la place à la détermination. Et étrangement, à une sorte de fierté.
— Non. Ne bouge pas. Elle peut te rencontrer.
Je n'ai jamais râlé sur le fait que je ne devais pas voir Sybil, parce que je suis exactement pareil avec Heather. Elle ne connaît même pas l'identité de Curtis. Je ne suis pas spécialement effrayé par cette rencontre, je suis juste déçu de devoir abandonner notre secret. C'était quand même assez sexy.
J'entends de l'arabe à travers la maison. Il m'a prévenu, quand ils sont chez eux, ils ne parlent pas du tout anglais. Curtis répond de la même manière, en laissant sa voix guider sa sœur. Elle débarque dans le salon avec un sourire, et elle croise mes yeux.
— Oh, fait-elle en m'apercevant.
Elle ne s'y attendait pas. C'est un grand pas pour son petit frère ; il me présente officiellement à sa seule famille acceptable. Je me lève dans une position plus normale que couché sur le sofa, et je lui propose ma main.
— Samuel Robertson. Ravi de faire ta connaissance, Sybil. Adil m'a beaucoup parlé de toi.
Ses yeux olives — pas si différents de ceux de Curtis — s'écarquillent très légèrement à l'entente de son prénom. Je n'ai pas osé utiliser le sien, parce que je ne la connais pas.
— Il sait ? déclare-t-elle en fixant son petit frère.
— Oui. Il sait. C'est lui.
Le regard de Sybil se radoucit. Elle me sourit délicatement et me serre enfin la main.
— Alors tu peux m'appeler Azra lorsque nous sommes ici. Ça sera avec plaisir. Et je suis tout aussi ravie de faire ta connaissance. D'après ce que je sais, c'est à toi que je dois les changements qui sont en train de s'opérer sur mon petit frère.
— Asra !
Ledit frère se rapproche de moi, et vient s'accrocher à ma main, d'une manière très discrète. Il est vraiment très mignon ainsi.
— Je ne peux pas démentir, dis-je en ne me préoccupant pas de mon copain. Il a changé depuis que nous nous sommes rencontrés.
— Je te remercie. Pour tout ce que tu fais pour lui.
Le sourire de la blonde s'élargit. Elle ressemble à Curtis, c'est certain.
— Il me le rend au centuple, alors c'est avec un immense plaisir.
Je me tourne vers lui, les lèvres étirées. En vérité, j'aimerais beaucoup l'embrasser. Mais je n'ose pas demander, parce que je n'ai aucune envie de le mettre mal à l'aise devant sa sœur. Nous avons déjà franchi l'étape de la rencontre, je ne vais pas abuser en réclamant un baiser.
— Tu restes dîner avec nous ? C'est moi qui suis de cuisine.
La main de Curtis se presse contre la mienne. Je prends ça pour une autorisation, si bien que je me tourne vers Asra et annonce.
— Ça sera avec joie.
***
Je n'ai pas poussé le vice plus loin en réclamant de dormir sur place, mais la séparation d'avec Curtis n'a pas été simple. Il ne voulait plus me lâcher. Il a manqué de me sauter dessus lorsque je me suis rhabillé avec mes propres vêtements — secs de notre escapade dans la piscine. Je lui ai glissé dans l'oreille que la prochaine fois que nous nous verrons, il pourra me faire tout ce qu'il désire.
Le baiser d'au revoir est long, très long. À vrai dire, moi non plus, je n'ai pas envie de partir. Je suis bien dans cette maison, et Asra est quelqu'un d'adorable, pour qui son petit frère compte réellement. C'était visible au fond de son regard que ce qu'elle m'a dit, ce n'était pas de la politesse. Elle pense vraiment que je fais beaucoup de bien à Curtis. Et elle en profite tout autant que moi.
— Je n'ai pas envie que tu partes. Je veux te garder pour moi tout seul.
Curtis est accroché à mon cou, le front contre le mien. Il murmure, comme si les arbres pouvaient nous entendre et nous espionner.
— Je suis à toi tout seul, tu n'as rien à craindre là-dessus. Je te l'ai dit. C'est réel.
