Chapitre 5

Chat Noir sentit comme une étreinte glacée se saisir de son cœur. Sans perdre une seconde, il se précipita vers Ladybug. Il ne savait pas si c'était l'adrénaline qui courait toujours dans ses veines ou le choc à l'idée de la perdre, mais toujours est-il qu'il arriva sur elle à une vitesse dont il ne se serait jamais cru capable.

La saisissant par les poignets, il la tira vers lui avec l'énergie du désespoir.

Juste à temps.

Il bascula en arrière, entrainant Ladybug contre lui, tandis que l'onde de choc pulvérisait la corniche où elle se tenait une seconde plus tôt.

Allongé sur le dos, tremblant de tous ses membres, il serra de toutes ses forces sa partenaire entre ses bras, arrivant difficilement à réaliser qu'il avait bien réussi à l'atteindre à temps. Ladybug lui rendit son étreinte l'espace de quelques secondes, avant de se ressaisir et de se redresser légèrement.

Ses grands yeux bleus étaient encore écarquillés sous le choc et son visage était d'une pâleur frappante. De son côté Chat Noir était également livide d'inquiétude, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine.

Ladybug plongea son regard dans celui de son partenaire.

- « Merci, Chat Noir », réussit-elle à articuler d'une voix hachée, reconnaissante. « Ce n'est pas passé très loin cette fois-ci, si tu n'avais pas été là... »
Elle déglutit, ne réussissant pas à terminer sa phrase.

- « A ton service, ma Lady », répliqua-t-il.

Il essaya de lui adresser un sourire réconfortant mais il ne fut pas sûr d'y être arrivé. Il avait eu tellement peur pour elle ! Mais elle n'avait rien, se dit-il avec soulagement.

Elle n'avait rien.

Il prit une grande inspiration, essayant de retrouver son calme alors que Ladybug se remettait debout. Elle lui tendit la main pour l'aider à se redresser lui aussi, puis se retourna vers leur adversaire.

Mélodia avait profité de ce laps de temps pour tenter de les rejoindre, elle avait réussi à monter jusqu'à un toit voisin.

- « L'akuma est sûrement dans sa trompette », souffla Chat Noir à Ladybug, reprenant vite ses esprits malgré le choc. « Mais impossible de l'approcher comme ça, si on reste groupés va encore se faire avoir. »

- « Oui », approuva Ladybug, réfléchissant à toute vitesse. Elle était arrivée à une conclusion qui ne lui plaisait guère mais qui allait sûrement s'avérer inévitable. « Il faudrait qu'un de nous deux fasse diversion pour laisser à l'autre suffisamment de marge pour manœuvrer ».

Chat Noir n'hésita même pas une seconde. Il n'aimait pas plus cette idée qu'elle, mais après la frayeur qu'il venait d'avoir, hors de question pour lui de laisser Ladybug se mettre encore plus en danger.

- « Ok, je m'en charge ». « Ne t'inquiètes pas », reprit-il rapidement alors qu'elle ouvrait la bouche pour protester, « je ne me laisserai pas avoir. »

Il fonça vers Mélodia sans laisser à sa partenaire le temps de répondre. Leur adversaire se tourna immédiatement vers lui, soufflant dans sa trompette pour le repousser. Quelques minutes passèrent pendant lesquelles Chat Noir ne cessait de la harceler, essayant de l'atteindre avec son bâton et bondissant sans cesses pour esquiver ses attaques lorsqu'elle répliquait.

Pendant ce temps, Ladybug essaya de contourner leur adversaire, sautant de cheminée en cheminée, cherchant une ouverture. Il fallait faire vite, Chat Noir avait des réflexes inouïs mais il ne tiendrait pas le rythme longtemps, elle ne voulait pas courir le risque qu'il se fasse toucher. Mais Mélodia semblait avoir des yeux derrière la tête, elle se positionnait toujours de façon à être hors d'atteinte de Ladybug.

