Chapitre 8

L'heure de la pause de midi arriva, la sonnerie libérant les élèves de leurs obligations le temps du repas. Marinette rassembla rapidement ses affaires tandis que la classe se vidait. Elle passa devant Adrien qui s'apprêtait également à sortir, et s'arrêta face à lui. Les joues rouges, le regard brillant, elle tendit la main vers lui.

Son partenaire lui adressa un grand sourire tout en entrelaçant ses doigts avec les siens, avant de la suivre vers l'extérieur de la salle.

Adrien était aux anges. Il sentait la douceur de la peau de Marinette, la chaleur de sa paume contre la sienne. Le fait de marcher ainsi main dans la main le rendait heureux et ridiculement fier. Un sourire béat avait lentement mais sûrement pris place sur son visage. Il devait certainement avoir l'air d'un parfait idiot, mais peu importe, se dit-il avec une agréable indifférence tout en serrant un peu plus fort les doigts de Marinette entre les siens.



Ils s'installèrent pour manger, non sans noter que tout le monde les regardait, y compris les élèves d'autres classes. La rumeur de leur relation s'était répandue comme une trainée de poudre. La célébrité d'Adrien n'y était pas pour rien : la moindre nouvelle le concernant faisait d'ordinaire assez rapidement le tour de tout le collège, et là l'évènement était d'une telle importance que l'école entière fut au courant en un temps record du fait qu'il sortait maintenant avec Marinette.

Alya et Nino s'étaient assis face à eux, leurs expressions indiquant clairement que si les deux héros avaient espéré échapper à un interrogatoire en règle, ils s'étaient mis le doigt dans l'œil.

- « Alors », attaqua directement Alya, « vous allez nous dire ce qu'il s'est passé entre vous pendant ce week-end ? »

Marinette et Adrien échangèrent un rapide coup d'œil. Ils s'étaient déjà mis d'accord sur les grandes lignes de l'histoire, décidant d'un commun accord de soustraire de la version officielle de leur tumultueux dimanche tout ce qui s'était passé avant l'invitation de Marinette. Alya n'avait nullement besoin de savoir qu'elle avait interrompu ses héros préférés, les forçant à se revoir dans un second temps chez son amie.

- « Et bien, il n'y pas vraiment grand-chose à raconter », commença Adrien en se grattant machinalement le crâne, « J'étais chez Marinette une partie de l'après-midi et de fil en aiguille... »

- « Oulà, attend une seconde ! », l'interrompit immédiatement Alya. « Chez Marinette ? Qu'est-ce que tu faisais chez elle ? Je veux toute l'histoire depuis le début. »

Marinette poussa un soupir amusé. C'était bien tenté de la part d'Adrien, mais ils ne s'en sortiraient pas aussi facilement que ça. Elle sursauta légèrement quand Alya se tourna brusquement vers elle, attendant visiblement de plus amples explications de sa part.

- « Heu... Je... hem », balbutia-t-elle. « J'avais envie de voir Adrien, vraiment envie, mais je ne savais pas trop quoi faire parce que je ne suis pas très douée pour les invitations. Surtout quand je suis stressée », rajouta-t-elle avec un regard appuyé à Alya qui se rappela immédiatement du désastreux message que son amie avait une fois laissé sur le téléphone d'Adrien en voulant lui proposer d'aller au cinéma.

Alya pouffa de rire, tandis que les deux garçons échangeaient un regard interloqué, sentant qu'elles faisaient référence à un évènement dont ils n'avaient jamais entendu parler.

- « Bref », repris Marinette en rougissant légèrement à ce souvenir. « J'ai failli l'appeler une dizaine de fois puis je me suis dit que ça ne serait sûrement pas une bonne idée vu mon niveau de stress. Alors je lui ai envoyé un message, et sur le coup n'ai même pas relu ce que j'avais écrit de peur de faire marche arrière. »

Adrien lui jeta un coup d'œil amusé. Il ignorait cette partie de l'histoire, et ça le réconfortait d'apprendre qu'il n'avait pas été le seul à avoir été aussi nerveux après être rentré chez lui.

