Chapitre 3 : Ma naissance
Il est actuellement une heure du matin. Je ne suis toujours pas allé travailler. La voix de Cathy m'annonçant qu'elle a été violée par Dylan raisonne encore dans ma tête. Je devrais me reprendre en main et partir travailler. Mais je sais qu'il est trop tard, ils vont arriver. Ils vont venir me chercher comme ils l'ont déjà fait il y a des années.
Dixième millénaire avant J-C.
Je sais que pour vous cette période est extrêmement lointaine, rassurez-vous pour moi également. Mais c'est là qu'a commencé mon histoire. Pourquoi seulement à cette date là et pas avant ? Pourquoi pas dès l'apparition des premiers Hommes encore recouverts de poils de la tête aux pieds ? Tout simplement parce qu'avant les Hommes ne se posaient pas la question de la vie ou de la mort. Alors comme pour les animaux, le portail s'ouvrait seul pour eux et, attirés par la lumière, ils y pénétraient. Mais les choses se sont compliquées lorsque les Hommes ont commencé à évoluer et se poser des questions. C'est à ce moment là que j'ai été choisi pour guider les morts vers la lumière...
- Flashback -
— Niklaus !? Niklaus où es-tu ?
Niklaus était mon vrai prénom avant que je ne devienne la Mort. Ma sœur me cherchait depuis déjà dix minutes, mais je ne pouvais pas bouger, ni même parler. La partie de cache-cache à mal tourné on dirait. Je me souviens avoir chuté de l'arbre où je m'étais caché. Puis je me suis retrouvé étendu sur le sol sans pouvoir me relever. Mon dos me faisait atrocement mal et du sang se répandait tout autour de moi. Ma sœur ne m'a pas trouvé, c'est mon père qui l'a fait, mais il était déjà trop tard. Je l'ai vu me découvrir, j'étais là debout près de mon corps comme Sandra l'était. Ma peau était blanche et mes lèvres bleues. Je n'ai pas vu la lumière tout de suite sûrement parce que je n'ai pas compris que j'étais mort au début. Je l'ai compris quand on a apporté mon corps à ma mère. Elle avait déjà perdu tellement d'enfants que lorsqu'elle m'a vu sans vie dans les bras de mon père elle s'est effondrée, en larmes. C'est là que j'ai compris que comme mes frères avant moi je venais de mourir. La lumière est apparue soudainement, mais je n'ai pas voulu y entrer, je ne voulais pas abandonner mes parents et ma sœur.
Alors je suis resté assis là devant la lumière toujours brillante, et ils sont apparus. Deux anges, vêtus de blanc qui possédaient des ailes si lumineuses que je ne pouvais à peine les regarder. Ils m'ont dit que j'étais le premier humain ne voulant pas traverser, ils m'ont alors demandé pourquoi une âme voudrait rester sur terre coincée entre les deux mondes. J'ai simplement répondu que je voulais rester pour veiller sur ma famille. Ils ont exaucé mon souhait. Ils m'ont offert le moyen de revenir sur terre et m'ont donné des pouvoirs en échange desquels je dois aider les humains à passer le portail. Je suis revenu auprès de ma famille, j'ai été considéré comme un miracle pendant des années. Puis ma famille a quitté cette terre et j'ai du les faire partir de moi-même. Quand ils m'ont tous quitté j'ai voulu les suivre, mais je suis resté, non pas que j'en ai été obligé mais parce que je l'ai choisi, je voulais continuer d'aider les âmes à ne pas se sentir comme moi après leur mort.
- Retour présent -
La suite vous la connaissez, j'ai parcouru le monde de siècle en siècle et me voilà aujourd'hui devant une nouvelle envie, veiller sur une humaine. Cathy. Cette pensée me ramène à moi. Des voix m'appellent. Les anges, ils sont devant moi avec le portail à leur côté.
— Que t'arrive-t-il Niklaus ? Des milliers d'âmes t'attendent.
La voix d'un des anges est mélodieuse et douce, elle remplit la pièce et rebondit sur les murs.