Soudain, la jeune héroïne entrevit une faille dans la garde de leur adversaire. Elle lança son yo-yo de toutes ses forces, visant les jambes de Mélodia. Celle-ci esquiva l'attaque au tout dernier moment, mais ce faisant, elle perdit l'équilibre et tomba lourdement sur les tuiles du toit.

- « Bien joué, ma Lady », s'exclama Chat Noir en sautant sur l'occasion pour activer son pouvoir, hurlant « Cataclysme ! »

Il se précipita vers la victime du Papillon, main tendue vers la trompette.

Hélas, celle-ci réussi à rouler sur elle-même à la dernière seconde, mettant le précieux instrument hors de portée. Elle se releva ensuite d'un geste fluide avant de souffler brièvement dans sa trompette, forçant Chat Noir à bondir en arrière, son pouvoir toujours activé.

Ladybug fit claquer sa langue, émettant un petit bruit de dépit. Ce n'était pas passé très loin cette fois. Le moment était venu d'utiliser son pouvoir elle aussi, ils n'arriveraient à rien s'ils continuaient comme ça.

- « Lucky Charm ! » s'exclama-t-elle, projetant son yo-yo dans les airs.

Quelque chose se matérialisa au milieu d'une nuée de lumières rouges avant de retomber dans les mains tendues de la jeune héroïne.

Un fruit en plastique.

Une poire, plus précisément, une poire rouge tachetée de points noirs. Ladybug fronça les sourcils, observant rapidement son environnement, son cerveau fonctionnant à toute vitesse alors qu'elle cherchait comment utiliser l'objet à son avantage. Une stratégie jaillit rapidement dans son esprit.

- « Chat Noir ! » hurla-t-elle. « Attire-la vers moi ! »

- « Heu, tu es sûre ? », lui lança son partenaire, en esquivant de justesse une nouvelle attaque de Mélodia.

- « Fais ce que je te dis, j'ai un plan ! »

Chat Noir marqua son approbation d'un signe de tête et commença à se déplacer rapidement vers elle, tout en prenant soin de continuer à provoquer leur adversaire pour que celle-ci continue à se focaliser sur lui. Tentatives d'attaque, phrases de défi, jeux de mots horripilants épuisant tout le champ lexical de la musique, il ne lui laissait pas une seconde de répit.

En un éclair, il atterri aux côtés de Ladybug.

Mélodia se rapprocha et pris une grande inspiration, s'apprêtant à souffler dans son instrument. Exactement au même moment, Ladybug arma son bras dans le plus pur style des joueurs de baseball et lança la poire, visant l'orifice de la trompette. Son tir fut d'une précision parfaite et le fruit boucha le pavillon de l'instrument, empêchant leur adversaire de libérer son attaque.

Avec un rugissement de rage, Mélodia recula un instant tout en essayant de dégager la poire.

- « Maintenant ! », hurla Ladybug.

Chat Noir ne se le fit pas dire deux fois. Il se rua à toute vitesse vers la malheureuse musicienne, fondant sur elle en une fraction de seconde. Il leva sa main et l'abattit sur la trompette, son pouvoir désintégrant l'objet en un instant.

Un akuma tenta de s'en échapper, mais Ladybug le captura instantanément, tandis que la musicienne se retrouvait délivrée de l'emprise du Papillon. Reprenant ses esprits, la malheureuse victime regarda les deux héros avec effarement. Elle poussa un glapissement de surprise quand Ladybug utilisa une dernière fois son pouvoir pour réparer les dégâts causés par la bataille, avant de s'enfuir vers une issue de secours qui se trouvait à proximité pour descendre du toit.

Enfin, c'était fini.




- « Bien joué ! », se félicitèrent-ils, reprenant lentement leur souffle.

Une fois de plus, ils avaient réussi à déjouer les plans machiavéliques du Papillon, mais le combat avait été éprouvant.

