CHAPITRE VINGT-CINQ

 « Tu n'es qu'un monstre, Arès ! »

« Je n'ai fais que suivre ce que m'a demandé de faire notre frère ! »

« Si Apollon te dit de sauter de l'Olympe, le ferras-tu ? »

Il eut un long silence durant lequel les dieux de la guerre se regardèrent. Il se pouvait que, s'ils étaient restés encore un peu plus seuls, une énième bataille éclatât entre eux. Mais cela ne fut pas le cas.

« Qui a commencé ? » Fit la voix d'un jeune homme.

« Lui ! »

« Elle ! »

Hermès, le plus jeune, fit un sourire espiègle à son frère aux cheveux blonds.

« Tu paries sur lesquels cette fois, Apollon ? »

« Ferme-la un peu. » Fit le dieu solaire en s'approchant des deux jeunes dieux. « Arrêtez de vous quereller, tous les deux. On vous entend à l'autre bout de l'Olympe. »

« A qui la faute, n'est-ce pas Arès ? »

Ce dernier ne répondit pas. Il préféra serrer les poings et faire demi-tour.

« C'est ça ! Fuis, espèce de lâche ! »

« Tu n'es pas tendre avec lui. » Intervint Artémis qui venait d'entrer dans le jardin.

C'était un magnifique jardin qui avait été aménagé par Déméter. Elle y avait passé des années et des années, et elle en était particulièrement fière. Cela aurait été regrettable de saccager des mois et des mois de travails pour une querelle quotidienne.

« Comme si vous teniez à lui, vous autres. Qui l'apprécie, sur l'Olympe ? Même les Hommes ne l'apprécient guère. »

Aucun des trois autres dieux ne répondit quoi que ce soit. Il était certain que la déesse de la sagesse avait raison concerné le dieu de la guerre.

« Il n'est que violence, et haine.... » Soupira Athéna en s'asseyant sur l'un des bancs du jardin.

« C'est juste le dieu de la guerre brutal... » Remarqua Hermès avec un sourire amusé.

« Il sait se montrer aimable, parfois. »

« Ne l'approche pas trop, Artémis. On ne sait pas de quoi mon petit frère est capable. »

Celui qui arrivait n'était autre qu'Héphaïstos, le dieu forgeron. Il était tout l'inverse d'Arès. Lui était laid, l'autre était beau. Lui était apprécié, l'autre était détesté. Lui était le fils favoris de leur père, l'autre était le plus haï de tous.

« Arès est malin. Comme nous tous. Sous ses airs réservés, c'est une personne horriblement mauvaise. »

« Tu crois ça ? » Fit Athéna avec un ricanement. « Moi, je trouve qu'il est aussi monstrueux que les Hécatonchires(1). »

Hermès ria, ce qui plut à Athéna. Apollon et Artémis, quant à eux, se regardaient simplement. Les jumeaux étaient si proches, et s'aimaient tellement l'un l'autre qu'ils étaient capables de se comprendre en un seul regard.

« Il est gentil avec moi. On boit beaucoup tous les deux. »

« Tu bois à longueur de temps, Dionysos. » Soupira Apollon.

« C'est faux. » Fit le dieu du vin en prenant une gorgée d'alcool.

Bien qu'aucun ne fit la remarqua, chacune des divinités présentes - sauf Dionysos - étaient exaspérée.

« Il devrait retourner en Thrace. Il était bien, là-bas. » Fit la déesse aux yeux de chouette en croisant les bras sur sa poitrine.

A nouveau, il y eut un long silence. Et même si certains prenaient sa défense, tous étaient d'accord sur ce fait. Chacun d'entre eux détestait plus au moins Arès pour des choses plus ou moins futile. Et cela commençait avec Athéna, qui devait être celle qui, après Zeus, le détestait le plus.

« Je soumettrais l'idée à Zeus Père. Il m'écoutera moi. » Dit-elle avec fierté.

« C'est sur qu'il ne m'écoutera pas moi. » Remarqua Apollon, ce qui fit sourire tous les dieux présents. « Pourquoi ne pas régler directement le problème avec Arès ? Peut-être pouvons-nous lui demander d'être... comment dire... »

« Moins ce qu'il est ? » Fit Artémis, les sourcils froncés. « Son nom le définit, comme nous tous. Nous avons chacun d'entre nous une partie sombre en nous. Alors, il a une part de lumière en lui. »

« Ne fais pas celle qui aime l'art, Artémis. Ça, c'est mon travail. »

« Fais le bien dans ce cas. »

Apollon jeta un regard assassin à sa soeur, avant que celle-ci ne se mette à courir. rapidement, le dieu de l'art se mit à sa poursuite. Secrètement, chacun des dieux encore dans le jardin rêvait d'avoir une complicité avec quelqu'un comme la complicité qu'il y avait entre les jumeaux divins.

« Je suis son frère légitime. » Intervint Héphaïstos. « Je vais moi-même essayer de lui parler. Mais je ne te garantis rien, Athéna. » Dit-il avant de s'éloigner du jardin à la recherche de son petit frère, laissant ses jeunes frères et soeurs seuls.

