CHAPITRE SIX


« Combien as-tu de frères, Agria ? » Me demanda un garçon à côté de moi du nom de Crétines.

« J'en ai quatre. Le plus grand, Bion, à onze ans. Le second, Cléarque, en a neuf. Diogène est mon troisième frère, il a cinq ans. Et le petit dernier, Electhère, n'a que quelques mois. Mais lorsque je suis partie, ma mère était enceinte d'un sixième enfant. Il va devoir mourir dès sa naissance par ma faute. » Expliquais-je.

« Tu n'as pas te sentir coupable, Agria. » Me rassura-t-il alors avec un sourire réconfortant.

Je hochai la tête, un léger sourire triste au visage.

Cela faisait déjà plusieurs mois que j'étais arrivé à Phtie, et je m'y sentais comme chez moi. Bien que j'étais loin de mes petits frères, je me sentais bien ici. Ici, les gens ne me jugeaient pas, tout le monde était gentil avec moi. Je m'étais même faites des amis. J'étais épanouie.

Je m'étais parfaitement acclimaté à ma nouvelle vie de servante de la princesse. Le matin, je me devais, tous comme les autres prêtresses, d'accompagner la princesse Athanasia au temple du dieu Apollon, accompagné d'une offrande. Nous ressortions ensuite pour laisser le prince Alexios y entrer pour pouvoir passer un moment avec son père pendant que nous allions prendre notre petit déjeuner. Nous écoutions la princesse nous conseiller avec philosophie. Elle était toujours si gentille, si aimable avec nous.

Lorsque l'heure du déjeuné avait sonné, nous nous retrouvions tous dans la salle du réfectoire pour manger. Les servantes de la princesse se mélangeaient volontiers avec les garçons accueillis par le roi Néophyle. Et chaque midi, le prince mangeait avec nous. La plupart du temps, il nous racontait ce qu'il avait fait avec son père.

« Il n'a pas beaucoup parlé. Il semblait contrarié. » Dit-il, légèrement distrait.

« Ah oui ? »

« Tu penses savoir ce qu'il a ? »

« Je ne lui ai pas posé la question, parce qu'il ne me dira pas la vérité. Mais je pense qu'il est contrarié, car les jeux vont bientôt être organisés, et que cela signifie que je vais être présenté officiel comme son fils à toute la Grèce. »

« Mais c'est une bonne chose ! Les gens verront que tu es un demi-dieu ! »

« Justement. » Intervins-je soudainement. « Tu as déjà vu un demi-dieu survivre et avoir une belle vie ? Le dieu aime le prince Alexios, il ne veut pas que son fils finisse comme tous les autres héros, soit mort à la guerre, soit puni par les dieux pour son arrogance, soit fou. Fais attention, mon prince. Ne prend pas de risque pendant ces épreuves. »

« Tu t'inquiètes pour moi, princesse Agria ? »

Je tournai lentement la tête vers le garçon blond et lui fit un sourire mauvais.

« Je ne veux pas voir le dieu en colère, c'est tout. »

Il ria, et je le suivis avant que toute la table nous suive. Il n'était pas rare que je me chamaille ainsi avec le prince. C'était toujours ainsi que se déroulaient nos maigres conversation. Et cela tournait généralement autour de son père.

« C'est vrai qu'il vient te voir parfois, Agria ? » Me lança Crétines.

« C'est rare, et c'est seulement lorsque je suis seule au temple. Je suis une servante de la princesse, il s'assure que je lui suis fidèle. »

« Il te trouve amusante. »

À nouveau, je regardai le prince.

« Vraiment ? »

« Oui, particulièrement quand tu l'observes avec la bouche grande ouverte parce que tu ne sais pas s'il est vraiment devant toi ou si tu deviens folle. »

Alors que toute la table riait, je soupirai légèrement, déviant le regard en sentant mes joues s'empourprèrent de gêne. J'avais toujours du mal à savoir si c'était la réalité, ou simplement le fruit de mes fantasmes.

Je vis du coin de l'oeil le prince se lever et nous saluer, avant de partir. Probablement allait-il s'entrainer. Les rires se dissipèrent, et je me levai rapidement à mon tour avant de partir. Je marchais lentement dans le palais en direction du temple. Rapidement, j'entendis une douce mélodie que je connaissais parfaitement : c'était le son de la lyre du prince.

On l'entendait jouer partout dans le palais tellement il jouait remarquablement bien. Il avait un talent digne de son père. Il n'y avait définitivement aucun doute sur son divin.

