CHUTE MORTELLE

Consigne

Je devais faire une lecture de plusieurs images et j'ai choisi cette image :

Texte

« Pour moi, la vie n'est qu'un tourbillon de malheur que vient parfois éclairer la tristesse
Elle nous offre des cadeaux empoisonnés.
Je n'ai jamais compris l'injustice de ce monde, il est tellement cruel envers ce qu'il trouve différent de lui.

J'observe la rue depuis le toit d'un immeuble.
Le poissonnier Haris revient du port avec un énorme seau de maquereau tacheté.
Les enfants pieds nus, le ventre à l'air et la culotte en lambeau, cours devant Haris en lui volant un poisson à son issue.

Je suis soudainement pris dans un tourbillon de pensées.
Je regarde le ciel en pensant à ma mère, son sourire, ses doigts dans mes cheveux essayant de les discipliner.
Je repense aussi à ses yeux, d'un magnifique bleu comme le ciel qui recouvre notre sombre quartier.
Je me remémore encore ses larmes de douleur, ses cris d'agonie, ses gémissements d'impuissance face à son mal.

Puis je me revois, assis sur le vieux canapé poussiéreux de la maison. Les genoux ramenés sous le menton, je la regarde étendu sur le lit aux draps jaunis par le temps.

Je la regarde, sans vraiment la voir.
Je la regarde, mais je ne ressens rien.

Le regard hagard, je me tourne parfois pour contempler la seule pièce qui nous sert de domicile.
Des seaux disposer ici et là, récoltent les gouttes d'eau qui tombent depuis le toit, les fissures aux murs sont vraiment inquiétantes, mais que puis-je y faire ?
Notre seule fenêtre est recouverte d'un tissu à l'origine blanc, mais usé par temps est devenu gris.
De veilles boîtes de conserve périmées sont éparpillées sur le sol.
L'odeur putride de crottes de souris d'autres colocataires que ne nous avons, recouvre mon nez à chaque inspiration.

Fatigué de ce spectacle, je baisse la tête murmurant à quel point le monde est injuste, à quel point même Dieu est injuste.

Le bruit des commerçants qui soldent leurs marchandises, me ramène à la réalité.
Je me tiens sur le bord du toit, comptant dans ma tête les dizaines de mètres qui me séparent du sol.
Combien de secondes va durer ma chute ? Je l'ignore, mais avant de sauter, je repense aux dernières paroles de ma mère.

— " Soit un bon fils et fais ce que je te demande, s'il te plaît, met fin à mon calvaire "

Je saute sans fermer les yeux, pourquoi avoir peur ?

J'entends un doux sifflement, même le vent joue une magnifique symphonie pour ma dernière révérence.
Mon calme est rompu quand une vive douleur au dos me paralyse les jambes, je viens de me casser la colonne vertébrale sur l'une des poutres en acier qui relie les immeubles.
J'ai juste envie de hurler au monde, mais la seule réponse de mon corps à ma douleur, ce sont seulement quelques larmes silencieuses.

Les passants plus bas émettent des gris d'horreurs qui se rapprochent à chaque seconde qui passe, ils se disent sûrement :

— " Encore un autre qui n'a pas pu supporter la dureté de ce monde "

Plus je me rapproche du sol, plus je sens l'odeur du maquereau frais.
Quand je pense que je vais finir ma vie dans un tas de poissons.
Haris ne pleurera pas ma mort, mais la perte de ses poissons.

Au fond tout dans ce monde est injuste, seule la mort est juste.
Elle ne te refusera jamais peu importe ce que tu es, la mort est une libération éternelle.
J'imagine déjà la faucheuse qui m'attend.

Je regarde une dernière fois le ciel avec un doux souris.

— Bientôt, maman, attend-moi...

L'impact est si violent que je ne ressens plus aucune douleur, un froid soudain m'envahis malgré la chaleur suffocante qu'il fait.

Je ferme les yeux avec un dernier soupir de satisfaction.

— J'arrive... »

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