...

Comme très souvent après une dispute, le dieu de la guerre se réfugiait dans sa chambre. C'était là qu'il passait la plupart de son temps lorsqu'il ne se battait pas, ou qu'il n'était pas en Thrace. Durant cette période de l'année, il faisait terriblement froid au nord. De ce fait, il préférait la chaleur que procurait l'Olympe. Bien qu'il détestait la résidence des dieux.

Tout était toujours très brillant partout. Il y avait toujours des festivités, tout le monde était toujours joyeux, et cela le mettait assez mal à l'aise. En fait, cela lui rappelait sa vie d'avant.

Sa paillasse était assez petite pour lui. Il l'avait alors qu'il n'était encore qu'un jeune dieu. Personne n'avait pris la peine de bien vouloir lui en fabriquer un nouveau. Mais il s'en moquait. Il ne dormait pas vraiment ici, en ce moment.

Il passait de nombreuses soirées aux côtés de la déesse de l'amour, Aphrodite. Il avait fini par céder aux avances de la déesse, et il en était finalement étrangement satisfait.

Il entendit un bruit veinait de la porte de sa chambre. Il se redressa en voyant la porte s'ouvrir. Arès finit par se recoucher en voyant son frère, le dieu forgeron.

« Laisse-moi deviner : Athéna la favorite s'est encore plainte. Elle a dû dire que je l'avais provoqué, c'est ça ? »

« Parce que tu l'as fais. »

« Non ! » Soupira le dieu de la guerre, excédé. « Mais ça ne sert à rien de me justifier, car de toute manière, personne ne me croira. »

« C'est ça, ne gaspille pas ta salive, mon frère. »

Le dieu ne répondit pas.

« Tu sais très bien qu'elle... »

« Oui je sais. Si tu viens me dire ce que tu me dis à chaque fois, tu peux partir. Je veux être seul. »

« Tu l'es toujours. Tu ne souhaiterais pas la compagnie de quelqu'un ? D'une femme ? Ou d'un homme ? »

Les sourcils froncés, le dieu aux cheveux blancs se redressa brusquement, observant son frère. Ce dernier était à quelques pas du lit du plus jeune. Il l'observait simplement.

« Qu'est-ce que tu veux dire par là ? » Demanda Arès.

« Je ne sais pas... Tu n'es pas marié, tu n'as plus vraiment d'enfant vivant alors... Tu pourrais peut-être... Je ne sais pas... »

Le dieu de la guerre soupira en se levant. Il s'approcha d'Héphaïstos, se mettant face à lui. L'ainé était plus grand et plus gros que lui. Néanmoins, Arès n'avait pas peur de lui. Arès n'avait peur de personne.

« Avant de vouloir parler de ma vie, commence par combler ta femme. »

Il vit Héphaïstos lever les yeux d'exaspération, ce qui fit sourire de malice Arès.

« Je dis cela pour toi, Arès. Tu es mon petit frère et... »

« Comme absolument tous les autres dieux, tu me méprises. Tu n'es pas obligé de faire semblant. Je vous ai entendus parler. J'étais là. »

Effectivement, il n'était pas directement parti s'isoler. Il était resté dans un coin, et les avait écouté parler une énième fois de lui dans son dos. Héphaïstos le regardait presque avec pitié. Pour les gens qui ne le connaissaient pas, cela aurait pu se confondre avec la colère tellement son visage était difforme.

« Sous ses airs réservés, c'est une personne horriblement mauvaise. » Répéta sèchement Arès.

« Ce n'est pas ce que je voulais... Athéna doit avoir confiance en moi. »

« Comment veux-tu qu'elle ait confiance en toi alors que tu l'as presque violé. »

« C'est de l'histoire ancienne. »

Arès se mordit la lèvre nerveusement.

« Je ne pensais pas ce que j'ai dit. »

« Qu'est-ce que tu penses de moi dans ce cas ? »

Le plus jeune croisa ses bras contre son torse, attend patiemment la réponse du plus vieux. Ce dernier semblait chercher ses mots. Mais Arès était patient. Cela lui permet de mieux trouver comment poignarder son frère avec des mots blessants.

« Tu es... un dieu admirable. Tu as... vécu de nombreuses choses difficiles et... nous ne pouvons qu'être admiratif de ton parcours... »

Il ne répondit pas tout de suite. A la place, il secoua légèrement la tête et émit un ricanement mauvais.

« Je n'arrive toujours pas à croire que toi, dieu laid, tu sois aussi hypocrite. »

« Arès... »

« Pourquoi on t'aime tant, ici, sur l'Olympe ? Tu le sais ? »

Le plus vieux regarda simplement son frère, sans pour autant répondre quoi que ce soit.

« On t'apprécie, car tu dis toujours oui lorsqu'on te demande quelque chose. Tu te laisses soumettre à tous ces dieux arrogants. Et moi, je ne suis pas comme ça. »

« On ne te demande pas de te soumettre, mais de nous respecter. »

« Qui me respecte ? »

« Moi. »

« Va crever au Tartare, Héphaïstos. » Fit Arès avant de partir de la pièce.

