[22] juillet - loup-garous
« Je pèse 66 kilos de peau pâle et d'os fragiles, d'accord ? Le sarcasme est ma seule défense. » — Stiles Stilinski, in Teen Wolf
La nuit était déjà bien tombée.
Si lors du chapitre précédent le ciel était dégagé, de nombreux nuages pâles étaient apparus tandis que nous discutions et écoutions les récits des anciens Terminales...
Blafarde, pleine et inquiétante, la lune apparaissait de temps à autre, perçant de sa blanche lumière les nuages de l'été et éclairant quelques buissons, arbres et carrés d'herbe.
Un petit vent frisquet s'était levé, nous faisant trembloter sous nos fins vêtements, et tous les autres étaient rentrés.
J'avais failli à ma tâche d'observatrice : reportant toute mon attention sur le récit de Maya et J-B, j'en avais complètement oublié le décor autour de moi.
Enfin qu'importe : c'était dans cette atmosphère transformée et lugubre qu'avait retenti le cri de Natacha.
Eustache n'attendit même pas et courut en direction du hurlement. J-B et Maya lui emboîtèrent le pas, décidés eux aussi.
Etais-je la seule à être très peu rassurée ? Un cri dans la nuit noire, c'est franchement flippant. A contre coeur, je les suivis tout de même à mon tour, me sentant obligée de vous conter la suite de cette histoire...
Bref, je me dirigeai donc moi aussi en direction du cri de Natacha. Nous nous avançâmes vers l'orée du bois, guidés par la lampe-torche du téléphone de Marie-Anne. A l'aide du faisceau, elle scrutait le noir, appelant :
« Natacha ! Natacha, où es-tu ? »
Quelle idée en même temps d'aller dans les bois la nuit...
« Natacha ! »
Pas de réponse.
« Peut-être qu'on a rêvé ? », hasarda Jean-Baptiste.
C'est alors qu'il y eut un nouveau cri et que Natacha déboula hors du bois. Ses vêtements étaient déchirés, ses joues griffées, ses genoux écorchés. Elle avait le souffle court, les yeux mouillés de larmes et empreints d'une expression de terreur comme jamais je n'en avais vue auparavant.
« Natacha ! s'exclama Eustache. Que s'est-il passé ?
— Un loup-garou ! Il y a un loup-garou dans les bois ! s'exclama-t-elle, coupant ses phrases pour reprendre sa respiration. Et... Et Olivier est toujours là-bas... »
Les jambes de la pauvre fille se dérobèrent alors sous elle, et elle éclata en sanglots. Eustache s'approcha et posa une main qui se voulait rassurante sur son épaule :
« On va le retrouver, je te le promets. »
Et sans attendre une seconde de plus, il arracha à Maya son téléphone et s'enfonça dans les bois.
Après un rapide coup d'oeil en direction de Natacha et un sourire triste (les autres tristes pour elle, moi pour la terrible nuit qui s'annonçait), nous le suivîmes dans la forêt. Il menait la marche, décidé, observant tout signe de vie éventuel. Mais même avec ses capacités hors-normes de « CHINOIROUX », on n'y voyait vraiment pas grand chose dans la nuit encore plus noire que lui...
De plus, dans sa course, Natacha avait détruit la plupart des pistes de chasseur qu'Eustache aurait pu suivre :
« Vous pensez qu'il y a réellement un loup-garou ? demanda Jean-Baptiste.
— Mais non, ce doit sûrement être quelqu'un qui fait une mauvaise blague, ou au pire un chien errant... Mais un loup-garou, franchement J-B ! s'exclama Marie-Anne.
— Chut ! », coupa Eustache.
Il se mis soudainement à avancer assurément, comme s'il savait parfaitement où il se rendait. Pourtant, on n'y voyait toujours rien. Et je n'entendais absolument rien non plus. Il faisait juste froid, très froid, et sombre. Terriblement sombre.
Enfin, nous entendîmes un bruit. Un tout petit bruit...
Crack.
« Qui a fait ça ? demanda J-B très peu rassuré.
— Olivier ? appela Eustache, sans perdre une once de son sang froid.
— Eustache ? entendit-on répondre au loin.
— Où es-tu ?
