Décembre - 15
- Aujourd'hui, je t'amène en aventure.
Je suis réveillé par cette simple phrase chuchotée dans mon oreille. Je ne comprends pas tout, mais cela a pour effet de me faire ouvrir les yeux. Ceux de Valentin sont non loin. Tout son visage sourit, et pas uniquement ses lèvres.
- Pardon ? glissé-je en m'étirant comme un chat.
- Si tu as envie, on peut aller faire une balade en raquette. J'ai encore un endroit à te montrer ici, et ce n'est pas le lac.
- Vas-tu, un jour, arrêter d'être aussi mystérieux ?
Il s'amuse de ma question et remet en place une mèche de cheveux, comme si sa chevelure lui arrivait aux épaules. Son sourire est bien plus mutin.
- Bien sûr que non. Ça fait partie de mon charme. Et je ne vais pas tout te révéler, parce que sinon, ce ne serait pas une surprise.
Il m'ébouriffe les cheveux avant de sauter du lit comme un cabri. Je ne suis même pas étonné qu'il soit déjà habillé. Depuis que nous sommes ici, il se réveille des heures avant moi et a le temps de passer à la salle de bain sans le moindre bruit.
- Tu peux aller manger et t'habiller tranquillement, j'ai encore pas mal de trucs à préparer. Mais pas un mot à Walter. S'il te plaît.
Toujours la même rengaine. Depuis la dispute de l'arrivée, les deux ne s'adressent plus la parole, si ce n'est pour être sarcastique au possible. Il y a donc deux couples dans cette maison, qui font chacun leur vie de leur côté. C'est triste, mais je ne peux rien dire, puisque cela ne me concerne pas. Valentin ne s'est jamais mêlé du conflit qui m'opposait à mes parents, je fais de même avec lui.
- S'il me pose des questions pendant le petit-déjeuner ? Qu'est-ce que je dois dire ?
- Raconte-lui qu'on lit dans la chambre et qu'on fait nos devoirs. Que tu m'aides en maths parce que le prof me déteste. Et que moi, je te donne des cours de français.
- Mais s'il nous voit sortir pour la ballade ? Que comptes-tu faire ?
Un nouveau sourire mutin. Il est sexy, ainsi, et j'en rougis presque. Mon esprit a de plus en plus vite fait de s'envoler, depuis le soir de notre arrivée. Je ne sais pas si j'aime ou déteste cette situation.
- T'inquiète pas, je me suis arrangé. Il a dit qu'il allait faire les courses avec Harper, et qu'ensuite, il l'emmènerait déjeuner dans un petit restaurant fort sympathique, en ville. Ils ne seront de retour que cet aprèm. Donc nous, on attend qu'ils se taillent pour prendre la poudre d'escampette. Et je laisserais un mot, pour qu'il ne s'inquiète pas. Même si bon...
Je vois très bien qu'il fait cela à contrecœur et qu'il préférerait s'en aller sans aucune autre forme de procès. Mais il sait que ce comportement ne me plairait pas, et il s'adapte. Je ne peux que m'en remercier.
- D'accord. J'ai hâte de découvrir cet endroit mystérieux alors, souris-je pour la première fois de la journée.
Je me lève enfin du lit, embrasse la joue de mon petit ami et sors de la pièce, en faisant craquer le parquet. Je n'avais pas remarqué cette petite particularité lorsque nous étions venus en été, et je trouve que cela donne un charme tout à fait sympathique à cette maison.
Comme je m'en doutais, les deux adultes constatent mon arrivée par le bruit que font mes pieds nus dans l'escalier de bois. Ils sont dans le salon, une tasse de thé dans la main. La directrice est toujours en robe de chambre et j'évite avec précaution de la regarder.
- Je me demandais si nous allions te voir. Tu viens prendre ton petit-déjeuner ?
- Oui.
Je préfère être évasif dans mes réponses, tant en apportant un certain sens du concis. De toute manière, que répondre à une question pareille ?