- « Et je suis venu », reprit le garçon. « On a passé l'après-midi ensemble et... enfin... vous savez ce qui s'est passé au final. »

Sa nuque rougit légèrement à ce souvenir. Nino sembla se satisfaire de l'explication, mais Alya tenait visiblement à en savoir plus.

- « Et donc, de vous deux, qui a fait le premier pas ? », leur demanda-t-elle malicieusement.

- « Alya ! », s'exclama Marinette dont les joues avaient maintenant une superbe couleur cramoisie. Adrien avait presque l'impression de sentir de la chaleur irradier d'elles.

- « Oh, je crois qu'à partir d'un moment on savait tous les deux la direction qu'allaient prendre les choses », répliqua-t-il d'un ton espiègle, tout en échangeant un regard de connivence avec Marinette qui lui répondit d'un sourire.

- « Hum, je me contenterai de ça pour le moment », abandonna Alya. « Mais toi », poursuivit-elle à l'intention de Marinette en la menaçant gentiment avec sa cuillère, « n'espère pas échapper à d'autres questions, je n'en ai pas fini avec toi. »

Marinette lui répondit par un soupir faussement contrarié, avant de lui sourire et de poursuivre son repas.



La journée avançant, Marinette commença à remarquer petit à petit les conséquences qu'entrainait le fait de sortir avec celui qui était probablement l'élève le plus célèbre du collège. Impossible pour elle de faire un pas quelque part sans que tous les regards se braquent sur elle, sans que les discutions ne s'interrompent pour se muer en chuchotements. Elle avait l'habitude d'être au centre de l'attention quand elle était Ladybug, mais en tant que Marinette, c'était une sensation inédite.

Au début, elle ne trouva pas forcément ça désagréable, après tout elle était heureuse et fière d'être avec Adrien, mais le revers de la médaille lui apparut assez rapidement. Que les gens la dévisagent sans cesse, c'était une chose. Que cette curiosité incessante l'empêche de se retrouver tranquillement en tête avec Adrien, c'en était une autre.

Dès qu'elle marchait dans les couloirs, elle se faisait aborder par des élèves qui lui étaient totalement inconnus qui la félicitaient ou lui demandaient si les rumeurs concernant les concernant elle et Adrien était bien vraies.

Dès qu'elle voulait s'approcher de lui, dès qu'elle lui prenait la main, elle sentait des yeux se poser sur elle.

Ça finissait par en être oppressant.

Pour couronner le tout, ils n'auraient même pas le temps de se voir à la fin des cours, Adrien ayant exceptionnellement cours de piano et de chinois le même jour.

Chaque interruption était donc d'autant plus frustrante.

Adrien était tout aussi contrarié qu'elle. Impossible de trouver un moment pour pouvoir s'isoler avec Marinette, des regards curieux se tournaient sans cesses vers eux, épiant le moindre de leurs gestes. Il aurait voulu trouver un endroit tranquille pour la prendre dans ses bras, l'embrasser sans aucun témoin, mais où qu'ils aillent ils semblaient toujours tomber sur des élèves curieux de vérifier la véracité de la rumeur du jour.

La situation lui déplaisait d'autant plus qu'il se doutait bien que le phénomène n'aurait pas eu autant d'ampleur si c'était un autre garçon que lui qui avait été concerné. Mais visiblement, sa vie amoureuse semblait passionner tous le collège.

Ils se savaient tous les deux que tout ceci n'était sûrement que provisoire. La situation allait probablement revenir à la normale dans les jours à venir, quand leur couple ne serait plus le scoop du moment. Mais en attendant, ils auraient bien aimé profiter un peu plus l'un de l'autre sans toutes ces indiscrétions, d'autant qu'ils sortaient ensemble depuis seulement la veille.

- « Raaah, je n'en peux plus ! », grommela Marinette à la récréation, après qu'un énième inconnu ne soit venu les voir pour leur demander s'ils étaient bien ensembles, alors qu'ils avaient enfin réussi à s'isoler un peu.

