Février - 1

Je n'ai jamais beaucoup aimé le mois de février. Tout comme son voisin janvier, il est en hiver. Et qui dit hiver dit froid et soleil se couchant tôt. Je peux donc moins profiter du ciel que pendant les autres saisons. Le seul avantage avec février, c'est qu'il s'achève vite. Quoique, cette année, ce n'est pas un avantage, mais plutôt un inconvénient. Car vingt-huit petits jours ne sont pas suffisants pour goûter la vie parisienne qui me fait tant envie. Ce n'est pas non plus assez pour digérer la nouvelle que je viens d'apprendre.

Étant censé faire ma valise, je ne cesse de relire le message que m'a transféré Callahan. Je suis d'abord vexé de ne pas avoir eu cette nouvelle moi-même. Mais j'ai découvert rapidement que c'était un souhait d'Asuka.

« Salut Callahan. Je suis désolée de m'être faite toute petite pendant ces nombreux mois. J'imagine que ça a dû être un peu dur à avaler. Je dis que je vais un peu fouiller dans les papiers de famille et ensuite je disparais comme un fantôme. Mais tu vas vite comprendre pourquoi. Mais avant toute chose, je tiens à te demander de garder ce message pour toi. Je prendrais mon temps pour en faire part moi-même à Eliot.

J'ai mis deux semaines pour trouver les papiers. Ils étaient cachés au fond d'un coffre fort et mon frère a réussi à en craquer le code. Forcément, je me suis dit qu'il y avait un problème. Mes parents sont peut-être prévoyants, mais pas au point de cacher le livret de famille sous les verrous ? J'ai donc regardé les quelques papiers à la recherche de réponses à mes questions. Et ensuite j'ai pris le livret de famille. Sauf qu'il y en avait deux.

Sur le premier, mes parents, mon grand frère Leo né avant leur mariage, mon petit frère Hitori qui a deux ans de moins que moi. Mais pas de Asuka Ameline Tanaka. C'est là que j'ai regardé le deuxième livret. Je me suis trouvée, ainsi que ma mère. Mais pas de Jiro Tanaka. Mais un James Tanaka.

Je ne pense pas que je dois te faire un dessin. Au moins, je sais pourquoi nos parents ne se parlent plus, et qu'ils n'ont jamais voulu qu'on se rencontre. Mon père biologique ne m'a jamais aperçue.

J'ai eu l'impression de me prendre une massue sur la tête. Et je pense que toi aussi, ça doit te faire un choc. Désolée de t'annoncer ça comme ça. J'ai tourné la question dans tous les sens, je pense que je suis passée par tout un tas de stades, un peu comme un deuil. Le déni, la colère, la tristesse et enfin, une forme d'acceptation. Je ne voulais pas te punir, vous punir tous les deux, parce que nos parents nous ont menti. Vous avez le droit à la vérité, tout autant que moi.

Je ne sais pas quoi rajouter de plus (et ce message est déjà drôlement long). Je ne compte pas en parler à ma mère et mon père. Je suis encore trop sous le choc pour faire un pas vers eux. Si vous décidez de faire quelque chose, j'aimerais que vous m'en parliez avant. Qu'on coordonne nos mouvements, si je puis dire.

J'espère, au-delà de toutes ces révélations, que tout va bien pour toi et que tu as passé de bonnes fêtes de fin d'année, ainsi qu'un bon début d'année (je me répète un peu, ce n'est pas très beau). Je t'embrasse et j'espère avoir vite de tes nouvelles.

Asuka. »

Je place un t-shirt dans ma valise et analyse une phrase. Un pantalon et c'est un paragraphe entier. Je n'arrive pas à m'y faire. Je n'arrive pas à comprendre. Je n'arrive pas, tout simplement. Sans doute suis-je dans cette phase évoquée par la jeune femme. Le déni.