Il savait que je l'observais chaque après-midi. Du moins, c'était ce que je pensais. Je me calai contre une des poutres et l'observai. Il était dos à moi. Je pouvais voir ses cheveux blonds bouclés qui tombaient sur ses épaules finement sculptées. Même de dos, il dégageait quelque chose d'unique.

Soudain la musique s'arrêta. Je vis son corps bouger, alors je me cachai pour qu'il ne m'aperçoive pas. J'espérais ne pas respirer trop fort afin qu'il ne me remarque pas.

« Tu peux venir si tu veux. Tu es toujours là, mais tu ne viens jamais. » Dit-il alors d'une voix douce.

Visiblement, il savait parfaitement que je l'observais depuis le début. Prise sur le gond, je m'avançai alors vers le prince, presque timidement. Il semblait si jeune, si innocent, si naïf que j'en étais étrangement intimidé.

Je le vis me regarder, la magnifique lyre dans ses mains. Ses yeux bleus m'observaient. Lorsque je plongeais mon regard dans le sien, j'avais l'impression d'être en pleine mer. Je voyais presque les vagues bouger.

« Tu sais jouer de la lyre ? » Me demanda-t-il.

« Je sais faire quelques notes, mais je ne suis pas réellement douée. »

« Montre moi, je peux t'aider si tu veux. »

Je viens alors m'asseoir à côté de lui sur le banc. Il me tendit la lyre que je pris avec une extrême douceur. Je savais que cette lyre était la lyre d'Apollon. Il la prêtait souvent à son fils pour qu'il puisse jouer en son absence.

« Ne sois pas crispé comme ça. Il faut que tu imagines que la lyre est la continuité de tes doigts. »

Je soufflai lentement et tentai de me détendre un peu. Je le laissai placer mes doigts correctement sur la lyre pour que je sois plus à l'air pour jouer. Je ne pouvais détacher mon regard de son visage. J'avais l'impression de voir la pureté elle-même devant moi. Il était beau, et je ne pouvais rien y faire, j'étais malgré moi victime de son charme.

« Pour que ce soit plus souple, tu dois glisser tes doigts, comme si tu caressais les cordes. Tu ne dois pas être fixé sur l'idée de ne pas faire de fausse note, c'est justement comme ça que tu vas en faire. »

Je pris alors ses conseils en compte et baissai mon regard sur l'instrument dans mes mains. Je me mis à jouer. C'était très hésitant, et surtout très faux, j'imagine. Je ne jouai que quelques secondes. Lorsque j'eus terminé, je levai le regard vers lui.

Il posa ses mains sur les miennes et joua l'air que je venais de jouer avec mes doigts, me montrant ainsi comment faire pour que la mélodie soit plus jolie. J'observais mes mains et celles du prince jouer. Ses mains étaient légèrement plus grandes que les miennes, lisses et extrêmement douces.

« Tu vois, ce n'est pas si compliqué. »

« Facile à dire quand on est le fils du dieu de l'art... »

« J'étais comme toi la première fois que j'ai joué de la lyre. Mon père s'est moqué de moi. Je me suis entrainé et maintenant, il adore m'écouter. »

« Je n'ai pas vraiment de talent, mon prince. »

« Je suis sur que si. C'est juste que tu ne sais pas encore quel est ton talent. »

Il essayait de me rassurer. Il était vraiment gentil avec tout le monde, celui-là. C'était bien un point qui m'agaçait le plus chez lui : son extrême gentillesse. Il la tenait très certainement de sa mère.

« Je sais simplement raconter des histoires, rien de plus. » Finis-je par dire.

« J'adore les histoires. »

« Cela ne te servirait à rien que je te raconte des histoires. Tu es un demi-dieu, tu dois déjà tout connaitre. »

« Je connais beaucoup de choses, j'avoue. Et je connais des détails que personne ne connaît. Je pourrais te les donner, cela enrichirait tes histoires. »

« Elles étaient destinées à mes frères. Je n'en raconte plus. »

« Même pas pour moi ? »

Je me levai après lui avoir rendu soigneusement la lyre.

« Encore moins, mon prince. »

Il ria encore. Son rire était cristallin, semblable à celui d'un enfant. Par tous les dieux, je comprenais pourquoi le dieu ne voulait pas dévoiler à toute la Grèce l'existence de son fils : il était bien trop naïf pour ce monde, ce n'était rien qu'un enfant innocent. J'avais toujours du mal à croire qu'il était le fils d'un grand dieu, parfois.

