Décembre - 11

Leader Suprême Snoke : je ne sais pas s'il existe une règle en matière de méchant, mais à mes yeux, soit ils sont vraiment sexy, soit vraiment hideux. Celui-ci entre dans cette catégorie. Il ressemble à des boules de chewing-gum pré-mâchées collées ensemble. Est aussi une saleté de manipulateur, qui abuse de ses apprentis. Clairement pas le plus cool des Sith. Meurs d'une manière totalement jouissive. 

(oui, cette musique est ridicule, mais c'est grâce à elle que j'ai écrit des trucs très intéressants pour la suite)


— Oh, n'aie pas peur. Il y a des trains jusqu'à une heure du matin pour rentrer à Belfast, tout comme les bus. Il n'est que minuit passé, on est tranquille de ce point de vue là, m'indique Samuel, les mains dans les poches de sa veste.

Je me rends subitement compte que nous ne sommes pas habillés très chaudement pour la saison et que suivant toute logique, nous devrions mourir de froid. Mais je me sens bien. Peut-être est-ce parce que j'ai le ventre plus plein qu'un ballon de baudruche ?

— Tu as déjà eu le coup ? l'interrogé-je. Rater le train pour rentrer et devoir faire le chemin à pieds ?

— Oui, rit-il. Ce n'est pas très glorieux. Mais comme je suis incroyablement généreux, je vais te raconter cette histoire.

Il lève la tête vers les étoiles au-dessus de nous et expire de l'air. On dirait qu'il fume, avec le blanc qui envahit l'espace devant sa bouche.

— Je sortais d'une rupture toute fraîche, avec une fille, celle juste après Daisy. Je suis venu ici pour me ressourcer, parce que je l'avais lâchée à cause de l'attirance que je développais pour Miho.

Il se crispe au prénom et je comprends immédiatement de qui il s'agit. Le premier des deux joueurs de foot.

— J'avais besoin de me noyer dans la nourriture. C'était comme ce soir, il n'y avait personne, alors le patron m'a fait la causette. C'est un monsieur d'une cinquantaine d'années qui est américain, et il a un accent texan à couper au couteau. C'était un peu le cliché du barman qui essuie son comptoir et ses verres pendant que son client s'épanche sur sa vie. Et je me suis épanché sur ma vie. Je lui ai tout raconté, de A à Z. Le fait que je ne tombais pas amoureux facilement et qu'ainsi, ça ne m'était jamais arrivé. Les copines qui finissaient par rompre avec moi parce qu'elles avaient quelqu'un d'autre en tête. Moi qui évitais de penser à la personne qui s'était établie dans la mienne sans me demander mon autorisation. Je n'ai même pas eu peur de lui dire que c'était un garçon. Il a eu l'air de comprendre et ça m'a surpris, alors j'ai continué. Il m'a offert un verre de cola et lui s'est versé de la bière et on a parlé. Comme il n'y avait pas spécialement de clients, on était tranquille. Et je n'ai pas vu le temps passer. J'ai dû rentrer chez moi à pieds, je me suis perdu en chemin et je suis arrivé au petit matin. Heureusement que c'était samedi.

— Et je me doute qu'on t'a fait la leçon sur ton heure de retour, avec les cris et la punition, ris-je dans ma manche.

— Même pas. Ma sœur était chez sa copine donc n'avait pas dormi là et ma mère avait tout simplement enchaîné ses deux boulots de nuit et de jour sans repasser par la maison. Donc même si j'étais revenu à temps, j'aurais été tout seul. Et au moins, je connais le chemin de retour maintenant.

— Combien de temps as-tu mis pour rejoindre la ville ?

— Presque deux heures. Plus une demi-heure avant d'enfin apercevoir ma maison. T'as pas l'impression quand tu prends le train, comme c'est la première sortie. Mais l'avantage, c'est que tu peux couper à travers champs.

Je blêmis lorsqu'il me révèle tout cela. Je ne suis pas un grand marcheur, et en plus, mes chaussures sont particulièrement douloureuses parce qu'elles sont neuves. Heureusement qu'il n'est pas une heure du matin et que les trains circulent toujours. Je ne me vois absolument pas rentrer en ville en coupant à travers champs, comme le dit si bien Samuel.