Callahan et moi en avons discuté toute la nuit entière, lorsqu'il me l'a appris. Nous avons cherché des explications. Nous avons évoqué nos parents, notre mère qui va tomber de haut. Parce qu'en faisant coïncider les dates, via celle de naissance d'Asuka, nous avons découvert que nos parents venaient, de se marier quand notre demi-sœur a été conçue. C'était il y a un peu plus de vingt ans. Je peine tellement à imaginer notre père tromper notre mère que je n'ai cessé de me demander comment cela était possible. Mais il est hors de question d'aller demander au principal intéressé de nous livrer sa version de l'histoire. Pas tant que nous n'avons pas digéré la nouvelle.

Lorsque je suis revenu dans mon lit, aux côtés de Valentin qui dormait comme un bienheureux, je ne savais plus quoi ressentir. Je vais devoir lui dire parce que sinon, il finira par deviner en le lisant sur mon visage. Je rajoute cette annonce à celle que je dois déjà faire concernant son cousin. J'ai l'impression d'avoir de plus en plus de secrets sur le dos et je n'aime pas cela.

- Eliot ? Ta valise est prête ? Vous avez rendez-vous tôt à l'aéroport demain, il ne faudrait pas tarder à aller te coucher.

Ma mère vient de toquer à la porte de ma chambre. Je lâche mon téléphone en catastrophe avant d'attraper la première chose qui me vient du fond de mon armoire. Soit la salopette que j'ai utilisée pour repeindre ma chambre avec Valentin.

- Tu vas faire fureur dans les rues de Paris avec une tenue pareille, rit ma mère en s'approchant de moi, a pas de velours.

Sa douceur se matérialise jusque dans sa démarche. J'aimerais être comme elle, parfois. Aussi gracieux.

- J'avais la tête ailleurs. Il est hors de question que j'amène cette chose en voyage. Ou mes deux compagnons risquent de se payer ma tête pendant un mois entier.

- Qu'est-ce qui ne va pas ?

Je viens de découvrir que j'ai une sœur. Bien évidemment, je ne vais pas lui dire la vérité. Ou du moins, pas la vérité qu'elle attend.

- Je dois dire quelque chose à Valentin et je ne sais pas comment m'y prendre. Je réfléchis aux manières les plus douces, mais rien ne me vient.

- Je peux t'aider. Sauf s'il s'agit d'une rupture.

J'écarquille les yeux, avant de me souvenir que je suis déjà passé par là. Je rassure donc ma mère en lui expliquant dans les grandes lignes l'histoire avec Charles. Elle s'étonne de la réaction de Walter, ce qui n'était pas mon cas au moment des faits.

- Pourquoi faire ça à son filleul ? Je ne comprends pas son raisonnement... Mais je te conseille de ne pas trop tarder à raconter tout cela à Valentin. Il faut qu'il en discute avec son parrain. Ou que tu l'aides à s'enfuir vers Londres pour ce mariage.

- Pardon ?

J'en lâche mon pull avant qu'il ne parvienne dans la valise. Il se déplie et je peste légèrement, avant de me rappeler de la proposition cachée de ma mère.

- Prends-moi pour une bille Eliot. Je sais très bien que si Walter ne donne pas son accord pour que Valentin aille à ce mariage, tu feras tout pour qu'il s'y rende quand même. Parce que tu es comme ça et que tu comprends que c'est important pour la personne que tu aimes. Et bien entendu, tu iras avec lui, parce qu'il a bien besoin d'un cavalier, n'est-ce pas ?

La preuve est faite que je suis un livre ouvert pour les personnes me connaissant suffisamment bien. Ma mère a deviné mes intentions avant que j'en fasse part au principal intéressé. C'est presque injuste.

- C'est vrai. Le bon point, avec les mariages, est qu'ils se passent durant un week-end. Nous avons parfaitement le temps de monter un mensonge pour Walter et prendre l'avion pour la capitale, puis revenir comme si de rien n'était.

- Et tu as déjà regardé les horaires d'avions, j'en suis certaine.