Je n'arrive pas à prononcer les mots. Et ce qui me rassure, c'est que lui non plus. Il ne m'a pas fait de déclaration à proprement parler depuis février. Comme si on n'osait pas, comme si on n'avait pas le droit de ressentir ça l'un pour l'autre. Comme si on avait peur que le monstre au fond de nous vienne nous dévorer à l'instant même où les mots je et t'aime sortiront de notre bouche.
Alors on utilise des métaphores, des trucs et astuces pour lutter contre nos démons avec nos petits poings. Pour l'instant, nous n'avons que cela.
— C'est réel entre nous, répète-t-il.
Je lui souris, et en profite pour lui glisser un nouveau baiser, en plein sur les lèvres. Il me le rend bien, et me laisse enfin partir.
— Fais de beaux rêves, murmure-t-il toujours.
Je lui réponds la même chose et je m'en retourne vers chez moi. Sur le chemin, je me surprends à sourire, les mains dans les poches. Ce soir, j'ai fait un grand pas dans ma bataille contre le monstre. Même si je suis incapable de prononcer certains mots, j'ai laissé mon cœur parler à ma place, et ça me fait beaucoup de bien. Et le pire, c'est que j'ai l'impression que ça se répercute sur mon comportement au quotidien. Plusieurs fois, Heather m'a dit qu'elle me trouvait moins en colère, plus calme et plus doux. Je n'ai pas trop compris pourquoi, mais désormais, c'est comme si j'avais la réponse sous le nez. Je ne suis plus en constante lutte avec moi-même. Je n'essaie plus de me refouler à chaque nouvelle respiration. Je me déteste moins, et donc, je me laisse vivre. C'est aussi simple que ça.
Alors que je suis arrivé dans mon quartier, je sens mon téléphone vibrer dans ma poche. C'est un message de Curtis. Je ne peux pas m'empêcher de sourire en le lisant, ne m'arrêtant pas.
> Ma sœur t'aime bien. Elle insiste pour savoir comment on s'est rencontré au bal d'une école qui n'est même pas la mienne, mais elle t'aime bien. Bon par contre, il ne faudra pas lui dire que je te l'ai dit, ou je vais me faire zigouiller.
Je ris tout seul, accrochant le regard de quelques passants. Je réponds instantanément quelques smileys qui rigolent, en me promettant d'y ajouter des mots une fois que je serais chez moi. Je n'ai pas très envie de m'arrêter en pleine rue, et je pense qu'Heather se fait du souci pour moi.
Je déverrouille rapidement la porte, avant de tourner à nouveau mes clefs pour la refermer. Comme je m'y attendais, ma sœur est encore dans la cuisine. Elle doit faire les cent pas, à se demander ce que je fiche. C'est vrai que je suis parti depuis le tout début d'après-midi, et il est passé vingt-deux heures. Je n'ai pas prévenu que je ne viendrais pas dîner, trop occupé à me faire interroger en bonne et due forme par Sybil.
Mais contrairement à ce que je pensais, je retrouve Heather devant son ordinateur portable, en train de sourire. Il n'y a qu'une seule raison qui lui offre une expression faciale pareille : elle est en pleine conversation avec quelqu'un d'important.
— Oh tiens, voilà le déserteur. Alors ? Enfin rentré de ta vadrouille ?
Je lui tire la langue pour la forme, et elle me tourne son ordinateur. Je n'avais pas tort. Elle discute avec Konstantin. Personne n'est capable de prendre la place de son meilleur ami.
— T'as vu Koko ? J'ai un fantôme à la place de mon petit frère.
Il sourit et me salue.
— Salut Monsieur le fantôme. Fais attention à toi, elle n'a pas arrêté de se plaindre que tu n'étais pas là, et que tu aurais pu prévenir. Ou alors, tu étais trop occupé à faire d'autres trucs.
Je sens que ma figure est en train de changer de couleur. Lorsque j'ai fait mes trucs, comme il dit, je n'avais même pas mon téléphone à proximité. Il n'aurait pas supporté l'eau.
— Gagné, continue Konstantin. Heather, tu me dois dix livres.
J'écarquille les yeux comme un poisson.
— Vous aviez parié ?