— T'inquiète, déclare-t-il en m'attrapant le bras, comme pour me soutenir. Dans dix petites minutes, nous sommes dans le train, confortablement installés, les pieds sur la banquette, à discuter de nos vies sans révéler ce qui se passe vraiment dans nos têtes.

Ses doigts courent sur le tissu de ma veste, et s'arrêtent au niveau de la frontière entre la peau et le vêtement. Il hésite, sans me regarder, et je franchis le dernier pas. Je saisis sa main pour l'emmêler avec la mienne. Mon cœur rate un battement, et sa respiration saute, mais il ne se retire pas le moins du monde. Mieux, il se rapproche et presse mes doigts, comme pour me remercier d'avoir été courageux pour deux. Je me doute que lorsque nous serons arrivés à la gare, nous nous lâcherons parce que nous serons entourés d'autres êtres humains que nous ne connaissons pas. Mais pour l'instant, je profite de sa présence avec moi, et du contact sur ma peau.

— Je ne m'inquiète pas, finis-je par déclarer. Pas du tout.

Samuel s'arrête subitement et je suis obligé de faire de même, puisque je suis physiquement attaché à lui. Mes yeux verts se plantent sur le bâtiment devant nous, entièrement fermé. Le petit écran qui est censé diffuser l'heure d'arrivée et de départ des trains est éteint. Tout semble bouclé, alors qu'il n'est que minuit et quart.

— Samuel...

— Ce n'est pas normal. Elle doit être ouverte jusqu'à une heure. Ça a toujours été comme ça.

— Depuis quand n'avais tu pas pris le train de nuit ?

Il se gratte l'arrière de la tête de sa main libre et tourne vers moi un visage tordu par une grimace coupable.

— Un an et demi ?

D'accord. J'ai désormais des envies de meurtres sur ce blond qui évite consciencieusement mon regard. Est-ce parce qu'il a deviné que je suis le pro des yeux qui lancent des éclairs ?

— Samuel... dis-je, en faisant traîner la consonne finale. 

Il se retourne subitement vers moi, et lève nos mains liées au niveau de nos visages. Là, il y colle sa deuxième et se met en position de prière.

— Pardonne-moi Curtis, je suis horrible. Je suis vraiment vraiment désolé. Je pensais réellement que... ne me tue pas s'il te plaît... je ne veux pas être le méchant de ton histoire.

Revoilà les dents de scie. Exactement comme tout le reste de cette soirée. De l'humoristique, puis tout d'un coup du sérieux. Je le sais pertinemment bien que cette dernière phrase n'a pas été prononcée sur le ton de l'humour. Il ne veut vraiment pas être le méchant de mon histoire. C'est pour ça qu'il a pris tant de temps pour m'embrasser — comme cette soirée semble infinie — et qu'il avance à petits pas, alors qu'avec quelqu'un d'autre, nous aurions pu franchir plusieurs... bases.

Tu ne l'es pas. Je te l'assure. Mais qu'est-ce que tu proposes, puisqu'on ne peut pas utiliser les transports en commun ? Je n'ai plus d'argent liquide pour un taxi, j'ai tout donné au restaurant.

— Pas besoin de voiture. Je te l'ai dit. On peut couper à travers champs. Enfin, on peut prendre les petites routes qui ont été construites pour les agriculteurs des environs. Elles sont répertoriées sur les applications de GPS, j'ai déjà vérifié. Donc, si ça te convient, je te suggère qu'on utilise mon téléphone pour la navigation, et le tien pour la musique.

J'écarquille des yeux assez incrédules. Il me sort ça comme si de rien n'était, comme si nous n'étions pas à plus de dix kilomètres de la ville, et plus encore de nos propres maisons. Comme s'il était content que nous passions plus de temps ensemble, et ce, à l'abri total des regards. Pire, il me sourit, sa main toujours dans la mienne.

— J'ai des écouteurs sans fil. Est-ce que ça ne te dérange pas de partager ? Je vais te le nettoyer au gel hydroalcoolique.