- Valentin a déjà mangé ?
- Je suppose. Il s'est réveillé bien avant moi, il a dû descendre à ce moment-là.
À vrai dire, je n'en ai aucune idée. Mais je n'imagine pas le blond ne rien avaler comme petit-déjeuner. Il tient trop à la nourriture pour cela.
- Bien. Je te laisse aller te sustenter alors. Il y a encore du thé vert dans la théière, n'hésite pas à le réchauffer si c'est trop froid pour toi.
Je ne suis pas friand des feuilles vertes, leur préférant leurs homologues noires. Mais je ne dis rien et hoche la tête sans un bruit. Une fois dans la cuisine, je me verse un bol de céréales, ajoute du lait et commence à manger. Je ne touche pas au thé, sentant de ma place les effluves de citrons, que je déteste bien cordialement.
Lorsque je remonte, après ma vaisselle, j'ai à nouveau le droit à une séance d'interrogation. Les deux adultes n'ont pas bougé, mais j'ai remarqué qu'ils parlaient bien plus bas qu'à mon arrivée. Je n'ai même pas cherché à les écouter, perdu dans mes propres pensées.
- Qu'est-ce que vous avez de prévu, tous les deux ?
- Nos devoirs. Nous en sommes bien pourvus, lâché-je avec un regard vers la directrice. Je dois aider Valentin en mathématiques et lui, me donner des cours de français. Nous serons studieux.
Un rire de la part de la blonde me fait me tendre comme la corde d'un arc. Je serre mon poing droit et la fixe d'un regard noir.
- Puis-je savoir pourquoi vous riez ?
- Je ne pense simplement pas que studieux est un terme qui vous qualifie, Valentin et toi.
La colère monte comme de la lave dans le cratère d'un volcan. Les sarcasmes me démangent.
- Vous ne me connaissez pas en dehors de l'école. Vous n'avez aucune source pour étayer votre propos et de toute manière, je ne vous ai pas demandé votre avis. De plus, terminé-je, avant de m'enfuir dans les escaliers, il faut bien travailler pour obtenir mes excellentes notes. Je ne les sors pas du dessous de mon chapeau.
Je remonte en furie et claque la porte de notre chambre, ce qui fait sursauter mon compagnon, lisant sur le lit. J'attrape mes habits avec colère et les envoie sur le lit. Le blond a vite fait de venir me prendre dans ses bras, pour me clamer.
- Eliot, respire s'il te plaît. Qu'est-ce qui s'est passé en bas ?
- La directrice a fait une remarque désobligeante. Je ne supporte pas que cette femme se mêle de ce qui ne la regarde pas. Je ne sais pas sur quel pied danser avec elle. Alors, j'ai choisi le sarcasme et je me suis enfui.
- Ça devait être magistral, sourit-il, pour le plus grand plaisir.
- Oui. Je suis plutôt doué, sans me vanter.
Il rit et me pousse vers la salle de bain, en me disant que je peux prendre mon temps sous l'eau chaude. Je le vois qui hésite avant de fermer la bouche et de rougir. Je vais m'enfermer avant d'avoir l'idée de demander ce qui est lui passé par la tête pour produire une telle réaction.
Bien que l'on m'ait dit de prendre mon temps, je ne tarde pas sous l'eau chaude et enfile mon pull à grosses mailles bleu marine. Je suis très à l'aise dans ce vêtement, car les manches sont plus longues que mes bras et me permettent de cacher mes paumes. De plus, puisque je suis frileux, je peux me recroqueviller comme dans un cocon. En bas, je choisis un jeans noir qui me colle à la peau, ainsi que de grosses chaussettes. J'enfile mes lentilles, brosse mes cheveux indisciplinés et sors enfin, sous une production de vapeur d'eau chaude, créée par l'ouverture de la porte.
