Janvier - 3
La journée se termine assez tranquillement, par une heure à la bibliothèque, après une exclusion en grande pompe du cours de biologie. J'ai lu Baudelaire pour me faire un petit plaisir, et Valentin n'a cessé de gribouiller des feuilles et des feuilles de phrases françaises, sans doute en vue du concours d'écriture. C'est un peu contre les habitudes, mais je préfère ne pas m'y mettre dès aujourd'hui. J'ai des choses plus importantes pour lesquelles me préoccuper et elles occupent fortement mon esprit.
Nous nous séparons au niveau des casiers, avant la fin de l'heure, afin de pouvoir nous dire au revoir en bonne et due forme, sans être observés par des élèves curieux ou haineux. Le blond me souhaite bonne chance, me rappelle qu'il m'aime et me confie que si j'ai le moindre problème, je peux l'appeler quand je veux. Je lui assure que je le sais et je prends un rendez-vous téléphonique pour le soir même.
À la sortie, mon frère m'attend, comme ce qui était prévu. Il n'est même pas surpris de me voir émerger du bâtiment avant tout le monde, et me donne une frappe sur l'épaule comme salut. Il ne me demande pas après Daisy afin de la saluer, ce qui me surprend. Mais je ne fais aucune remarque et nous nous dirigeons vers notre arrêt de bus.
- Qu'as-tu dit aux parents afin qu'ils te laissent partir plus tôt ?
- Que je voulais passer du temps avec mon petit frère. Ce qui est vrai. Je fais des heures sup à la pelle alors bon, j'ai bien le droit quand même.
Il sourit et nous montons dans le véhicule de la ville. Il n'est pas encore très plein et je vérifie à chaque arrêt que nous ne loupions pas le nôtre. Lorsque je suis sûr et certain que nous sommes sur la bonne route, je me tourne vers mon frère.
- Ne voulais-tu pas voir Daisy ? C'était l'occasion ou jamais.
La main de Callahan se crispe sur la barre et des sourcils se froncent. Mon intuition était la bonne. Il y a un problème.
- C'est elle qui ne veut plus me voir. Elle me l'a dit pendant les vacances. Elle est dans un gros tourbillon vis-à-vis de ses sentiments. Elle ne veut pas me blesser parce que la dernière fois qu'elle est sortie avec un gars, ça c'est mal passé à cause des sentiments, justement.
- Sait-elle que tu l'aimes ?
- Oui. Je lui ai dit au bal, juste avant de l'embrasser, quand je l'ai ramenée chez elle. Mais c'est elle qui ne sait pas. Je suis en compétition avec un joueur de foot qui a votre âge. Samuel, je crois.
- Je n'en ai jamais entendu parlé. Veux-tu que j'en touche deux mots à Valentin ?
- Non, s'il te plaît. Je n'ai pas envie que tu te mêles de mes histoires de cœur.
Je ne peux pas m'empêcher de lui donner un coup de coude dans les côtes. Il se plie légèrement en deux et me fixe étrangement.
- Tu ne t'es pas gêné pour te mêler de la mienne. Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas te rendre la pareille.
- Je t'ai sorti du déni, c'est pas pareil ! Franchement, si je ne t'avais pas un peu remué, tu n'aurais jamais compris qu'une certaine personne te faisait du rentre-dedans en bonne et due forme.
Je hausse la tête, les bras croisés sur la poitrine, lui lançant un sifflement hautain. Je ne dirais jamais qu'il a raison.
- Allez viens, petit frère, notre arrêt est là.
Je descends en riant. J'aime particulièrement lorsqu'il m'appelle comme cela.
***
Le rendez-vous en lui-même dure un peu plus d'une heure. Lorsque je ressors du cabinet de la psychiatre, mon frère m'attend patiemment sur un fauteuil de cuir rouge, tout en jouant sur son téléphone. Il se relève, surpris, avant de m'emboîter le pas vers la sortie.
- Je suis allé régler, avoue-t-il. Je tiens à faire ça pour toi, 'liot.
- Je peux me le permettre, me défends-je, gêné qu'il ait fait cela sans m'en parler avant.
- Garde ton argent pour l'année prochaine, quand tu seras étudiant. Moi, je n'ai pas de frais et les parents me payent bien. Je veux que tu te sentes bien. Mais je ne veux pas t'obliger non plus, je ne veux pas que tu te sentes redevable ou un truc du genre. Je le fais vraiment pour toi et ton bonheur.
- Cal'...
Je pense que si je n'étais pas au milieu d'un escalier, je lui aurais sauté dans les bras pour pleurer sur son duffle-coat. Je me sens quelque peu minable et surtout très petit.