Je me remercie encore une fois pour l'excellente idée que j'ai eue en glissant mon petit tube dans la poche interne de ma veste. Je sors le mouchoir décoratif que j'ai emprunté éhontément à mon père pour l'appliquer dessus, et je frotte mon écouteur, surtout dans la partie qui touche les oreilles. Je regrette de ne pas avoir pris de coton-tige, mais c'est plus volumineux que le gel, et c'est plus suspect. Je n'ai pas spécialement envie d'être estampillé comme quelqu'un de bizarre. L'étiquette de méchant me suffit amplement.

— Non, ça ne me dérange pas du tout. Même si j'aurais préféré des écouteurs filière.

Je fronce très légèrement les sourcils en lui tendant l'objet tout propre. Avec de la pâte autocollante, j'aurais pu faire mieux au niveau des grilles, mais encore une fois, je ne me promène pas avec.

— Ils sont de très bonne qualité, tu sais. C'est peut-être tout nouveau comme système, mais c'est très pratique.

Je me tourne totalement vers lui, et malgré la nuit, je découvre un visage rouge comme une pivoine. Il pourrait faire concurrence à un feu de circulation, j'en suis certain. Je crois bien que j'ai raté une réplique à double sens.

— Ce n'est pas ça... avec le fil, on est... on est obligés d'être proches. C'est... j'avais envie de ça. C'est tout.

Mon cœur vrille légèrement dans ma poitrine et je souris. Alors il souhaite se rapprocher physiquement de moi ? Je ne demande que ça, c'est certain. Je lui attrape donc immédiatement la main, et lie nos doigts comme j'aime tant. Nos épaules se touchent presque, et je cale mon rythme de marche sur le sien. Je ne peux pas faire mieux si nous souhaitons encore avancer.

— Qu'est-ce que tu veux comme musique ? Une préférence ?

— Euh... hum... comme tu le désires.

Il est tellement mignon que j'ai envie de lui embrasser la joue. Je ne ferais rien, puisque j'ai bien compris que les contacts de ce genre, ce n'est pas trop possible avec lui. Mais la scène dans le restaurant m'a bien montré que tout vient à point à qui sait attendre.

— D'accord. Pas de jugements s'il te plaît. J'ai un style assez éclectique.

— T'inquiète pas. Ce n'est pas mon truc de juger les gens sur leurs goûts musicaux.

Je lance donc la lecture en aléatoire, et je ne regarde pas la chanson sélectionnée par l'algorithme. Moi aussi, j'ai envie d'avoir la surprise. En plus, j'ai l'impression que ça fait longtemps que je n'ai pas écouté de rock, ce qui passe actuellement dans nos oreilles.

— Oh, je crois que je connais ce groupe. Ils ne sont pas Canadiens ?

Oh oui, je finis par reconnaître la voix du chanteur. Mais le problème, c'est que je me rappelle également du titre du morceau. Et...

I don't wanna to go to bed without you hurle le refrain.

Sur les mille deux cents chansons dont je dispose dans mon téléphone, il a fallu que la lecture aléatoire lance l'une des seules un peu chaudes. Si seulement Simple Plan chantait en français, leur deuxième langue natale. Personne n'aurait rien compris, et cette ambiance électrique ne se serait pas installée sur notre duo.

— Désolé. Je... je n'ai pas fait attention.

— Pas de problème, répond du tac au tac Samuel. J'aime bien. C'est très entraînant.

Il ne se formalise pas des paroles. Pire, il commence même à chantonner tout naïvement, comme s'il ne saisissait pas ce qui est dit. Il est encore plus adorable que précédemment.

Et puis je me rends compte des regards volés, et de son sourire mutin lorsqu'il chante carrément le refrain, profitant de notre solitude sur cette route. Il n'est pas naïf. Il a totalement conscience de ce qu'il fait et de ce qu'il prononce.

— Fais gaffe, je risque de te prendre au mot, dis-je, en ne le lâchant pas des yeux.

— J'y compte bien, figure-toi.

Nous sommes tout au bord d'un grand champ de je ne sais quoi. Il fait nuit, et je ne m'y connais pas assez pour savoir ce qui pousse à cette période de l'année. De toute manière, je m'en moque. Tout ce qui m'importe, c'est la personne en face de moi. Avec une proposition pareille, j'ai juste envie de coller mes lèvres sur les siennes, avec une certaine férocité.

À la fin de la chanson, il est tout proche de moi, et murmure la dernière phrase du bout des lèvres.

