22. Le Rôdeur

DIANE

La cacophonie de la taverne embrouillait mon esprit déjà émoussé par l'alcool. Les rires gras se mêlaient au bruit sourd des chopes s'entrechoquant, pendant que des chansons paillardes égaillaient le tout.

Je fis lentement tourner le gobelet de chêne entre mes doigts, pensive. À priori, ce n'était pas l'endroit le plus adapté à une personne comme moi -timide, prude et femelle.

En soupirant, je m'appuyai sur le dossier de la chaise crasseuse, étirant mes muscles endoloris. La transformation avait doublé le volume de ma masse musculaire, et je ne m'en plaignais pas vraiment. Cela me rendait... Plus confiante, plus sûre de moi.

J'adressai un regard curieux à Jack, qui discutait joyeusement avec Al', le bariste. Il semblait à son aise dans cette taverne mal fréquentée, ses yeux azur brillant d'enthousiasme. Le mâle éclata soudain de rire, un sourire aveuglant aux lèvres. Je me replongeai aussitôt dans ma chope, honteuse. Comment pouvais-je penser à un mâle de cette manière ? Luna avait raison, j'étais bien trop gentille et influençable.

J'avalai une gorgée du liquide brûlant en grimaçant. Cette chose était étrangement réconfortante mais d'une façon désagréable. Je comprenais pourquoi les mâles semblaient s'y noyer d'un air mélancolique.

Quand est-ce que le Rôdeur arrivera, par l'Arbre père ? Je n'en peux plus.

Brusquement, j'abattis ma chope sur le table en chêne, perdant ma patience légendaire. Jack me lança un regard surpris, et je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel. Les mâles n'étaient vraiment pas des lumières.

- Dites sergeant, quand est-ce que votre ami nous honorera de sa présence ? À moins que vous n'ayez décidé de me saouler avant.

L'alcool me donnait une audace que je ne possédais pas d'ordinaire, une sorte de chaleur me poussant à exprimer mon opinion plus franchement que je ne l'aurais voulu.

Jack haussa un sourcil.

- Les Rôdeurs ne sont pas connus pour leur ponctualité, me lança-t-il d'un ton enjoué. Mais je vois que quelques "océans" vous ont profité... Content de voir que vous appréciez cette taverne. Je doute que cela soit dans vos habitudes.

Je rougis un peu, sans savoir s'il s'agissait de la boisson ou du sourire du blond devant moi.

- En effet. La Tête d'or est vulgaire, sale et plutôt mal fréquentée. Un tel lieu de débauche ne saurait exister à Crépuscule. Toutefois...

Je me laissai envahir par le vacarme chaleureux de la taverne, un léger sourire au lèvres.

- Je l'apprécie.

Jack rit, l'air malicieux.

- Je le savais. Ton côté sombre, hein ?

Dans la pénombre de la pièce, les cheveux blonds du mâle reluisaient d'un éclat doux, auréolant le visage juvénile d'une lueur dorée.

Je ne répondis pas, et baissai le regard sur les méandres azurés de ma boisson.

- Salut blondie...

Je sursautai. Un étrange personnage se tenait devant Jack, un sourire goguenard aux lèvres. L'inconnu posa ensuite son regard froid sur moi, observant mes mèches claires.

- Oh, vous vous déplacez par groupes?

- Ravi de te revoir Soren, déclara Jack d'un air tendu. Je te présente mon cousin Orion.

Sans daigner répondre, le Rôdeur traîna une chaise et s'affaissa à notre table, impassible.

Tout en lui semblait banal, et pourtant un certain mystère se dégageait de sa personne. Enfoncés et vifs, ses yeux noisettes respiraient la ruse et l'expérience, parcourant la salle attentivement. Son visage n'avait pas d'âge. Tannée par le soleil, sa peau ne portait aucune ride, mais sa chevelure brune semblait parsemée de quelques fils d'argent. Sa longue cape de voyage était d'une étrange couleur grise, comme si la teinture avait été faite en superposant plusieurs couches de poussière.

D'un geste nonchalant, il posa ses bottes poussiéreuses sur la table et s'appuya sur le dossier de la chaise.

- Fais vite blondie, je n'ai pas tout mon temps. Que veux-tu savoir ?

Jack se pencha lentement vers Soren et déclara d'une voix basse:

- Durant ton voyage à travers les terres obscures, as-tu entendu parler... D'artéfacts ?

