Décembre - 5
- Et donc cette fille vous a envoyé un message comme ça, sans explication ? Juste qu'elle pense être votre cousine ?
Je téléphone à Valentin, comme je lui ai promis. Il essaie de comprendre ce que je tente de lui expliquer, mais sans succès. Je ne peux même pas l'aider, car je suis aussi perdu que lui. Peu de temps après que nous soyons rentrés chez nous, j'ai reçu un message similaire à celui de mon frère, contenant les mêmes interrogations. J'ai envie de répondre, mais je ne sais que dire. J'espère secrètement que mon petit ami m'aidera, lorsqu'il aura saisi toute cette histoire.
- Exactement. Je suis allé voir son profil. Elle est irlando-japonaise, exactement comme nous. Enfin, du côté de son père uniquement. Sa mère est française.
- Et elle te ressemble un peu ? Genre je ne sais pas, au niveau des yeux ou de la forme du visage ?
J'attrape mon ordinateur et me connecte sur Facebook pour tenter de répondre à Valentin. Je la recherche et clique sur sa photographie de profil. Elle est avec un garçon blond, ils sourient de concert. La jeune femme a de grosses lunettes rouges qui lui grignotent la moitié du visage, des yeux bleus foncés assez arrondis. Fait étrange, ces derniers sont également en amande. Sa peau est presque mate, contrairement à la mienne, très claire. Et son sourire est lumineux, si bien que j'ai l'impression de revoir mon frère, lorsqu'il s'occupe des fleurs ou qu'il me parle de Daisy.
- Elle semble souffrir de problèmes de vue comme moi, mais elle a plus de traits similaires avec Callahan.
- Ses cheveux sont de quelle couleur ? continue Valentin, voulant sans doute se faire un portrait mental de mon hypothétique cousine.
- Bleu lavande. J'ai l'impression que toutes les filles dans mon entourage se colorent les cheveux d'une manière originale.
- Oh, elle doit être jolie ! Enfin, pas autant que toi, mais je suis sûr que ça se voit qu'elle fait partie de ta famille.
Je rougis derrière mon téléphone et souris. Je le remercie pour son compliment et nous continuons à discuter jusqu'à ce que son estomac le rappelle à la raison et qu'il aille dîner avec son parrain.
- Au fait Eliot, tu veux bien venir avec moi au bal ? Je sais que ça peut paraître logique vu qu'on sort ensemble, mais je préfère demander.
- Bien entendu. Pour tout te dire, je comptais te poser la question demain, car je me suis pris des remontrances fraternelles quant à cette absence de proposition.
- Et moi, c'est Daisy. Elle m'a carrément foutu un coup sur la tête quand je lui ai dit que je ne t'avais rien demandé. Elle est douloureuse quand elle s'y met.
- Vavaaaaa les nouilles vont refroidir ! entendis-je au loin.
- Bon, faut vraiment que j'y aille. Bisous, je t'aime, à demain !
Et il raccroche sans me laisser lui répondre. Alors que je reposais mon téléphone sur mon couvre-lit pour reprendre mes exercices de mathématiques, l'objet vibre à nouveau violemment dans mes mains. Je regarde l'appelant et lève les sourcils de surprise.
- Daisy, est-ce que tout va bien ?
- Comment ça, tu n'avais pas demandé à Valentin de venir avec toi au bal ? Vous ne connaissez pas les traditions ou quoi ? Faut vraiment tout vous apprendre à vous deux !
J'ai eu la chance, si je puis dire, de rencontrer les poings de Daisy le mois dernier. Mais je dois dire qu'il s'agit de la première fois qu'elle me parle sur ce ton. J'ai l'impression de me faire remonter les bretelles par ma maitresse, lorsque je ne laissais pas les autres enfants répondre.
- Nous pensions tous les deux qu'il s'agissait de quelque chose de logique. Ce n'est pas similaire à mon frère et toi.
J'avoue que je suis fourbe sur cette réplique. Je reporte l'attention sur elle et non sur moi. D'autant plus que je sais qu'elle n'est pas rassurée par cette invitation, et par tout ce qui en découle.
- T'es horrible. D'ailleurs, il t'en a parlé ?
- Oui. Il m'a répété qu'il voulait réellement aller à ce bal avec toi. Je connais mon frère et je peux t'assurer qu'il est am...