- « J'avoue que ça commence à m'agacer aussi », approuva Adrien. « Mais bon, ça leur passera. Tu verras, demain tout le monde nous fichera la paix. »

- « J'ai hâte », répliqua-t-elle en levant les yeux au ciel. « Il y a beaucoup trop de monde qui se soucie de votre vie sentimentale, Mr. Adrien Agreste », poursuivi-t-elle en lui ébouriffant affectueusement les cheveux.

La situation était certes frustrante, mais elle était tellement heureuse d'être avec lui qu'elle pouvait bien supporter quelques désagréments. Surtout s'ils ne duraient qu'une poignée de jours. Alors qu'elle retirait ses doigts, Adrien attrapa son poignet au passage, répondant à sa caresse en déposant un baiser chaleureux sur le dos de sa main, avant de poursuivre d'un ton espiègle :

- « Je ne sais pas si tu en as conscience, mais tu as réussi à mettre le grappin sur un des meilleurs partis de la ville. Beau, riche, célèbre, super-héros à ses heures perdues... » énuméra-t-il malicieusement, comptant sur ses doigts.

- « Que de modestie », ironisa Marinette, tout en lui adressant néanmoins un petit sourire.

- « Allons, ma Lady, à quoi bon être modeste quand on est le meilleur ? », répliqua Adrien avec un clin d'œil effronté.

C'en fut trop pour Marinette qui éclata de rire, à la grande satisfaction de son partenaire. Il glissa délicatement ses doigts sous son menton, levant son visage vers le sien pour mieux pouvoir l'embrasser, superbement indifférent à la soudaine montée du volume sonore ambiant alors que tout le monde se mettait à commenter leur baiser.

Tout ce dont il avait encore conscience à cet instant, c'était la présence de Marinette. La chaleur de son corps, la façon dont sa langue caressait la sienne, le sourire qu'il sentait encore danser sur ses lèvres.

Le reste n'existait plus.



Adrien et Marinette n'eurent guère d'autres occasions de se retrouver en tête à tête durant le reste de la journée. Même à la fin des cours, ils durent se contenter d'un rapide au-revoir sous les regards curieux des autres élèves, n'échangeant qu'un bref baiser avant qu'Adrien n'aille assister à ses leçons de piano et de chinois.

Marinette rentra ensuite directement chez elle, son esprit vagabondant sans cesse vers Adrien. Elle passa une partie de la soirée avec ses parents, répondant distraitement à leurs questions sur le déroulement de sa journée, puis remonta dans sa chambre après le repas.

Elle se laissa tomber sur son lit en poussant un grand soupir.

La journée avait été éreintante, elle se sentait littéralement vidée de toute énergie. Elle n'aurait pas su décrire dans quel état elle se trouvait exactement. Elle était heureuse, bien sûr, plus heureuse que jamais. Mais en même temps, elle éprouvait une sorte de frustration mêlée d'agacement.

Elle aurait dû se douter qu'au vu de la célébrité d'Adrien, la nouvelle aurait cristallisé l'attention de tous les élèves de l'école sur chacun de leurs faits et gestes. C'était provisoire, bien sûr, les gens finiraient par se lasser. Mais en attendant, elle avait la désagréable impression de ne pas avoir pu complètement profiter des moments qu'elle avait passés avec lui aujourd'hui. Avoir des dizaines de paires d'yeux fixés sur le moindre de leurs mouvements était quelque peu oppressant.

*Toc Toc*

Le bruit la fit sursauter violemment, elle se redressa avec l'impression que son cœur allait jaillir de sa poitrine.

La trappe de la terrasse.

Quelqu'un était en train de toquer à la trappe qui donnait sur la terrasse.

Puis celle-ci s'ouvrit doucement, et le visage de Chat Noir apparu dans l'encadrement.

Marinette le fixa, paralysée par la stupeur, incapable de dire quoi que ce soit. Son partenaire lui adressa un petit sourire d'excuse, avant de lui demander :

- « Est-ce que je peux entrer, ma Lady ? »

Elle n'en revenait pas.