Peut-être que finalement, il devrait aller se geler les pieds en Thrace. Peut-être qu'on le laisserais un peu tranquille, là-bas.

***

« SILENCE ! » Hurla le roi des dieux.

Il eut un soudain un silence de mort dans la salle. Zeus n'avait généralement aucun mal à se faire respecter permis ses sujets, notamment parmi les dieux. Il était leur roi, et ils lui devaient le respect éternel pour cela. Après tout, c'était grâce à lui qu'ils étaient ici, sur l'Olympe.

Le dieu de la foudre observa chacune des personnes autour de lui. Il était douze. Les douze dieux olympiens étaient réunis ici pour une énième réunion.

Zeus était à l'extrémité droite, tandis que Poséidon, le dieu de la mer, était à l'autre extrémité. A leurs côtés, les dix autres dieux étaient installés : Héra, Déméter, Héstia, Aphrodite et Héphaistos d'un coté, et Athèna, Hermès, Apollon, Artémis et Arès de l'autre. Arès était évidemment très loin de son père pour éviter qu'ils ne se disputent. Artémis et Arès ne se disputaient jamais, c'est pour cela qu'ils étaient l'un à côté de l'autre.

La pièce était si grande qu'a l'intérieur, les humains étaient semblables à des insectes insignifiants.

« Pouvons-nous reprendre dans le calme ? » Continua-t-il.

Il n'y eut aucune réponse, signe que cela était possible.

« Zeus Père... » Commença timidement Déméter. « Ne pourrions-nous pas revoir l'arrangement avec... »

« Non Déméter, c'est impossible et tu le sais. Tu reverras ta fille lorsque tu y auras le droit. »

Elle soupira. Les dieux face à elle virent même quelques larmes couler.

« Depuis la fin de la guerre, mon mortel favori a du mal à rentrer dans son pays, père. » Intervint Athéna. « Pourrais-tu, s'il te plaît, demander à Poséidon qu'il arrête de rejeter sa colère sur Ulysse le brave ? »

« Vaut mieux que je rejette ma colère sur un homme plutôt que sur mon propre frère, n'est-ce pas, Athéna. »

Il n'y eut plus aucun son pendant quelques secondes durant lesquels chacun se regardait. Athéna prit un air offusqué, tandis que Poséidon avait l'air plutôt satisfait. Pour une fois, le dieu de la guerre se fit le plus petite possible, n'ayant pas réellement envie qu'on commence à parler de son cas.

Zeus Père, dans un soupir, se redressa sur son trône avant de se relever. Il observa l'assemblée des dieux à ses côtés. Pendant de longues secondes, il ne fit aucune remarque. Il observait chacune des divinités présentes.

« Ne pouvez-vous pas faire une trêve ? Vous êtes tous deux des guerriers. »

« Sauf que je suis une guerrière, et que lui est un monstre. » Fit Athéna sans faire l'effort pour lever un regard vers le roi des dieux.

Personne ne fit de remarque, et c'était presque légitime. Athéna était la fille préférée de Zeus. Si quelqu'un autour de cette table osait lui répondre pour lui dire qu'elle avait tort, il se prendrait la colère du dieu de la foudre.

Arès, le regard mauvais, le releva vers les divinités face à lui qui le regardait. Aphrodite, face à lui, commençait à secouer très faiblement la tête, mais assez pour qu'il puisse le remarquer. Héphaïstos faisait de même, mais la colère prit le dessus, comme d'habitude. Il ne pouvait pas se retenir. C'était plus fort que lui. C'était comme ça, sa colère prenant toujours le dessus. Toujours.

Alors, il se redressa, les poings sur la table et foudroya la déesse de la guerre du regard. Cette dernière ne prêta aucune attention à son homonyme. A quoi bon, il n'en fallait probablement pas la peine pour elle.

« Tu n'es pas la reine des dieux, tu n'as pas à répondre ainsi à notre père et notre roi. »

« Comme si tu le respectais, toi. Je suis celle qui respecte le plus les dieux ici. »

« Je reconnais volontiers les conflits que je partage avec mes parents, mais ce n'est pas pour autant que je n'ai pas de respect pour mon roi et mon père. Et si tu es celle qui a le plus de respect pour les dieux, pourquoi ne me respectes-tu pas ? Pourquoi prends-tu Héphaistos pour ton larbin ? Pourquoi tu manques de respect à notre père ? Et surtout à ma mère. »

Son ton était froid, aussi froid que la glace. Zeus leva le regard vers son fils, et leur regard se croisèrent. Il n'était jamais entendu avec Zeus, mais ce n'était pas pour autant qu'ils n'avaient pas de respect pour celui-ci.

« Et toi, » continua Arès à l'intention du roi des dieux. « Tu ne dis rien ? Tu la laisses se comporter comme une reine ici ? N'oublies pas que ta reine est la déesse qui m'a mis au monde, pas cette déesse qui n'est pas dans la légitimité actuelle. »

« Calme toi. » Tenta Apollon qui était à la droite de Arès.