- Quand cesseras-tu de lire dans mes pensées avant que je les énonce ? raillé-je en croisant les bras sur ma poitrine, ayant totalement abandonné ma valise.

- Je suis ta maman, Eliot, et j'ai la chance que tu te confies à moi. Alors, forcément, je devine. C'est tellement mignon, si tu savais.

Elle m'ébouriffe les cheveux et j'ai soudainement envie de lui faire un câlin. Je saute à moitié dans ses bras et je la serre fort contre mon cœur. Parce que je pense à cette nouvelle qui va un jour lui tomber dessus. Et qui va la briser, qui va effacer son sourire et sa bonne humeur. C'est égoïste et quelque peu puéril, mais je ne veux pas qu'elle change.

- Je t'aime maman.

La déclaration sort d'elle-même et je me retire, ravalant mes larmes au plus profond de moi. Elle me sourit avec joie, les yeux brouillés.

- Moi aussi, mon petit Eliot. Mais maintenant, va dormir !

***

En effet, le lendemain matin, le réveil est quelque peu compliqué pour moi. Je m'étire à la manière d'un chat, vérifie mon téléphone et découvre un message de Valentin datant de la demi-heure d'avant.

De : mon amoureux

On va à Paris, on va à Paris, on va à Pariiiiiiiiiis ! Je suis trop content !!!!!! Vite vite vite qu'on arrive ! J't'aime et à tout à l'heure, my love.

Je souris avant d'envoyer un cœur en smiley - cette manipulation m'a été apprise par l'envoyeur. Je sors donc de ma chambre encore en pyjama pour aller manger. Je croise mes parents et mon frère malgré l'heure peu avancée. On me fixe comme si j'étais une œuvre d'art et j'ai vite fait de m'enfuir vers ma chambre pour attraper mes affaires.

- Qui aura la chance de m'amener à l'aéroport ? Il faut bientôt partir.

- C'est moi, Monsieur l'effrayé du retard. Fais une bise aux parents parce que sinon, ils vont t'appeler tous les jours. Franchement, j'éviterais ça si j'étais toi.

Je m'exécute donc et vais embrasser les adultes faisant le pied de grue dans l'entrée. On me serre fort dans les bras et on me demande de ne pas oublier de revenir. Je blague en annonçant qu'il me faut mon A-Level pour repartir, ce qui est de toute manière vrai.

Après ce moment légèrement gênant, je m'engouffre enfin dans la voiture avec Callahan. Ma grosse valise est placée dans le coffre et je fais signe à mes parents. Assis sur le siège passager, j'envoie des messages à mes deux amis. Nous n'utilisions pas le groupe que nous avons créé pour ne pas déranger Lola. Elle doit encore dormir à cette heure-là.

De : La Meilleure (#LaSalade) (oui, je me permets des trucs, non, ce nom de contact n'est pas trop long)

Votre avion part à quelle heure ? M'en veux pas, mais je suis déjà en chemin en fait... j'avais envie de vous faire un gros bisou à tout les trois, pour vous dire que vous allez me manquer ! Par contre, le seul moyen de venir, ça a été de prendre mon père avec, qui part en Suède régler des trucs pour sa société. Si j'agis bizarrement, c'est normal. Je transmets le mot aux deux autres. Des bisous !!!! (au fait, si t'as pas compris, c'est Lola. J'préfère te prévenir, même si t'es super intelligent et que tu as sans doute deviné)

Je souris derrière mon téléphone avant de répondre quelques mots rapides. Concentré sur la route qui n'est pas très fréquentée à cette heure-ci, Callahan me lance un léger coup d'œil.

- C'est Valentin ? Il ne peut pas attendre, vous vous voyez dans une petite demi-heure.

- Non. C'est Lola. Elle me fait rire.

- Tes lèvres sont étirées de la même manière que lorsque tu discutes avec Valentin. Si je ne te savais pas en couple, j'aurais quelques doutes quant à ta relation avec cette jeune personne.

- Elle est en couple avec une fille. Alors il est hors de question de partir sur cette idée. Elle n'est qu'une amie, bien que proche.

