Chapitre 4 : Cours
Je heurte brutalement le carrelage. Mes jambes tremblent violemment, mes bras sont parcourus d'élancements douloureux et l'air est soufflé de mes poumons d'un seul coup. Je grimace tandis qu'une voix féminine retentit dans la grande salle de bal.
— Majesté, le pied droit devant et non derrière ! Cela fait bien la troisième fois que vous vous trompez.
Et ce n'est pas faute d'essayer ! Impossible de parvenir à une danse correcte. Soit je suis crispée mais je fais les pas demandés, soit j'essaie - j'essaie ! - de paraître élégante et je tombe car je n'effectue pas les bons mouvements. Un vrai casse-tête.
— Vous avez deux pieds gauches ! soupire la Dame.
Rapidement, elle s'est rendu compte qu'elle pouvait me parler sans retenue de Cour - ce qui me fait plaisir d'ailleurs, car je me sens encore mal à l'aise avec les révérences et autres formalités. Je préfère qu'elle parle sincèrement et elle ne s'en prive pas.
— Réessayez, je vous prie, me lance-t-elle en remettant une mèche brune dans son chignon - j'ai tendance à oublier que nous sommes proches en âge lorsqu'elle fait cela, elle paraît plus âgée.
Je me relève tant bien que mal, encombrée par ma robe. Finalement, Dame Emma fait un signe au pauvre musicien qui supporte ces simulacres de danse depuis bientôt trois heures.
Les notes de harpe reprennent.
— Un, deux, trois et quatre !
Je me remets à gesticuler avec l'impression d'être une limace engluée dans la mélasse. Mes mouvements sont extrêmement lents, j'ai mal aux muscles et mes pieds sont en compote. Dame Emma m'observe avec un air affligé.
— Bon, je pense que vous devriez retenter cet exercice demain.
Je cesse aussitôt de danser avec soulagement. Le harpiste ne cache pas une moue béate et je lui souris en signe d'excuse.
— Majesté ! me rappelle mon entraîneuse. Nous allons nous mettre à la politique. Prenez place sur cette chaise à votre retour, mais avant, allez vous rafraîchir.
Je sors de la pièce rapidement. C'est comme si mes membres avaient retrouvé toute leur vigueur à l'entente de la fin de ce supplice !
Rapidement, mon escorte se place autour de moi et je retiens un soupir. Je déteste être suivie mais visiblement, je n'ai pas le choix. Il me faudra bien trouver un moyen de pouvoir être libre de mes mouvements si le besoin est. Est-ce qu'ils sont corruptibles ? Certainement pas puisque le Premier Conseiller et l'Ambassadeur leur ont confié cette mission délicate. Il me faudra trouver autre chose.
En attendant, je marche à mon aise en direction de ma suite. Mes membres commencent à retrouver un fonctionnement dépourvu de tremblements et mon souffle ainsi que mes battements cardiaques ralentissent. Une petite faim décide d'ailleurs de pointer le bout de son nez.
— Donovald, fais-je. J'aimerais que l'on m'apporte un petit quelque chose à manger avant que je ne retourne voir Dame Emma. Est-ce possible ?
— Vous êtes la Reine, me sort-il pour toute réponse en s'inclinant. Vos désirs sont des ordres.
Son ton en prononçant « désir » me fait soudain froid dans le dos. Ma méfiance revient au galop, je me promets d'interroger Suzy à propos de ce personnage.
Ou alors est-ce simplement de la paranoïa ?
Mieux vaut être prudente.
***
« Un petit quelque chose », avais-je dit. Eh bien, je pense que tous, en particulier les cuisiniers, n'ont pas la même définition de « petit ».
Devant moi se tient un domestique qui porte un plateau entier de sucreries en tous genres. Des petits gâteaux nappés de sucre, des bâtonnets en réglisse, des fraises en pâte sucrée de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel et toutes sortes d'autres confiseries me font de l'œil.
J'étais censée danser, pas prendre vingt kilos !
Je saisis du bout des doigts un petit gâteau et le porte à ma bouche. Aussitôt, c'est une explosion sur mes papilles. Je n'ai jamais mangé quelque chose d'aussi bon !
— Qu'est-ce que c'est ? demandé-je aussitôt au domestique en désignant un autre exemplaire du même délice.
Je prends cette fois le temps de le contempler. Il s'agit d'un mini-gâteau de couleur crème, couvert d'une couche de pâte à sucre d'un doux bleu clair garni de paillettes. Il ne doit pas être plus large qu'une tranche de saucisson, ni plus haut que l'épaisseur d'un doigt.
— Il s'agit d'un délicia corail. Les mêmes en rouge sont des délicias flamme, les jaunes sont des délicias soleil et les verts, des délicias menthe. Les goûts sont aléatoires.
Ravie, je pioche un délicia soleil et le goûte. Une saveur d'orange exquise m'explose dans la bouche.
Je pense que je les ai tous mangés en quelques minutes. C'est devenu ma friandise préférée et j'ai même demandé à en posséder une boîte dans ma chambre.
D'ailleurs, je ne compte pas en souffler un mot à l'Ambassadeur, au Premier Conseiller ou à Dame Emma. Je suppose qu'une Reine est censée garder la ligne, ce qui sera très difficile avec des confiseries aussi délicieuses à portée de main.
Une fois que j'ai mangé, je rejoins mon escorte d'un pas plus actif que celui que j'avais en entrant dans ma chambre. Donovald s'incline et nous reprenons le chemin de la Salle de Bal en silence.
J'ai pu me changer et à présent, je porte une robe bleue légère et peu serrée afin d'être à l'aise pour me mouvoir. Les manches courtes formées d'un tissu vaporeux me dégagent les bras et la jupe mi-longue en voilettes me laisse le bas des jambes dévoilées à partir du genou. Mes ballerines confortables, bleu saphir, complètent cette tenue spéciale « cours de royauté ».
— Majesté, quel est le système politique en vigueur au Royaume des Elfes Blancs ?
Je me retiens de soupirer bruyamment. Les prochains jours n'allaient sans doute pas le plaire, mais si les délicias étaient encore là sur ma table de nuit à mon retour, cela allait pouvoir être supportable, non ?
Je n'aurais pas dû parler trop vite...
Euh... Bonjour ?
Ça fait super longtemps. Désolée... Mais l'inspiration me venait plus pour Prédation et les autres... Je n'ai pas oublié Anais pour autant, simplement elle est passée au second plan ^^'
Bon, venons-en au fait : je voulais vous demander comment vous aviez trouvé ce chapitre... Drôle ? Distrayant ? J'espère... 😢🤞
Une dernière petite remarque : les publications se feront normalement plutôt lentes sur ce livre. J'en suis désolée mais je préfère avoir plaisir à écrire plutôt que de risquer un stress parce que je serai "forcée" d'écrire. J'espère que vous comprenez, néanmoins cela ne veut pas dire que cette histoire sera mise à jour en juillet, je vous rassure ! :)
Bref, merci d'être fidèle à ce récit, n'hésitez pas à commenter et à voter ☺️❤️ et à bientôt pour la torture - Euh, l'apprentissage - d'Anais ! 😇
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