Son dernier mot n'était qu'un murmure nerveux, un soupir d'angoisse qui fut avalé par la cacophonie ambiante.

Le Rôdeur fit mine de se lever, une moue soucieuse aux lèvres.

- Je suis désolé messieurs, de m'avoir pas pu vous aider. Vous trouverez sans doute quelqu'un de plus qualifié qui...

Impassible, Jack lança une bourse bien remplie sur la table. Le tintement des pièces d'or fit taire le Rôdeur, tandis qu'une lueur cupide s'allumait dans son regard.

Je levai les yeux au ciel.

Aarmeer, le repaire des honnêtes gens.

- Eh bien, tout cela est bien plus raisonnable, déclara-t-il en empochant l'argent.

Jack soupira.

- Bien. Maintenant, réponds à ma question.

Le Rôdeur se pencha vers nous.

- Eh bien... En passant dans les alentours de la forêt d'Onyx, il se peut que j'aie entendu quelque chose...

Nous attendions avec impatience qu'il continue, mais il n'en fit rien. Il se contenta d'observer ses ongles d'un air atrocement supérieur.

- Je veux plus.

J'écarquillai les yeux devant son culot. Jack venait de lui donner l'équivalent de la paie annuelle d'un soldat simple !

Le blond se redressa avec froideur.

- Très bien. Al' ?

Le géant s'approcha d'un pas lent, un air menaçant sur le visage.

- Oui, lieutenant ?

- Pourrais-tu accompagner cet homme dans les geôles d'Aarmeeer ? Je suis sûr que le général Ark viendra lui rendre une petite visite...

Le Rôdeur pâlit. Apparemment, la sombre renommée du mâle avait dépassé les confins du camp.

- Très bien. Rappelle ton gorille blondie.

D'un geste de la main, Jack congédia Al', qui n'avait pas vraiment apprécié son nouveau surnom.

En soupirant, le Rôdeur enleva ses pieds de la table et nous regarda plus sérieusement.

- Cet automne, je passais à travers les terres obscures. L'Ombre commence à réunir ses forces, et la région est envahie par ses monstres. Tous les habitants - humains j'entends - ont fui, et les restes de leurs habitations jonchent le sol, calcinés par l'armée noire. On dit que dans la forêt d'Onyx, l'Ombre a une forteresse, couleur de nuit, protégée par tant de sortilèges qu'il est impossible de s'en approcher. On dit même que l'Ombre est immortelle, et que personne n'a vu son visage. J'ai dû m'arrêter dans une taverne pour y passer la nuit. Voyez, j'étais peu enthousiaste à l'idée d'un séjour dans la forêt. Par prudence, je me suis mis dans le coin plus sombre de la salle, et je me suis fait oublier... C'est ma spécialité.

Le Rôdeur nous adressa un sourire roublard avant de poursuivre.

- Bien, j'étais en train de boire un réconfortant, quand deux de ces sympathiques créatures à longues dents sont entrées dans la taverne. Pas le plus discrètement possible d'ailleurs. Bref, ils se sont assis à la table et on commencé à discuter dans leur langue musicale et douce à l'oreille. Sans me remarquer, évidemment. Il faut savoir que je connais quelques rudiments de cette langue, et j'ai saisi quelques bribes de leur conversation. Ils ont parlé du danger d'une prophétie, avant de passer à un certain... Artéfact. Apparemment, l'Ombre garde Dùath, l'artéfact de l'obscurité, dans le couvent des prêtres ténébreux, et qu'il s'en servirait même pour enchanter sa forteresse... Qu'il en tirerait sa force magique.

Le Rôdeur se leva, l'air fier de lui.

- Bien, je m'en vais. Bonne chance !

Il posa son regard noisette sur moi et esquissa une révérence moqueuse.

- Bonsoir mademoiselle...

Soren me fit un clin d'œil malicieux et quitta la pièce avant que je ne réagisse.

Je regardai Jack d'un air choqué.

- Quoi ? Comment...

Il haussa les épaules.

- Soren est particulièrement rusé et observateur. Il sait tellement de choses qu'il n'est pas censé connaître que j'ai cessé de m'en étonner.

Jack jeta un regard au ciel crépusculaire.

- Il est temps d'y aller... À la prochaine Al'

- Toujours un plaisir petit !

Et je fus entraînée hors de la taverne, dans l'éclat carmin du Crépuscule.

