[18] mai - lgbtq+

Have you heard of lgbtq+
Well I am the B
I have a heart that could love plural genders
Yes I'm Bi, and I'm proud, to be me

Dodie Clark, I'm bisexual - a coming out song

Eustache rattrapa Jean-Baptiste juste avant qu'il ne cogne le sol. M. Melbel eut un de ces petits mouvements en avant qui ne servent concrètement à rien, mais qui montrent qu'au moins vous aviez l'intention d'aider la personne.

Le « CHINOIROUX » déposa doucement le corps inanimé de son ami contre le mur et lui tapota la joue :

« Jean-Baptiste, réveille-toi !

— Tu vois bien qu'il est complètement sonné le pauvre ! s'exclama M. Melbel. Emmenons-le directement à l'infirmerie. »

D'un mouvement de main, le professeur indiqua à Eustache de prendre Jean-Baptiste sous les aisselles. Il me tendit ensuite sa sacoche avant de saisir lui-même les pieds du délégué et compta jusqu'à trois.

« Renée, ouvre-nous les portes ! » déclara-t-il.

Après les avoir observés quelques instants, complètement décontenancée, je me repris et accourus à la première porte qui nous séparait de l'infirmerie. Nous répétâmes ainsi l'opération jusqu'à l'escalier.

« On ne peut pas descendre ces marches avec J-B entre les mains, fit remarquer Eustache.

— On le balance par dessus la rambarde ? proposa M. Melbel.

— Jean-Baptiste ! Mon Dieu ! », s'exclama soudain une voix aiguë.

Mme Brie-Saint-Faron la CPE laissa tomber son paquet de feuilles, choquée. Une fois remise de sa stupeur première, elle se précipita dans notre direction, en hurlant :

« Marc (c'était le prénom de M. Melbel) mais bon sang qu'est-ce que tu fais ? Ça ne tourne pas rond chez toi ou quoi ? Reposez-moi Jean-Baptiste par terre immédiatement ! »

Elle était pâle comme un linge, à deux doigts de s'évanouir elle aussi.

Mme Brie-Saint-Faron était et est probablement aujourd'hui encore, une bonne CPE. Un peu sévère et stricte par moment certes, notamment à propos de la longueur des bas qui, pour les filles comme les garçons, devaient obligatoirement arriver au niveau des genoux. Cependant elle aimait sincèrement les élèves (pas comme certains qui étaient entrés dans l'éducation nationale seulement parce qu'ils n'avaient pas réussi à faire de la recherche) et se souciait de leur bien être. De plus, elle ne faisait pas de favoritisme particulier, et appliquait les règles de la même manière sur chaque élève ; cependant, elle avait tout de même cette petite affection réservée aux élèves engagés dans la vie lycéenne, à l'instar de Jean-Baptiste.

Ainsi, elle se trouva particulièrement touchée par l'état du pauvre garçon, et par la façon dont M. Melbel et Eustache le traînaient depuis tantôt.

« Que lui est-il arrivé ? demanda-t-elle. Et Esmée...

— "Renée", corrigeai-je.

— Oh oui, pardon Renée... Va me chercher l'infirmière s'il te plaît ! »

Face à l'air paniqué et au ton pressant de Mme Brie-Saint-Faron, j'obtempérai en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Je dévalai les escaliers à toute allure et courus jusqu'à l'infirmerie.

Nous avions cette chance à Ordnungsheim d'être dotés d'une véritable et belle infirmerie, ouverte tous les jours à l'exception du mercredi. L'infirmière, Mme Verband, était une femme très sympathique bien qu'elle proposât toujours les deux mêmes médicaments...

« Tu as mal à la tête ? » vous demandait-elle. « Va donc au robinet prendre de l'eau, il faut s'hydrater. Et si ça ne va pas mieux, reviens tout à l'heure. »

« Tu as mal à la gorge ? Tiens un bonbon à la menthe, ça va te soulager. »

« Tu as mal au ventre ? Repose-toi un peu, bois et puis ça ira mieux. »

« Tu saignes ? Un bonbon à la menthe et un verre d'eau et c'est reparti ! »

Enfin... J'entrai donc dans l'infirmerie, essoufflée par ma course. Dans la salle d'attente se trouvaient deux collégiens, jouant chacun avec leur hand spinner et débattant de leur dernière partie de Forte Naïte. L'un des deux avait le genou éraflé : il devait probablement être tombé au terrain de sport ou dans la cour de récréation.

Il y avait également une jeune fille qui se tenait la tête, sûrement terrassée par un mal de crâne.

Enfin, une troisième personne se trouvait à l'infirmerie, en grande discussion avec Mme Verband. La porte était fermée, mais l'élève parlait si fort que je n'eus aucune difficulté à reconnaître sa voix : Elsa. La jeune fille était venue se plaindre de ses problèmes de cœur auprès de l'infirmière...

