Prologue
— Entrez, les filles.
Les portes s'ouvrent en silence dans la salle immense. Deux petites silhouettes apparaissent depuis le couloir et passent les battants d'ébène. Les murs noirs reflètent la lueur blafarde d'un immense cristal laiteux qui se dresse derrière un trône noir. Les deux fillettes en robe grise avancent lentement, intimidées, alors qu'une voix masculine et puissante retentit dans toute la salle.
— Bien, mes chères filles... Comment se déroulent vos entraînements ? Avez-vous atteint le rang supérieur ? Sandra ?
— Père, votre Majesté... déclame une des fillettes en faisant une révérence soignée, j'ai atteint le niveau trois.
L'ombre sur le trône semble hocher la tête en silence. L'ambiance se fait tendue. La deuxième petite fille paraît se ratatiner sous le regard insondable de la forme sombre qui siège devant elle, au sommet d'une estrade.
— Et toi ? claque la voix froidement.
— Cinq... siffle-t-elle tout doucement.
— Je n'ai rien entendu.
— Je... Je suis toujours rang cinq.
Un bruit semblable à un coup de feu éclate. La fillette se tord de douleur au sol, le visage figé dans une grimace de souffrance. Une fumée rouge l'enveloppe doucement, mue par un certain sadisme, tandis que l'autre petite ne bouge pas. Elle garde le regard fixé au sol, le visage lisse, les lèvres serrées.
Les mèches blondes collées à son front par la sueur, la petite se redresse doucement, tremblante. Ses yeux montent vers le visage invisible de l'ombre du trône.
— Je suis désolée...
Une sphère électrique crépitante apparaît soudain au-dessus de l'estrade. Les éclairs zèbrent les murs et un tonnerre éclate alors que l'homme se lève lentement du trône noir. Formé de piques qui se dressent vers le ciel, le siège fait planer une présence malsaine dans la salle qui a toujours effrayé les visiteurs, pour le plus grand plaisir du maître des lieux.
— Je n'admets pas d'excuse. Je veux des progrès. Prends exemple sur Sandra, ta sœur.
La fillette blonde se ratatine alors que la brune n'a pas eu un mouvement. L'homme, vêtu d'une toge sombre frappée d'un symbole rouge vif, un cercle orné d'une flamme et d'une étoile noire, descend une marche de l'escalier, la sphère planant au-dessus de sa tête.
— Je t'inflige donc cela en espérant que ça te motivera.
La boule électrique tourne sur elle-même de plus en plus vite. Un seul geste d'un doigt impérieux suffit pour la faire frapper la petite fille blonde, qui hurle.
Une onde de choc percute la brune et l'homme. Le corps de la fille se tend et s'arc-boute. Soudain, des éclairs s'échappent et frappent le marbre noir des murs.
La blonde reste au centre, droite et dressée. Lentement, elle se détourne et marche d'un air décidé vers la double porte. Lorsqu'elle l'atteint, elle lève une main et un éclair frappe le battant, qui explose.
Sa silhouette disparaît. Une petite voix se met à crier depuis le couloir alors que les deux occupants de la salle se relèvent, sonnés.
— UN JOUR, JE PARTIRAI !
***
— Tu ne devrais pas faire ça.
La jeune fille soupire et ignore sa sœur, dont les mèches brunes cachent la moitié du visage. Ses yeux perçants détaillent les gestes de la blonde qui enfonce une robe grise dans un sac sombre.
— Su...
— Arrête.
Cette fois la blonde relève le visage, passablement énervée. Ses beaux traits fins sont déformés par la colère.
— Ne fais pas comme si tu ne comprenais pas mes actes. Ça fait trop longtemps que ça dure, j'en ai assez. Reste ici si tu en as envie.
— Bien entendu que je vais rester, réplique la brune. Tu gaspilles ta chance d'être née d'un Roi, pas moi. Va donc vivre dans la campagne avec des bouseux.
— C'est toujours agréable d'entendre que tu es pétrie de gentillesse, rétorque l'autre avec sarcasme. En réalité je ne compte pas écumer les campagnes à la recherche d'une poignée de pain. Mais je ne vais pas te faire le plaisir de tout te raconter, tu iras rapporter à père.
— Faux, chère sœur. Je m'en moque que tu partes, de toute façon tu ne m'as jamais fait de l'ombre. Tu échoues dans tout ce que tu fais, et ça il l'a bien compris. Il s'en moquera, de ton départ, et tu le sais.
— Tais-toi, siffle la blonde en recommençant à emballer ses bagages.
La brune la fixe avec amusement. Elle repousse une mèche de son front et l'entortille autour de son doigt.
— Est-ce que tu sais que je pourrais t'empêcher de partir ? Je ne le fais pas par pure pitié. C'est évident qu'ici, tu ne te sens pas à ta place...
Les mots acides atteignent la blonde en plein cœur mais elle n'en laisse rien paraître et boucle ses affaires en silence, déterminée à ne plus se laisser toucher. Un léger rire résonne dans la pièce.
— J'espère que je te reverrai dans quelques années, chère sœur, pour contempler ta déchéance.
— Moi aussi, moi aussi, mais pour te réduire en bouillie... crache l'autre en sortant de la pièce en coup de vent, bousculant par la même occasion sa sœur qui la fusille aussitôt du regard.
— Tu le regretteras, crois-moi. Tu n'as aucune idée de ce qui t'attend, Suzy...
Bonjour les petits dragons ! (oui, je continue !)
Je suis super heureuse de vous retrouver avec la suite des aventures d'Anais (qui commence par les aventures de deux sœurs que l'on commence à connaître... 😏)!
J'espère que cet avant-goût vous a plu, et que la suite en fera tout autant ☺️ Pour ce qui est du rythme de publication, il sera aléatoire, moi et les délais... Ça fait beaucoup trop. 😉
À bientôt :)
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