- Timing parfait. Les deux vieux viennent de partir, on est tranquille pour faire de même. J'ai préparé quelques trucs que je viens de remonter de la cuisine.
Je vais déposer mon pyjama dans mon sac et regarde tout ce que Valentin a ramené. Le tout est déposé sur le lit, de manière bien visible.
- Une grande Thermos de thé noir pour le plus génial des copains. Des sandwiches à la confiture, pour une petite pause. D'autre sandwich avec du fromage à tartiner pour le déjeuner. Des oursons en guimauve et des crocodiles si on a une petite faim. Une couverture de survie, au cas où, une lampe de poche et une batterie externe.
- Tu es prévoyant. C'est un excellent point.
Il sourit, me colle un baiser sur la joue et commence à empaqueter le tout dans un grand sac à dos, celui qu'il a pris pour faire le voyage.
- On le portera à tour de rôle, si tu veux bien. Je pense qu'on peut descendre maintenant, pour s'équiper.
Je suis de plus en plus intrigué par cette petite sortie. Elle me ramène vers le mois d'août, lorsque nous sommes partis à l'aquarium. Même si rien ne pourra surpasser cette aventure dans mon cœur, je me laisse embarquer avec plaisir dans celle-ci.
- Si tu n'as pas de bottes, je peux peut-être essayer d'en trouver dans la réserve.
Assis sur le sofa, je lui présente ma fidèle paire, achetée l'année précédente, lorsqu'il avait beaucoup neigé à Belfast. Elles sont confortables, esthétiques et bien chauffées. Parfaites pour marcher dans la neige.
- J'ai rien dit, souffle le blond en souriant. Je vais chercher les raquettes, je reviens !
Il file vers la cave en dévalant les escaliers et je suis tenté de lui dire de ralentir l'allure s'il ne veut pas se casser la figure. Mais celui-ci remonte aussi vite qu'il était descendu et me présente deux paires de raquettes, à l'air vieillot.
- Bon, elles datent. Mais elles font ce qu'on leur demande. Faut juste bien les attacher. Et j'ai trouvé des bâtons aussi, si on en a besoin. Walter a un bon équipement, alors ils sont repliables et on peut les mettre dans le sac.
Il me donne la paire qui m'est destinée et je me sangle le plus fort possible. Il m'imite et nous enfilons nos manteaux, écharpes et autres bonnets. J'ai l'impression que je vais cuire dans toutes ces couches, mais heureusement pour moi, Valentin ouvre la porte et le vent s'engouffre dans la maison.
- Allez, on file !
Il ferme en un tour de clef et me présente sa main, afin de me guider. Ce n'est pas facile de lier nos doigts avec les gants, si bien que nous nous prenons la main, d'une manière plus conventionnelle.
Nos pas craquent dans la neige fraîche. Elle est retombée depuis que nous sommes arrivés, et c'est extrêmement agréable comme sensation. Les raquettes sont quelque peu compliquées à prendre en main, mais une fois les mouvements de Valentin copiés, je réussis à marcher correctement. J'observe donc les alentours et je suis époustouflé.
Premièrement, le ciel est d'un bleu éclatant, qui rivalise avec les pupilles de mon voisin, qui sourit sous son bonnet rouge. Les arbres, si verts en été, sont recouverts de blanc et le contraste entre les deux couleurs est saisissant. Je ne sais que dire et le silence n'est pas dérangeant, bien au contraire.
Nous ne voyons pas le temps passer dans cette immensité, si bien que midi sonne - métaphoriquement parlant - sous la surprise. Mon ventre gargouille franchement, je rougis de honte de ce dérangement sonore.
- Je propose une petite pause ! Enfin, faut qu'on se trouve un coin pour éviter de se congeler sur place. À moins que...
- À moins que mon petit ami soit un génie et qu'il ait pris un réchaud avec lui, souris-je en le fixant, la tête penchée.