- Ne dis rien, petit frère. Je sais.
Il m'embrasse la tempe avant de sortir et nous rentrons ensemble chez nous. Nous nous préparons un thé que nous buvons en bavardant, ne faisant pas attention au temps qui passe. Je ne me préoccupe pas de mes devoirs et je préfère parler à Callahan de mes découvertes sur ma sexualité. Je lui fais entièrement confiance et je sais qu'il comprendra.
- Je pense que j'ai déjà entendu ce mot-là quelque part... une amie de l'école, je crois...
Il cherche sur son téléphone, sans doute sur les réseaux sociaux. Il me présente une photo d'une rousse aux yeux d'un vert extrêmement profond. Son sourire est lumineux et quelques taches de rousseur décorent son visage.
- Elle est belle, fais-je remarquer.
- Ouais. À l'époque, j'avais un petit faible. Mais je croyais qu'elle aimait que les filles, alors j'ai jamais vraiment tenté ma chance. Et je n'étais pas très sûr de moi, alors je ne me voyais pas me planter devant elle pour lui demander de sortir avec moi. J'étais un peu Bernard l'ermite à l'époque.
- C'est drôle, mais je ne t'imaginais pas ainsi.
Il sourit et hausse les épaules en même temps, pour me signifier que les gens changent, parfois.
- Ta recherche sur les réseaux sociaux me fait penser à quelque chose. As-tu eu des nouvelles d'Asuka, récemment ? Elle ne répond plus à mes messages, lui indiqué-je, assez tristement.
- Non. Ses recherches sont peut-être au point mort et elle n'ose pas nous en parler ? Je t'avoue que ça commence à m'inquiéter, mais je ne veux pas non plus être collant. Elle doit avoir ses propres raisons.
Je hoche la tête, peu convaincu. Cette histoire me plaît de moins en moins.
Je suis dérangé dans mes réflexions par mon téléphone vibrant dans ma poche. Je découvre le prénom de Valentin et je souris de toutes mes dents.
- Allez, fonce lui parler. Vu ta tête, tu n'attends que ça.
Je m'excuse auprès de mon frère et me déplace rapidement vers ma chambre, tout en décrochant.
- Salut ! Ça va, t'es bien rentré ?
- Oui. Je discutais avec mon frère. Et toi, tout va bien ?
- J'ai passé la fin d'après-midi avec Daisy. On a essayé de commencer le truc pour le concours, mais elle avait la tête complètement ailleurs. Elle n'arrêtait pas de regarder dehors. J'adore ton frère, mais il dérangeait sérieusement mon élève dans ses pensées !
Le ton est au rire, mais je ne le suis pas. J'explique rapidement les tenants et les aboutissants.
- Sam... C'est une longue histoire, si tu savais. Ça date de la year 12 et ça s'est salement fini. J'étais triste pour elle, parce qu'ils allaient bien ensemble. Mais elle s'est bien gardée de me dire ce qui se passait. Je pense qu'elle est trop chamboulée pour faire un pas vers moi. Je vais attendre patiemment. Elle finira par venir.
- Oui, j'en suis certain. J'ai simplement peur pour mon frère. Je redoute un cœur brisé et je ne sais pas comment le gérer.
- Dis-lui que tu tiens à lui. C'est l'essentiel. Sois là et ne l'abandonne pas.
Je souris derrière mon combiné et je m'allonge totalement sur mon lit. J'observe le soleil qui s'est couché depuis une demi-heure déjà. Les étoiles piquettent la voûte diurne, l'avantage de l'hiver. Et pendant toute cette observation qui me détend, je raconte mon rendez-vous à Valentin.
- Ça t'a fait du bien d'en parler ? conclut-il après mon récit.
- Oui. Elle m'a écouté de bout en bout. Je pense que nous pouvons faire du bon travail ensemble.
- Je suis super heureux pour toi. J'ai envie que tu te sentes bien. Et n'hésite pas à me dire si ce n'est pas le cas. Je peux aussi t'aider, à ma hauteur.
- Il en va de même pour toi, Valentin.
Il semble hésiter, fait quelques bruits que je ne parviens pas à identifier. Je sens que la conversation n'est pas finie.
- J'en suis à ma deuxième semaine sans rien. Ce n'est pas encore mon record, mais je suis content de moi. Et te montrer toutes mes cicatrices, quand on n'avait pas de vêtements, ça m'a fait avancer. Alors merci de n'avoir rien dit.