***

AVA

La mer s'écrasait contre les falaises d'ivoire, créant une symphonie apaisante, qui se répercutait dans l'étendue désolée. À chacun de mes pas, le crissement du sable sous mes semelles brisait l'étrange silence de la plage déserte.

Je laissai mon regard se perdre dans l'étendue turquoise qui frémissait doucement, ornée ça et là d'écume nacrée.

Seul le souffle rythmé de mon binôme scandait notre marche, se mêlant aux effluves iodées de l'océan. Je tournai légèrement la tête pour l'observer. Il marchait, les mains dans les poches, comme insouciant du monde extérieur. Tous ses vêtements se gonflaient dans la brise marine, ce qui me fit penser à une grande voile sombre, malmenée par l'océan. Son visage pensif était obstrué par des boucles de jais, qui tressautaient au rythme de ses pas.

Je l'observais de manière indifférente, presque clinique. Je n'en pouvais plus. Je n'arrivais plus à feindre une insouciance qui n'était pas la mienne, un désir qui m'était étranger, des relations charnelles qui me laissaient toujours plus seule qu'auparavant. Il était temps de faire cesser tout cela.

Cela faisait une heure que nous marchions en direction du village des pêcheurs, et même mon corps masculin commençait à crier grâce. Je n'aurais jamais cru que marcher dans le sable fut si fatiguant. À chacun de mes pas, il fallait extirper mes bottes de la dune et m'y enfoncer de nouveau, sans une seconde de répit.

- Nous y voilà.

La voix grave d'Herran brisa le lourd silence, et il indiqua d'un geste las le "village".

Il s'agissait d'un regroupement de bicoques tordues et amassées les unes sur les autres, arborant des couleurs criardes qui juraient joyeusement ensemble. Une fumée grasse s'échappait de plusieurs foyers, sans doute due à la production de poisson fumé, et noyait le village dans une brume épaisse.

Une odeur de poisson avarié agressa soudain mes narines. Je plissai le nez, retins ma respiration et suivis de mauvaise grâce Herran vers l'avenant hameau.

***

- Il est bon, mon poisson, il est bon!

- Ah oui ? Il me semblait peu frais la dernière fois !

- Oh vous, occupez-vous de votre saumon avarié hein !

Le vacarme du marché était incroyable. Je me sentais agressée par les odeurs et le bruit à la fois, sonnée par l'intensité de l'attaque sensorielle. Bousculée de tous côtés, je me raccrochai à la tunique d'Herran pour ne pas le perdre dans la foule.

Je me rendis vite compte que les pêcheurs n'avaient rien à voir avec les mâles d'Aarmeer. Ces derniers étaient militaires, rasés de près et soignés jusqu'au bout des ongles. Ils semblaient presque aristocratiques devant ces pauvres gens, manifestement simples et illettrés. Les villageois étaient tous recouverts d'une couche grasse et sombre, due à la fumée omniprésente, qui noircissait leurs visages déjà hâlés par l'océan. Leurs corps rougeauds ne formaient plus qu'une masse maleodorante et graisseuse, d'une bestialité écoeurante. Des petits garçons vêtus de haillons se précipitaient dans la foule, tenant entre les dents des lambeaux de poisson fumé qu'ils venaient sans doute de voler.

Malgré mon dégoût, un élan de pitié m'envahit. Comment Aarmeer pouvait-il laisser ces pauvres hères dans cette misère ? Comment cet enfoiré de général pouvait-il avoir la conscience tranquille ?

Je jetai un regard horrifié à Herran, qui m'ignora. Évidemment, lui était au courant.

Luna avait beaucoup de défauts, mais elle n'aurait jamais laisser personne vivre dans cette situation. Elle suivait un code moral, malgré son insupportable complexe de supériorité.

- Par ici.

Herran me désigna une hutte crasseuse à l'écart du village. De forme conique, elle semblait constituée de peaux de bêtes variées, assemblées de façon hétéroclite et peu esthétique. En me rapprochant, je remarquai des bouts de chair putride qui étaient restés collées aux fourrures des victimes.

Eurk.

Herran, apparemment indifférent à la saleté de la tente, en écarta les pans et entra.

J'hésitais. J'étais très pointilleuse sur la propreté et jamais je n'avais été autant répugnée. Mon corps semblait parcouru d'un intense frissonnement de dégoût. Je n'avais qu'une envie : me trouver de nouveau dans l'officine de Crépuscule, dans les senteurs fraîches et musquées des herbes médicinales.

