Chapitre 2

Patrick était impressionné par cette assemblée. Il n'avait jamais été à l'aise quand il était dans une foule. La présence du Président rajoutait une pression supplémentaire pour le jeune spaghetti.

L'homme parlait beaucoup. Il déclamait, seul, son discours qu'il avait certainement préparé depuis plusieurs jours. Les deux personnes à ses côtés n'ouvraient pas la bouche et ne bougeaient pas. Le silence régnait dans la salle ; tout le monde écoutait attentivement les mots du Président.

Cependant, Patrick s'ennuyait. Il savait déjà tout ce que le Président disait. Tout le monde le savait, mais c'était son devoirde rappeler les récents événements qui ont conduit les spaghettis à se rassembler ce jour-là.

« Depuisla nuit des temps, nous sommes martyrisés par les être humains, qui nous mangent sans pitié. »

Patrick pensa à ses parents en entendant cette phrase. Il ne les avait jamais connus ; en tout cas, il n'en avait pas le souvenir. Ils avaient été ébouillantés quand il n'était qu'une nouille. Tel était le destin d'une pâte : se faire tuer par des être humains affamés, brûlée vive dans une eau bouillante.

« Nous restons enfermés dans des boîtes, serrés comme des sardines, contre notre gré. »

Il est vrai que ce détail énervait un peu Patrick. Lui qui n'aimait pas la foule était contraint de vivre collé à d'autres pâtes, sans possibilité de faire un quelconque mouvement. Et la seule fois où les spaghettis pouvaient sortir, elles savaient que leur fin était proche. Il était amplement d'accord pour changer ce mode devie.

« Nous devons rester silencieux et immobiles en présence d'un humain, ce qui est insoutenable. »

Là encore, Patrick était d'accord avec le Président. Les spaghettis ne devaient pas se faire repérer par les humains et donc devaient rester comme mortes quand quelqu'un était près d'eux. Parfois, l'affaire durait longtemps. Patrick rêvait du beau jour où il pourrait enfin vivre librement, sans se préoccuper des humains qui sont dans les alentours. Les siens devaient être sans cesse en garde afin de ne pas se faire repérer. Ils se sentaient comme prisonniers, alors qu'ils n'avaient rien demandé.

« Dès notre naissance, les humains nous maltraitent. »

Patrick réfléchit un instant avant de réaliser que l'homme avait encore raison.

Les spaghettis étaient une fabrication de l'homme, certes. Ils avaient été fabriqués en usine puis mis directement en boîte, seulement quelques minutes après leur naissance. Ils n'avaient que quelques minutes pour respirer le bon air avant de se retrouver mélangé à d'autres pâtes.

Les spaghettis n'avaient donc pas de parents à proprement parler. Cependant, une fois dans leur paquet, elles pouvaient discuter avec les autres paquets qu'il y avait autours. Certaines pâtes âgées sympathisaient avec des nouvelles pâtes, et se disaient être leur parent. Patrick apprit un jour que cette pratique était très vieille. A l'époque, les pâtes voulaient imiter les humains.

Après avoir rappelé toutes les horreurs que vivaient les spaghettis depuis des siècles, le Président s'attaqua au sujet sensible.

-La question est : que pouvons-nous faire pour faire entendre nos droits aux humains ?

Déslors, un homme prés de Patrick prit la parole pour proposer sonidée.

-Nous pourrions tous sortir de nos boîtes et nous éparpiller dans la maison de nos propriétaires pour que ce soit le bazar chez eux !

-Oui, mais il fait souvent froid chez les humains... Il fait bien plus chaud dans nos paquets, c'est d'ailleurs le seul avantage ! répliqua une spaghetti.

-Sortons couverts ! proposa la première pâte. Mais je pense que ça peut être bien de tous aller n'importe où et de tout casser. Il faut manifester !

Celui-ci se tourna vers une spaghetti qui était à ses côtés.

-Mon ami, tu vends des vêtements toi. Est-ce que tu aurais des choses chaudes à nous donner ?

L'intéressé réfléchi un instant.

-Je n'ai que des gilets jaunes en stock.

Le silence se fit un instant dans la salle. Tout le monde semblait réfléchir à cette proposition. Soudain, le Président brisa le silence.

-Des gilets jaunes ? C'est ridicule, à quoi allons-nous ressembler ? Non, nous devons trouver autre chose.

Le brouhaha se fit, chacun exposant avec vacarme ses idées.

Une par une, les propositions défilaient, sans convaincre le Président. Patrick trouvait le temps long et voulait vite quitter cet endroit. Cela faisait certainement plusieurs heures que la réunion avait commencé.

Finalement, le Président mit fin au vacarme insoutenable de la salle.

-Ecoutez.Visiblement, toutes les solutions proposées présentent un défaut, un point faible. Je ne vois alors qu'une chose à faire. Nous devons surprendre les humains et faire la révolution. Nous devons nous mettre en guerre contre eux. Nous devons leur faire subir tout ce qu'ils nous font eux-même endurer. Nous devons les éliminer !

***

Dans ce même bâtiment, l'oreille collée derrière la grosse porte qui refermait cette pièce de réunion, René écoutait tout. Absolument tout. René apprit tous les secrets des spaghettis, ainsi que leur projet.

René, la tagliatelle, comptait bien protéger les humains.

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