Chat Noir regarda Ladybug. Elle prenait de grandes inspirations pour retrouver son calme, la tension de la bataille quittant peu à peu son visage. Ses grands yeux bleus cherchèrent les siens, comme pour s'assurer qu'il allait bien lui aussi, avant de lui adresser un sourire réconfortant.

Elle avait failli être grièvement blessée, voire pire, et elle avait encore la force de se préoccuper de lui. C'était typique de Ladybug, se dit-il. Toujours à penser aux autres avant elle-même. Elle était si belle, si forte, si généreuse, elle était le centre de son univers. Chat Noir n'osait penser à ce qui se serait passé s'il l'avait perdue.

Son cœur battait à tout rompre, comme s'il voulait sortir de sa poitrine. Tout Paris devait sûrement l'entendre.

Ne semblant pas remarquer son trouble, sa partenaire laissa son regard courir sur la ville avant de se tourner à nouveau vers lui pour lui adresser sourire encore plus large que le précédent. Chat Noir sentit un frisson lui parcourir l'échine. Elle n'avait décidément aucune idée de dans quel état ses sourires le mettait.

Il fallait qu'il fasse quelque chose.

Il avait à la fois envie de s'enfuir et de se jeter dans ses bras.

Clairement, aucune des deux options n'était envisageable.

Respirant un grand coup, Chat Noir rassembla son courage. Il se rapprocha lentement. Puis, se penchant en avant, il prit délicatement la main de Ladybug dans la sienne et la porta à ses lèvres pour y déposer un léger baiser. Il s'attendait à une gentille rebuffade de la part de sa partenaire, à une petite tape sur la tête ou une pichenette sur le nez, à ce qu'au moins elle retire sa main... A tout, sauf à ce sourire plein de tendresse qu'elle lui adressa, les joues rougissantes. Y croyant à peine, Chat Noir serra un peu plus fort la main de Ladybug, sans oser pour autant aller jusqu'à essayer d'entrelacer ses doigts entre les siens, pas encore...

Il se redressa.

- « Ma Lady... », commença-t-il, essayant de maîtriser le tremblement de sa voix.

Un cri l'interrompit, les faisant tous les deux sursauter, brisant le charme. Ladybug retira vivement sa main.

- « LADYBUUUUG !! »

Alya surgit de la cage d'escalier. Heureusement pour les deux héros, elle avait raté de justesse la scène qui venait de se produire, mais le timing était quand même loin d'être le meilleur qui soit.

Retenant un grognement de frustration, Chat Noir se tourna vers l'apprentie journaliste, essayant de faire bonne figure.

Pourquoi ? Pourquoi maintenant ?

Alors qu'il avait enfin trouvé le courage de faire de nouveau un pas vers Ladybug.

Il avait envie de hurler.

Il observa Ladybug alors qu'elle se tournait vers Alya pour lui parler. Il pouvait voir à la tension de ses épaules qu'elle était probablement aussi contrariée que lui de l'interruption, mais il n'y avait rien qu'il puisse faire. Il entendait Alya leur poser une foule de questions, sans réellement écouter ce qu'elle disait.

Soudain, le miraculous de Chat Noir se mit à biper, indiquant que sa détransformation était imminente. Trop absorbé par son combat, il n'avait pas remarqué les alertes précédentes et il ne restait à présent qu'un seul coussinet sur sa bague.

Ladybug croisa son regard. Avec Alya dans les parages, ils savaient tous les deux que Chat Noir allait devoir s'éclipser rapidement pour pouvoir redevenir Adrien en toute discrétion. De son côté, Ladybug avait encore un peu de temps.

- « Et bien, on dirait que je vais devoir y aller », déclara Chat Noir à la blogueuse.