- Taies-toi ! me coupe-t-elle en un cri, qui a dû faire sursauter les habitants de sa maison. Je ne veux pas savoir, c'est suffisamment stressant comme ça. En plus, je ne sais pas quoi mettre et que je suis certain que ton frère sera à tomber par terre et qu'il va regretter de m'avoir invitée et qu'il va se dire que ses sentiments n'ont rien à faire là et il va rencontrer l'amour de sa vie dans votre boutique et elle sera bien habillée et...
J'écoute toute cette tirade déclarée à une vitesse incroyable, sans la moindre pause. Ce n'est pas la première fois qu'elle panique ainsi lorsque je lui parle de Callahan. Je l'aime beaucoup, mais il est temps qu'ils se mettent en couple. Je cesserais d'être le messager entre les deux parties.
- Daisy, calme-toi. Mon frère n'est pas superficiel. Il te trouve magnifique, même si tu ne portes pas de robe en satin. Respire doucement.
- Et toi alors, t'as un costume pour le bal ? Ou tu vas venir en jeans et en t-shirt à manches longues ? Si tu fais ça, je te préviens, je t'envoie une balle de football en pleine face. Ou je vais chercher une batte de baseball et je te course sur tout le terrain d'athlétisme. Compris ?
- Je n'ai pas de costume qui est à ma taille. Je n'en ai jamais acheté de moi-même, j'ai toujours récupéré les vieilles affaires de mon frère.
- Alors je t'embarque vendredi après les cours. Le bal est la semaine prochaine, il faut qu'on se trouve des trucs à nous mettre. Et je t'interdis d'en parler à Valentin. Il faut que vous fassiez la surprise, ça sera plus sympa comme ça.
- Si j'avais su tout ce que j'allais devoir subir, je n'aurais pas voté pour toi en tant que déléguée principale des élèves, annoncé-je, levant les yeux vers le ciel plein d'étoiles.
- Tes sarcasmes me passent complètement par dessus la tête, si tu savais. Allez, c'est enregistré. On se retrouve demain, Tanaka.
Et elle raccroche sans me demander mon reste. Lorsqu'elle ne parle pas d'elle, le ton qu'elle utilise est impressionnant. Il pourrait presque faire peur. Il faudrait que je prévienne son futur petit ami, ou il risque d'être très surpris.
***
Comme prévu, le vendredi de la même semaine, je me retrouve attrapé par le bras à la sortie des cours, sous le regard surpris du blond, qui m'observe avec les sourcils levés.
- Je te l'emprunte, comme je vois que Monsieur a oublié, commence Daisy en remettant son écharpe autour de son cou.
- Vous allez où ? Demande Valentin, qui, effectivement, n'est pas au courant de cette sortie qui m'était légèrement sortie de la tête.
- S'acheter des habits pour le bal, vu que tu lui as enfin demandé de venir avec toi.
- Je peux venir ? Continue le blond, les yeux aussi brillants qu'un ciel d'été.
- Non, pas le droit. Faut pas que tu te gâches la surprise de la découverte de ton amoureux. Et toi, je te préviens, tu lui envoies des photos, je mets mes menaces à exécution, pointe-t-elle son doigt vers moi.
- Tu fais peur, petite fleur. Regarde la tête d'Eliot, il est tout blanc ! Tu ne vas pas le torturer au moins ?
- Non, je vais simplement lui faire essayer des costumes. Ce n'est pas de la torture pour moi. Bon, on y va ?
J'ai heureusement le droit de dire au revoir convenablement à mon petit ami et de lui faire un sourire, avant de me faire trainer par la sortie nord de Clear Lake, que je ne connaissais aucunement. Nous prenons un bus inconnu et nous arrivons dans une petite rue peu fréquentée. Là se trouve un magasin dédié aux bals, avec une sélection de costumes et de robes pleines de fanfreluches. Lorsque nous passons la porte de l'endroit, je reçois un message, que je m'empresse de regarder.