— Par là ! »
Comme s'il avait été chasseur toute sa vie, Eustache se dirigea vers l'origine du bruit d'un pas sûr et rapide. Mais nous tournâmes en rond, sans trouver le « GOOD BOY » où que ce soit.
En même temps, nous étions au beau milieu de la nuit, et à ce que je sache, Eustache n'était pas encore capable de voir dans la pénombre.
« Olivier ! Olivier ! », appelions-nous.
Et toujours, il répondait au loin : « Là ! Par ici ! ».
Mais à chaque fois qu'Eustache s'arrêtait, persuadé d'être arrivé au point d'origine du bruit, rien. Personne.
« Mais Olivier, bon sang ! finit par s'énerver Maya. Où es-tu ? Ça fait des heures qu'on te cherche !
— Ici. », souffla-t-on dans mon oreille.
Je hurlai, poussant un cri encore plus strident que Natacha tantôt. Je me jetai dans les bras de la personne la plus proche de moi (Marie-Anne) et Eustache pointa le faisceau vers l'endroit où je me trouvais auparavant.
Olivier apparut comme un esprit dans la lumière du téléphone de Marie-Anne... Ses vêtements eux aussi étaient en lambeaux, comme ceux de Natacha. Mais le petit ami de la timide lui n'avait aucune griffure sur le corps.
« Que s'est-il passé ? Que vous est-il donc arrivé pour que vous vous retrouviez dans cet état tous les deux ? demanda Maya.
— Je ne sais pas trop, on a entendu un drôle de bruit, vu une forme non-identifiable... Le reste de mes souvenirs est assez flou. Je viens de reprendre tous mes esprits, et j'ai encore mal à la tête. Je pense avoir reçu un coup... Où est Natacha ?
— En sécurité à l'orée du bois, répondit J-B sèchement.
— On devrait aller la rejoindre. », déclara Eustache.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Nous prîmes le chemin du retour. L'air était devenu glacial et je grelottais sous le fin coton de mon t-shirt, claquant des dents lorsqu'une bourrasque passait. Le « CHINOIROUX » et Olivier ouvraient la marche. J-B se rapprocha de Maya et lui glissa quelques mots à l'oreille. Lorsqu'il eut fini, elle le regarda outrée, les sourcils froncés d'incompréhension. Finalement, elle lui intima de s'éloigner d'un mouvement de main...
J-B s'approcha donc de moi, et vint me répéter exactement la même chose :
« Tu ne trouves pas ça bizarre ?
— Quoi donc ? demandai-je. Il s'est passé vraiment beaucoup de choses bizarres cette année tu sais, alors pour moi, tout est devenu relatif... Dois-je te remémorer l'épisode d'Angélique ?
— Justement, puisque tu en parles. Je t'ai cru à propos d'Angélique, maintenant, à toi de me faire confiance.
— Si je me souviens bien, c'est Eustache qui... »
J-B ne me laissa pas terminer :
« Ça ne change rien, je vous ai suivi et l'ai regretté ensuite. Porté par M. Melbel ! La honte ! Il mesure la moitié de ma taille ! Enfin bref... Tu me fais confiance du coup ?
— Bien sûr, je t'ai toujours fait confiance J-B, tu n'étais pas obligé de faire appel à l'épisode je-me-suis-évanoui-comme-une-mauviette-à-cause-d'un-fantôme pour que j'accorde du crédit à ta parole.
— Vraiment ? Et si je te dis que je pense qu'Olivier est un loup-garou ?
— Quoi ? Mais pourquoi tu racontes ça ?
— Ça paraît évident pourtant ! Déjà, ses vêtements sont déchirés, mais il n'est pas griffé, contrairement à Natacha qui saigne de partout. Et pourtant, il est resté beaucoup plus longtemps dans la forêt.
— Peut-être qu'elle s'est blessé en courant vers l'orée du bois avec des branches, répondis-je.
— Et comment tu expliques le fait qu'il ne se souvienne, comme par hasard, de rien ?
— Il s'est effectivement pris un coup sur la tête ? Et puis en plus, il a un peu bu. Ça n'aide pas la mémoire.
— Et son apparition soudaine façon chat de Cheshire, hein ? Qu'est-ce que tu en dis de ça ? »
Sur ce point, il n'avait pas tort. Olivier avait été franchement flippant.
« Bon ok, il m'a fichu les jetons. Mais tout de même, ça ne fait pas de lui un loup-garou !