— Oui. Je te l'ai raconté, elle s'ennuyait. C'est moi qui ai proposé de nous imaginer ce que tu faisais avec cette personne mystérieuse que tu as rencontrée à l'école. Elle, elle pensait que tu étais devant un film. Moi, j'étais certain que c'était quelque chose de bien plus intéressant qui te retenait. Une paire de lèvres et la douceur d'une peau, par exemple.
Je dois être cramoisi maintenant, mais je ne peux pas m'empêcher de rire. Heather m'interroge sur ma réaction, et je lui explique le pourquoi du comment.
— Gardez votre argent alors. Vous avez tous les deux gagné. J'ai regardé un film et je me suis envoyé en l'air.
Ma sœur se claque la tête contre la table, pour se cacher. Konstantin, qui est toujours tourné vers moi, se fend d'un immense rire.
— Je vais me rincer le visage pour chasser ces images de toi en train de... brrrr, c'est horrible !
J'éclate de rire à mon tour. Moi, malheureusement, j'ai déjà eu le droit à bien pire. Je ne lui ai jamais avoué, mais ça m'arrive de l'entendre lorsqu'elle est dans sa chambre, avec une fille ou toute seule. Ça, ce n'est pas le coup de mon imagination. Mes oreilles s'en souviennent parfaitement.
Lorsque je la vois disparaître dans les escaliers, j'en profite pour dire merci à Konstantin.
— Pourquoi ?
— Pour avoir utilisé du neutre quand tu as évoqué la personne avec qui je sors. Je ne suis pas prêt à... en parler à Heather.
Peut-être qu'il comprend que c'est parce que c'est un garçon, mais il ne fait aucune remarque, et je l'en remercie encore une fois.
— Heather m'a dit que tu étais dans le déni, reprend-il. Que tu étais même dans le déni de ton déni, chose que je n'ai jamais réussi à faire. Elle m'a demandé des conseils.
— Elle veut me faire cracher le morceau ?
— Non. Je ne pense pas. Elle respecte ton intimité. Mais elle a peur que tu en pâtisses si tu restes trop dans cet état-là. Je sais de quoi elle parle. Je suis le roi de cette discipline. Et j'ai fait souffrir des gens à cause de ça.
Je repense à la réaction de Curtis lorsque je lui ai répondu que c'était réel. Il était surpris. Comme s'il s'attendait à ce que je reste dans mon déni. Dans un sens, c'est vrai. Je suis incapable de dire les mots. Même dans ma tête.
— Je sais ce que je ressens. Et je lui ai avoué. Au Mystère.
— Le Mystère ?
— C'est le petit nom de la personne avec qui je sors. C'est Heather qui l'a trouvé.
— Intéressant. Et je suis fier de toi, que tu te sois débarrassé de ton déni.
— Le Mystère aussi était surpris. Vraiment très surpris, d'ailleurs. Je pense qu'il croyait que ça ne m'arriverait jamais, parce que je suis sur le spectre de l'aromantisme.
— Sauf que ça ne veut pas dire que tu es un cœur de pierre. C'est con que mon frère ne parle pas un mot d'anglais. Vous pourriez en discuter ensemble. Il est comme toi.
J'écarquille légèrement les yeux, surpris au possible. J'étais sûr qu'il allait me demander ce que c'est. Peu de gens connaissaient les orientations romantiques, et certaines personnes pensent même qu'elles ne font pas partie des LGBT. Beaucoup se battent pour cette reconnaissance sur les réseaux sociaux, dont ma sœur. Je sais que c'est à cause de moi, d'ailleurs. Elle me défend bec et ongles.
— En effet, c'est vraiment dommage. Je suis un habile mélange entre toi et ton frère.
Il me sourit, et une envie subite me prend. Je n'ai jamais été spécialement proche de Konstantin. C'est avant tout le meilleur ami d'Heather, qui m'a un jour piqué des habits pour une raison qu'on ne m'a jamais expliquée. Peut-être parce qu'il a dit qu'on se ressemblait ? Ou alors, que j'ai besoin d'en parler avec quelqu'un, et que je n'ai pas le numéro de Stanislas ?
— Hé, Konstantin ?
— Oui ?
— Est-ce que tu peux garder un secret ?
— Je suis une vraie tombe. Surtout que je suis en Russie, c'est assez simple ne pas aller le crier sur tous les toits. Est-ce que ça concerne ton Mystère ?