- « Oui, moi aussi », enchaîna sa partenaire, essayant de profiter de l'occasion pour partir elle aussi. « Alors, au rev... »

- « Oh non, attend, Ladybug ! », la coupa Alya sans même la laisser terminer sa phrase, « J'ai encore tellement de choses à te demander », poursuivi-t-elle avant d'enchaîner sur toute une liste de questions.

Elle avait l'air tellement enthousiaste, ses yeux brillaient d'excitation à l'idée de pouvoir interviewer son idole. Ladybug poussa un petit soupir intérieur, elle n'avait pas le cœur à décevoir son amie. Elle fit un petit signe contrit de la main à Chat Noir, il allait devoir partir seul.

Son partenaire, comprenant la signification de son geste, se fendit d'une gracieuse courbette pour saluer les deux jeunes filles, avant de bondir hors de leur vue.  

Il aurait bien l'occasion de lui reparler plus tard, soupira-t-il, ravalant sa déception.




Ladybug suivi son partenaire du regard, le regardant disparaître entre les toits de Paris.

Il lui fallut toute la volonté du monde pour reporter son attention vers Alya. Elle se sentait tellement fébrile que ça lui demandait un effort surhumain pour paraître calme tandis qu'elle répondait aux questions de son amie.

Ses joues étaient sûrement plus rouges que jamais, elle était contente de porter un masque mais elle était certaine que ça ne devait être suffisant pour dissimuler les couleurs qu'avait pris son visage. Heureusement, Alya ne sembla pas s'en formaliser, mettant probablement cette rougeur sur le compte de l'effort qu'avait dû fournir l'héroïne lors de son combat contre Mélodia.

Mais Ladybug savait qu'il n'en était rien.

Chat Noir.

C'était à cause de Chat Noir.

Continuant de parler à Alya en affichant un calme olympien qu'elle était très loin de ressentir, elle chercha le moyen le plus diplomatique possible pour mettre fin à l'interview. Elle trépignait d'impatience, elle était incapable de se concentrer sur quoi que ce soit, et elle avait beau adorer son amie, elle avait envie d'être n'importe où sauf ici à l'heure actuelle.

Heureusement, un léger bip en provenance de ses boucles d'oreilles lui fournit le parfait prétexte pour s'éclipser et mettre ainsi fin à son supplice. Saluant Alya, elle lança son yo-yo dans les airs, filant entre les toits de Paris pour finalement atterrir sur la terrasse de la boulangerie de ses parents.

Elle se laissa glisser par la trappe et se détransforma dès que ses pieds touchèrent le sol de sa chambre.

Marinette se laissa tomber à plat dos sur son lit, les joues brûlantes, essayant d'assimiler ce qui venait de se passer.

Essayant de comprendre.

Elle se repassait la scène en boucle dans sa tête.

Chat Noir avait déjà pris sa main dans la sienne à de multiples reprises, mais là c'était clairement différent de tout ce qui avait pu se produire auparavant. L'émotion dans sa voix, la façon dont il avait serré ses doigts entre les siens, la manière dont il l'avait regardée, comme si elle était la personne la plus importante au monde...

Marinette rougit de plus belle à ce souvenir, le cœur battant à tout rompre.

Elle se demandait ce qui se serait passé si Alya n'était pas arrivée. Injustement, elle en voulait un peu à son amie, même si celle-ci n'avait aucun moyen de savoir ce qui était en train de se passer quand elle était montée sur le toit.

Qu'est-ce que Chat Noir aurait fait s'ils n'avaient pas été interrompus ?

Est-ce qu'il aurait serré sa main encore plus fort dans la sienne, est-ce qu'il se serait rapproché, est-ce qu'il aurait murmuré doucement son nom à son oreille, avant d'effleurer sa joue de ses doigts ?

Est-ce qu'il l'aurait embrassée ?

Les joues de Marinette s'embrasèrent à cette simple idée. Son cœur battait tellement fort qu'elle avait l'impression qu'il allait sortir de sa poitrine, elle en avait presque la tête qui tournait.

