Réveillon et Bikini (3/3)

edamame - bbno$ & Rich Brian

Maillot sous ma robe d'été, créole aux oreilles, paréo en main, je suis prête ! Timidement, je frappe à la porte 220, au dernier étage. Armand m'a envoyé le numéro par message sur Insta. C'est Marc qui m'ouvre ; il est torse nu et porte un short de bain. Ça le change ! Il avait plus de charisme habillé. En tout cas, ça fait drôle de le voir dans cette tenue.

— Entre, je t'en prie !

— Merci !

— Comment va ton poignet ? me demande-t-il tandis que j'étudie les lieux.

C'est bien plus vaste que ma chambre ! Il y a même un petit salon et une table à manger pour recevoir les invités, mais personne n'y est installé. Tout le monde semble être sur la terrasse dont la porte est entrouverte. Des voix et des rires en proviennent.

Marc m'y conduit.

— Mieux, merci ! J'ai fait un saut à la pharmacie pour acheter une crème anti-inflammatoire.

— Tu devrais quand même consulter un médecin en rentrant à Paris !

Je hoche la tête lorsque plusieurs voix me saluent depuis le jacuzzi : Irène, Tristan, un autre gars qui travaillait en classe éco, et Armand, bien sûr !

C'est tout ?

Je balaye des yeux la terrasse, mais à part eux, il n'y a pas un chat.

— Où est le reste de l'équipage ?

— Oh, ils préféraient aller manger en ville...

Quoi ?!

Moi aussi j'aurais préféré ! Pourquoi on ne m'a pas proposé ?

Peut-être parce que j'ai passé une bonne partie du vol enfermée dans le cockpit, sans parler à personne d'autre que le malotru devant moi qui me sourit avec son bonnet de Noël sur la tête !

— Allez, viens !

— Je te sers une coupe de champagne ? propose Marc en tournant déjà les talons vers le Minibar.

Ma réponse semble facultative.

Comme tout ce petit monde continue de m'observer, je commence à me sentir mal à l'aise. Que je le veuille ou non, je ne vais pas pouvoir rester plantée comme une bécasse très longtemps. Pour éviter que le moment ne se prolonge, j'enlève ma robe en vitesse et la dépose avec mon paréo sur une chaine non loin. De toute façon, Armand m'a déjà vu en bikini tout à l'heure, Irène s'en moque bien, et les deux autres garçons sont gays, alors...

Évidemment, la seule place vacante est à côté d'Armand. Luttant contre mes réticences, je m'y installe en faisant de mon mieux pour paraître détendue alors que Marc revient avec ma coupe. Je l'attrape et il entre à son tour dans le bassin. À cinq, on est soudain très à l'étroit. Irène et Armand se poussent pour lui faire de la place, et je me trouve malgré moi collée cuisses contre cuisses avec ce dernier...

Argh !

Je tente de détacher de lui en dandinant mon popotin, en vain.

— Allez, on trinque !

— Tchin-tchin !

Dans un tintement, les coupes s'entrechoquent ; je porte la mienne à mes lèvres, la sirotant ensuite en silence. Pendant ce temps, la discussion reprend son cours. Je n'y prête pas attention, et y participe encore moins. Mon cerveau est bloqué sur une question existentielle : « qu'est-ce que je fous là ?! ». Et une sensation : la jambe d'Armand qui appuie contre la mienne, ce qui alimente la question précédente.

Qu'est-ce que je fous là ?!

Comme je ne parle pas, je bois. Ma coupe se vide, et on me ressert. Plusieurs fois. Les bulles éclatent d'abord dans ma gorge avant d'atteindre rapidement mon cerveau. Sous cette chaleur, la sensation d'ivresse monte vite. En plus, j'ai le ventre vide, ce qui n'arrange rien.