— C'est toujours la réflexion que font les personnages dans les séries de loup-garous avant de se retrouver nez-à-nez avec leur meilleur pote qui a soudainement cinquante centimètres de plus, triplé sa masse musculaire, des dents et des yeux qui hanteront les nuits du plus fragile d'entre eux et gagné cinq kilos de poils.
— Tu regardes des séries de loup-garous ? »
J-B fut dérouté.
« Moi ? Quoi ? Non ! C'est un truc de gonzesses !
— T'es fan de Teen Wolf ? insistai-je.
— Mais qu'est-ce que tu racontes ?
— Plus Stydia ou Stalia ?
— Mais... Stydia, souffla-t-il un peu honteux.
— J'en étais sûre !
— Bon c'est bon, t'es contente ? Maintenant, tu peux m'écouter quelques secondes et me croire ?
— Mais J-B mon pote, tu délires complètement ! Pourquoi Olivier serait un loup-garou ? T'as vu sa boubouille d'ange ? Il n'y a que les bruns ténébreux qui sont des loup-garous. Olivier est bien trop blond pour en être un.
— C'est quoi ce critère tout moisi ?
— Cite moi un loup-garou blond comme Olivier.
— Professeur Lupin ? »
Ah mince. Il avait raison.
Olivier était-il donc réellement un loup-garou ? C'est vrai qu'il fallait être prudent. S'il y a bien quelque chose que nous apprend la télé, c'est que lorsque le doute plane, il faut faire gaffe. Sinon, vous êtes la première victime.
Juste après le Chinois et le noir.
« Prévenons Eustache, suggérai-je.
— Pour quoi faire ? demanda J-B.
— Bah j'en sais rien, il résout tous les problèmes. Alors si on le prévient, il aura une solution pour nous !
— Pas faux. »
Tandis que nous accélérions le pas pour rattraper le « CHINOIROUX » qui ouvrait la marche, je me mis à me demander comment je faisais avant de rencontrer Eustache. Et comment nous aurions fait pour nous sortir de cette situation sans lui.
C'est vrai, après tout. Il résolvait tous nos problèmes comme s'il était doté de pouvoirs surhumains, et il ne manquait jamais de courage et de force. Un preu chevalier bridé, noir et roux en d'autres termes.
En même temps, avant qu'il n'arrive, rien ne se passait à Ordnungsheim. Tout était calme, réglé. Les problèmes, le désordre, la destruction des petites cases bien rangées étaient arrivés avec lui. S'il n'avait pas débarqué ce matin-là, avec sa coupe de Jackson 5 couleur Poil-de-Carotte et sa peau foncée, je ne me serais jamais retrouvée ici, au beau milieu des Terminales les plus classes du lycée, perdue dans la forêt à une heure pas possible. S'il n'avait pas déménagé en Alsace, jamais je ne serais devenue amie avec J-B, et jamais il ne m'aurait invité à l'une des dernières fêtes de sa promo, jamais je ne me serais retrouvée sur la même balancelle que lui, à écouter les récits de leur dernier jour de leur propre bouche, jamais je n'aurais été un personnage intra-homo-diégétique et actif dans cette histoire.
Il était à l'origine de l'action, et la clef pour en atteindre le dénouement. Comme si...
« Jean-Baptiste, un instant ! » m'exclamai-je en m'arrêtant net.
J'avais posé une main sur son avant-bras, et levais l'index de l'autre. Il ne manquait que la petite ampoule au-dessus de ma tête et j'aurais été la représentation parfaite de la personne qui s'exclame : « Eurêka ! ».
« Olivier n'est pas le seul loup-garou parmi nous, soufflai-je à mon ami.
— Quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire ? me demanda-t-il soudainement paniqué.
— Réfléchis un instant : Eustache a toujours solution à tout. Il est fort, agile, et sait se repérer dans le noir. Il a insisté pour qu'on continue de chercher Olivier. Et puis, tous les ennuis sont arrivés avec lui. De plus, il faut bien que quelqu'un ait mordu O' pour qu'il devienne loup-garou, non ?
— Eustache ? répéta J-B incrédule. Un loup-garou ?
— Exactement. »
J-B se tut quelques instants, comme s'il pesait le pour et le contre. Finalement il me déclara :
« Tu penses que quand il se transforme ses poils sont roux ? »
J'étais consternée.