Toujours bouche bée, elle hocha la tête pour marquer son approbation. Chat Noir se glissa par l'ouverture, atterrissant souplement sur le sol de la chambre avant de se détransformer.

- « Heu, je... Je suis désolé », balbutia Adrien tout en se grattant nerveusement l'arrière du crâne. « Maintenant que j'y pense, j'aurais probablement dû t'appeler avant... »

Le cerveau de Marinette bouillonnait, elle ne savait pas quoi penser. Son côté rationnel lui disait qu'il n'aurait pas dû se transformer en Chat Noir pour venir la voir. Ce n'était ni très prudent, car quelqu'un aurait pu le voir se glisser chez elle, ni très approprié, parce qu'ils n'étaient pas censés se transformer en héros pour aller se rendre visite plus facilement.

Mais d'un autre côté, elle ne pouvait pas nier qu'elle était heureuse de le voir. Son cœur battait la chamade et un large sourire se dessina son visage, sans même qu'elle s'en rende compte. Tant pis pour la prudence, tant pis pour la logique, tant pis pour la sagesse. Il était là, c'est tout ce qui importait à présent.

Elle s'assit en tailleur sur son lit et elle tapota le dessus de sa couette, invitant Adrien à s'installer à ses côtés.

Celui-ci obtempéra, poussant un soupir de soulagement devant l'expression radieuse de Marinette. Il avait beaucoup hésité à venir, tiraillé entre l'envie de la revoir sans que leurs faits et gestes ne soient scrutés par tous leurs camarades, et la certitude que s'introduire à la nuit tombée dans la chambre d'une jeune fille était tout sauf convenable.

Mais elle lui manquait trop, et il avait décidé sur un coup de tête que non, aujourd'hui il n'avait clairement pas envie d'être convenable. Et maintenant qu'il voyait les yeux de Marinette pétiller de joie alors qu'il s'asseyait à côté d'elle, il était heureux d'avoir cédé à cette impulsion. Il lui saisit délicatement la main, caressant machinalement ses doigts avec les siens.

- « Merci d'être venu », lui dit-elle avec un sourire. « La journée a été... bizarre. Pas bizarre-mauvaise, hein ? » se reprit-elle précipitamment tout en lui jetant un regard affolé.

Adrien laissa échapper un petit rire tout en déposant un léger baiser sur sa tempe.

- « Oui, je vois ce que tu veux dire », la rassura-t-il. « Les gens ne se rendent pas compte à quel point ils peuvent être envahissants. »

- « C'est exactement ça ! Envahissants ! », approuva Marinette. « Je peux comprendre qu'ils soient curieux, mais du coup j'ai eu l'impression de passer ma journée à être surveillée ou interrogée. », poursuivit-elle avec exaspération tout en levant les yeux au ciel et en faisant de grands gestes de sa main libre pour appuyer son propos. « On n'a presque pas eu un moment de tranquillité. »

Adrien ne put s'empêcher de ressentir une petite pointe de culpabilité. S'il n'avait pas été aussi connu, les choses auraient certainement étés moins pesantes pour elle. Leur couple aurait juste attiré l'attention de leurs camarades de classe, pas de l'école toute entière.

- « Je suis désolé... » laissa-t-il échapper à voix basse.

Marinette le regarda les yeux ronds, puis à sa grande surprise, elle lui donna une gentille pichenette sur le nez.

- « Tu n'as pas intérêt à être désolé, mon chaton », répliqua-t-elle avec un sourire affectueux. « Et puis ce sont juste des collégiens curieux, on devrait pouvoir y survivre », rajouta-t-elle avec malice.

Il lui rendit son sourire, n'en revenant toujours pas de sa chance d'avoir Marinette à ses côtés. Elle avait raison, bien sûr. Ils restèrent silencieux un instant, main dans la main et épaule contre épaule, profitant de ce moment d'intimité qui leur avait tant manqué ces dernières heures. Tous les deux étaient heureux qu'Adrien ait décidé de venir rendre visite à Marinette. Ni l'un ni l'autre n'avaient envie de rester sur cette impression douce-amère qu'avait laissé leur journée, partagés entre la joie d'être enfin ensemble et l'agacement d'avoir été perpétuellement dérangés.