— Je n'ai plus la force d'aider des humains qui causent autant de mal autour d'eux.
— Niklaus sais-tu pourquoi nous t'avons choisis pour être La Mort ?
— J'étais la première âme a ne pas vouloir franchir le portail.
Je suis fasse à eux, à genoux, et je me rends compte que des larmes ont coulé sur mes joues. Un des anges se penche vers moi et les essuie.
— C'est vrai, tu étais la première âme à te poser des questions sur ton avenir, mais pas seulement. Tu as été le premier à te soucier des vivants, ceux que tu avais laissé derrière toi. C'est pour ça que nous t'avons choisi, pour que tu décides de l'avenir du monde des vivants.
— Certaines personnes ne devraient pas rester dans ce monde.
Oui, cette phrase est directement adressée à une tierce personne, qui n'est autre que Dylan.
— Niklaus, tu es La Mort. Tu peux décider qui mérite de vivre ou de mourir, tu peux donner des leçons à qui tu veux. Cependant fais attention, les leçons ne sont bonnes que si la vérité est connue.
Sur ces paroles les anges franchissent le portail qui se referme presque aussitôt, me laissant seul, encore à genoux, mes joues toujours mouillées. Il est maintenant deux heures du matin et il faut que je parte travailler.
J'ai fais aussi vite que j'ai pu et j'ai réussi à rentrer chez moi le temps de prendre une douche, puis d'aller chercher Cathy chez elle. Je descends de la voiture comme l'autre matin et je vais frapper chez elle. Elle ouvre la porte quelques secondes plus tard.
— Je ne pensais pas que tu allais venir me chercher ce matin...
— Je suis ton chauffeur maintenant je ne vais pas te laisser prendre le bus.
— Tu es revenu juste pour ça ?
— Non... Je voulais également m'excuser pour hier je ne voulais pas te pousser à bout...
— Je sais, et aussi étonnant que cela puisse paraître, ça m'a fait du bien de l'avouer, même si je ne m'attendais pas à te le dire à toi.
Je baisse la tête ne sachant quoi lui répondre. Elle semble ressentir mon malaise, car elle prend son sac et ferme la porte derrière elle avant d'avancer jusqu'à la voiture.
J'ai à peine démarré que Cathy commence à parler.
— Alexander ?
— Oui ?
— Pourquoi tu sembles te faire autant de souci pour moi ?
— Je ne conçois pas le fait que les humains puissent ainsi agir entre eux.
— Tu parles comme si tu n'étais pas humain.
— Je... Si. C'est simplement que je n'ai pas l'impression de me reconnaître dans les actes de notre génération.
Merde, je ne peux pas réfléchir avant de parler ?! La fin du trajet se fait en silence, de temps en temps j'ai l'impression que Cathy me regarde mais elle détourne le regard quand je la prend sur le fait. Quand nous arrivons au lycée il y a un attroupements devant l'entrée et plusieurs voitures de police. Cathy et moi nous regardons inquiets, mais je le suis encore plus lorsque je descends de la voiture et que je comprends pourquoi tous ce monde est là. Sandra. Elle m'était complètement sortie de l'esprit. Ses parents ont trouvé son corps il y a deux semaines, mais le temps de régler tout, le lycée a organisé quelque chose qu'aujourd'hui seulement. Alors que nous avançons parmi la foule et que chaque personne parle de ce qui s'est passé je vois Cathy blanchir petit à petit. Quand nous passons à côté de Dylan et toute la bande je ne manque pas de lui lancer un regard assassin, mais il semble déjà terrifié. Cathy ne s'éternise pas dehors et rentre presque en courant dans le lycée. Je le suis tant bien que mal en bousculant presque tout le monde qui se dirige dehors pour savoir ce qu'il se passe.
Je la perds au coin d'un couloir, mais je l'entends pleurer. Les couloirs à l'intérieur du lycée son vides, alors je peux aisément entendre ses sanglots qui proviennent des toilettes des filles. Je décide d'aller la voir, même si pour ça je dois entrer dans les toilettes des filles. J'ouvre la porte doucement et appelle Cathy.
