Décembre - 14
Goa'ulds : larve extraterrestre qui vient se loger dans le ventre de ses victimes et qui prend le contrôle de sa personne. Fait briller les yeux comme des spots lumineux, et donne une voix de ténor. Se prend pour un dieu, littéralement. Semble avoir une sérieuse passion pour la mythologie égyptienne et se déplacent dans des vaisseaux spatiaux en forme de pyramide géante. (vous pensiez galérer avec les méchants de Star Wars ? Je vous présente ceux d'une de mes séries de science fiction préférée, Stargate)
Je reprends lentement mon souffle de toute cette activité. Mes yeux cherchent ceux de Samuel, et je tourne la tête vers lui. Comme avant de se lever, il fixe le plafond avec le miroir. J'avoue ne m'en être même pas intéressé. Je ne pouvais pas, dans la position dans laquelle j'étais. J'appuie un doigt sur sa joue et je demande.
— Tout va bien ?
Il ne me regarde pas, et semble chercher ses mots. L'appréhension revient frapper mon cœur, et j'ai soudainement froid, alors qu'il y a moins de deux minutes, je crevais de chaud.
— Sam, si c'était nul, tu as le droit de me le dire. Ça ne fait rien, je ne vais pas te faire la soupe à la grimace.
J'utilise cette expression à chaque fois que quelqu'un boude pour lui arracher un rire. Mais là, ça ne marche pas le moins du monde. Pire, j'aperçois des larmes sur le visage blanc de Samuel. Mon appréhension se transforme en réelle peur, et je suis figé dans ma position. En temps normaux, je lui aurais essuyé l'eau, et je l'aurais pris dans mes bras. Mais mon instinct me dit que ce n'est clairement pas la bonne solution. Parce que c'est à cause de moi qu'il se sent si mal.
— Samuel...parle-moi, je t'en supplie. Ne reste pas dans ta tristesse tout seul.
— J'pensais...j'pensais qu'ils arriveraient demain. Que j'aurais la fin de la nuit pour profiter.
— Quoi donc ? Qui sont ces ils ?
Il se tourne vers moi, et je découvre son visage transformé par le chagrin. Il ne sanglote pas, mais ne fait rien pour essuyer ses pleurs.
— Les regrets.
Il me fixe en m'annonçant ça. Il me fixe avec tout le sérieux possible, et je m'effondre sur place. On vient de coucher ensemble, c'était bien et il regrette. Ça me flingue complètement le cœur.
— Je...je vais me laver.
Alors je fuis. Je fuis pour qu'il ne me voie pas fondre en larmes. Je fuis pour pleurer, comme les éléphants qui se cachent pour mourir. Mon cœur palpite dans ma poitrine, et pas parce que je me sens incroyablement bien entre certains bras. Mais parce que je viens de me prendre une immense claque.
Je me fiche qu'il soit passé quatre heures du matin, je saute dans la douche et je me laisse aller aux sentiments qui m'envahissent. Je pleure tout mon soûl sous l'eau chaude, qui me lave de toutes les sensations que j'ai pu ressentir. L'envie laisse place à la tristesse, le désir au dégoût et le plaisir à l'aigreur. Mes yeux coulent tant qu'ils peuvent, et je me frotte le corps comme si j'essayais de chasser chaque sensation que j'ai pu avoir. Comme si j'essayais de chasser les baisers, et les touchers. Je n'en ai pas envie, mais ça fait trop mal. Parce qu'il regrette et que j'aurais voulu continuer. Parce que je ne suis qu'un coup d'un soir — je pense qu'il refusera de me revoir après ça — et que je pensais que c'était le début de quelque chose. Parce qu'il se déteste et que je commence à l'aimer.