Le blond fait basculer son sac sur le côté droit pour fouiller à l'intérieur en toute tranquillité. Et comme je me l'imaginais, il en sort un réchaud qui n'est pas d'une première jeunesse.
- C'est un vieux machin à gaz qui date de l'époque où mes parents et Walter faisaient des randonnées ici en été, quand j'étais en centre aéré. Il y avait une dernière recharge de gaz, on a de la chance.
Complètement organisé, le blond dégaine une couverture très épaisse d'un sac plié en quatre, pose le réchaud au milieu en guise de chauffage et me présente une deuxième couverture pour nos pieds.
- Voilà le palais. Si Monsieur veut bien se donner la peine de s'installer.
Je souris et prends place sur la couverture. C'est froid, évidemment, mais c'est plus confortable que la neige seule. Valentin se laisse tomber à mes côtés. Nos genoux se collent, afin de nous réchauffer, ce qui est extrêmement agréable.
- Ton petit Thermos, tes petits sandwiches et on pourra prendre le dessert après, si tu veux.
Je lui embrasse la joue en posant les mains sur son menton et en continuant à sourire. Je bois une grande gorgée de thé noir, encore chaud et je prends mes aises sur cette couverture.
- Cette sortie est parfaite, avoué-je en croquant dans mon sandwich. Tu as eu une excellente idée, je me sens détendu et en paix.
- Je suis heureux que ce soit le cas. C'était un peu le but, qu'on se retrouve tous les deux, sans personne pour nous juger ou nous dire quoi faire. Et puis, pour une fois que le silence fait du bien, on ne va pas se plaindre.
Il se rapproche de moi, cale sa tête contre mon épaule et regarde le ciel. Je fais de même, ayant terminé mon repas et bus la moitié de ma Thermos. Mon cœur est léger dans cette observation de mon voisin et de ce ciel si bleu.
***
- Mon cher Eliot, je suis ravi de présenter la réserve du sonneur de clocher, un bijou de cette forêt.
Nous sommes tous deux arrêtés devant une petite maisonnée, ressemblant à un chalet. Elle doit faire la taille de ma chambre, avec un toit, une porte et une lampe externe. Valentin va allumer le compteur d'électricité, dont le fil d'alimentation est attaché à un poteau électrique que je n'avais pas remarqué.
- C'est le grand luxe, il y a même un chauffage ! C'est la mairie qui s'occupe de l'électricité et à chaque fois que l'on vient, il faut penser à éteindre. Tu peux rentrer si tu veux.
- Valentin, serais-tu en train de te moquer de moi ? Tu sais très bien que la porte est fermée à double tour.
- C'est embêtant de sortir avec un génie quand même. Tu aurais quand même pu tomber dans le panneau.
Je ris et il se penche pour m'embrasser. Je me rends compte que c'est la première fois que nous les faisons ainsi depuis le début de la journée. Je souris et laisse mon petit ami passer. L'endroit sent le renfermé mais je suis tellement frileux que pour rien au monde je n'ouvrirais la fenêtre. Surtout qu'elle semble recouverte d'une épaisse couche de neige.
L'intérieur se compose d'une kitchenette, avec une double plaque et une casserole qui semble avoir été abandonnée par l'ancien résident. Une table, avec deux chaises, sorties tout droit d'un magasin d'ameublement, rayon jardinerie. Un lit, tout contre la fenêtre, mais proche du radiateur. Un tapis aux couleurs criardes, pour égayer l'endroit. Le mobilier est sommaire, mais utile, même si je remarque une flagrante absence de salle de bain.
- Voilà l'endroit. Et je te préviens, il est un peu comme le lac. Il est magique.
Je souris, avant de déposer mes affaires sur le lit. Je lance le radiateur pour éviter de me frigorifier, et je reprends la couverture. Une fois installé sur ce lit une place, contre le mur droit, je regarde mon vis-à-vis, qui est toujours à la porte.