De : Valentin
Subject : l'effrayante personne qui t'accompagne
J'ai déjà eu la joie de faire les boutiques avec Daisy et ce qu'elle aime, c'est le rose. Sauf que très franchement, le rose, ça ne lui va pas au teint, en termes d'habits. Sur ses cheveux, c'est parfait, mais au niveau des robes, c'est no way. Il faut que tu t'arranges pour qu'elle achète du vert. Elle n'aime pas ça parce qu'elle a l'impression de ressembler à une pistache, mais crois-moi, elle est magnifique en vert. Je te fais confiance mon chéri (oui, c'est gratuit)
- Tu me lâches immédiatement ce téléphone et tu commences à chercher quelque chose qui te convient. Je vais regarder de mon côté et ensuite on échange. On fait souvent ça, avec Valentin.
- C'est à dire, nous échangeons ?
- Je te trouve quelque chose, et tu me trouves quelque chose. Et on est obligé d'essayer, même si on n'aime pas.
- D'accord, souris-je, repensant au message que je viens de recevoir.
Lorsque j'ai parlé de ma sortie shopping avec mes parents, ceux-ci se sont entreregardés avant de me donner une laisse de billets. Celle-ci m'était réservée depuis quelque temps pour me racheter un costume pour les fêtes de Noël. J'ai donc un budget confortable devant moi, et je compte bien en profiter - je n'ai jamais caché que mes parents pouvaient se permettre ce genre de choses.
Je me dirige donc vers les trois-pièces à la vente, sous les yeux d'une vendeuse qui me suit comme un lion prêt à s'attaquer à une gazelle. Je ne me laisse pas faire, car je déteste ce genre de choses. Je m'estime assez grand pour pouvoir faire mes choix, d'autant plus que Daisy est avec moi.
- Je peux vous aider, monsieur ? commence-t-elle enfin, en me faisant un sourire mielleux.
- Je vous remercie, mais je préfère regarder seul.
- N'hésitez pas si vous avez besoin de la moindre aide.
Elle ne s'éloigne pas de moi et continue à me suivre. Je me pince l'arête du nez, comme lorsque je suis exaspéré par quelque chose - même si habituellement, ce geste intervient lorsque je suis en face d'un professeur faisant des erreurs impardonnables. Je soupire avec force, afin qu'elle comprenne que je n'apprécie pas ce petit manège. Mais rien n'y fait, elle continue à me suivre comme un mauvais animal de compagnie.
- Cette couleur ne vous va pas au teint, glisse-t-elle lorsque j'attrape un trois-pièces gris. Vous allez être terne, et ce n'est pas l'effet recherché, est-ce que je me trompe ?
- Non, tout comme vos commentaires. Je vous l'ai dit poliment, je n'ai pas besoin de votre aide. Mon amie va me donner son avis, c'est amplement suffisant.
Je la fixe droit dans les yeux, les sourcils froncés, pour lui faire comprendre clairement que je ne ris pas et que je commence à être de mauvaise humeur. Heureusement pour moi, elle semble assimiler le message et se détourne de moi. Je la vois se diriger vers Daisy et je souris sous cape. Elle va subir le même sort qu'avec moi. Enfin débarrassé de la nuisible, je continue mon tour. Je remarque quelques belles pièces, la plupart dans mon budget. Je les choisis rapidement, les associant avec des chemises blanches pour la plupart et je retourne vers le rayon femme, afin de retrouver mon amie.
- T'as trouvé ton bonheur ? m'interroge-t-elle.
- Oui, et j'aurais été plus vite sans cette sangsue qui voulait absolument m'offrir ses conseils. Je trouve que les tiens sont amplement suffisants.
- D'ailleurs, on va essayer nos trouvailles et on se donne nos avis ? Commence, que je me rince un peu l'œil.
Ce que j'apprécie particulièrement dans cette relation avec Daisy, c'est ce côté nature et franc, qu'elle ne possédait pas lorsqu'elle avait encore des sentiments pour moi. Je suis bien heureux qu'elle ait dépassé ce stade et que nous soyons amis de cette manière. Qu'elle puisse dire ce genre de choses sans se gêner ou me gêner.