Nous venions enfin, après cinq mois, vingt-deux chapitres et un Watty (merci les gars d'ailleurs !) de découvrir le secret du « CHINOIR LOUP-GAROUX », et sa première réplique était : « Tu penses que quand il se transforme ses poils sont roux ? » ?
« Mais qu'est-ce qu'on s'en fiche J-B ! On a deux loup-garous avec nous, on est seuls, perdus dans la forêt, il fait froid, sombre et les arbres donnent envie de se faire pipi dessus ! Tu ne penses pas que la couleur des poils d'Eustache transformé est le cadet de nos soucis ?
— Oui, tu as raison. Mais... Tu penses que ça vient de quel côté ? L'africain ? L'asiatique ? Il y a des loup-garous en Chine ? « La bête de Shanghai ». Ça ferait un bon titre de livre ça ! »
Je me frappai le front, dépitée. Comment vouliez-vous que je survive avec un acolyte pareil ? Pas étonnant qu'ils ne s'en sortent jamais tous vivants dans les films !
Oh ! mais j'allais oublier, il me restait Marie-Anne ! Je m'approchai d'elle discrètement. Mais alors que je m'apprêtais à lui souffler à l'oreille notre découverte récente, elle me coupa la parole :
« Si c'est pour m'apprendre qu'Olivier est un loup-garou, merci mais...
— Non, l'interrompis-je à mon tour.
— Ah ouf, j'ai bien cru que tu avais suivi J-B dans son délire.
— Olivier et Eustache sont des loup-garous.
— Non mais je rêve !
— Fais-moi confiance, s'il te plaît.
— Tu te rends compte que tu es en train de me demander de te croire quand tu me dis qu'Eustache et Olivier, deux types super sympa et attentionnés, qui ne feraient pas de mal à une mouche, sont tous les deux des loup-garous. Des loup-garous Renée ! Tu t'entends parler ?
— Euh... Les gars ? »
C'était J-B qui venait de nous appeler. Redescendant sur terre, je me rendis alors compte qu'il manquait deux personnes.
Et comme par hasard, il s'agissait d'Eustache et Olivier.
« Mais... Ils étaient devant nous il y a trente secondes ! s'exclama Marie-Anne.
— Tu vois, quand je vous disais que ces types étaient pas nets ! Ils vont fondre sur nous et...
— Eustache ! se mit à hurler Maya sans porter d'attention à J-B. Olivier ! Eustache !
— ...nous manger avec encore plus d'appétit que les saucisses de tout à l'heure, poursuivait Jean-Baptiste.
— Olivier ! appelait toujours « LA SPORTIVE ».
— Mais Marie-Anne, arrête d'indiquer notre emplacement aux loup-garous !
— Pour la dernière fois J-B : ce ne sont pas des loup-garous ! répondit mon amie sur les nerfs, détachant chaque mot.
— Bien sûr que si ! Pourquoi auraient-ils disparu sinon ?
— Parce qu'avec vos bêtises vous nous avez ralentis, et ils nous ont distancés sans même se rendre compte qu'on n'était plus derrière eux !
— Bien sûr que non ! Ils sont là, à nous épier, prêts à sauter sur nous à la première occasion qui se présentera à eux...
— Fermez-la bon sang ! finis-je par hurler plus fort qu'eux. Vous êtes encore plus lourds que Tania et Anita ! »
Le silence tomba alors.
Nous étions tous à bout de souffle à force de crier. De petits nuages se formaient devant notre visage à chaque expiration, témoignant du froid de la nuit. La lune, pleine, nous surplombait, encore plus froide et pâle que lorsque nous étions entrés dans les bois.
Soudain, un hululement. Puis un craquement de brindille.
« C'était quoi, ça ? demandai-je.
— Eustache ? » tenta Marie-Anne, moins assurée que tantôt.
Aucune réponse. Un autre craquement.
« Ils sont revenus nous manger. » déclara d'un ton froid et grave Jean-Baptiste.
Crack.
« Olivier ? »
Toujours aucune réponse.
Plus de bruit.
Un froissement de feuille.