Les vapeurs chlorées me tournent la tête. J'ai du mal à me concentrer sur la conversation : l'eau bouillonnante ainsi que le bruit du moteur couvrent en partie les voix. Les éclats de rire, cependant, résonnent très fort dans mon crâne.

— ... c'est exactement que je disais l'autre jour à ma femme !

— Elle n'avait pas envie de te suivre en escale ? demande Tristan.

Avant que quelqu'un ne se précipite à la remplir, j'en profite pour reposer ma coupe sur le rebord derrière-moi.

— Tu parles, c'est moi qui ne voulais pas ! s'esclaffe Marc, imité de près par Irène. (Elle ne doit pas en être à son premier verre elle non plus vu les gloussements qu'elle émet !) Elle est à Megève avec les enfants.

— Ah, chouette.

— Oui, on profite chacun de notre côté. C'est pas plus mal...

Sa conception de la vie de couple prêterait presque à sourire, si je n'étais pas témoin de la suite. Car ce qui se déroule sous mes yeux dépasse l'entendement ; on a quitté les frontières du réel. La vérité est ailleurs, tout ça, tout ça... Pour moi c'est de la science-fiction. La seule explication rationnelle, c'est que je suis sujette à une hallucination ! Mais je suis pourtant loin d'être bourrée et n'ai pas consommé de drogue – du moins, à ma connaissance.

Marc aurait-il glissé un truc dans mon verre ?!

Non, je deviens parano !

J'ai certes quelques vertiges, mais je garde tous mes esprits.

Alors, si je ne suis pas droguée ni folle, pourquoi diable Marc et Irène sont-ils en train de se galocher devant nous ? Oui, Marc : le CDB. Et Irène, la chef de cab à l'allure pète-sec. Sous cet angle, elle ne paraît plus si sévère... Ni très crédible, d'ailleurs ! Sa langue farfouille les amygdales de l'autre comme si elle explorait une caverne en spéléo... 

Mais qu'est-ce qui leur prend ?!

Et comme si leurs ébats dégoutants ne suffisaient pas à rendre la situation ô combien embarrassante pour tout le monde, Tristan et l'autre stew commencent à leur faire de la concurrence. Juste à côté de moi. Ça se mange le visage goulument, se caresse le torse et se triture les tétons en gémissant... Leurs mains disparaissent sous l'eau, sans qu'on sache ce qui se passe là-dessous.

Enfin, je le devine aisément !

Je me détourne, mais je suis cernée : Armand a étendu son bras derrière moi – pas d'échappatoire ! Le jacuzzi est si petit que j'ai pratiquement la tête au niveau de son épaule. Sa jambe remue contre la mienne, joue avec elle j'ai l'impression... Ses yeux sont fixement posés sur ma bouche, les paupières mi-closes. Un sourire conquérant ourle ses lèvres alors qu'il se penche. Son souffle alcoolisé danse contre ma peau, caresse mon visage moite, il s'apprête à m'embrasser.

Bordel de merde ! Je n'ai plus beaucoup de temps... Seulement quelques centimètres... Je sens presque le goût de sa chair sur la mienne...

J'éprouve comme...

Non !

J'esquive comme je peux : je bondis telle une otarie dans un spectacle aquatique, émergeant de l'eau en éclaboussant tout le monde au passage. Armand en perd son bonnet, qui surnage lamentablement à la surface de l'eau. Les bras serrés contre ma poitrine, je me retrouve debout dans le jacuzzi ; leurs visages m'observent d'en bas, les yeux grands ouverts. Moment de solitude. Tous expriment l'incompréhension, comme si de tout ce que venait de se passer, le plus choquant était mon instinct de préservation...

— Je dois y aller, balbutié-je en enjambant le rebord à toute vitesse.

Je manque de glisser ; mes doigts ripent sur le plastique qui émet un couinement quand je me rattrape. De leur point de vue, je dois ressembler à un chaton s'échappant d'une baignoire.

Une baignoire pleine de pervers !