- Tu vas encore me raconter des secrets ? demandé-je, laissant de côté mon vocabulaire pour un temps.
- Si tu veux. Mais encore une fois, c'est à double tranchant. Tu dois m'en raconter aussi.
Il dépose le sac sur la table de jardin et vient me rejoindre sur la couverture qui n'est pas mouillée. Il se colle à nouveau à moi à la manière d'un pingouin et boit une gorgée de sa propre Thermos de chocolat chaud - ordinaire, non pas la recette secrète.
- Est-ce que tu veux que je te parle de l'origine de mon prénom ?
Je me serre contre lui et souris. Je hoche la tête pour l'encourager à continuer, sans le couper.
- C'est Walter. Enfin, un bouquin de Walter, l'un des tout premiers qu'il a écrits. Ça parle d'étrangers qui arrivent dans un pays qui n'est pas le leur et qui ne sont pas bien accueillis. C'est un monde un peu fantastique, alors ce n'est rien de connu, mais quand les parents l'ont lu, ils se sont revus quand ils ont atterri en Angleterre. Et le héros, il s'appelle Valentin.
- Il se prénomme comme toi ? m'interloqué-je, surpris.
- C'est plutôt moi qui m'appelle comme lui. Mes parents, touchés par l'histoire de leur nouvel ami, ont décidé de m'appeler comme lui.
- C'est une très belle preuve d'amitié de la part de tes parents.
Il soupire. Le sujet de son parrain est de plus en plus dur à évoquer.
- Oui. Le vieux faisait presque partie de la famille. Il venait diner tous les dimanches midi, manger le bœuf bourguignon de ma mère. Il n'a eu qu'une histoire déchirante et passionnée avec la directrice, et ils n'ont pas eu d'enfants. C'est un peu pour ça que mes parents l'on choisit comme parrain pour moi.
- Pour qu'il s'occupe de toi quand eux ne pouvaient pas le faire.
Un sourire jaune, un ton sec et sarcastique.
- En théorie, oui.
Il me saisit la main sous la couverture et continue son récit.
- Tu sais... Il me fait peut-être super mal quand je le vois agir comme un adolescent en chaleur, mais je tiens énormément à lui. C'est un peu comme la seule famille qu'il me reste en Irlande. Mon grand-père paternel est mort peu de temps après mes parents, et je n'ai plus personne en France.
- Et ton oncle et ta tante ? Qu'ont-ils fait lorsqu'ils ont appris pour la mort de tes parents ?
- Rien. Mon oncle a envoyé des fleurs, un mot sans une once de sentiments et c'est tout. Ils n'ont même pas fait le déplacement pour la cérémonie à l'église. Ma mère m'a un jour dit que sa propre sœur ne cautionnait pas son mariage avec mon père, ainsi que son déménagement, alors qu'avant leur séparation d'avec mon oncle, elle a fait exactement la même chose. Quitter la France, la femme qui l'a élevée, ses élèves dans son lycée, c'était faire preuve d'un incroyable égoïsme pour elle. Mais ma mère a préféré suivre son cœur que sa raison et a rejoint mon père. Je crois qu'elle n'a jamais regretté son choix.
- Si j'avais été à sa place, je pense que j'aurais fait la même chose qu'elle, finis-je par dire, réfléchissant légèrement.
- Suivre tes sentiments plutôt que ton devoir ?
- Oui. Et toi, qu'aurais-tu fait si tu avais été ta mère ?
Je le vois hésiter, jouer avec mes doigts et éviter mon regard. Il baisse la tête, la relève, soupire et réfléchit. Puis, dans un sourire, il finit par me regarder et répond :
- J'aurais fait exactement la même chose.
Alors pourquoi tes yeux disent le contraire, pourquoi avoir mis autant de temps à me répondre ? Pourquoi ton sourire sonne faux, pourquoi tes mots sont comme une cacophonie à mes oreilles ? Pourquoi me mens-tu ?
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