Nous nous dirigeons donc vers les cabines, ou nous devons attendre légèrement qu'une se libère. L'endroit a été fait pour les essais de beaux habits, puisqu'il est pourvu de sièges de salon confortables, où les parents ou accompagnateurs peuvent s'assoir, en attendant la sortie magistrale de la cabine d'essayage. Une jeune femme repart avec sa mère, un grand sourire aux lèvres, tout en serrant contre elle une robe jaune dorée. Je pense qu'elle est ici pour les mêmes raisons que nous. Nous prenons donc sa place et je vais m'installer dans la cabine. Organisé, je classe les costumes que j'ai choisis par couleur, et je commence à enlever mes affaires. Lorsque je suis en sous-vêtements, j'entends mon nom au travers du rideau qui me sépare du reste du monde.
- Je t'ai pris ça, tu pourras l'essayer en dernier ?
Daisy me tend un cintre en se gardant bien de m'observer. Je l'attrape et grimace légèrement. Je ne l'aime pas beaucoup, mais je suis obligé de lui laisser sa chance.
Viennent ensuite les essais à proprement parler. Mon amie n'est pas tendre avec moi lorsque je sors devant elle, contrairement à bon nombre des jeunes femmes présentes autour de moi.
- On dirait un employé de pompes funèbres. Ou mieux, le mort lui-même, lorsque je passe un costume noir.
Il me reste deux essais avant de retourner dans les rayons et j'avoue commencer à être agacé par toute cette histoire. Je prie pour que le costume bleu foncé que j'ai trouvé m'aille.
- Oh la vache. Oh bon sang. C'est carrément celui-là. Faut que tu le prennes, Eliot, tu es juste... parfait comme ça.
Je me fixe dans le miroir en face de moi, et Daisy se rapproche, se plaçant dans mon dos.
- Le tissu est super agréable, et les dessins sont en velours. Et puis la taille cintrée, c'est exactement ce qu'il te faut, vu que tu es fin et assez grand. Franchement, j'en connais un qui va tomber à la renverse.
C'est vrai que je ne suis pas mal dans ce costume trois-pièces assorti. Les arabesques végétales avec de discrètes fleurs et feuilles rappellent l'Art Nouveau que j'apprécie particulièrement. Le pantalon et le veston sont assortis et bien que je pensais que le tout allait faire « too much », je ne regrette pas mon choix. Comme pour paraphraser la rose, je suis parfait.
- Tu gardes ta chemise blanche, on va te trouver une belle cravate assortie. Est-ce que tu as des mocassins ou quelque chose comme ça ? Et pas ceux que tu utilises pour aller au lycée.
- Oui, j'en ai. Et je crois avoir vu des cravates un peu plus loin dans le magasin. Nous irons lorsque nous aurons choisi ta robe.
Elle ne m'oblige même pas à essayer son costume blanc qui m'aurait donné des airs de cachet d'aspirine. Je me rhabille et lui laisse la place, serrant tout contre moi le costume, afin de ne pas le perdre. Pendant que la jeune femme se débarrasse de toutes ses affaires et commence à essayer, je vais rapidement faire un tour dans le rayon femme. Mes yeux analysent les couleurs et je découvre rapidement leur sélection de robes vertes. J'en choisis une que je trouve magnifique et je l'amène vers les cabines. Par souci de pudeur, je préfère attendre que Daisy sorte avec la première robe qu'elle a sélectionnée.
- Alors, comment tu me trouves ?
Elle est engoncée dans une sorte de tube rose, avec des froufrous et du taffetas. Elle ressemble à s'y méprendre à une meringue et ce n'est pas un compliment.
- Tu me fais mal aux yeux. Cette robe est bien trop rose pour toi, elle jure avec la couleur de tes cheveux.
Je lui présente ma robe verte et, tout comme moi, elle grimace en la voyant.
- Je te promets que si nous trouvons ton bonheur, tu ne seras pas obligée de l'essayer. Cela te convient-il ?
- Oui oui, mais c'est mal parti, parce que toutes les robes que j'ai prises sont roses. Est-ce que par tout hasard, tu n'aurais pas eu une petite voix qui serait venue te souffler dans les oreilles que j'allais prendre cette couleur ?
- Absolument pas, mentis-je, sans la moindre culpabilité.
- Je ne te crois pas, mais, certes. Je vais essayer ta robe verte, si ça peut faire plaisir à Valentin.
Je souris en coin, voyant qu'elle connait particulièrement bien son meilleur ami. Elle soupire en enlevant son assemblage, et continue à me parler à travers le rideau.