« Non je ne me calmerais pas. Je n'ai pas envie de me calmer. Le simple fait d'être dans la même salle qu'Athéna me donne envie d'exploser de colère. Mais je me retiens à chaque fois, et à chaque fois c'est elle qui commence. Mais continuez de dire que tout est ma faute. C'est toujours elle qui me cherche. Elle est à l'origine d'un conflit que je n'ai pas voulu. »

Après quoi, il n'écouta même pas l'explication qu'Héphaistos était en train de donner et s'éclipsa à l'extérieur de l'Olympe. Il en avait assez de faire l'hypocrite envers ces divinités qui le détestaient tous plus les uns que les autres.

Dehors, le vent soufflait légèrement, et les nymphes de l'Olympe étaient de sortie. Elles le regardèrent arriver avec une légère crainte dans les yeux. Elles savaient que si Arès sortait le premier du conseil des deux olympiens, c'était qu'il s'était soit mis en colère, soit disputé avec Zeus ou Athéna.

Une jeune nymphe s'approcha de lui, alors que les autres tentaient de la retenir. Elle se retrouva face au dieu de la guerre et, avec un petit sourire, s'inclina par respect devant la divinité supérieure à elle. Il était supérieur à elle en tout point, temps par le niveau social, sur l'âge ami aussi sur la taille. Elle semblait minuscule à côté de lui.

« Ne vous mettez pas en colère pour une femme, seigneur Arès. Montrez-lui que ses remarques ne vous atteintes pas, et elle arrêtera. Elle verra qu'elle perd son temps. » Dit-elle.

Le ton doux et presque enfantin de sa voix le conforma face à l'idée qu'elle était une très jeune divinité qui ne connaissait pas encore les codes. Le dieu leva le regard vers les nymphes un peu plus loin qui regardait la scène avec inquiétude. Même les nymphes avaient peur de lui. Sauf cette jeune divinité.

« Sais-tu qui je suis, petite fille ? »

« Vous êtes Arès, le dieu de la guerre. Tout le monde sait qui vous êtes. »

« Pourquoi es-tu venu vers moi ? Je ne t'ai fait aucune avance. » Répondit-il, sceptique.

« Je suis Symithia. Je souhaitais simplement me présenter. »

Il la regarda, et la détailla presque du regard. Il ne savait pas de qui elle était la fille, mais comme toutes les nymphes, elle était très jolie. Elle lui rappelait presque Perséphone, avec ses longs cheveux bruns et son regard semblable à celui d'une noisette.

« Fais attention à toi. Tu es exactement le genre de nymphe qu'Hermès apprécie. Ne te laisses pas cajoler par ce vaurien. »

« Je n'oublierais pas cette remarque, Seigneur Arès. Je n'apprécie que ceux se dévouent corps et âme à la bataille. »

Elle leva le regard vers lui, et Arès soupira. Il s'approcha légèrement d'elle et s'abaissant vers son visage. La jeune nymphe ne recula pas, elle se laissa faire.

« Si tu essaies de jouer de tes charmes sur moi, saches que c'est cela n'a aucun effet et que tu perds ton temps. »

Il se redressa, et croisa le regard de la jeune nymphe qui commençait à changer. Elle semblait être déçue, comme s'il était sûr qu'il allait tomber dans son plan. C'était mal le connaitre. Il ricana avant de faire demi-tour.

« Je suis vierge ! »

« Plus pour longtemps. Hermès adore les vierges. »

Après quoi, il retourna à l'intérieur de l'Olympe, un sourire mauvais au visage.

***

« Range-toi de mon côté, mon frère. Si je t'ai à tes côtés, je suis certain de gagner. »

« Ce n'est pas ta guerre, Apollon. C'est celle des hommes. »

« Tu es du côté des Troyens, c'est ça ? Tu préfères ces hommes qui te déteste ? »

« Tout le monde me déteste. »

Il y eut un court instant de silence durant lequel les deux dieux se regardèrent.

« Ne dis pas n'importe quoi... On te vénère en Thrace. » Finit par répondre le dieu solaire.

Le dieu violent, lui, ne fit rien. Il se contenta d'observer le sol et de réfléchir.

Cela faisait des mois et des mois que la guerre régnait entre les grecs et les troyens. Tout avait commencé avec ce mariage ridicule, et ce défi ridicule qu'Aphrodite avait évidemment remporté.

« C'est parce qu'Aphrodite est de l'autre côté ? C'est pour cela que tu ne veux pas te battre avec nous ? Tu n'es toujours pas intervenu dans ce combat, alors que tu es le dieu guerrier ! Tu te dois de... »

Il ne continua pas sa phrase. Il n'avait aucunement le besoin de le faire.

« Je sais que tu meures d'envie d'aller directement combattre. Mais tu ne prends pas parti parce que tu sais que tu vas faire des ravages. » Finit par ajouter Apollon.

Avec un simple sourire en coin, Arès répondit d'une voix calme et assurée.