Essayant de ne pas y penser, je m'emmaillote dans mon paréo, ramasse ma robe et fuis le plus vite possible, sans regarder en arrière...

À moitié pompette, ramollie par l'eau chaude, j'ai les jambes en coton.

La porte se referme derrière-moi. Je me mets alors à courir dans le couloir comme si j'avais les jumelles diaboliques de Shining aux trousses ; les clients que je croise en chemin me dévisagent. Je les ignore et ne reprends vraiment mon souffle que lorsque je trouve refuge dans ma chambre. Punaise ! Mon cœur cogne à grands coups contre mes côtes.

Mais qu'est-ce qu'il vient de se passer ? Je n'y comprends rien. Comment la situation a-t-elle pu déraper à ce point ? C'est trop énorme pour que je garde ça pour moi ! Il faut absolument que j'en parle à quelqu'un.

Hugo ? envisagé-je. Sûrement pas. Il pèterait un plomb en l'apprenant. Sibylle ? Elle serait certainement ravie d'écouter ce genre de récit croustillant, mais je me souviens qu'on est en plein réveillon. Alors, fouillant dans mes contacts, je tente de joindre la seule personne susceptible d'être aussi esseulée que moi un soir de fête.

Par chance, elle me répond :

— Allo ?

— Oli, je ne te dérange pas ?

— Je suis à Houston...

Je prends ça pour un non.

J'enchaine :

— Tu ne vas jamais croire ce qui vient de m'arriver !

Avant qu'il ne pose la moindre question, je lui raconte tout depuis le début sans rien omettre : la présence d'Armand au briefing, le mauvais tour qu'il m'a joué pendant le vol, l'invitation à la plage, et enfin, sa tentative d'approche avortée dans le jacuzzi.

Quand j'ai fini, un long silence s'étire entre nous.

— Oli ?

Pour réponse, il explose de rire à mon oreille. Je m'indigne :

— Tu trouves ça drôle ?!

— Oui, surtout le passage où tu crois qu'ils t'ont droguée ! (En reprenant sa respiration, il émet un grognement de cochon.) Franchement, c'est trop là !

— OK, c'était un peu exagéré. Mais l'alcool m'est monté si vite à la tête, et c'était tellement dément de les voir faire ça... devant nous !

Il continue de rire.

— Désolé, mais c'est quand même génial !

— Génial ?

— D'imaginer ta tête !

— Ils ont dû croire que je faisais un AVC. Ou une attaque !

Comment vais-je pouvoir les regarder en face à présent ?

À la seule pensée du vol retour à venir, j'ai envie de sauter par la fenêtre...

— On t'a invité à une orgie de Noël. Une putain d'orgie de Noël ! Il n'y a vraiment qu'à toi qu'il peut arriver un truc pareil. (Il soupire, laissant échapper son dépit.) Nous on va juste manger de la dinde...

— C'est cool, la dinde !

Ce programme me fait rêver. Maintenant, quand je pense à une dinde, je vois Irène se faire...

Deux coups contre la porte me font sursauter.

— Quelqu'un vient de frapper, chuchoté-je en me tassant sur le lit.

— Bah, va voir, me répond Oli sur le ton de l'évidence.

— J'ai pas envie !

Non, je ne bougerai pas !

Une voix bien connue résonne alors dans le couloir :

— Laurine... je sais que tu es là !

— C'est lui. Il est là pour moi !

À m'entendre, on croirait que je parle de Jack Nicholson et de sa hache !

— Ben, oui, c'est ta chambre ! glousse Oli. Lau', va lui ouvrir et demande à ce qu'il se casse s'il t'embête. Parce que là, à faire la morte, tu passes vraiment pour une demeurée...

Dur comme jugement. Très dur même.

Mais pas faux.

— OK, j'y vais...

En me dirigeant vers la porte, je pose le téléphone sur le bureau. Allez, je peux l'affronter... C'est lui qui devrait avoir honte après le vent que je viens de lui mettre !