— I don't wanna go to bed without you.

Ses mains glissent dans mon dos, et ses yeux ne quittent pas les miens. Il se penche vers moi, le sourire aux lèvres.

— Rassure-moi, dis-je dans un murmure, tu ne vas pas me laisser comme un con au milieu de la route ? 

— Non, t'inquiètes pas. Je ne suis pas un rustre.

— Okay, ris-je. Permets-moi d'en douter.

Il fait mine de s'éloigner, les sourcils froncés. Pendant un moment, je crains de l'avoir réellement vexé, et je m'en mords les doigts de frustration. Je n'ai aucune envie de mettre fin à ce petit moment très chaud, induit par une simple chanson. Fort heureusement, un microscopique sourire passe sur ses lèvres au moment où il se détourne de moi.

— Samuel, continué-je. Je rigolais !

— Mouais. Permets-moi d'en douter.

Il se retourne même et recommence à marcher. Je trouve qu'il pousse le bouchon très loin. Je ne sais pas s'il fait bien de se lancer dans la biochimie. La comédie, ça lui convient très bien.

— Tricheur ! Tu me piques mes répliques !

Il ne réagit même pas, et continue à marcher. Je commence à le poursuivre. Mais je me fais devancer lorsqu'il se retourne totalement et avale les espaces qui nous séparent en quelques pas.

— Finalement, je te crois, glisse-t-il avant de m'embrasser enfin.

Je souris à travers le geste — je ne sais pas s'il aime ça, mais je ne peux pas m'en empêcher. Il est exactement comme je l'espérais : presque féroce. Strictement rien à voir avec ce qu'il s'est passé dans le restaurant. Je découvre une tout autre personne.

J'ouvre rapidement la bouche, sans qu'il le demande. Dès que nous n'avons plus d'air, nous nous éloignons quelques secondes, avant de reprendre de plus belle. Nous faisons quelques pas sur la route, comme si nous dansions. À vrai dire, je ne serais pas contre une tout autre sorte de danse, promise par la chanson qu'il m'a glissée dans les oreilles. Mais pas à cet endroit, au milieu de nulle part. Si bien que contre toute attente, c'est moi qui romps le geste, en l'éloignant de moi. Ses yeux bougent lentement vers les miens, et ses joues sont rouges — du moins, ce que je devine dans le noir.

— Je ne veux pas que notre plaisir soit gâché, dis-je, pour toute explication.

— Quel plaisir ?

— Celui de faire ça dans une chambre d'hôtel fermée à double tour, chauffée, avec un lit sur lequel je pourrais te jeter si bon me semble.

Je ne sais pas si je vais trop loin. Pour moi, cette chanson ne suggère pas du tout de dormir, mais bien de faire des activités, qui, en temps normal, requièrent un lit, ou une surface pour s'allonger.

— Je comprends. Mais dans ce cas, je te propose un jeu. Un jeu à gage.

— Oh. Je suis preneur.

— Parfait. Alors le premier qui touche l'autre, d'une quelconque manière que ce soit, a le droit à un gage. Ça te convient ?

— Totalement. Ça commence quand ?

— Maintenant.

Il s'éloigne de moi, et recommence à marcher, faisant comme si rien ne s'était passé. Je hoquette de surprise, glissant une main sur mes lèvres, avant de sourire. Il est hors de question que je sois le perdant.

Nous continuons donc à avancer en suivant les indications du GPS, et en écoutant ma musique. Après Simple Plan, nous avons eu le droit à un peu de métal, suivi de rap. Samuel n'a fait aucune remarque, mais je l'ai bien vu écarquiller les yeux. C'est sûr que ce n'est pas très commun, mais je suis comme ça. C'est à prendre ou à laisser.

— Dis, tu ne penses pas qu'on ne devrait pas ? déclare-t-il soudainement.

Je le fixe avec un drôle d'air. Nous sommes silencieux depuis de longues minutes maintenant, et cette question me surprend au possible.

— Qu'on ne devrait pas quoi ?

— S'amuser, passer de bons moments. Ce soir. Après tout ce qu'on a fait. Se promettre des trucs pour après, des trucs fortement sympathiques.