Adrien poussa un léger soupir. Leur petit rendez-vous improvisé se teintait d'une ambiance un peu étrange, presque mélancolique. Une idée traversa soudain son esprit, tandis qu'un souvenir de la veille lui revenait en mémoire.

Un sourire espiègle commença à naitre sur son visage.

Oh, elle risquait de ne pas aimer du tout.

Il ne savait pas si ce qu'il s'apprêtait à faire allait détendre l'atmosphère ou lui valoir la raclée de sa vie, mais au moins il aurait essayé.

Il lâcha la main de Marinette, une lueur de malice dans le regard, puis il glissa rapidement ses doigts juste sous le bas de son T-shirt avant de les faire courir le long de sa taille. Marinette poussa un hurlement sous l'effet de ses chatouilles, éclatant de rire.

- « Oh ! Non... non ! », supplia-t-elle tout en riant, peinant à reprendre son souffle. « Tu n'as... pas... le droit ! »

Elle ne laissa même pas à Adrien le temps de s'arrêter de lui-même. Lui saisissant les mains, elle le fit brusquement basculer sur le côté, le faisant atterrir à plat dos. Tout en lui maintenant fermement les poignets, elle se mit à califourchon sur lui pour le plaquer contre le matelas.

Un petit sourire insolent dansait sur les lèvres d'Adrien alors qu'il la défiait du regard, l'air bien trop content de lui. L'audace de Marinette et la position plus que compromettante dans laquelle elle venait de les placer avait lui presque coupé la respiration, mais il refusait de laisser transparaitre son trouble.

- « Oh, tu veux jouer à ça, ma Lady ? » lui lança-t-il avec un petit rire espiègle.

- « Je préfèrerai, oui... », répliqua-t-elle dans un souffle, tout en se penchant lentement vers lui.

Adrien écarquilla les yeux. Voilà qui promettait d'être intéressant.

Son cœur s'était mis à battre la chamade, les pulsations s'accélérant encore et encore au fur et à mesure que le visage de Marinette se rapprochait. Il mourrait sûrement d'une attaque cardiaque avant qu'elle ne le touche. Comme hypnotisé, il était incapable de détacher son regard du sien, se noyant dans le bleu profond de ses yeux. Elle était maintenant si proche qu'il pouvait distinguer clairement chaque détail de sa figure. Chacune de ses taches de rousseur, chaque nuance du délicat rouge qui colorait ses joues...

Et ses lèvres, oh, ses lèvres...

Qui se posèrent enfin sur les siennes en un profond et ensorcelant baiser, qui le laissa le souffle court et avec une seule idée en tête : embrasser Marinette de nouveau, encore et encore.

Elle s'écarta de quelques centimètres, souriant légèrement, et Adrien ne put résister à l'idée de fanfaronner encore un peu, tant qu'il était encore en état de réfléchir. Car à ce rythme, il n'avait aucun doute quant au fait que son cerveau serait rapidement incapable de servir à quoi que ce soit.

- « J'avoue que c'est un bien meilleur programme que des chatouilles, ma Lady », réussi-t-il à articuler péniblement.

La jeune fille leva les yeux au ciel.

- « Parle moins, embrasse-moi plus », murmura-t-elle avant de lâcher les poignets d'Adrien pour placer ses mains part et d'autre de sa tête.

Celui-ci ne se le fit pas dire deux fois. Les paroles de Marinette lui firent l'effet d'un électrochoc et ses mains bougèrent presque d'elles-mêmes pour se glisser l'une derrière sa nuque, l'autre dans son dos. La plaquant contre lui, il emprisonna ses lèvres avec les siennes, l'entrainant dans un baisé passionné.