En sortant de la douche, j'essaie d'être le plus neutre possible. De ne laisser rien paraître. Mais c'est compliqué. J'ai peur qu'en voyant son regard posé sur moi, je me remette à pleurer. On pourrait croire qu'avec mon comportement de méchant de service, je ne ressente rien quand on me blesse. Mais lorsque Valentina rompu avec moi, j'ai été mal pendant des semaines. D'abord contre lui, puis contre moi, parce que si j'avais accepté de le prendre dans mes bras et de le consoler, je n'aurais pas été dans cette situation. Là, c'est encore pire. Parce que j'en veux à mon coeur d'être aussi accroché à quelqu'un que je viens de rencontrer. Je ne connais pas sa couleur préférée, ni même sa date de naissance. Mais je me sentais bien avec lui. Et à cause de ce qu'on a fait, tout va se casser la gueule.
— Curtis...
Je me tends à l'entente de mon prénom. J'aime tellement lorsqu'il est entre ses lèvres, parce qu'il donne une intonation toute spéciale, que personne d'autre ne m'a offerte pour l'instant. Si avant, ça me faisait bondir le coeur, désormais, ça me le déchire.
— Curtis...
Il fixe la porte de la salle de bain, et je me laisse avoir par ses iris. Il a allumé la lampe de chevet, et éteint le lustre que j'avais illuminé lorsque nous sommes rentrés. J'ai l'impression que c'était il y a des années de ça.
— Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a Samuel ?
— Je suis désolé.
— Tu ne devrais pas t'excuser. C'est comme ça. Tu regrettes. Tu as été honnête avec moi, et jamais je ne t'en voudrais pour ça. C'est juste que...laisse-moi ma tristesse s'il te plaît. Je sais que c'est tôt, que je ne devrais pas ressentir toutes ces choses, mais tant pis. C'est là, et ça fait incroyablement mal.
Il laisse tomber sa tête entre ses mains. Il a remis son caleçon, mais uniquement ça. Et il souffle de toutes ses forces.
— Je ne m'excuserais pas pour ce que je ressens. J'en ai marre de le faire. J'en ai marre d'avoir la trouille, et de ne pas m'exprimer. Moi, je ne regrette pas.
— Même après ce que je t'ai dit ?
— Oui. Je suis un peu bizarre, que veux-tu.
Il relève la tête et me sourit. J'interdis formellement à mon coeur de démarrer d'une quelconque manière que ce soit. Il n'en a plus le droit, parce que ça ne servirait à rien. Je n'ai pas envie de me retrouver contre un mur. J'en ai frappé suffisamment.
— Qu'est-ce que tu voudrais toi ? Franchement et honnêtement. N'aie pas peur de me blesser, ou de m'effrayer.
— À quoi bon ? Je suis bizarre, mais pas au point de me faire mal intentionnellement. Tu regrettes Samuel. Je sais que notre flirt est parti en sucette. Alors, au risque de me répéter, à quoi bon ?
— Parce que j'ai envie de savoir.
— C'est cruel.
— Je sais. Je suis un méchant de roman, rappelle-toi.
Mon coeur fait ce qu'il veut, finalement. À cette simple appellation, il démarre complètement. Pire, il envoie des ondes au cerveau, qui ordonne à mes jambes d'avancer vers le lit. Je me place juste en face de Samuel, qui me regarde comme si j'allais me désintégrer dans la seconde.
— Je voudrais être avec toi. Continuer. Te revoir. T'embrasser de tout mon soûl. Te faire rentrer dans mon univers. Te parler de mon amour de la science-fiction, de pourquoi j'écoute autant de style de musique, et de pourquoi diable j'ai les cheveux rouges. Je veux rentrer dans le tien aussi. Que tu me parles de science, comme tu as pu le faire dans le train. Je veux te révéler mon deuxième prénom. Je veux t'emmener dans mon QG. Je veux que tu goûtes les pâtisseries pakistanaises. Je veux que tu m'apprennes à m'aimer. Et je veux tomber amoureux, avec violence et avec passion. Voilà la liste des choses que je voudrais.
Je ravale un sanglot, parce que rien de tout ça ne se réalisera. Il regrette. Il me l'a dit. Il regrette.