La culpabilité tombe comme une chape de plomb sur notre petit duo. On se regarde droit dans les yeux, et je crois que le même type de pensées traverse nos pupilles.

— Je... je suis du genre à penser que le monde n'est pas tout noir ou tout blanc. Que les gentils sont super gentils, et que les méchants sont super méchants. Qu'en fait... il y a aussi du gris dans le cercle des couleurs. Des gentils qui font des crasses. Des méchants qui ont un bon fond, et qui veulent se racheter. Le monde n'est pas si manichéen à mon goût. On est les méchants des histoires des gars qu'on a fait souffrir, c'est un fait. Que ce n'est pas juste qu'on se marre, qu'on s'amuse et qu'on se fasse un festin alors qu'eux sont certainement dans les trente-sixièmes dessous. Mais qu'est-ce qu'on en sait ? Sans doute, à un moment donné, ils vont nous faire souffrir à leur tour. Ils vont être ignobles, et ce seront eux, les méchants de notre histoire. Peut-être même que ça s'est déjà passé pour toi d'ailleurs. Je n'en ai aucune idée, et je n'ai pas envie de remuer le couteau dans la plaie.

Je repense au mois dernier, à la sortie de l'entraînement. Quand Valentin était là, devant moi, sérieux au possible. Qu'il m'a parlé, alors que je savais pertinemment bien la raison de sa présence. Il voulait se venger, parce qu'il avait le cœur brisé. Et moi, je n'étais qu'un outil. Il a profité de ma disponibilité, et du fait que j'ai encore des brides de sentiments pour lui. Il m'a embrassé sans demander son reste, et il est parti sans un regard. Ce soir-là, je n'ai pas dormi de la nuit. Je sentais toujours les lèvres du blond sur les miennes. Ce n'était pas forcé, et j'étais clairement consentant. Mais tout de même. J'ai été utilisé. Et ce n'est pas parce que j'ai fait des choses très discutables il y a quelques années que je mérite qu'on me traite de cette manière. Nous aurions dû discuter. Tout mettre à plat, au clair.

— Ouais. Ouais, ça s'est passé. Avec Valentin, d'ailleurs.

Je lui raconte rapidement l'histoire, et il écarquille les yeux. C'est vrai que c'est surprenant. Mais c'est exactement ce qu'il vient de dire. Le gris. Valentin est connu pour être quelqu'un de foncièrement gentil, qui ne ferait pas de mal à une mouche — c'est son éducation qui veut ça, ses parents s'en sont bien assurés. Par contre, il peut être effroyablement blessant. Comme ce jour-là.

— C'est moche. Profiter de toi comme ça, déclare finalement Samuel.

— Oui. Surtout que... qu'en soit, j'ai apprécié, parce que ce mec embrasse divinement bien. Et ça a réactivé mon espoir. Sauf qu'en fait... non. Je ne sais pas ce qu'il cherchait à faire. À se prouver qu'il n'était pas aussi ignoble que moi ? Qu'il n'avait vraiment jamais eu de sentiments pour moi ? Je n'en ai aucune idée, et en plus, cette aventure m'a outé auprès de mes coéquipiers.

Ses yeux s'écarquillent encore plus. Je pensais que je lui avais dit que mes équipiers étaient au courant pour ma bisexualité — même s'ils ne comprennent strictement rien de la différence avec le fait d'être gay.

— Je croyais que c'était toi qui leur avais dit ! C'est ignoble !

— Ce n'était pas son but. On était quand même un peu à l'écart, mais on a été vus. Lui, ils ne le connaissaient pas, donc ils n'en avaient rien à faire. Par contre, le lendemain, ça a fait le tour de l'école. J'ai été regardé de travers par quelques-uns de mes camarades. Heureusement qu'il y avait Coby pour leur envoyer des regards noirs en pleine face, et gronder si l'un d'entre eux m'approchait de trop près.

— C'est un véritable ami.

Je lève les yeux au ciel. Le fait qu'il ne changera pas de qualificatif n'est absolument plus douloureux, comme ça pouvait l'être avant. Je sais exactement ce qui se joue dans mon cœur. Le brun au sourire carnassier et au corps sculpté par les séances de musculation est en train d'être remplacé par un beau blond.

— Oui, en effet, dis-je, en tournant la tête vers Samuel.

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