- D'accord, d'accord ! Désolé, je n'aurais pas dû dire ça.

Je m'enfonce dans le siège, vexé comme un pou. Je déteste cette façon de penser. Sous prétexte qu'une fille et un garçon sont amis, il faut forcément qu'ils aient des sentiments l'un pour l'autre. Avec Lola, il n'a jamais été question de tout cela. J'espère que Callahan va comprendre.

- Sois honnête avec moi, est-ce que tu as demandé aux parents de m'amener pour pouvoir dire au revoir à Daisy en toute tranquillité ?

- Je me suis fait percer à jour. Mais ne crois pas que j'en ai rien à faire de toi. T'es quand même mon petit frère adoré.

Je souris en rougissant presque. J'adore particulièrement lorsqu'il m'appelle ainsi. Pourtant, ce petit surnom me fait penser à quelque chose de nettement moins réjouissant.

- As-tu répondu à Asuka ?

Un silence. Je regarde la route, en me rappelant qu'il doit y faire attention. Je ne devrais pas lancer un sujet pareil lorsqu'il conduit.

- Non. J'attends qu'elle t'envoie un message personnel. Et puis, je ne sais pas quoi dire. Salut sœurette ? Franchement, j'aurais l'air ridicule. Je suis certain que si tu étais à ma place, tu serais dans le même cas, alors que les mots, ça te connaît.

- Exactement. Je suis complètement dépassé par la situation. J'ai l'impression de devoir construire un pont avec des planches de bois flottants au-dessus d'un gros tourbillon, en pleine mer et avec un vent à plus de cent kilomètres-heure.

- C'est drôlement imagé, dis donc ! rit-il en prenant la sortie de l'aéroport. Mais je comprends parfaitement l'idée.

Nous passons le reste du chemin à discuter de sujet plus terre à terre, comme les retrouvailles rapides avec la nouvelle petite amie de Callahan.

L'aéroport de Belfast n'est pas bien grand et se concentre principalement pour des vols court-courriers : la plupart du temps, ceux-ci sont vers Londres ou Dublin. Nous, nous nous envolons vers la capitale.

Lorsque je pénètre dans le hall, je remarque immédiatement la silhouette et les cheveux de Lola. Elle est accompagnée par un homme aux cheveux roux clair, tendant vers le blond. Si ceux-ci n'étaient pas coupés en brosse, je l'aurais sans doute confondu avec son frère jumeau, à pareille distance. Elle m'abuse également et un grand sourire s'inscrit sur ses lèvres.

- Tu vois, souffle Callahan, elle aussi, elle te sort tout l'attirail dentaire en te voyant.

- Elle joue la comédie pour son père. Elle lui a sans doute dit que je lui plaisais, ou quelque chose de ce goût-là.

En effet, quand la jeune femme arrive à ma hauteur, elle me saute dans les bras. Elle n'a jamais été aussi affective avec moi et j'en suis assez désorienté.

- Tu vas tellement me manquer, mon El' !

Là, je sais qu'elle ne fait pas semblant. Elle aussi, elle va me manquer.

- Si ce n'est pas mignon tout ça... mais tu sais Lola, tu peux embrasser ton petit ami si tu as envie. Ne te formalise pas pour moi.

Je me fige comme une statue et fixe Lola. Elle tremble presque contre moi, sans doute de colère.

- Tu peux m'embrasser. Je ne t'en voudrais pas. Je pense que ton père ne lâchera pas l'affaire.

- Je le déteste tellement, si tu savais. Désolée de t'embarquer là-dedans, je voulais simplement venir vous dire au revoir, à tous les trois.

Je hoche la tête et croise pendant quelques secondes, les yeux azur du père de Lola. Hyppolyte et lui se ressemblent décidément beaucoup trop. Puis, la verte ferme des yeux, et je me prépare à la recevoir contre mes lèvres. C'est rapide et doux, mais je ne réponds pas réellement - en espérant que cela ne se voit pas. Lorsque mon amie rouvre les yeux, l'un est rempli de larmes.