« C'est vrai. Je n'ai pas encore envie d'être reconnu responsable de ce massacre. »

« On croirait entendre Zeus... Par tous les dieux, tu es d'un ennuie mortel, Arès.... »

Le jeune dieu ne répondit rien. Il préféra observer Athéna, la messe de la sagesse, arriver vers eux. Elle partait fièrement son armure de guerre, avec sa lance dans la main et son bouclier dans l'autre.

« Arès, décides-toi. Tu viens, ou tu restes. Et si tu viens, tu es avec moi, ou lui ? » Demanda-t-elle en s'arrêtant à côté de ses jeunes frères.

« Je note le fait que tu ne m'agresses pas. C'est très gentil de ta part ma très chère soeur adorée. »

« Ferme-la. Viens te battre, et après, peut-être que nous pourrions envisager d'être plus cordiale l'un l'autre. »

Il fronça les sourcils. Etait-ce cela, sa stratégie pour le forcer à faire la guerre pour eux ?

« Zeus vous a déjà dit de ne pas interférer dans les histoires des humains. »

« Sauf que là, un mortel m'a déshonoré. »

« Il ne fallait pas participer à ce jeu. A quoi t'attendais-tu face à la plus belle des déesses ? Même Artémis a eu l'intelligence de ne pas participer. Es-tu vraiment la déesse de l'intelligence ? »

« Retire tout de suite ce que tu viens de dire, Arès. »

Elle mit le point de sa lance juste en dessous du menton de son frère. Ce dernier n'avait pas bougé d'un poil, nullement effrayé par Athéna. Il n'avait jamais peur.

« Je suis si indispensable que cela ? »

« Oui. »

« Non. »

Apollon et Athéna se lancèrent des regards massacrants. Ce fut Apollon qui le dévia en premier tout en soupirant.

« Viens. C'est tout ce que je te demande. En tant que frère. » Fit le dieu de la musique en attrapant son arc.

Arès le fit le serrer dans l'une de ses mains. Il ne savait pas réellement ce qu'il devait faire. Devait-il se joindre à cette guerre qui n'était pas la sienne. En tant que dieu de la guerre, c'était presque une obligation, il le savait.

« J'aurais quoi en retour ? » Demanda le dieu de la guerre.

« Tu auras le droit à une nymphe si tu es gentil. » Fit Athéna avec un sourire mauvais.

« Dommage, j'aurais préféré ta mort. »

« On ne peut pas tout avoir, mon frère adoré. » Répondit-elle d'un sourire mauvais.

Il le lui rendit, mais finit par céder à la demande d'Apollon néanmoins. Il avait décidé de partir avec Apollon, car c'était celui qui le respectait le plus des deux. Il était évident, au vu de sa rivalité avec Athéna, qu'il choisisse le camp adverse.

***

« Je te hais plus qu'aucun des dieux qui vivent sur l'Olympe car tu ne rêves que discordes, guerres et combats »(2).

Arès était agenouillé devant ce dieu qui l'humiliait devant tous les autres dieux. Devant ses frères et soeurs. Ils devaient être heureux de le voir dans cette posture. La voix du roi des dieux résonnait dans toute la pièce. Il détestait cette situation.

Ce fut ensuite à Héra, sa mère, de s'insurger de son comportement.

« Zeus Père, n'es-tu pas outré des sévices d'Arès ? Combien de braves Achéens n'a-t-il pas fait périr à tort et à travers ! J'en suis navré, et cependant, Artémis et Apollon à l'arc d'argent sont tout heureux d'avoir lâché ce fou qui ne connaît aucune loi »(3°.

Personne ne parla. Le regard baissé vers le sol, il pouvait sentir le regard des dieux sur lui. Il était certain que ce n'était que des regards de dégouts, ou de pitié. Quoique, personne ne ressentait de pitié pour un monstre comme lui.

Malgré cela, Arès souffrait. Il souffrait d'entendre ce parent lui dire ce genre de chose.

« Je lui ai demandé de... »

« Tais-toi, Apollon. » Fit la voix forte de Zeus.

Arès voulait se faire le plus petit possible, mais difficile de le faire lorsqu'on était en plein milieu de la salle. Avoir toute l'attention sur lui le mettait profondément mal à l'aise. Il avait l'impression qu'on était en train de lui enfoncer des couteaux dans le dos tellement les regards vers lui étaient douloureux.

« Je n'ai fais que ce que l'on m'a demandé. » Répondit-il pour se défendre.

« Apollon n'est pas ton roi. »

« Apollon me respecte. »

« Apollon t'a utilisé. Il savait que tu allais devenir complètement fou sur le champ de bataille. Tu n'étais qu'un pion pour lui. Je n'arrive pas à croire que tu sois si naïf en plus d'être répugnant. »

Arès ne répondit pas, et se répéta en boucle les paroles de sa mère dans son esprit. Alors il n'avait été que l'arme du dieu solaire ? Il aurait dû s'en douter. A quoi bon, c'était bien trop beau de penser qu'un dieu sublime comme Apollon le respecte à sa juste valeur. Personne n'avait une quelconque once de respect pour lui. Pas même ses parents.