« Ok, ça devient carrément flippant votre histoire. », conclut Marie-Anne. « On rentre, tant pis pour Eustache et Olivier. Ils trouveront bien le chemin. Bon, où est mon téléphone, que je mette le GPS... »
Marie-Anne tâta les poches avant de son jean, puis arrière, et nous lança un regard embarrassé :
« C'est toujours Eustache qui a mon portable. Renée ?
— J'ai plus de batterie...
— Bon tant pis. J-B ?
— Tu vas me payer le hors-forfait, j'ai que cinquante méga octets par mois... »
Le seul garçon de notre petit groupe sortit son téléphone et lança le GPS.
« Si ça se trouve, j'ai même pas de réseau...
— Ca va, on n'est pas dans un de ces films d'horreur débiles J-B, répondit Maya.
— Ah c'est bon ! Ca marche ! »
L'impensable se produisit alors.
J-B, qui avait levé les bras et brandi son téléphone en signe de victoire, se le fit voler par une chouette.
Et oui.
Nous restâmes là comme trois ronds de flanc, perdus au milieu des bois, à regarder l'oiseau qui s'éloignait au loin, notre seul moyen de sortir entre ses serres. Marie-Anne fut la première à briser le silence :
« C'est un canular j'espère.
— Soit l'un de nous est maudit, soit Dieu a écrit un scénario vraiment pourri pour nos vies, poursuivis-je.
— C'est bon, on va vraiment mourir... » termina Jean-Baptiste d'une voix fluette.
Soudainement, il y eut alors d'autres craquements.
« Oh non, ça recommence. », déclara Maya peu rassurée.
Le bruit tournait autour de nous. Il était devenu régulier.
Je fus la première à les voir : deux yeux jaunes.
« Oh punaise les gars, il y a vraiment une bête dans ces bois... »
Il n'en fallut pas plus à J-B pour s'évanouir :
« Non mais je rêve ! » s'étrangla Marie-Anne.
Inquiète pour de bon, elle scruta rapidement autour de nous, et se saisit d'un lourd bâton qui se trouvait à environ deux mètres d'elle. Elle se rapprocha ensuite, et se mit en position de défense à côté du corps inanimé de J-B.
« Il ne sait vraiment que se défendre par les mots ce type...
— Vous vous seriez complétés à merveille tous les deux, lui la sage parole, et toi la force tranquille.
— "Vous vous seriez", effectivement Renée. Mais il a clairement dit qu'il n'y aurait jamais rien entre nous.
— Tu en es sûre ? »
Marie-Anne parut soudain hésitante. Et non Maya, il n'avait rien dit de tel !
« Bon de toute façon, on risque de mourir ce soir. Vous vous retrouverez dans l'au-delà comme Roméo et Juliette ! », déclarai-je résignée.
Cela sembla sortir Maya de ses réflexions. Elle se remit à scruter les bois autour de nous, tentant d'apercevoir la bête...
Le silence était retombé. On n'entendait toujours que ces craquements de temps à autre, qui tournaient autour de nous. Un hululement. Je claquai des dents.
Mais les deux yeux jaunes ne réapparaissaient toujours pas.
Soudain, une série de pas et de voix se firent entendre au loin :
« Maya ! »
C'était Eustache.
« Renée ! »
C'était Natacha.
« J-B ! »
Olivier.
« Vite Renée, aide-moi à porter J-B qu'on les rejoigne ! s'exclama Marie-Anne en lâchant son bâton et en se hâtant d'attraper notre ami sous les aisselles. On est ici ! Par là ! »
On entendit leurs pas se presser, ils avaient dû entendre notre réponse.
Je me penchais pour saisir les pieds de Jean-Baptiste quand ils arrivèrent. Olivier se chargea de le porter à ma place. Nous quittâmes les bois ; nos camarades nous assommèrent de questions : pourquoi nous ne les avions pas suivis ? qu'était-il arrivé à J-B ?
Finalement, nous sortîmes des bois et arrivâmes au lieu de la fête.
Nous nous précipitâmes à l'intérieur avec les autres, histoire de nous protéger de tout danger possible. La forêt nous avait vraiment fichu les jetons.
Plus tard, alors que je buvais un chocolat chaud, appuyée contre la fenêtre de l'étage, mon regard fut de manière inexplicable attiré vers la forêt.
Et là, entre les arbres toujours aussi lugubres, brillaient deux yeux jaunes.
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