Je ne réfléchis qu'un très court instant : sur une échelle de gravité allant de zéro à dix, les soucis d'Elsa se situaient plutôt entre un et deux pour les plus fleur bleue. Le soucis de Jean-Baptiste valait lui au moins un bon huit. Je décidai donc de toquer à la porte et d'entrer sans attendre la réponse :

« Excusez-moi de vous déranger...

— Tu ne vois pas que c'est à mon tour ? s'insurgea Elsa.

— Si mais c'est urgent...

— Qu'est-ce qu'il peut y avoir d'urgent ? Tu ne saignes pas, tu as une couleur normale et tous tes os semblent entier. Alors maintenant va attendre ton tour sur une chaise comme tout le monde.

— Elsa, laisse-la au moins s'expliquer, insista l'infirmière.

— Merci, soufflai-je agacée par le comportement de ma camarade. Un élève est dans les vapes.

— Comment ? s'étrangla l'infirmière.

— Qui ça ? demanda Elsa.

— Jean-Baptiste. »

Si Elsa avait été une véritable peste, elle aurait été emportée dans un fou rire machiavélique, ravie que les dieux vengent le responsable de ses malheurs à sa place. Mais la jeune fille n'était pas si méchante que ça et son visage afficha une expression sincèrement désolée.

« J'arrive tout de suite ! », conclut l'infirmière.


« Vous pouvez retourner en cours maintenant, je m'occupe de lui. »

L'infirmière remonta sur J-B le draps du lit dans lequel il était installé.

« Est-ce que je peux rester s'il vous plaît ? insista Eustache.

— Euh... »

Mme Verband parut déroutée. Elle finit toutefois par accepter la requête du « CHINOIROUX ».

« Merci. »

M. Melbel, Elsa (qui nous avait suivis), Natacha (qui avait suivi Elsa), l'infirmière et moi (puisque la CPE avait dû retourner à son bureau) sortîmes de la chambre de l'infirmerie. M. Melbel remercia Mme Verband et nous salua avant de retourner en salle des professeurs, ayant du travail. Quant à Elsa, elle faisait les cent pas, inquiète.

« C'est un idiot, je le sais... Mais en même temps je me fais un sang d'encre pour lui ! Qu'est-ce qui a bien pu lui arriver, hein ? Qu'est-ce qu'il s'est passé pour qu'il soit dans cet état ? Et pourquoi porte-t-il ce costume ridicule ? »

La jeune fille me hurlait dessus, comme si j'étais responsable du manque de courage dont son héros avait fait preuve. Je levai les yeux en signe d'agacement et collai mon oreille contre la porte, espérant entendre ce qu'il se passait à l'intérieur. Mais Mme Verband, en me voyant, nous renvoya toutes les trois de l'infirmerie...

C'est pourquoi j'ai dû à nouveau, et contre mon envie, puisqu'honnêtement j'aurais préféré ne plus avoir de lien avec elle, avoir recours à l'aide d'Angélique.

« Chère Renée,

» Merci pour votre petite visite. J'ai été bien attristée de savoir que Jean-Baptiste n'a pas réussi à encaisser toutes ces informations...

» Enfin, ainsi va la vie, je commence à m'habituer à ce genre de réactions.

» Ci-joint le récit de ce qu'il se passa dans la chambre de l'infirmerie...

» Angélique

» Eustache, dont la patience ne semble pas être aussi grande que son courage, se munit du verre d'eau posé sur la table de chevet et en déversa tout le contenu sur son camarade, qui se réveilla aussitôt.

» La première réaction de Jean-Baptiste fut la surprise, et peut-être également la contrariété de se retrouver dans un costume ridicule, trempé, dans un lit qui n'est pas le sien. Cependant, lorsque son regard croisa celui d'Eustache, son visage s'illumina.

» « Je crois que je n'ai jamais été aussi content de te voir poto ! s'exclama-t-il. J'ai fait un rêve tellement fou, tu ne me croiras jamais... A moins que ce ne soit la vérité ? Je n'arrive plus vraiment à faire la différence...

» — Content que tu te sois réveillé l'ami, déclara le « CHINOIROUX » en retour, tout sourire. Tu nous as fait une peur bleue tu sais !

» — Mais que s'est-il passé exactement ? demanda-t-il.

» — Tu es tombé dans les pommes.

» — Des témoins ?

» — Pas des masses.

» — Tant mieux, parce que c'est la honte intergalactique quand même...

» — Tu sais, à ta place je me méfierai du réseau Ordnungsheim... Il va bien plus vite que la fibre. ». »

Et effectivement, quelques minutes seulement après que nous fûmes sorties de l'infirmerie, Marie-Anne déboula en demandant à voir Jean-Baptiste sur le champ. Nous la suivîmes, voyant là une occasion de voir ce qu'il se passait dans la chambre...

Et lorsqu'elle ouvrit la porte malgré les protestations de l'infirmière, Jean-Baptiste et Eustache étaient en train de se faire un gros câlin...

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