J'ouvre.

Devant ce que je vois, la poignée m'échappe et la porte manque de lui claquer à la figure. Je la rattrape comme je peux et tente de masquer la gêne que j'éprouve à la vue de son corps nu. Enfin... pas tout à fait nu. Mais presque. Il ne porte en réalité qu'un speedo blanc.

Qui met ça de nos jours ?!

Osons le dire : sur n'importe quel mec, c'est au mieux ridicule ; au pire, répugnant.

Pas sur lui. Pas sur ce corps. Il est taillé pour ça. L'image qui me vient spontanément à l'esprit, c'est celle de David, sculpté dans le marbre par Michel Ange. Le tissu, encore trempé, laisse deviner des contours, des formes et courbures dans le renflement de son maillot. Celui-ci tombe si bas qu'il dévoile la naissance de son pubis avec, de part et d'autre, ce V admirable.

Je déglutis.

Mes yeux remontent en vitesse, craignant d'avoir été repérés dans leur mission de reconnaissance...

T'es partie avant le début de la fête !

Je ris nerveusement.

— Parce que je craignais qu'on me la fasse justement, ma fête. La fête à Laurine !

Pourquoi est-ce que je parle autant et débite autant de bêtises tout à coup ? Il doit me prendre pour une folle...

— C'est ce qu'on avait prévu, figure-toi. Il nous fallait une vierge à sacrifier à minuit.

— Je ne suis pas vierge, riposté-je, un peu décontenancée. J'ai un copain, je te ferais dire !

— Vu comment tu te comportes, je commence à douter de son existence réelle. Tout à l'heure, on aurait dit Bella dans Twilight. La bouche ouverte et les dents de lapin en moins, nuance-t-il.

Whaou ! Ça va loin...

— T'es venu à moitié à poil pour me balancer tout ça ?!

Son sourire s'accentue, mais il penche la tête en guise d'excuse, semblant convenir que ça n'était guère aimable de sa part.

— Non, mais... je peux entrer ?

— Certainement pas.

— Pourquoi ?

— Parce que t'es à moitié à poil, je te l'ai dit.

— Donc tu préfères me laisser mourir de froid dans le couloir ?

Pour preuve, il me montre la chair de poule qui s'étend sur son bras droit à cause de la climatisation qui tourne à plein régime. Des gouttes d'eau perlent sur tout son corps. J'en frissonne pour lui, mais je campe sur ma position.

Comprenant la décision, il soupire :

— La prochaine fois, j'enfilerai un pantalon.

— Et un t-shirt, complété-je.

Il sourit avant de reprendre :

— Je n'ai pas eu l'occasion de te donner ton cadeau.

— Mon cadeau ? répété-je, étonnée et un peu méfiante.

Je m'attends à une blague de très mauvais goût, quand Armand sort la boite vert pailleté qu'il tenait jusqu'alors derrière son dos. Un ruban rose est joliment noué autour.

— Mais... il ne fallait pas m'offrir quoi que ce soit, bafouillé-je tandis qu'il me la met dans les mains.

La boite, je précise.

— Ouvre-la.

Je tire sur les rubans qui tombent sur la moquette. Avec précaution, je soulève le couvercle et découvre, recouverte d'un papier parfumé, une étoffe bleu électrique. C'est un vêtement : une robe. Pas n'importe laquelle ; c'est le modèle que j'avais repéré à Macy's, sans pouvoir me l'offrir.

C'est...

— Beaucoup trop, terminé-je à voix haute.

Il fronce les sourcils, troublé par ma réaction.

— Je ne peux pas accepter.

Je referme la boite pour la lui rendre, mais il refuse de s'en saisir.

— Tu la gardes, je ne veux rien savoir. Que voudrais-tu que j'en fasse ?

Je hausse les épaules.

— Fais-toi rembourser.