- Elles font entièrement partie de toi, de ton corps. Si j'aime ton corps, je les aime elles.
Un rire. Je me rends compte de ce que je viens de dire et je rougis jusqu'aux oreilles. Je suis bien heureux qu'il ne puisse pas me voir.
- Oh, alors comme ça, t'aimes mon corps ?
- Valentin...
- Oh, allez, je te charrie un peu ! Ça fait du bien de s'entendre un peu l'atmosphère. Et puis, moi aussi, j'aime ton corps. Les filles ont raison de te courir après au lycée. Tu es très sexy, comme gars.
Nouveaux rougissements, je ne sais plus où me mettre. Je suis l'allégorie du malaise et je prie de toutes mes forces pour que personne n'entre dans ma chambre.
- Arrête, maintenant, j'ai réellement envie de t'embrasser. C'est une attitude très frustrante.
- Bah, tu sais, si je crois assez vite, je peux être chez toi dans vingt minutes...
Je l'entends bouger à l'autre bout du fil et je comprends ce qu'il est en train de faire.
- Dépêche-toi, avoué-je à demi voix.
Je coupe mon téléphone en me pinçant l'arête du nez. C'est extrêmement dangereux, ce que je viens de proposer. Mes parents pourraient rentrer d'un moment à l'autre et Callahan n'est pas le plus respectueux en ce qui concerne mon intimité. Mais lorsque le blond tape sur ma porte-fenêtre, je bondis à moitié sur mes pieds pour aller lui ouvrir.
- J'ai fait aussi vite que je pouvais. M'sieur Pinkpanth serait super fier de moi, glisse-t-il en reprenant sa respiration.
Je le tire par un bout de son gilet - j'ai cessé de me demander comme il fait - et je colle un de mes doigts sur ma joue.
- Okay, pas de discussion. On passe à l'action.
Je souris entre les baisers qui ne se cachent pas derrière une fausse tendresse. Nous savons tous les deux ce que nous voulons.
- J'ai une idée, souffle-t-il dans une oreille. Tu veux l'entendre ?
Les mots me font rougir et je hoche la tête pour accepter. En me couchant sur le lit, je me dis que le danger, c'est drôlement excitant.
***
- En fait, j'ai oublié de te dire quelque chose au téléphone.
Nous sommes tous les deux sur mon lit, au-dessus des couvertures que j'ai lissées avec le plus grand soin. Nos épaules se touchent, malgré mon pull bien chaud. Les mains en l'air, nous nous amusons avec nos doigts, comme si nous les faisions naviguer dans le ciel étoilé au-dessus de nous. Je ne sais pas quelle heure il est, mais je n'en ai rien à faire. Tant que je n'étends pas la porte d'entrée, je ne bouge pas d'un millimètre.
- Oui ? réponds-je d'une petite voix.
- Walter veut inviter toute ta famille pour dîner, vendredi soir. Il se dit que ça permettrait de resserrer les liens entre nos deux familles, comme apparemment...
Il me lâche les doigts à regret et mime des guillemets.
- On est de vrais pots de colle. Donc est-ce que tu pourras demander à tes parents si ça leur dit ?
- Bien sûr. Je te préviendrais de leur réponse.
- T'es un chou, m'embrasse-t-il sur la joue, en souriant.
Il entrelace nos doigts sur la couette et semble hésiter. Je les resserre pour lui montrer que je suis tout à fait ouvert à une discussion, si c'est ce qu'il désire.
- Je vais écrire sur mes parents. Pour le concours en français. Peut-être de la poésie. Alors, vraiment, si je deviens un peu distant, je suis vraiment désolé. J'ai juste besoin de concentration. Ce n'est pas contre toi. Alors s'il te plaît. Ne t'imagine pas que c'est une technique bizarre pour te quitter. C'est la dernière chose que je veux.
Mon cœur rate un battement, mais je préfère l'ignorer. Lorsqu'il s'envolera vers un pays que je ne connaîtrais sans doute pas, ce sera une forme de rupture.
- Je n'ai pas encore eu d'illumination. Mais je sais que je n'ai pas envie d'écrire sur toi.
Il rit, contrairement à ce à quoi je m'attendais. Je suis parfois un Monsieur-je-sais-tout, mais dans ce genre de cas, j'apprécie fortement me tromper.
- Je suis content. Je n'ai pas trop envie que les profs lisent tes déclarations. Pas qu'elles ne soient pas belles, hein. Mais elles sont à moi. Et je ne veux pas les partager avec d'autres gens. Par contre, je suis vraiment désolé, mais je ne peux même pas t'aider, sur le sujet. Je pourrais corriger ta grammaire, si tu le désires.