« Je m'excuse pour toutes les vies que j'ai volées. J'irais me purger... »

« Te purger ne sera pas suffisant pour toi. J'aurais dû t'envoyer dans le Tartare dès ta naissance... » Fit Zeus d'une voix presque basse.

Cependant, tout le monde l'entendit, surtout Arès. Il releva le visage et observa son père. Il vit sa mère regarder son époux presque avec effraie. Avait-il sincèrement pensé à l'envoyer dans le Tartare ?

« Père... » Commença Athéna. « Je... Je n'apprécie pas Arès, mais de là à... à dire ce genre de chose... »

Il fusilla sa fille préférée du regard, tandis qu'Arès avait tourné la tête vers elle. Etait-elle en train de tenir tête à Zeus Père pour... pour lui ?

« Elle a raison, Zeus. Tu ne peux pas dire cela de ton fils légitime. Il reste ton enfant. Si vous ne l'aviez pas lâchement abandonné, nous n'en serions peut-être par là, à cracher sur lui pour la énième fois. »

Arès se redressa et commença à s'éloigner le plus possible de Zeus et Héra, s'approchant peu à peu de la grande porte. Déméter l'attrapa par le bras, essayant de l'empêcher de partir.

« Il ne le pensait pas. Il dit ça sur le coup de la colère... »

Arès s'immobilisa et laissa Déméter caresser lentement son dos, comme pour le consoler. Déméter était l'une des seules déesses à lui adresser un quelconque intérêt. Elle lui adressait la parole et le considérait comme un dieu comme les autres.

« Ne garde pas ta colère pour toi. Exprime-la autrement que par la violence. Tu peux venir me parler si tu le désires. Si tu ne veux pas te sentir juger, ou si tu n'as pas confiance en quelqu'un d'autre. » Fit-elle avec un léger sourire au bord des lèvres.

Arès ne fit rien, mais apprécia néanmoins le geste est l'attention qu'on lui portait. Il fit un léger sourire en guise de réponse à la déesse.

« Arès. » Fit Zeus de sa voix puissante.

Ce dernier se tourna alors, et observa son père. Héra était fièrement assise sur son trône.

« Apollon m'a fait part d'une prophétie, il y a quelques jours. Tu souhaites l'entendre ? » Demanda-t-il.

Il hocha simplement la tête. Dans tous les cas, Zeus allait la lui dire, peu importait la réponse - s'il fallait donner une quelconque réponse -.

« Il m'a dit qu'une déesse apparaitrait dans les prochaines années. »

« Tu auras une nouvelle fille avec Mère ? »

« Tu auras une fille avec Athéna. »

Il y eut un silence de mort, comme si la salle attendait une suite à cette révélation. Mais non. Il n'y avait que le silence. Mais il ne dura pas si longtemps que cela.

« QUOI ! » Hurla soudainement Athéna en s'approchant de Zeus. « C'EST IMPOSSIBLE ! IL SE TROMPE ! »

« Apollon ne se trompe jamais. » Fit froidement Artémis.

« Athéna est une déesse vierge. Comment veux-tu que nous ayons un enfant. » Demanda le dieu de la guerre.

« Nous sommes des dieux, Arès. » Intervint simplement Héra.

Il ne répondit rien de plus.

« Cette fille sera la déesse de l'Histoire, fille d'Athéna et d'Arès, la fille des guerriers, et sera la femme d'Apollon. »

Arès eut un rire soudain, tout comme Athéna. Cela s'apparentait à un rire nerveux. Dans la salle, seuls leurs rires étaient présents.

« D'après Apollon, elle brisera la Grèce avant de pouvoir la réunifier. Elle sera celle qui décidera ce que les hommes de l'avenir connaîtront de notre monde. Elle va créer l'Histoire. »

Cela eut le don de provoquer chez Athéna un fou rire incontrôlé. Arès la comprenait : la situation n'avait aucune sens. Il s'était fait réprimer pour la énième fois par ses parents, avant qu'on ne lui annonce qu'il allait avoir un enfant avec Athéna qui ne pouvait avoir aucun enfant.

« Petit malin... » Fit Arès, avec un sourire amusé. « Et comment je suis censé la mettre enceinte. Il n'y a aucune chance. » Continua-t-il en levant le regard vers Apollon.

« Vraiment aucune chance. Je ne le toucherais jamais de ma vie. Il sent le rat crevé, je le sens de la où je suis. » Poursuivit la messe de la guerre, tentant de contrôler ses rictus de rire.

« Athéna est née en sortant du crâne de notre père, Dionysos est né de la cuisse de notre père. Nous sommes des dieux. »

« Est-ce que je vais devoir me transformer en goute d'eau et Arès va devoir me boire ? » Lâcha Athéna avant de se mordre les lèvres pour ne pas exploser de rire.

« Très drôle. » Fit Zeus d'une voix froide.