« Ce n'est pas très gentil. »

« Je n'ai jamais dit que j'étais gentille, mon prince. » Dis-je d'un air taquin.

Nous restâmes quelques instants en silence. Le vent faisait voler nos cheveux blonds.

« Ta famille va peut-être venir pour les jeux. »

J'avais refoulé cette idée dans un coin de ma tête. Je ne sais pas si j'avais envie de les voir ou non. J'avais peur de leur réaction, j'avais peur qu'on apprenne ce que j'avais. Et j'avais aussi peur que la famille de Sparte soit là. Je ne me voyais pas réussir à les regarder droits dans les yeux. J'étais terrifiée.

« Je ne sais pas s'ils viendront, mon prince. »

« Ils sont conviés, pourtant. »

Je déviais le regard vers le sol, ne sachant pas réellement quoi lui dire. J'espérais que mon père ne daigne pas s'aventurer ici pour participer à ces jeux, mais je savais que pour avoir le mérite des autres rois de Grèce, il allait probablement venir avec mon frère Bion ont le faisant participer.

« Je n'ai pas envie de les voir. »

« Tu n'auras qu'à rester dans les quartiers des femmes. Ou alors, nous te couvrirons la tête. Il y aura le roi de Sparte, il est déjà en route. C'est quand même un de mes cousins, il se doit d'être présent. »

Je le regardai, surprise.

« Tu es cousin avec Sparte ? »

« Mon arrière-grand-père, Néoptolème, fils d'Achille et Déidamie, s'est marié avec Hermione, fille de Hélène et Ménélas. Et un peu plus tard, Hermione s'est marié à son cousin Orestre. On a Hermione en commun en temps que grand-mère. De ce que mon oncle m'a expliqué. » M'expliqua alors le prince.

Je comprenais un peu mieux son lien avec Sparte.

« Néoptolème était mauvais. »

« Pourquoi dis-tu cela ? C'est ton ancêtre, c'est un héros de guerre admiré de beaucoup. »

Je le vis lisser sa tunique après avoir posé sa lyre à côté de lui. Il soupira.

« Il est mort il n'y a pas si longtemps que ça. Je ne l'ai vue qu'une seule fois, j'avais 9 ans. C'était un vieil homme en fin de vie. Il m'a parlé de la guerre de Troie. Il m'a raconté qu'il avait été appelé à Troie après la mort de son père, Achille. Il faisait partie des guerriers enfermés dans le cheval de Troie, et il a fait preuve d'une grande cruauté dans le pillage de la cité. C'est lui qui a tué Priam, roi de Troie. C'est lui qui a sacrifié Polyxène sur le bûcher funéraire de son père. Il a voulu jeter Astyanax, fils d'Hector par-dessus les remparts de la cité. C'est un homme écoeurant. Je suis content qu'il ne soit plus là, mais je n'aime pas l'idée de savoir que son sang coule dans le mien. »

Je ne dis rien, baissant simplement un peu plus la tête. J'avais entendu de nombreux récits sur cet homme. Hermione lui avait été promise après le siège de Troie. On dit qu'il reçu Andromaque et Astyanax comme butin. Je savais qu'il était mort, mais personne ne savait comment. Il n'y avait que des spéculations.

« À Corynthe, on dit qu'il a été assassiné par Oreste. Est-ce que c'est vrai ? »

« Non. Ce n'est qu'une histoire. » Me répondit-il alors.

« Comment est-il mort, dans ce cas ? »

« En vengeant son père. Achille a été tué par Paris, favori du dieu Apollon. Alors, il s'est rendu à Delphes et a pillé le temple d'Apollon. Il a mis mon père en colère, et on sait qu'il ne faut pas mettre un dieu en colère, surtout Apollon. Au final, ce sont des habitants de Delphes qui l'ont froidement assassinés. »

« C'est ironique, lorsque l'on sait que sa petite-fille est l'amante du dieu et qu'il lui a donné un enfant. » Dis-je avec un petit sourire.

Il sourit également en se levant. Le vent venait balayer ses cheveux blonds vers l'arrière. Je l'observai calmement. Sa peau blanche semblait douce, mais j'étais sûr que ses joues d'enfants étaient granuleuses. Il avait un profil parfait, je n'en avais jamais vu un aussi beau.

« Mon oncle souhaite que je m'entraine pour les jeux. Je dois te laisser. » Me dit-il en s'inclinant devant moi.