Je pris une grande inspiration et j'entrai dans mon pire cauchemar.

***

Il faisait sombre. La seule source de lumière provenait de l'embrasure de la "porte", perçant l'obscurité de fins rayons lumineux. Prudemment, je m'avançai, m'attendant au pire. La pièce semblait plutôt bien tenue par rapport à l'extérieur, et, à mon grand soulagement, aucune odeur nauséabonde ne flottait dans l'air. Soudain, je butai contre quelque chose de chaud.

Retenant un hurlement, j'essayai de découvrir la menace potentielle.

Devant moi se tenait un adorable chiot brun qui me fixait de ses grands yeux larmoyants.

Oh.

Je ne pus m'empêcher de fondre, et sans trop savoir comment, je commençai à murmurer des idioties au chiot tout en le caressant.

- Je vois que vous avez fait connaissance avec Sirius.

Je sursautai.

Un vieil homme m'observait avec bienveillance, ses yeux verts brillants d'amusement. Derrière lui, Herran ricanait ouvertement.

Je me relevai immédiatement et toussotai pour me redonner contenance.

- Enchanté, Monsieur... ?

Le vieil homme eut un sourire fugace.

- Il y a bien longtemps que personne ne m'appelle monsieur. Je suis Trouvetout.

- Trouvetout ?

- Du moins, on aime me nommer ainsi. Enchanté, jeune homme. Quel est votre nom ?

- Je... Euh...

Je me sentis rougir sous le regard inquisiteur du vieux.

- Tr... Tristan.

- Eh bien, Tristan, pouvez vous m'expliquer la raison de votre visite ?

Herran s'avança avant que je ne puisse ouvrir la bouche.

- Je vais m'en occuper. Nous sommes venus te voir pour quelques informations, des nouvelles venues de la mer.

Trouvetout acquiesça lentement, tout en effleurant sa barbe d'un air pensif.

- Je vois. Venez, asseyez-vous.

Nous nous affalâmes sur des chaises d'osier, soupirant de soulagement.

- Bien. Comme vous le savez, mon métier est de ramasser les objets que rejette la mer pour les revendre à un prix raisonnable. Vous seriez surpris du nombre de ces reliques marines...

Il indiqua d'un geste vague la pièce et j'ecarquillai les yeux.

La tente était littéralement remplie de ces objets, qui recouvraient les murs et même le sol d'une couche d'un matériau inconnu. Tout semblait constitué de cette chose: chaque petite sculpture, bouteille ou bijou brillait de la même lueur verdâtre.

- Je ramasse la matière première, puis je la modèle en un objet utile. Les gens en raffolent, et il y en a en quantité. Les plages en sont jonchées. C'est probablement un cadeau des anciens: à mon avis, ils en produisaient tellement qu'il en reste un nombre incroyable encore aujourd'hui.

Herran eut un geste impatient.

- Oui, oui, nous le savons. Ne t'attardes pas sur les détails. Y-a-t-il eu quelque chose d'anormal ?

Trouvetout baissa sensiblement la voix, si bien que ce ne fut qu'un murmure qui passa la barrière de ses lèvres.

- J'ai trouvé un objet appartenant au peuple de la mer.

Herran éclata d'un rire incrédule.

- Allons, allons pas de contes pour enfants veux-tu ? Ce n'est qu'une vieille légende.

Aussitôt, la curiosité m'envahit.

- Raconte-moi, Trouvetout. Quelle est cette légende ?

Le vieillard m'adressa un regard surpris.

- Tu n'es pas d'ici, hein ?

Je secouai la tête, tout en fixant ses prunelles couleur océan.

Trouvetout commença alors à raconter, de sa voix rauque et sereine, la légende du peuple de la mer.

- On raconte qu'il y a très longtemps, à l'époque où femmes et hommes vivaient ensemble et les anciens étaient encore de ce monde, un peuple habitait sur ces falaises. Pacifiques, ils vivaient tranquillement, en se nourrissant de leur pêche. Un jour, une guerre terrible éclata. Le monde était jonché de cadavres comme une plage l'est de sable. Les anciens se déchiraient, guidés par leur avarice et leur égoïsme. Une partie de ce peuple décida alors de quitter le monde connu, de fuir la violence de leurs semblables. Ils se lancèrent dans l'inconnu, guidés par leur seule foi, un idéalisme pur et pacifique. Depuis, personne ne sait ce qui leur est arrivé. Mais on raconte qu'ils ont construit une glorieuse civilisation, une véritable nation à la surface de l'eau. De temps en temps, la mer rejette des objets qui leur appartiennent, comme un faible écho d'un monde insaisissable.