Cela eut le don de calmer légèrement la déesse de la sagesse même si son corps était toujours pris de plusieurs secousses.

« Pourquoi moi et Athéna ? Je veux dire, nous nous détestons. Nous sommes trop différents. »

« Tu couches bien avec ma femme qui est totalement différente de toi. »

Il y eut d'autres petits rires. Le dieu de la guerre, lui, se contenta de sourire nerveusement.

« Il s'agirait de combler ta femme, il n'irait pas voir ailleurs dans ce cas. Et on sait tous que tu couches avec d'autres, donc tu n'as rien à nous redire. »

« Il y a un nous ? Que c'est romantique... » Intervint Hermès qui, pour le moment, c'était contenté de rire bêtement aux sarcasmes de chacun.

« J'étais presque étonné de ne pas encore entendre le son de ta voix, Hermès. » Fit Héra en levant les yeux au ciel. « Quoi qu'il en soit, les Moires vous ont réservés un enfant en commun, réjouissez-vous. »

« Je ne donnerais pas mon corps à ce monstre. »

« Le monstre est d'accord. »

« Je... Pourrais-je ajouter quelque chose ? »

Déméter s'avança légèrement pour attirer l'attention de tout le monde, avant de regarder roi et sa reine, puis Athéna et Arès.

« Vous pensez être différents, mais je ne vois pas cela de ce point de vue. » Dit-elle simplement.

« Développe, Déméter. » Fit Zeus en se levant.

« Eh bien... » Commença-t-elle d'une voix douce. « Vous partagez le même domaine d'activité. Vous aimez tous les deux la guerre, vous vivez pour cela. Arès est un guerrier qui n'a pas de pitié sur le champ de bataille, il t'est arrivé de l'être tout autant, Athéna. En plus de cela, vous vous complétez. Lorsque vous vous battez l'un à côté de l'autre, vous n'avez pas besoin de parler entre vous. Vous vous battez, et vous protégez l'un l'autre. Vous êtes la guerre meurtrière et stratégique à vous deux. Vous êtes complémentaires. Cessez votre querelle, et essayez de vous entendre. »

« Nous ne nous ressemblons pas. Arès est mauvais, il est violent et... »

« L'as-tu déjà vue frapper volontairement quelqu'un ? L'as-tu déjà vue forcer quelqu'un à faire ce qu'il ne voulait pas ? L'as-tu déjà vue frapper, battre ou violer quelqu'un ? T'a-t-il déjà parlé méchamment sans aucune raison ? As-tu vue avec quel respect il nous traite, nous qui ne le respectons pas à sa juste valeur ? Est-ce que tu l'as déjà vue avec Aphrodite ? As-tu vue à quel point il est gentil et aimant ? L'as-tu vue s'occuper de ses enfants ? Sais-tu à quel point il est mal que tout le monde ici pense qu'il est comme tu le penses ? Est-ce que tu sais qu'il pleure à chaque fois qu'il entend sa mère et son père lui dire qu'il ne l'aime pas ? Non, car tu penses qu'il n'est qu'un rustre dieu sans compassion. » Reprit presque instantanément Hestia qui s'avança à son tour pour venir se mettre à côté de sa soeur.

Arès le regardait simplement, avant de baisser les yeux en sentant plusieurs regards sur lui. Il n'eut même pas le regard de lever le regard vers Aphrodite, ni vers son père et sa mère, et encore moins vers Athéna.

« Tu penses tout savoir, déesse de la sagesse, mais acceptes que tu te trompes sur Arès. Ce n'est qu'un enfant qui a vécu des choses que tu n'as jamais vécues. Vous avez des parcours différents, mais vous êtes semblable à la fois. Et je suis sure que si tu te rends compte de cela, tu l'apprécieras à sa juste valeur, et qu'il te pardonnera. Il a un grand coeur, même si cela ne se voit pas. » Continua Déméter, lançant un regard vers Arès.

Ce dernier la regarda avec de lui faire un léger sourire. Il était étirement reconnaît des deux déesses qui le respectait. C'était bien les deux seules avec Aphrodite à le respecter.

« Est-ce que c'est vrai ? » Demanda la voix d'Héra.

Bizarrement, cela le fit presque frissonner d'entendre la voix de sa mère.

« Est-ce que c'est vrai que tu pleures par ma faute ? » Demanda-t-elle.

Arès ne répondit pas, mais se contenta de regarder sa mère. Cette dernière semblait prendre conscience peu à peu de ce que pouvait ressentir son fils.

« Tu es le plus beau de mes enfants, Arès. Mais tu n'es pas comme je l'aurais voulu. J'aurais préféré que tu sois un enfant jovial, heureux, qui court partout et que tout le monde aime. Mais tu es calme, malheureux, et tu es colérique. Ce n'était pas ce que je voulais pour toi. »

« Tu voulais que je sois comme les autres. Que je sois le petit dieu modèle. Peut-être que si tu m'avais élevé ici avec mon père, peut-être que j'aurais été épargné par ce qu'on m'a fait, et peut-être que je ne serais pas comme ça. Peut-être que j'aurais été ton parfait petit garçon que tu aurais tant aimé et chéri. »

Des larmes commençaient à monter, mais il parvint à les retenir.