Je hoche la tête sans un bruit, et je me rapproche de l'ordinateur. Je ne sais pas ce que fait Heather, et elle pourrait débarquer d'un moment à l'autre. C'est risqué, mais j'adore cette adrénaline qui coule dans mes veines.
— Il s'appelle Curtis.
Konstantin fronce ses sourcils blonds, et fixe la caméra.
— Tu es surpris que ça soit un garçon ?
— Non, c'est pas ça. Je m'en doutais. C'est son prénom. Je sais que ce n'est pas bien de juger les gens sur ça, mais le seul Curtis que je connais est un connard sans nom qui fait souffrir quiconque s'approche de lui.
Mon cœur martèle dans ma poitrine. Il ne parle pas de moi, mais de quelqu'un à qui je tiens énormément. Et ça me blesse, parce qu'encore une fois, Curtis est critiqué sans qu'on prenne la peine de voir ce qu'il y a en dessous.
— Ce n'est pas un connard, je te rassure. C'est quelqu'un de bien.
— Bah, tant que tu es heureux, je m'en fiche bien. Mais pourquoi tu ne veux pas le dire à Heather ? Il est plus vieux que toi ? Il est marié ?
— Non. C'est... plus compliqué que ça. Et c'est un peu long à expliquer.
Mon désir subit a totalement disparu. Je regrette amèrement de m'être confié. J'aurais dû tout garder pour moi, l'enfouir dans mon cœur et le chérir. Au lieu de ça, j'ai envie de casser des trucs.
— Je vais voir ce qu'Heather fait. J'arrive.
Je laisse Konstantin un peu en plan. Je sens le monstre gronder au fond de mon estomac. Je sais que si je reste, je risque de faire une connerie. Je blesse suffisamment les gens pour en rajouter une couche.
— Sam, j'ai dit quelque chose de travers ?
Konstantin n'est pas stupide. J'hésite. J'ai envie de défendre Curtis, mais je ne veux pas mettre encore une relation à la benne.
— Tu as insulté mon copain. Parce que ton Curtis et le mien, c'est la même personne. Tu le connais parce que c'est l'ex de Valentin, et que ton petit ami est son cousin. Et j'ai l'impression que toute personne qui est dans le cercle proche ou éloigné de Valentin déteste forcément Curtis, alors que c'est quelqu'un de bien. Donc oui, je m'en vais, pour éviter de te cracher mon venin au visage. Parce que, figure-toi, moi aussi, je suis un connard. Et je n'ai pas trop envie que tu saches pourquoi.
Je coupe le son de l'ordinateur, et je cours presque à la salle de bain. Je manque de me prendre ma sœur sur le chemin, et elle semble surprise de me voir.
— J'ai fait exprès de traîner pour te laisser discuter avec Konstantin. Ça a été ?
— Oui et non.
Elle fronce les sourcils.
— Qu'est-ce que tu as fait, Samuel ?
Je sens la mayonnaise monter. Le monstre s'en donne à cœur joie. Il est prêt à me voir hurler sur Heather.
— J'ai pris position. Pour une fois dans ma vie, j'ai pris position pour quelque chose. Mais encore une fois, c'était une décision de méchant. J'ai parfois l'impression que je ne pourrais jamais me détacher de cette case. Et je commence à en avoir ma claque.
Je ne lui laisse pas le temps de répliquer. Je la dépasse pour monter dans ma chambre. Une fois la porte refermée derrière moi — je l'ai un peu claquée, je l'avoue — je me débarrasse de mes chaussures et je me jette sur le lit, comme une masse. J'ai les yeux plantés sur mon plafond.
Je n'ai jamais été quelqu'un qui aime particulièrement les étoiles. Par contre, j'ai toujours eu peur du noir. Bien ridicule pour un méchant dont la couleur préférée est le gris. Ces petites lueurs me rassuraient et me permettaient de m'endormir sans le moindre problème. Mais ce soir, elles m'envoient un autre message. Il y a toujours de la lumière dans le noir. Même si je suis catalogué comme méchant, je peux m'en sortir. Parce que dans mon histoire, dans celle de Curtis, je ne suis pas un méchant. Je suis un gentil.
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