- C'est plus ce que c'était, les jeunes. À mon époque, c'était plus tendre, plus lent, surtout lorsqu'il y avait séparation à l'aéroport et à la gare. Là, c'est ridicule. Tu ne l'aimes pas ou quoi, ton petit copain ?

- Papa, je te saurais gré de ne pas faire de commentaires sur ma vie amoureuse. Je la gère comme je veux. On s'est dit au revoir hier, en paix.

- Tu n'es pas obligée de me parler sur ce ton. Allez, viens, accompagne-moi à la porte d'embarquement. On se dira bye à ce moment-là.

La jeune femme me relâche et s'enfuit, en me fixant tristement. Parfois, j'aimerais que tous les parents soient comme les miens. Qu'ils comprennent, même avec un peu de temps. Mais il ne faut pas avoir fait Oxford pour deviner que le père de la jeune femme ne sera pas compréhensif. Loin de là.

- Callahan, si tu fais le moindre commentaire sur ce qui vient de se passer, je te fais avaler son catogan. J'en parlerais moi-même à Valentin.

- Je n'ai rien dit. Je trouve juste que cet homme croie connaître sa fille et qu'il se fourvoie complètement. C'est triste, il faudrait qu'il ouvre les yeux.

Je hoche la tête et nous nous déplaçons vers les sièges d'attente. Peu de temps après, Daisy et Valentin débarquent en même temps. La rose se précipite sur son petit ami pour le prendre dans ses bras. Elle lui embrasse les joues et les lèvres comme si elle ne l'avait pas vu depuis des années.

- Je te préviens, je ne ferais jamais ça. Pas en public en tout cas. Quand je reviendrai de mission, ça sera la fête, mais à la maison.

Le blond apparaît à côté de moi, en souriant. Son expression faciale tranche avec sa réplique, qui me fige. Il n'a pas reparlé de son avenir depuis notre dispute le mois dernier. C'est cette manière si naturelle qui me met mal à l'aise.

- Tu n'es pas d'accord ? reprend-il face à mon silence.

- Si. Je ne suis pas pour les effusions en public. Mais je ne dis pas non à un véritable salut.

J'adopte un sourire à moitié sincère et me retourne totalement vers lui, faisant dos aux deux amoureux. Mon petit ami se hausse sur la pointe des pieds pour me coller un léger baiser sur les lèvres. Je réponds, contrairement à plus tôt dans la matinée. Valentin sourit en se rabaissant et me fixe droit dans les yeux.

- Ça, c'est plus nous, n'est-ce pas ?

- Je suis d'accord avec toi. Cela nous correspond totalement.

Nous nous asseyons tous les deux, devant les tourtereaux qui s'embrassent toujours. Je suis gêné de voir mon frère ainsi, alors je préfère me retourner vers mon amoureux à moi.

- Lola est là. Elle est venue nous dire au revoir. Elle est avec son père.

- Ha bon ? Et du coup, tu l'as vue ?

- Oui. J'ai joué la couverture pour son père.

- La couverture ? C'est à dire ? fronce-t-il les sourcils, suspicieux.

- Le faux petit ami, si tu préfères. Elle m'a embrassé parce que son père ne la croyait pas et réclamait un baiser.

- Quoi ?

Les yeux écarquillés, il s'éloigne de moi, en se plaçant tout au fond de son siège.

- Valentin, je t'en prie, essaie de comprendre. Elle n'est pas out auprès de son père qui ne semble pas prêt de l'accepter telle qu'elle est. Je suis son ami et je pouvais faire quelque chose pour elle, quelque chose qui l'a protégée.

- Oh. Oh, d'accord. En effet, je comprends. Je suis désolé. Je ne voulais pas m'éloigner de toi aussi violemment. J'en aurais fait autant si j'étais arrivé avant. Entre arcs-en-ciel, on se comprend.