— Impossible. Les retours doivent avoir lieu dans les trente jours suivant l'achat, et je ne vais pas à New York le mois prochain alors...

— Revends-la sur Vinted !

Il a une expression offusquée, comme s'il y voyait quelque chose de déshonorant.

— Je perdrais de l'argent, fait-il valoir. Non, vraiment, ce serait du gâchis...

Je baisse un instant les yeux sur la boîte, ne sachant quoi faire. Comme il sent que je commence à flancher, la satisfaction affleure, un début de sourire point sur ses lèvres serrées.

— Mais je n'ai rien pour toi, moi, marmonné-je, embêtée par cette asymétrie qui me place de facto en position de faiblesse.

Je n'aime pas me sentir redevable.

— Ça peut toujours s'arranger...

— Armand ! le réprimandé-je, à demi-amusée.

— Je parlais d'un câlin, dit-il d'un ton dégagé en ouvrant les bras.

Un câlin ?

Je peux bien lui accorder ça, non ?

Maladroitement, je me laisse aller à cette accolade pour le moins inattendue, quand je l'entends ajouter tout bas :

— En guise de préliminaires.

Ses bras se referment sur moi comme un piège et son rire secoue sa cage thoracique.

— Enfoiré ! répliquai-je dans un frisson.

Sa peau humide imbibe mon paréo. Il me presse si fort que nous sommes collés l'un à l'autre. Mon ventre s'en trouve aussitôt trempé et je sens la présence d'une boule contre lui. Une boule qui se déforme progressivement, se distend, enfle, durcit...

Oh !

Je me dégage vivement. Plus encore que si j'étais attaquée par un Boa constrictor ! Mes yeux ne peuvent éviter cette partie proéminente d'Armand – cette extension de lui – qui dépasse de son maillot et pointe vers son nombril.

Big Ben semble vouloir sonner minuit en avance...

Le regard du pilote suit le mien. Constatant son émoi, il déclare simplement :

— Oups.

Je recule et, ce faisant, mon pied lâche la porte qui se referme à son nez.

J'expire brusquement, le cœur sur le point d'exploser. Je demeure là, essoufflée, tenant la boite serrée contre ma poitrine.

C'est quoi cette soirée de dingo ?!

J'ose un regard à travers le judas qui – merci-mon-dieu – ne dévoile que la partie supérieure de son corps. Armand attend plusieurs secondes. Puis il semble se résoudre au fait que je ne rouvrirai pas cette porte de si tôt. Il repart alors. J'espère seulement pour lui qu'il a rangé son... truc. Un tel objet contondant, c'est dangereux. Ça pourrait assommer quelqu'un ! Ou filer des complexes...

Je secoue la tête pour chasser ces pensées scabreuses. Dans un état second, proche de l'apoplexie, je pose la boite sur le bureau. Je remarque alors la durée de communication : le compteur continue de tourner.

Incertaine, j'amène l'appareil à mon oreille.

— Oli ? T'es toujours là ?

Sa voix se fait gêner quand il déclare :

— Ne me prends pas pour un voyeur, mais... oui. (Une chips croustille dans sa bouche.) Putain, c'était chaud !

C'est le mot.

Et encore, il n'avait pas l'image.

Il n'a pas non plus senti... ce que j'ai senti. Aussi ne peut-il imaginer l'intense chaleur qui monte en mon sein.

Température interne : trente-sept degrés.

Ressenti : éruption de lave en fusion.


NDA :

Un chapitre un peu plus long que les précédents, j'espère qu'il vous aura plu ! 🇧🇷 🌞

N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, ça pourra éventuellement me permettre de corriger des choses !

Donnez-moi aussi votre avis sur les speedos, ça fait rarement l'unanimité ! 🩲 😅🤣

Et si vous appréciez votre lecture, n'oubliez pas de voter en cliquant sur la petite ⭐️ ou de mettre un petit commentaire ! Votre soutien m'encourage beaucoup dans mon travail x)

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