Marinette lui répondit avec ferveur, pressant son corps contre le sien. La frustration qui l'avait tenaillée toute la journée semblait enfin partir, s'évaporant au fil des secondes qu'elle passait dans les bras de son partenaire. Elle se noyait dans les baisers d'Adrien jusqu'à en perdre la raison, l'embrassant avec une ardeur presque teintée de désespoir. Ce garçon s'était définitivement emparé de son cœur, de son âme, et elle se raccrochait à lui de toutes ses forces. Jamais elle n'aurait cru que ses sentiments puissent atteindre une telle intensité, c'était à la fois grisant et effrayant.

Adrien se sentait perdre le peu de maitrise de lui qu'il lui restait. Il ne s'écartait de la bouche de Marinette que pour faire courir ses lèvres le long de sa mâchoire, traçant une ligne brûlante de baisers, goûtant avidement à sa peau. Les mains de la jeune fille semblaient être animées d'une vie propre, se déplaçant de façon erratique le long de son visage, de sou cou, s'agrippant désespérément à ses épaules avant de s'égarer dans ses cheveux. Adrien devenait fou à ce contact, il avait l'impression que son épiderme était en feu partout là où Marinette le touchait.

Saisissant de nouveau le visage de Marinette entre ses doigts, il l'embrassa à pleine bouche, s'enivrant de ses baisers.

Ils étaient tellement absorbés par leur étreinte qu'ils en suffoquaient presque.

Haletante, Marinette recula légèrement le temps de reprendre son souffle. Elle pouvait sentir son sang battre dans ses tempes. Adrien semblait également au bord de l'asphyxie, sa respiration lourde se mêlait à la sienne tandis qu'ils tentaient tous les deux de reprendre la maitrise de leurs corps.

Leurs cœurs battant à tout rompre, ils se blottirent l'un contre l'autre, les baisers enflammés laissant place à de légères caresses tandis qu'ils retrouvaient peu à peu leurs esprits. Adrien laissait ses doigts courir dans les cheveux de sa partenaire, tandis que son autre main était indolemment posée sur sa taille. Marinette s'était pelotonnée à ses côtés, sa tête nichée dans le creux de son cou, profitant de la chaleur de son corps et écoutant avec fascination les battements de son cœur.



Ils repensaient à tout le chemin qu'ils avaient parcouru ces dernières semaines. Il y a quelques temps encore, leurs doubles vies étaient distinctement séparées. D'un côté il y avait Marinette et Adrien, de simples camarades de classes, qui s'entendaient bien en dépit du fait que Marinette avait toujours un peu de mal à formuler des phrases cohérentes en présence d'Adrien. De l'autre, Ladybug et Chat Noir, le duo de héros protecteurs de Paris, des partenaires qui avaient une confiance absolue l'un en l'autre mais qui ne connaissaient rien de leurs vies privées.

Et puis la découverte de leurs identités respectives était arrivée. La révélation les avait frappé de plein fouet comme une tempête, dévastant tout sur son passage, emportant leurs sentiments dans un tourbillon dont ils avaient bien cru ne pas pouvoir sortir indemnes. Mais quand le maelstrom d'émotions qui s'était déchainé sur eux s'était enfin apaisé, quand le calme était enfin revenu, tout leur était enfin apparu plus clairement.

Plus de questions sur ce qu'ils ressentaient, juste des certitudes. La conviction que s'ils s'aimaient déjà avant, ce n'était rien en comparaison de ce qu'ils ressentaient maintenant qu'ils avaient pleinement conscience de qui ils étaient l'un et l'autre. Et le fait qu'ils savaient qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre était réciproques avait encore exacerbé ces sentiments, à un point que c'en était à la fois exaltant et effrayant.

Ils ne savaient pas encore ce qui les attendrait en tant que Chat Noir et Ladybug à présent, il faudrait sûrement faire attention à dissimuler leurs marques d'affection quand ils seraient transformés. Ils ignoraient si Alya et son instinct de reporter ferait le lien entre leur couple fraichement formé et une évolution de la relation entre les deux super héros, mais autant limiter les risques autant que possible.