Il m'attrape la main et lie nos doigts ensemble. J'étire à mon tour les lèvres et mon cœur s'allège légèrement. Malheureusement, nous ne pouvons pas rester dans cette position longtemps, puisque nos professeures accompagnatrices nous rejoignent enfin. Les deux glus sont obligées de se détacher et de faire face au corps professoral.

- Bien, je vois que tout le monde est là ! s'exclame Mademoiselle Murray. Nous allons aller enregistrer nos bagages pour Londres puis prendre notre avion. Nous attendrons une petite demi-heure à la capitale avant de prendre un second avion pour Paris. Lorsque nous serons sur place, nous logerons chez des élèves du lycée que vous allez fréquenter. Par souci d'équité, Eliot et Valentin, vous serez ensemble chez un élève. Daisy, vous serez avec une autre élève, et nous, chez la troisième sélectionnée par le programme. Vous accueillerez ces jeunes personnes lorsqu'elles viendront au mois de mai.

Nous hochons la tête et elle continue ses explications.

- Nous avons étudié vos cas et nous vous avons placés dans des classes qui vous correspondent. Daisy, vous serez en section scientifique option biologie. Valentin, nous vous avons trouvé une section littéraire avec une option art plastique. Et vous, Eliot, une classe focalisée sur la littérature, puisque vous avez indiqué vouloir faire des études de lettres. Nous aurons une heure ensemble tous les jours pour faire le point et les jeunes personnes chez qui vous logerez seront dans vos classes respectives. Elles sont particulièrement douées en anglais, ce qui sera non négligeable pour la communication. Bien que je me souvienne que nous disposons de deux bilingues parmi nous.

Un regard prononcé vers Valentin et moi. Je me défends immédiatement.

- Je ne suis pas bilingue. Je parle bien français, mais je fais encore beaucoup d'erreurs. Valentin peut témoigner.

- Ah oui, je peux témoigner que tu es bilingue. Arrête de te déprécier.

- Bien ! Nous allons nous enregistrer et ensuite nous patienterons dans la salle d'embarquement. Vous pouvez dire au revoir aux accompagnateurs. Enfin, au seul accompagnateur. Ravie de vous revoir, Callahan.

Je sursaute et fixe mon frère. Il s'est bien gardé de me dire qu'il avait eu la même professeure de littérature que moi.

- Le plaisir est partagé, Mademoiselle. Merci de me laisser dire au revoir à mon petit frère et ma petite amie.

Les au revoir sont expédiés pour moi en une petite minute, mais traînent en longueur avec Daisy. Nous sommes obligés de nous racler la gorge pour les faire réagir et enfin nous déplacer vers l'embarquement. La, nous croisons Lola enfin débarrassée de son père, qui nous salue tous les trois personnellement. Lorsqu'elle me serre dans ses bras, elle me glisse un remerciement dans les oreilles.

Les professeures s'occupent des cartes d'embarquement avec nos passeports et nous patientons sur les sièges. Non loin de nous, un vol atterrit de la capitale. Je me lance dans l'observation des passagers et passagères, pour passer le temps. Je suis imité par Valentin, qui a sorti son bloc de dessin.

Un couple se retrouve, un homme semble chercher quelqu'un, une classe découvre l'Irlande du Nord. Et dans les dernières sorties, une jeune femme aux longs cheveux parme. Des lunettes vertes, des yeux bleus en amande. Des habits colorés. Mes pupilles s'arrondissent comme des billes. Elle les remarque, plisse les paupières et s'approche.

- Eliot ?


Ohlà ! Je sais que j'ai mis le temps mais j'ai une super excuse : je dessinais ! et pas n'importe qui voyons, des personnes très connues. Alors, je vous demande d'être indulgent-es parce que je débute et que je suis uniquement armée de crayons de couleur (de super qualité certes) et d'un critérium tout à fait normal.


(je galère bien grandement avec les cheveux, alors le petit Charles attendra, avec sa touffe toute bouclée)

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