- Comme tu peux le voir, un vrai ramassis de sottises, déclara Herran.

Sans rien dire, Trouvetout se leva. Je suivis le vieillard du regard pendant qu'il sautillait agilement entre les petites sculptures qui jonchaient le sol. Il s'arrêta devant une étrange armoire verdâtre, ouvrit le premier tiroir d'un geste rapide et saisit quelque chose de brillant d'une main leste. Trouvetout revint en claudiquant vers nous, serrant d'un poing ferme sa trouvaille.

Lentement, il ouvrit la main. Là, scintillant de mille feux sur sa paume fripée, reposait un incroyable joyau. Jade et argent se mêlaient en un pendentif finement ciselé, comme sculpté par les marées. Ce bijou semblait capturer les infinies nuances de l'océan, chaque infime variation de couleur dans l'onde d'azur, chaque tonalité irisée de l'écume marine.

Je ne pouvais détacher mon regard de tant de beauté. Le joyau nous avait ensorcelés, plongeant la tente dans un silence admiratif.

Après plusieurs instants d'émerveillement, je me décidai à parler.

- Vous pensez que cela appartient réellement au peuple de la mer ?

Trouvetout me fixa d'un air pensif.

- Avez-vous déjà vu tant de beauté dans un objet terrestre ? Avez-vous déjà remarqué un tel enchantement dans notre monde ? Non, cette merveille ne peut que leur appartenir.

Il déposa avec précaution le collier sur la table basse, comme s'il avait peur de le briser d'un geste trop brusque.

- Combien en voulez-vous ?

La voix rauque d'Herran brisa le charme.

- La réelle question, jeune homme, souffla le vieillard, est en êtes vous dignes ?

Sans réfléchir, je me levai et regardai Trouvetout droit dans les yeux.

- Nous tâcherons de l'être. Je le jure sur mon honneur.

Il se leva également et m'adressa un sourire malicieux, presque enfantin.

- Je vous fais confiance Tristan. Ce n'est pas votre vrai nom, n'est ce pas ?

J'acquiescai avec lenteur.

- Je l'avais deviné, sourit-il. Soyez prudents jeunes gens, cet objet a sans doute une valeur inestimable et, qui sait ? Il vous sera peut être utile...

Trouvetout eut un sourire énigmatique et me passa le collier au cou. La pierre était froide contre la chaleur de ma peau, me faisant violemment frissonner. Cette chose était puissante.

- Bien ! Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter bonne chance...

Nous remerciâmes Trouvetout d'un signe de tête et tournâmes les talons.

Les rues du hameau étaient déjà sombres, vidées du chaos de la journée. Nous marchions côte à côte dans les ténèbres, tuniques gonflées par la brise marine, chaussures remplies de sable fin.

Dans l'obscurité, je sentais le souffle chaud d'Herran sur ma nuque. Je pouvais presque percevoir son regard lascif qui me brûlait le dos, ses yeux s'assombrissant de désir. Je haïssais cette attention, j'éxécrais la sensation de n'être plus qu'un jouet de grande comédie qu'est la séduction. Pour moi, ce n'était simplement qu'une question de contrôle, de pouvoir. Je n'avais jamais réellement désiré un homme, j'avais juste vu l'utilité d'en séduire un. Ark n'avait été qu'un pion parmi bien d'autres...

Toutefois, ce soir, malmenée par les bourrasques nocturnes, perdue dans une terre inconnue, la fraîcheur du pendentif me brûlant la peau, je me sentais finalement libre.

J'adressai un sourire pensif à l'étendue ténébreuse de l'océan, qui semblait susurrer une mélodie oubliée à l'oreille des mortels.

Quelque chose est sur le point de commencer...

***
Alors... Est-ce que vous détestez toujours passionnément Ava ? Ou vous commencez à la comprendre... Ce personnage va avoir un gros rôle à jouer, et la rousse n'est pas simple psychologiquement ;)

FINALEMENT, j'ai fini les PDV multiples. Ouf , je commençais à souffrir. Je serais curieuse de connaître vos personnages préférés (à part Ark et Luna) dans quelle team êtes- vous?

Et au prochain chapitre, l'aventure commence....

Votre enthousiaste,

Nocturnale ;)

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