SILENCES BRISÉS - SOURIRES FÊLÉS
Les jours s'enchaînaient, suivant le rythme immuable du lever et du coucher du soleil. Les saisons dansaient, alternant entre pluies et éclaircies. Le temps filait, et moi, j'étais toujours prisonnier de cet hôpital.
Les journées n'étaient plus faites de recluses mélancoliques passées dans ma chambre, à me torturer l'esprit avec des questions existentielles et des souvenirs douloureux. Les larmes ne remplissaient plus mes nuits en pensant à ceux que j'avais perdus ou en maudissant ma propre survie après ma tentative de suicide. Ma réalité avait changé, en grande partie grâce à la présence de Hope, Taki, Mehdi et Max.
Parfois, en secret, nous nous échappions de l'hôpital comme par miracle, profitant de la nuit pour explorer les merveilles de la petite ville. La nuit avait son propre charme, embellissant chaque coin et recoin. Les étoiles et la lune se faisaient complices pour inonder nos chemins de douce lumière. Les plaines se transformaient en scènes magiques où les lucioles jouaient leur ballet lumineux dans les herbes ondulant sous la brise estivale. Ces instants étaient de purs enchantements, où les lucioles éphémères volaient la vedette aux étoiles elles-mêmes.
Lorsque ce n'était pas le bal des lucioles, c'était le concert nocturne des créatures de la nuit que nous appréciions. Après avoir pataugé dans le lac tumultueux, allongés sur l'herbe du rivage, nous prêtions l'oreille à la symphonie de la nuit.
Les murmures de l'eau se mélangeaient aux stridulations des grillons, aux bloop-bloop des poissons dans l'eau. Plus loin, la forêt offrait son propre refrain : les roseaux murmuraient, les hiboux hululaient, les autres habitants nocturnes ajoutaient leurs notes. Les yeux fermés, les cœurs grands ouverts, nos âmes se perdaient dans la danse envoûtante des sons de la nuit.
Cependant, malgré ces moments délicieux, je me sentais toujours brisé à l'intérieur. Même entouré de mes nouveaux amis, la mélancolie était mon ombre fidèle. Les éclats de rire déclenchés par les plaisanteries farfelues de Hope ne parvenaient qu'à voiler temporairement ma douleur. Et dans ce cercle chaleureux, je me sentais parfois déplacé, comme si ma tristesse faisait tache.
Alors, de retour à l'hôpital, à l'abri des regards, je me retirais dans ma chambre et les fantômes qui la hantaient.
Certains week-ends, le cœur n'y étant pas, je refusais l'invitation de Hope ou Max à rejoindre le festival, préférant rester seul et laisser les mélodies remplir le silence de ma chambre, en espérant qu'elles apaisent ma solitude. Accoudé à ma fenêtre ou allongé sur mon lit, je laissais les sons du festival chasser momentanément mes pensées sombres. Mais malgré ces tentatives, mes démons intérieurs continuaient de rôder.
Byeol, quant à lui, se faisait plus rare, mais chacune de ses visites et chacune de ses histoires réchauffaient toujours mon cœur.
Un soir, d'une voix enfantine portant des paroles de sagesse, il me raconta l'histoire d'un roman qui l'avait particulièrement marqué.
- Ce livre s'appelle "Highness Family", me dit-il. Le titre peut paraître ordinaire, mais l'histoire est extraordinaire. L'auteur a magnifiquement su mettre en avant l'espoir en la vie.
L'espoir en la vie...
Ces mots m'avaient touché en plein cœur. Les paroles innocentes de ce petit garçon avaient réussi à toucher une corde sensible en moi, faisant ressurgir une douleur que j'avais presque réussi à enfouir.
Pourquoi, à chaque tournant, la vie semblait-elle insister pour me rappeler mon désespoir ? L'espoir en la vie ? Deux mots qui résonnaient comme une ironie cruelle à mes oreilles. Je ne connaissais ni l'un, ni l'autre. Mon horizon n'était plus que teinté de noir, et la seule lueur qui semblait m'attirer était celle de la mort.
Comment espérer quoi que ce soit dans cette existence qui semblait n'être qu'une longue vallée d'ombres et de tourments ? L'idée de quitter cette vie qui m'accablait avait déjà frôlé mon esprit, mais la peur de l'au-delà m'avait retenu. Je redoutais que la mort ne soit qu'une autre forme de punition, une continuation de ma culpabilité.
Mes yeux étaient rivés sur mon interlocuteur, mais mon esprit était ailleurs. Ses paroles s'égrenaient dans le vide, sans réellement m'atteindre. J'étais perdu dans mes pensées tourmentées. Comment faisaient-ils tous pour afficher leurs sourires, pour continuer à vivre avec autant de légèreté ? Hope était rayonnant, Max toujours souriant, Taki résilient, Mehdi semblait insensible. Même Byeol portait une étincelle d'espoir.
Tandis que tout le monde semblait trouver du réconfort et de la joie dans ces journées, je restais prisonnier de ma propre douleur. La mélancolie m'envahissait, et j'étais incapable de me fondre dans cette atmosphère de positivité. Je ne pouvais pas prétendre aller bien, sourire simplement pour jouer le jeu. Mon cœur était brisé, et la mort semblait être mon unique échappatoire.
Pourtant, je ne pouvais pas ignorer la différence entre eux et moi. Je voyais la force qui les animait, leur capacité à continuer malgré les épreuves. J'étais en admiration devant leur courage, leur résilience, leur capacité à sourire dans l'adversité. Mais pour moi, chaque sourire était une masquerade, chaque instant de bonheur un mensonge que je ne pouvais plus soutenir.
J'avais laissé les morceaux de ma vie se briser en mille fragments, et je ne savais plus comment les recoller. Rire sincèrement me semblait être une réalité lointaine, profiter des petites joies de la vie une illusion. J'étais égaré dans les ténèbres de ma propre tristesse, incapable de me relever.
Les jours passaient, une succession monotone de lever et de coucher de soleil. La météo changeait, mais mon état restait inchangé. Plus d'escapades nocturnes, plus de moments partagés avec Hope, Taki, Mehdi et Max. Je m'étais isolé de tous, fuyant même les séances avec le psychologue. J'avais laissé mon espoir s'éteindre, et j'étais désormais un spectre errant dans les couloirs de l'hôpital.
Seul dans ma chambre, j'étais hanté par mes démons intérieurs. Mes fantômes m'assaillaient, et je me sentais plus isolé que jamais.
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