Je glisse mes yeux sur les étoiles au-dessus de moi, tout en me promettant d'apprendre à les reconnaitre un jour.
- Non. Je veux te faire la surprise de la lecture, le jour des résultats. Que je gagne ou pas.
- Tu te la joues secret ? J'adore ça.
Il me fixe en souriant malicieusement et je peux deviner une certaine envie au fond de ces pupilles bleues. Je suis sur le point d'y répondre avec ferveur lorsque j'entends la porte d'entrée claquer.
- Eliot ! Les parents sont là ! Tu peux sortir de ton trou pour leur dire bonjour ou c'est trop pour toi ? hurle Callahan dans la maison, visiblement vexé que je l'ai abandonné dans le salon.
Je me tourne vers mon petit ami, qui commence à se lever de mon lit et préparer ses écouteurs, pour son chemin du retour. Il m'embrasse rapidement pour me souhaiter bonne nuit et bonne soirée, et s'en va comme un courant d'air. Remettant mes habits en place en me fixant dans le miroir de ma salle de bain, je passe la porte pour entrer dans le salon. Mes parents sont en train de déposer leurs affaires dans le salon, et tiennent un grand carton de pizza dans les mains.
- On n'avait pas envie de faire à manger, alors on est passé en prendre deux. L'autre réchauffe déjà dans le four. Tu étais attablé sur tes devoirs ? m'interroge mon père.
Je leur explique les tenants et aboutissants du concours qui nous a été proposé cette après-midi. Ils ont l'air parfaitement ravis que cette opportunité se présente à moi.
- Tu vas même pouvoir aller visiter ta future fac ! s'enthousiasme ma mère, en mettant sommairement la table.
- Il faut d'abord que je gagne. Je ne suis pas le seul qui maitrise le français.
- Bah, reprend ma mère, décidément optimiste, il y a plusieurs places. Une pour toi, une pour Valentin, et une pour une troisième personne. Oh, ce serait tellement romantique, surtout que c'est le mois de la Saint-Valentin... on va regretter de ne pas t'avoir à la boutique parce que ce sont quelques jours très chargés, mais bon... Tu te souviens James, quand on est allés à Paris, en voyage ? Je crois bien que c'est là que Callahan a été conçu...
- Maman ! hurle le concerné. J'ai pas envie d'avoir les détails de ma naissance !
Je ris sous cape et vais chercher la pizza dans le four, la remplaçant par la seconde. Je l'amène en même temps qu'une question.
- Valentin m'a transmis une volonté de son tuteur. Il désire que vous veniez tous dîner chez lui, vendredi soir. D'après son filleul, il veut resserrer les liens entre nos deux familles.
- Oh, ce serait chouette, continue ma mère en engouffrant une grande part dans sa bouche, comme une gamine. J'adore cet homme, il me fait tellement rire !
- Dis à Valentin que nous nous en réjouissons. Nous avons passé un agréable moment la dernière fois que nous y sommes allés.
Je souris et prends à mon tour une part de pizza. Mon ventre crie famine.
***
C'est ainsi que le vendredi suivant, nous nous retrouvons sur les routes avec le blond. Il est muni d'une petite liste de course et d'un sourire plus grand que le Soleil, qui semble bouder la ville. Nous trouvons une petite supérette de ville, qui pratique des prix exorbitants, dont il ne semble pas s'inquiéter.
- Au fait, tu veux dormir à la maison ce soir ? demande-t-il en français, afin qu'on ne nous comprenne pas.
- Je n'ai pas une seule affaire de rechange. Pas de pyjama ni de serviette pour me laver. Il faudrait que je repasse chez moi pour en chercher.
- Oh, je peux t'en prêter. Et crois-moi, le pyjama, t'en auras pas besoin.
J'essaie de garder mon calme et mon flegme, mais l'entièreté de ma personne rougit. J'aimerais insulter mes cellules une à une pour cette vile trahison.
- En parlant de ça, faut que je rachète des préservatifs. J'en ai plus.
Il se retourne vers moi pour me lancer un regard très équivoque et je tente de me rembrunir. Peine perdue.
- Pourquoi me fixes-tu ainsi ? Je n'ai rien fait !
- Faut être deux pour les utiliser, mon cher. Mais je ne voulais pas te mettre mal à l'aise, je voulais te faire rire. Désolé.
- Je suis tellement gêné que je pourrais m'enfouir dans un trou de souris et ne plus jamais en ressortir.
- T'es trop mignon ! Allez, viens, je vais payer.