« Ce n'est pas ce que je voulais dire. »

« Et bien sache que c'est comme ça que je le vois. »

Il y eut un long silence durant lequel personne ne savait quoi ajouter.

« Je ne veux rien de vous. Je suis ici parce qu'on m'a donné des obligations. Mais je rêverais de ne plus être comme vous, et d'être comme un homme. Vous êtes prétentieux, et horribles, tous autant que vous êtes. Ce n'est pas moi le monstre, mais vous tous. Je préférais mourir plutôt que d'être ici. J'aimerais mieux aller dans le Tartare, même. »

« Ne te met pas en colère... » Fit Aphrodite en s'approchant de lui.

« Arrête de me dire ça. Laisse-moi être en colère. » Dit-il en dégageant les mains d'Aphrodite qui tentait de lui attraper les siennes. « Quand vous comprendrez que ce n'est pas moi le problème ici mais que c'est vous, peut-être que je pourrais envisager d'être moins en colère. »

« Pardon. » Fit une voix féminine.

Tout le monde tourna la tête vers elle : c'était Athéna qui venait de parler. Arès cligna les yeux à plusieurs reprises, il se demandait s'il avait vraiment entendu ce qu'il avait entendu, ou si ce n'était que le fruit de son imagination.

« Pardon. » Répéta-t-elle un peu plus fort pour que tout le monde l'entende.

Désormais, ils se regardaient droit dans les yeux. Athéna fit plusieurs pas pour venir se poster devant son homonyme. Elle était plus petite que lui d'environ une tête, mais cela ne l'empêcha de se tenir fièrement devant lui sans une seule once de peur.

« Je... Je te pris d'accepter mes excuses. »

« Quelles excuses ? »

Elle fronça les sourcils.

« Mes excuses, qu'est-ce que tu attends de plus ? »

« Tu présentes tes excuses pour quelle dispute exactement ? Juste une, ou toute celle que tu provoques ? Ou tu t'excuses d'être la préférée de Zeus qui ne daigne même pas me donner une seule seconde d'attention depuis ma naissance ? Ou par le fait que mes parents m'ont lâchement abandonné ? Qu'ils ne m'aiment pas ? Que tout le monde me déteste ? Je peux continuer encore longtemps comme ça. »

Elle ne répondit pas, elle se mordilla simplement la lèvre. Il savait qu'elle réfléchissait. Elle faisait toujours ça, lorsqu'elle réfléchissait sur le champ de bataille pour élaborer une stratégie.

« Nous ne sommes pas en guerre, Athéna. Je sais que tu t'excuses aujourd'hui, mais que tu recommenceras demain. Parce que c'est un éternel combat qu'il ne sera jamais gagné par l'un d'entre nous deux. »

« Je suis sincère. »

Arès ricana en détournant le regard.

« Arrête de me regarder avec tes yeux globuleux, c'est troublant. » Soupira-t-il en reposant le regard sur elle

« Arrête de grandir, ma nuque se raidit à force de devoir la lever pour te regarder dans les yeux avec mes gros yeux de chouette. » Compléta-t-elle, avec un sourire en coin.

Arès ne dit rien. Ses grands yeux gris l'avaient toujours légèrement perturbé. Son regard était très expressif, et il avait toujours su savoir faire sa différence entre son regard moqueur et vengeur, gentil et méchant. Mais là, c'était différent. Il ne voyait rien de cela. Cela s'apparentait à... à de la peine.

« Est-ce que je te fais de la peine ? »

« Un peu. »

« Je ne veux pas de pitié. »

« J'ai de la peine parce que tu sens réellement le rat crevé. »

Il ne répondit rien, préférant baisser la tête. Soudain, il sentit une main se poser dans sa nuque. Il releva la tête, mais son front se retrouva collé contre celui d'Athéna.

Aucune des deux divinités ne parla. Ils se contentèrent de fermer les yeux, et de rester quelques instants dans cette position. Le temps semblait s'arrêter, il n'y avait que leurs deux respirations, et rien d'autre. Ils n'en avaient que faire de tous ces dieux et déesses autour d'eux qui les regardaient, ne comprenant surement pas la situation. Arès s'en moquait, car il se sentait parfaitement bien.

En réalité, cette étreinte dura quelques minutes. Durant cette dernière, les parents des guerriers furent en harmonie. Il y a avait une sorte de symbiose entre eux, comme si deux âmes soeurs se réunissaient. Et c'est ainsi que la déesse de l'Histoire naquit de l'esprit des deux guerriers.


(1) : Ce sont trois géants avec chacun cinquante têtes et cent bras, fils d'Ouranos (le ciel étoilé) et Gaïa (la terre). Ce sont les gardiens du Tartare (une partie des Enfers).

(2) : Chant V, vers 872-873 de l'Iliade d'Homère

(3) : Chant VII, vers 756-761 de l'Iliade d'Homère

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