Partie 18 - Les schizophrènes


Même si le mois de janvier touche déjà presque à sa fin et qu'il n'y a pas eu cette année encore et en tout cas pour l'instant, de véritable froid ni de neige, voici cependant l'hiver venu depuis un bon mois, au sens du calendrier s'entend.

En partant au boulot chaque matin avec ma petite 125 MSX (sauf en cas de verglas avéré ou de neige car je ne suis tout de même pas candidat au suicide, mais comme je l'ai dit, il n'y a quasiment rien eu cette année), je ne croise guère sur le trajet, tout au plus, qu'une ou deux 125 de loin en loin ainsi que quelques courageux scootéristes chaudement habillés, le tablier de protection soigneusement rabattu sur les jambes.

C'est que le temps des frimas est celui où les kékés, les Valentinos Rossi, les barjots et autres bikers, spécimens dont j'ai parlé dans de précédents chapitres, ont planqué leurs engins bien au chaud dans leur garage.

Même le samedi ou le dimanche matin, lorsque je profite de la moindre éclaircie pour sortir un peu faire tourner mes autres bécanes, histoire de ne pas laisser se vider les batteries, personne, nobody, nada !

What the fuck ? J'ai beau scruter partout, la main en visière au dessus des yeux à la manière d'un sioux : la gent motarde est curieusement absente du trafic.

C'est que, dame, on a froid aux cacahuètes hein, les gars !


A coup sûr, il ont troqué leur chère bécane contre une bonne vieille caisse avec quatre roues, la même qu'ils critiquent et contre laquelle ils vitupèrent pendant tout ce que l'année compte de beaux jours chauds.

A moins qu'ils ne se planquent comme des péteux dans le tram ou le bus...


Moi, remarquez, ce que j'en dis... Chacun fait comme il veut.

Ah, mais n'ayez pas peur, dès le mois de mars revenu, avec ses premiers rayons de soleil, vous allez les revoir tous, faisant ronfler les pots d'échappement adaptables, sur des bécanes rutilantes.


Et là, ils « oublieront » de répondre au salut de ceux qui, selon l'idée que ces pignoufs se font de la moto, ne font pas partie de leur caste. Entendez par là ceux qui roulent en 125 ou en scooter.

Mais qui, en tout cas pour certains d'entre eux dont je me targue de faire partie à bientôt 58 balais, ont roulé tout l'hiver.


Je me demande si je n'ai pas oublié une catégorie dans mes portraits de motards : le schizophrène.


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top