Il dépose le tout sur le tapis du caissier, heureux qu'on lui apporte de l'occupation. Lorsqu'il scanne le paquet de préservatifs, il fait un clin d'œil au blond et prend la parole.
- Une soirée sympa en perspective, à ce que je vois. Elle a de la chance, ta copine, gamin.
- Ouais, beaucoup de chance. J'veux pas me vanter, mais j'suis pas mauvais. Tu ne penses pas Eliot ?
Je souris en entrant dans le jeu de mon petit-ami. Étrangement, je trouve cela amusant.
- Comment veux-tu que je le sache ? Je ne suis que ton meilleur ami, après tout.
Valentin fourre toutes ses affaires dans le sac au même moment et salue le caissier, qui lui refait un clin d'œil, en lui indiquant de bien s'occuper de sa belle, ce soir. En sortant, il me donne un coup de coude.
- T'as entendu. Faut que je m'occupe de toi.
- Qui te dit que ce ne sera pas moi ?
- Alors comme ça, on retrouve une contenance ? Il me tarde de voir ça.
Il sourit et éclate de rire en même temps, étrange mélange, avant de se mettre à courir vers l'arrêt de bus. Je sens le vent dans mes cheveux et je souris à mon tour, tout en le suivant. Je suis léger.
***
Lorsque nous arrivons, mes parents et mon frère sont déjà dans le salon, buvant un verre d'un cocktail rouge qui semble très appétissant. Valentin nous en serre en saluant son parrain dans la cuisine, et m'abandonne en allant l'aider à tout préparer. Apparemment, nous avons le droit à du poulet en sauce, des pattes spécifiques et un dessert très spécial. Je m'assieds donc avec mes parents en attendant nos deux hôtes.
- T'inquiètes Papy, je surveille la chaloupe, entendis-je tout d'un coup, venant de la cuisine.
Je regarde autour de moi, en cherchant ce petit bateau. Nous avons beau habiter dans une ville portuaire, je ne savais pas que la famille de Valentin possédait un tel moyen de transport. Définitivement trop curieux pour mon bien, j'entre dans la cuisine sous le regard interloqué de mes parents.
- Chaloupe ? Pourquoi parles-tu de navire, Valentin ?
Le blond manque de lâcher sa cuillère dans ce qu'il remue et se retourne vivement vers moi.
- Je n'aperçois pas de petit navire dans ta cuisine. Alors, que dois-tu surveiller ?
- Hein ?
- Tu as dit à ton parrain que tu devais surveiller une chaloupe. Je ne comprends pas de quoi tu parles.
- Bon sang, tu n'as jamais vu Pirates des Caraïbes ?
- Non.
Il semble plus encore plus effaré que précédemment et lâche complètement sa cuillère dans la sauce.
- Je te montre le premier ce soir. Il faut absolument que tu les regardes. Par contre, je ne l'ai qu'en version française, cadeau de ma mère. Tu voudras que je cherche les sous-titres ou tu te sens capable de tout suivre ? Le doubleur de Johnny Deep est fantastique. Tu comprendras la référence à la chaloupe.
Mais il n'a pas le temps de m'expliquer plus de choses sur ce film qui semble si merveilleux. On sonne à la porte et des pas rapides ont vite fait d'aller répondre. Nos deux têtes sortent de la cuisine, pour suivre ce qui se passe dans le salon.
- Ah oui, c'est vrai qu'elle vient, celle-ci. J'avais oublié.
La directrice est dans le vestibule, en train d'enlever sa veste d'hiver, qui semble extrêmement lourde. Walter est avec elle, et semble extrêmement prévenant. La blonde s'avance ensuite dans le salon pour se présenter à mes parents et mon frère. Callahan se penche vers moi pour chercher des explications, que je suis incapable de lui donner.
- Les garçons, vous pouvez abandonner la cuisine deux secondes ? Il faut que je vous dise quelque chose, nous appelle Walter, un grand sourire aux lèvres.
Suspicieux, le blond remet sa cuillère en place dans la casserole, éteint les feux pour plus de sureté et avance à petits pas dans la pièce à vivre. Il va se placer à côté de mon frère, qui le salue en collant son poing au sien. Je ne comprends strictement rien à cette salutation.
- Je vous ai fait tous venir ici, mon filleul et mes amis - je peux vous appeler ainsi, hein ? - pour vous annoncer une grande nouvelle.
Sous les yeux horrifiés de Valentin, il saisit la main gauche de sa petite-amie et la ramène devant nos yeux. Une bague avec un gros diamant brille.
- On va se marier !
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