— Maintenant, explique-moi. À quoi ça sert que tu la connaisses ? Je vais te faire fuir par la grande porte. Parce que même si je désire tout ça, et crois-moi que c'est le cas, je suis incapable de te promettre que je ne me transformerais pas en petit connard soudainement, que je ne refuserais pas les contacts avec toi, ou que je ne répondrais pas de manière monosyllabique. Parce que moi aussi, je suis un méchant de roman, et le truc que j'aime particulièrement, c'est faire souffrir les gens auxquels je tiens, pour qu'ils me détestent à leur tour. Parce qu'apparemment l'autosabotage, c'est ma spécialité.
Ma réplique ne ressemble à rien, mais je m'en moque. Il avait envie de savoir ce qui se trame en moi, le voilà servi. Et comme je me l'imaginais, il est silencieux au possible.
Et lorsqu'il ouvre finalement la bouche, je sais déjà ce qui va en sortir. Mon prénom, avec des syllabes un peu allongées.
— Curtis...
Gagné. Il est incapable de me répondre.
— Comme je disais, c'est cruel.
Je commence à repartir, mais il me saisit le bras. Ce simple contact me brûle de partout, et j'en veux à chacune de mes cellules de réagir comme ça.
— Je suis un méchant.
— Pas avec moi, Samuel. Tu n'es pas un méchant avec moi. Et c'est ce qui devrait faire la différence. Tu ne penses pas ?
Mes yeux sont toujours vrillés sur les siens. J'attends quelque chose, un geste ou une parole. Sa main glisse sur mon bras, et je comprends. Il me laisse repartir.
Sauf que non. Au lieu de s'éloigner de moi, il me saisit les doigts. Nos paumes se trouvent, nos doigts s'emmêlent. Je brûle toujours.
— Je suis d'accord avec toi. Mais je...je ne peux pas drastiquement changer. Toi, tu acceptes les sentiments que tu as, alors que moi je rejette tout en bloc parce qu'à chaque fois qu'un garçon m'a plu, j'ai fait n'importe quoi avec lui. Je n'ai pas envie que tu sois une autre victime Curtis. Je t'apprécie trop pour ça.
— Tu n'es pas comme ça avec moi. Aie confiance en toi. S'il te plaît. Moi, j'ai confiance.
Je sens que cette réplique brise un peu sa carapace. Un microscopique sourire s'inscrit sur ses lèvres.
— Je vais te faire du mal si on continue à se voir.
— C'est sûr que si tu pars comme ça... je vais t'apprendre un truc : la vie elle-même est douloureuse. Si on devait éviter chaque souffrance qu'elle peut nous offrir, on ne ferait plus rien du tout. Parce que tu sais, en marchant sur un trottoir, on peut trébucher et se râper les genoux. Pourtant, on continue à les utiliser.
— Un trottoir n'a pas de sentiments. Toi, si. Et c'est une grosse différence.
— T'as toujours été parfait avec ta sœur ? Avec ta mère ?
Il ne m'a pas parlé de père, alors j'évite le sujet. La conversation est suffisamment difficile comme ça pour en rajouter une couche.
— Non...
— Est-ce que tu les évites comme la peste ? Est-ce que tu refuses de leur parler parce que tu es trop méchant ?
— Non. Sans Heather, je ne serais qu'une loque.
— Et bien voilà. C'est la même chose. Ta famille aussi a des sentiments, et ça t'arrive de les blesser. Tu as meurtri mes sentiments tout à l'heure en me disant que tu regrettais d'avoir couché avec moi. Et je suis toujours là. Je suis peut-être un peu maso, c'est sûr. Mais je suis toujours là.
Je joue mes dernières cartes. S'il me réplique encore une fois que c'est un méchant, je laisse tomber et j'ordonne à ma tête de l'oublier.
Il me fixe, presse ma main contre la sienne. Quelques secondes plus tard, il est debout. Et la suivante, il m'embrasse tout doucement, un sourire très discret aux lèvres. Je sens que j'ai réussi.
— Okay. Reste là. Je ne peux rien te promettre, mais reste là.
