COEURS BATTANTS À L'HÔPITAL

Sept jours d'une routine qui s'étalait comme autant de copies carbone. Le soleil se levait, je me levais avec lui, mais la lumière du jour ne parvenait pas à dissiper l'ombre qui s'était emparée de moi. La douche, le petit déjeuner, tout cela devenait une litanie sans fin.

Pourtant, il y avait Byeol, un éclat fragile dans cet univers terne. Son apparence triste cachait une âme en quête de lumière. Ses récits me ramenaient parfois à la réalité, m'évitant de sombrer complètement. Il me racontait son passé, ses rêves, et les histoires qu'il découvrait dans les livres. Son enthousiasme pour la vie, malgré sa situation, était déconcertant et touchant.

Il y avait aussi Lara, avec ses cheveux roux et ses yeux verts qui semblaient voir au-delà des mots. Elle me gavait de sa cuisine, mais aussi d'amour et de compréhension. Elle me considérait comme son fils, son regard maternel était une bouée dans l'océan de ma douleur.

Les visites de Lara étaient de précieux moments. Nous parlions comme si rien n'avait changé, comme si la tentative de suicide n'avait jamais eu lieu. Cependant, une fois, quand l'heure des visites fut terminée, elle fondit en larmes dans mes bras. Sa peine me traversait comme une lame, et je m'en voulais de lui causer autant de souffrance.

Les effusions d'émotion laissèrent place à un vide. J'avais perdu connaissance, submergé par une faiblesse que je ne comprenais pas. Jemima, avec sa présence réconfortante, m'informa de mon état. Anémie ferriprive, manque de fer dans le sang. Mon corps, à bout de forces, pouvait céder à tout moment. L'ironie me mordit : j'avais supplié la mort de me prendre, et maintenant j'avais peur d'elle.

Un sourire en coin sur les lèvres de Jemima était une marque de pitié, non pas envers moi, mais envers l'ironie du destin. Une semaine d'hôpital ne m'avait pas ramené à la vie, seulement éloigné de la mort. Mes repères s'étaient effondrés, et malgré les mains tendues, je restais suspendu entre deux mondes.

Quand Byeol, Jemima et Lara s'éclipsaient, mon affliction prenait le dessus. Immobile sur le lit, je me laissais submerger par les souvenirs. Leurs images me hantaient, leurs voix murmuraient dans le silence de ma solitude. C'était à travers eux que je m'agrippais encore à la vie, même si chaque souvenir était un coup de poignard dans mon cœur meurtri.

Le soleil au zénith répandait ses rayons d'or sur le monde extérieur. Dans la cour de l'hôpital, une mélodie douce s'élevait, portée par les notes d'une guitare acoustique et une voix juvénile. Le rythme envoûtant m'atteignait même dans ma chambre, et j'écoutais cette symphonie qui semblait briser les barrières du désespoir.

J'avais appris de Jemima que chaque week-end, l'hôpital se transformait en un festival musical, où chacun pouvait exprimer sa passion pour la musique. C'était une invitation à la vie, à laisser les émotions se libérer à travers les mélodies. J'avais décliné l'invitation, mais l'idée de voir des sourires et des moments de joie m'arrachait un léger sourire.

Cependant, c'était Byeol qui m'apportait une lumière singulière. Ses mots sur la musique comme la langue des émotions et le baume des blessures profondes me touchaient. Sa sagesse enfantine avait une profondeur déconcertante.

Le soleil jouait à travers les rideaux de ma fenêtre, réchauffant ma peau fatiguée. Le doux murmure du festival m'apaisait, jusqu'à ce que mes paupières se ferment.

《- Comme hier cuicui ! Fit une voix qui m'était familière de l'autre côté de la porte.

- "Come here quickly" sombre idiot !! Fit une autre voix.

- T'as vu comment chui balèze en anglais? 》

La soudaine irruption des garçons du couloir me fit sursauter. Je reconnus ceux que j'avais vus auparavant, emportés par une énergie contagieuse et bruyante. Mon esprit avait besoin de silence, et leur présence perturbait mon fragile équilibre.

Le garçon à la coupe au bol s'approcha, parlant comme si nous étions amis de longue date. Leurs voix emplissaient la pièce, et leurs personnalités éclatantes semblaient prendre vie.

Ils m'expliquèrent qu'ils me cherchaient, une révélation qui me laissa perplexe. J'avais préféré rester en retrait, mais apparemment, ils ne l'entendaient pas de cette oreille. Le plus jeune d'entre eux m'expliqua qu'ils avaient pensé que je me sentais seul. Il avait raison, mes journées se résumaient souvent à ma chambre. Ces garçons bruyants apportaient un souffle de vie inattendu.

Hope entama la présentation du petit groupe avec un enthousiasme débordant, ses mots se noyant dans un mélange étrange d'anglais et de français. Mehdi, Max et Taki prirent le relais, chacun affichant sa propre personnalité bien distincte. Hope, 12 ans rayonnait de joie et d'entrain, tel un tourbillon d'énergie. Mehdi, 14 ans, quant à lui, toujours calme et nonchalant, observait en silence, ses yeux curieux et malicieux captant chaque détail. Max, 9 ans, un petit garçon légèrement joufflu et débordant de gentillesse se tenait calmement, assis dans le canapé portant la tête de Mehdi comme un trophée comme pour l'apaiser de quelque chose. Et puis, il y avait Taki, 18 ans, l'expression constamment maussade et agacée. Alors que Hope donnait l'âge de chacun comme si c'était d'une importance vitale, Taki leva les yeux au ciel avec exaspération. Son regard désabusé et sa posture indignée étaient en parfait contraste avec l'excitation contagieuse de Hope. Le contraste entre les deux fit naître un sourire complice sur les visages des autres garçons, et même si Taki fulminait visiblement, l'humour de la situation était difficile à ignorer.

Ils formaient une étrange mais attachante bande. Leurs conversations remplies de vie m'envahissaient, et je me sentais à la fois décontenancé et intrigué par leur présence.

Je sentis les regards des garçons posés sur moi, et mon attention se porta immédiatement sur Hope. Ses yeux s'écarquillèrent, un large sourire illuminant son visage. Il me fixa avec un air espiègle et lança d'une voix pleine d'enthousiasme : "Comment tu t'appelles ? Et t'as quel âge ?" J'entendis Taki, pousser un soupir exaspéré.

"Rainn Mcgee, j'ai 14 ans" Dis-je simplement pour répondre à Hope continuait de me fixer.

Les événements s'enchaînaient, et je me retrouvai à écouter leurs paroles, submergé par leur énergie. Ils m'annoncèrent leur projet pour le lendemain : une sortie au lac. Malgré mon envie de décliner, Taki m'interrompit. Le lac, un endroit où je pourrais peut-être échapper à mes pensées.

Ces garçons bruyants, avec leur joie et leur énergie, m'avaient pris par surprise. Ils brisaient la monotonie de mes jours, et je me laissais entraîner dans leur monde. Mais alors que l'atmosphère était enjouée, Hope s'effondra, et l'air se chargea de gravité.

"Merde, Hope !" Fit Taki.

L'inquiétude s'installa, m'arrachant à la réalité. Les rires s'évanouirent, et la détente se mua en tension. Une ombre imprévue planait dans l'air, me laissant me demander ce qui avait pu arriver à ce garçon autrefois plein de vie et d'humour.

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