- Franchement, je ne sais pas ce que vous avez avec le vert, tous les deux. J'ai pas envie de ressembler à un sapin géant moi. Quoique, je ne suis pas si géante. Tiens, d'ailleurs en parlant de taille, vous avez mangé quoi avec ton frère pendant votre enfance pour être aussi grands ? Des litres de soupe et de lait ? Surtout que vous êtes tout l'inverse de vos parents !
- Je n'en ai aucune idée. Mais maintenant que tu parles de mon frère, comment s'est passée la soirée de son anniversaire ?
Elle sort au même moment et me réponds en se fixant dans le miroir.
- Très bien, on était tous les deux super gênés, surtout quand je lui ai dit que je voulais venir avec lui au bal. Ah, et Eliot, je te déteste très cordialement.
Je me laisse tomber contre le mur de la cabine d'essayage et observe le tout. La robe que j'ai choisie est vert forêt, et est asymétrique. L'avant est court, arrivant aux genoux, et l'arrière flirte avec les chevilles. Le tissu est en néoprène, et le haut, avec les manches trois-quart, est en dentelle finement dessinée. La liaison entre les deux tissus se fait au niveau du buste, par une découpe en papillon, qui épouse les formes de Daisy. Elle est tout simplement magnifique.
- Franchement, je te déteste vraiment parce que tu vas réussir à me faire aimer le vert. Et je déteste le vert ! Non, mais voilà quoi, ça me va bien, et puis tu as pris la bonne taille et le jupon est parfait, je n'ai pas l'air d'un grand sapin, et je vois exactement quoi mettre comme accessoires, ça met en valeur mes cheveux et punaise, c'est bon, t'as gagné.
Elle attrape l'étiquette et fixe le prix. Ses yeux se baissent et son sourire se fane à grande vitesse.
- Ah. Par contre, c'est carrément hors budget.
- Je t'offre la différence.
Elle relève la tête vers moi comme si je venais de dire une bêtise plus grosse que moi. Ses sourcils bruns se froncent.
- Je ne veux pas te faire la charité. Je ne peux pas me payer cette robe.
- Et j'ai la chance d'avoir un budget conséquent. Tu es mon amie, les fêtes de Noël approchent, tout comme ton anniversaire. Je suis celui qui t'a amené la robe, je ne veux pas que ce sourire disparaisse de tes lèvres. Alors, je t'offre la différence.
- Je ne mérite pas autant de gentillesse. Je suis une amie en carton.
Elle s'assied dans le siège de la cabine, une sorte de pouf bleu. J'ai l'impression que toute sa belle assurance a volé en éclat par cette simple phrase.
- Pourquoi dis-tu cela ?
- Parce que je n'ai rien vu pour Valentin, qu'avant, je passais mon temps à lui briser le cœur. Que j'ai brisé le cœur de plein de monde. Que j'ai complètement perdu contact avec mes anciens amis alors qu'on s'était promis de ne pas le faire. Et puis toi, je passe mon temps à te hurler dessus, je ne sais pas comment tu fais pour m'apprécier.
- Tu es quelqu'un de bien, Daisy. Tu te préoccupes des personnes qui t'entourent, tu veux leur bonheur par-dessus tout, et tu es prête à te battre pour qu'elles l'obtiennent, quitte à t'oublier toi-même. Il faut que tu cesses de te déprécier, que tu cesses de penser que tu n'es pas assez bien pour quiconque. Ce n'est pas vrai. Tu es une personne merveilleuse et je ne suis pas le seul à le penser.
Elle essuie quelques larmes et se lève de son siège. Se retournant vers moi et me fixant, elle sourit doucement.
- Je peux te prendre dans mes bras ?
- Bien sûr.
Elle m'enlace avec tendresse, tout en terminant de renifler. Elle essuie son maquillage une fois que nous sommes séparés et me colle un baiser sur la joue, très furtivement.
- Merci Eliot. Merci beaucoup.
Et lorsque nous arrivons à la caisse, je m'empresse d'envoyer un message à Valentin.
> Mission accomplie.
Pour les personnes qui ne les ont pas vus, voici les deux surprises promises lorsque j'aurais enfin fini mon rapport de stage. Vous pouvez les trouver sur mon profil !
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