Mais à l'heure actuelle, leurs esprits étaient loin, très loin de ce genre de considérations. Ils auraient tout le temps d'y réfléchir plus tard.

Là, ils n'avaient pas envie de penser aux akumas, à leurs doubles vies, à leur mission.

Là, ils étaient juste deux adolescents tendrement pelotonnés l'un contre l'autre, échangeant caresses, baisers et douces paroles tandis que le reste du monde tournait sans eux, et tout était presque parfait.

Marinette se blottit un peu plus fort contre Adrien, une main posée sur son torse, sentant les puissants battements de son cœur sous ses doigts. A cet instant, elle ressentait un bonheur indescriptible. Elle avait l'impression d'être parfaitement à sa place en ce moment précis et jamais elle n'avait été aussi heureuse. Ses pensées vagabondèrent rapidement vers son partenaire tandis qu'elle le dévisageait avec tendresse.

Ce garçon avait définitivement volé son cœur. Elle avait d'abord été touchée par sa gentillesse, puis par son dévouement, sa loyauté, son courage... Elle aimait autant son côté sérieux que ses espiègleries, sa façon touchante de faire attention aux autres autant que ses sourires malicieux quand il prenait plaisir à la taquiner... La liste était sans fin.

L'affection qu'elle ressentait pour lui avait grandi au fil du temps, croissant encore et encore jusqu'à atteindre des proportions qu'elle n'aurait jamais imaginée, avant de parvenir à de nouveaux sommets encore quand elle avait découvert que les deux garçons de sa vie n'en faisaient en réalité qu'un. Il était son précieux partenaire, dont elle était tombée si profondément amoureuse qu'elle en avait presque le vertige.

Mais c'était une sensation grisante, qu'elle n'aurait voulu échanger pour rien au monde.

Adrien déposa un léger baiser sur la tempe de Marinette. Il avait encore du mal à se défaire de cette agréable impression qu'il était en train de vivre un rêve éveillé. La fille dont il était irrémédiablement amoureux était à ses côtés. Elle qui était si fascinante, si forte, si déterminée, si courageuse... Il avait tellement d'admiration pour elle, il était sûr qu'il aurait pu parler de ses qualités pendant des heures sans jamais se répéter. Il l'aimait pour ses imperfections aussi, ses maladresses, ses trous de mémoire, cette façon qu'elle avait de foncer tête baissée dans les ennuis... Tout ça la rendait parfaite à ses yeux.

Alors qu'il était perdu dans ses pensées, songeant avec tendresse à tout ce qu'il aimait chez Marinette, celle-ci tourna son visage vers lui. Ses joues étaient d'un rouge soutenu et ses yeux brillaient comme des étoiles, capturant instantanément toute son attention. Elle approcha son visage du sien et déposa un léger baiser sur ses lèvres, avant de lui murmurer au creux de l'oreille :

- « Je t'aime, mon chaton. »

Adrien mis une seconde à enregistrer l'information, puis il eut soudain l'impression qu'un feu d'artifice venait d'exploser dans sa poitrine, en une myriade d'étincelles de bonheur qui irradièrent dans tout son être.

Il sentit son pouls s'accélérer tandis qu'une vague de chaleur l'enveloppait comme un cocon. S'il avait cru qu'il n'était pas possible d'être encore plus heureux qu'il ne l'était quelques minutes auparavant, il était grand temps de réviser son jugement.

Il aurait voulu dire à Marinette à quel point ces mots comptaient pour lui, à quel point elle avait de l'importance à ces yeux, mais les mots se bloquèrent dans sa gorge. Alors, il la serra dans ses bras, fort, fort, plus fort encore, avant de l'embrasser, essayant de lui transmettre dans ce baiser tous les sentiments qu'il ressentait pour elle.

Quand il réussit enfin à retrouver l'usage de la parole, ce fut pour lui murmurer à son tour, avec un doux sourire :

- « Je t'aime aussi, ma Lady. »

Tout était parfait.




***     FIN    ***

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