— Je ne te demande pas de promesse. Ni de grande révolution. Juste d'arrêter d'utiliser cette excuse de méchant pour éloigner les personnes qui tiennent à toi. Tu m'as dit tout à l'heure que j'étais quelqu'un de bien. Toi aussi, Samuel. Toi aussi tu es quelqu'un de bien.
Je m'enfouis dans ses bras, et je le serre tout contre moi. Ça m'a fait du bien de parler, même si j'en ai beaucoup trop dit. Ça ne fait rien. Il n'a pas laissé de trou dans le mur en décampant. C'est déjà ça.
Il me rend mon câlin en prenant une sniffée de mon odeur, le nez collé sur la matière éponge du peignoir que j'ai enfilé.
— Tu sens bon.
— J'ai pris une douche, c'est normal.
— Même en temps général, tu sens bon.
Je me recule légèrement et je lui souris. En se séparant de moi, il déclare qu'il va se laver à son tour. Je hoche la tête et j'avise le lit qui me fait envie. Déclarer ce qui pèse sur mon cœur, ça m'a complètement crevé. Dès que la porte de la salle de bain est fermée, je vais m'enrouler dans les couvertures avec bonheur. Et, le nez au plafond, observant mon reflet, je repense à la soirée.
Si on me racontait les aventures que j'ai vécues aujourd'hui, je n'y croirais pas. Tout simplement. Je ne m'imaginais pas rencontrer quelqu'un en cette horrible soirée, et encore moins ressentir tout un tas de trucs pour lui. Quant à ce qui s'est passé dans cette chambre...je sens que je vais l'oublier un temps, pour éviter de me torturer. Parce que même si Samuel semble avoir accepté l'idée de me revoir, il n'a pas retiré ce qu'il avait dit sur notre précédente activité. Il regrette toujours. Et je n'ai même pas eu la force de demander pourquoi.
Au moins, il ne semble pas regretter les baisers, puisqu'il m'en a donné un nouveau. Je sens encore ses lèvres sur les miennes, sensation que je pensais avoir chassée sous la douche. Je les touche avec plaisir, en souriant. J'ai commencé cette journée en sortant avec une fille, et je la finis en me languissant des baisers d'un garçon. Ce genre d'aventure, ça ne peut pas s'inventer.
Lorsque j'entends le verrou de la porte de la salle de bain, je retire ma main de ma bouche, comme si je venais d'être pris sur le fait. Je fixe l'encadrement en attendant que le blond en ressorte, et je l'observe. Il a laissé son peignoir à demi ouvert sur son torse, et ces quelques bouts de peau apparaissent avec une envie très pressante de les toucher. Je réprimande mon cerveau et mon cœur, qui sont en train de me trahir, et je fixe à nouveau le plafond.
— Tu t'admires ?
Sa voix est pleine de rires, et d'un peu de moqueries. Ça me détend de l'entendre plaisanter.
— Oui. Je suis trop beau.
Je prends une pose dans le lit, et j'écarte légèrement les pans de mon peignoir, pour que l'on aperçoive également mes muscles. Je sens une pression sur le lit, signe que l'on entre entre les couvertures. Et quelques secondes après, Samuel est à côté de moi, en train de s'observer à son tour. Je préfère regarder son reflet que lui, et éviter de penser au fait que son corps est tout contre le mien.
— On est trop beaux ensemble alors.
Il m'offre un sourire de charmeur et je fonds. J'ai juste envie de lui dévorer les lèvres. J'avale bruyamment ma salive, et je m'écarte légèrement, en décrétant que je dois dormir, parce que je suis fatigué.
— Bien. Alors bonne nuit Curtis.
— Bonne nuit Samuel.
Et en s'éloignant de moi, il glisse un baiser sur mon épaule nue. La chaleur de ce contact reste de longues minutes sur ma peau.
Je crois que je suis définitivement fichu.
Le chapitre de décembre est ENFIN fini. On se retrouve pour janvier la prochaine fois !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top