Elle voulait savoir.

Elle songea brièvement à toutes ces fois où elle avait voulu parler à Adrien sans finalement réussir à lui déclarer ses sentiments. Elle avait toujours échoué ou paniqué à la dernière minute, mais là c'était différent. Il avait pris une telle importance dans sa vie, elle ne voulait plus fuir.

Plongeant la main dans son sac, elle sortit son téléphone, s'arrêtant sur le numéro d'Adrien. Elle tourna et retourna l'appareil entre ses doigts, ne sachant que faire. 

Elle ne se faisait pas d'idées, elle en était sûre.

Chat Noir était toujours amoureux d'elle.

Adrien était toujours amoureux d'elle.

Il fallait qu'elle sache.




Adrien avait également regagné sa propre chambre, en proie à une confusion extrême. Il n'avait aucune idée de comment il était revenu chez lui, il avait fait tout le chemin machinalement, dans un état second.

Il avait du mal à croire à ce qui venait de se passer, c'était presque irréel.

Marinette ne l'avait pas repoussé, au contraire.

Elle n'avait pas retiré sa main de la sienne, et il revoyait encore le rouge qui avait délicatement coloré ses joues quand il s'était approché d'elle.

Un sourire extatique se dessina sur son visage.

Etait-ce possible ? La fille de ses rêves semblait partager ses sentiments, il osait à peine y croire.

Il en avait presque le souffle coupé, son cœur battait à tout rompre. Il se mit à faire les cents pas à travers sa chambre, essayant de se calmer, mais il était dans un état d'excitation tel qu'il sentait bien qu'il aurait du mal à retrouver sa tranquillité.

Son esprit n'arrivait pas à se détacher de Marinette.

Et Alya ! Elle n'aurait pas pu trouver un plus mauvais moment pour apparaître, repensa-t-il avec un grognement de frustration. Qui sait-ce qui aurait pu se passer si elle n'était pas intervenue ?

Il aurait peut-être enfin réussit à parler à Marinette des sentiments qu'il éprouvait pour elle.

Il revoyait encore comment ses immenses yeux bleus s'étaient rivés aux siens quand il s'était redressé vers elle, comment ses lèvres s'étaient incurvées en un si doux sourire...

Ses lèvres...

Adrien se mordit l'intérieur de sa joue, essayant de garder son sang-froid. Il voulait la voir. Il devait la voir. Il ne tiendrait jamais jusqu'au lendemain sans lui parler, il deviendrait fou bien avant.

Son téléphone sonna soudain, le faisant sursauter.

Il l'attrapa et lu rapidement le message qui venait d'arriver. Il eut brusquement l'impression de frôler la crise cardiaque tellement les battements de son cœur s'emballèrent au fur et à mesure que son cerveau enregistrait ce qu'il était en train de lire.

Marinette.

Marinette lui proposait qu'ils se voient chez elle.

Aujourd'hui. Même dès maintenant, s'il voulait.

Il n'hésita même pas une seconde.




Marinette marchait de long en large dans sa chambre, se tordant les mains d'appréhension. Elle ne savait pas si ça avait été la meilleure impulsion de sa vie ou si elle fonçait tête baissée dans un désastre, mais elle avait envoyé un message d'invitation à Adrien sans se laisser le temps de réfléchir aux conséquences, de peur de changer d'avis.

Et il lui avait envoyé une réponse positive, il serait bientôt là.

Elle n'aurait jamais cru qu'il était possible autant d'émotions en même temps. Elle était à la fois stressée, heureuse, impatiente qu'il arrive, anxieuse, excitée... Elle avait l'impression que sa tête allait exploser, elle se sentait presque fiévreuse. Mais plus que tout, elle voulait le voir.

Soudain, quelqu'un frappa à la porte de sa chambre, la faisant violemment sursauter. Elle blêmit, puis rougit tout aussi rapidement.

Adrien était là.

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