— Cathy ? Tu es là ?
— Alex ? C'est toi ?
— Oui, sors de là s'il te plaît.
Elle ouvre la porte battante de la cabine, elle est encore plus blanche que tout à l'heure.
— Tu sais que nous sommes dans les toilettes des filles ?
— Tout le monde est dehors, alors je ne risque rien.
Elle sourit et s'avance prêt des lavabos. Elle vient de vomir. Elle se nettoie le visage et toujours en gentleman je lui tiens les cheveux. Elle relève la tête, le visage encore mouillé.
— On ne parle que depuis quelques jours et tu m'as déjà vu dans les pires des situations...
— Ce n'est rien, crois moi j'ai déjà vu pire.
— Rassurant.
Elle rigole et me fait rire par la même occasion.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Rien j'ai simplement paniqué de revoir Dylan après ce que je t'ai dis et puis cette pauvre Sandra...
— Tu la connaissais ?
— Je... Quoi ? Non... Je ne lui ai jamais parlé.
Elle me tourne le dos et va s'essuyer le visage. Elle doit être sous le choc. Elle subit beaucoup d'émotions ces derniers jours. Elle s'adosse le long du mur et glisse de tout son long pour finir sur le sol. Je fais de même et nous nous taisons pendant quelques minutes. Je m'apprête à briser ce silence lorsque la sonnerie du lycée le fait à ma place. Notre premier cours est au fond du lycée il nous faut au moins cinq bonnes minutes pour nous y rendre. Si nous arrivons en retard tous les deux on va nous demander pourquoi nous étions ensemble. Très mauvaise chose. Pris de panique je lève Cathy du sol et sors en courant des toilettes, je la tiens par la main et cours aussi vite que je peux, enfin pour un humain du moins. On arrive pile à temps avant que le professeur d'art ne ferme la porte et on file au fond de la salle. On est vendredi et c'est la journée où on ne partage qu'un seul cours en commun. Hannah nous fixe du bout de la salle et à la fin du cours elle demande à parler à Cathy. Je ne sens pas du tout cette histoire mais Cathy accepte alors je vais devoir les suivre en douce.
La fin du cours arrive et Cathy rejoint Hannah. Je les suis d'assez loin, mais en prenant garde de ne pas les perdre. Hannah emmène Cathy dans le gymnase, je m'apprête à y rentrer quand quelqu'un me frappe violemment au visage. Je n'ai pas le temps de comprendre ce qu'il m'arrive et je me retrouve au sol. Heureusement je ne suis pas ouvert parce que si quelqu'un découvre que aucune goutte de sang ne coule de mes veines je serais mal, très mal. J'ai à peine le temps de retrouver mes esprits que je vois Dylan se pencher vers moi.
— Pourquoi tu les suis ?
— Je devrais te retourner la question. Pourquoi m'as-tu frappé ?
— J'ai eu envie de me venger.
J'essaie de garder mon sang froid, mais il m'en est impossible.
— Un jour tu vas regretter Dylan, crois moi.
Je commence à partir lorsque je l'entend rire. S'en est trop, brusquement je me retourne et lui envoie mon point en plein visage. Cette journée a été beaucoup trop forte en émotion à mon goût, il faut que je me défoule. Dylan est au sol et je le frappe de nouveau. Mon premier coup a été violent puisqu'il est assommé. Je ne reste pas plus longtemps à côté de lui et prends la fuite. Je sais c'est lâche, mais qui est le plus lâche d'entre nous ? En sortant je retrouve Cathy qui a l'air tout aussi chamboulée que moi.
— Alexander ?! S'il te plaît emmène moi loin d'ici...
— J'allais te proposer la même chose allons sécher cette journée.
Je ne pourrais pas rester une minute de plus dans le même bâtiment que ce violeur de Dylan. Je sais où emmener Cathy pour nous changer les idée. La grande vallée avec une vue imprenable sur la ville.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top