« Je ne suis plus une princesse. » Lui lançais-je alors qu'il s'éloignait.

Je n'eus pas de réponse, mais j'entendis tout de même un son, comme s'il ricanait. Je le regarda s'éloigner, immobile.

Les jours suivants, nous nous retrouvâmes ici. Il m'apprenait à jouer de la lyre, et moi, je lui racontais des histoires. Je lui parlais de ce que je connaissais, tandis que lui m'apprenait ce qu'il savait faire.

J'en appris également plus sur lui. Il était quelqu'un de profondément gentil, même trop. Selon lui, c'était un défaut. Apollon lui disait d'être plus méchant avec les autres, mais il tenait sa gentillesse de sa mère. C'était également un garçon très drôle et taquin. Il était extrêmement bavard. Tout le monde l'aimait. Il avait le pouvoir d'apaiser les coeurs avec le simple son de sa lyre. Quelques accords suffisaient pour calmer tout le palais.

Plus les jours passaient, plus cela devenait naturel entre nous. Il n'y avait plus de formule royale, plus de gêne. Nous étions deux enfants qui passaient de temps ensemble, sans ambiguïté. Le prince Alexios était devenu un ami sur qui je pouvais compter. Il était tout ce que je n'avais plus. Il était à la fois mon frère, mon meilleur ami, mon confident, mon modèle.

Le jour de ses quinze ans, les jeux olympiques commencèrent. Je n'avais jamais vu autant de personnes dans un palais. C'était même oppressant. J'étais ici comme servante de la princesse, j'avais un voile qui camouflait mon visage pour ne pas que la famille de Sparte et de Corynthe ne me reconnaisse. Plus les invités affluaient devant moi, plus j'angoissais.

Accompagnée de la princesse, je saluais les rois et leurs fils arriver. Nous étions vêtus de robe blanche cintrée à la taille, avec des sandales montantes et des fleurs de lauriers dans les cheveux. Nous étions les servantes fidèles du dieu Apollon. Mes cheveux blonds étaient lâchés. J'avais le réflexe de baisser le regard à chaque nouveau invité de peur de croiser mon père, mon frère ou le roi de Sparte.

Ce que je trouvais étrange, c'était qu'il y avait beaucoup de roi accompagné de leur fille. Je compris que pour les rois des autres régions de la Grèce, ces jeux allaient aussi être le moment de proposer la main de leur fille au fils d'Apollon.

Lorsque Alexios arriva, tous les regards se levèrent sur lui. Il n'y avait plus aucun bruit. Le roi Néophyle présenta alors son neveu à toute la Grèce.

« Merci d'avoir accepté mon invitation. C'est la première fois que j'accueille les jeux, et j'en suis très heureux. Ces jeux sont aussi l'occasion de vous présenter mon neveu, et mon héritier. »

Alexios vint se tenir au côté de son oncle. Il se tenait droit, et avait une présentante que je n'avais jamais vue encore chez lui. J'avais l'impression de voir un homme.

Non, un dieu.

Il se tenait là, fièrement devant nous. Il avait une tunique blanche, avec une ceinture en or autour des hanches. Dans ses cheveux, il y avait une couronne de laurier. Il était semblable à moi et à la princesse, mais il était nettement plus beau. C'est à cet instant que la ressemblance avec le dieu Apollon me semblait évidente. C'était comme si Apollon était descendu parmi les mortels.

« Voici Alexios, le fils de ma soeur, la princesse Athanasie et du dieu Apollon. »

J'en avais presque oublié que ces jeux étaient prévus pour annoncer l'existence d'un demi-dieu né d'un Olympien. Je put entendre des exclamations venant d'un peu partout. Alexios leva la tête dans notre direction. Je ne savais pas réellement qu'il regardait entre sa mère et moi. Je supposais qu'il regardait sa mère, alors je baissai la tête.

« Soyez les bienvenus ici en Phtie. » Finit par dire le roi Néophyle, signifiant que son intervention était terminée.

Rapidement, plusieurs personnes vinrent s'approcher du trône, comme s'il voulait être les premiers à parler à ce demi-dieu caché depuis quinze ans. La princesse m'attira et nous rejoignons le prince. Lorsque j'étais à ses côtés, il m'adressa un regard désespéré. Je lui souris, mais je me rappelais qu'il ne voyait pas mon visage à cause du voile.

« Bon courage. » Lui chuchotais-je.

« Très drôle. » Lâcha-t-il alors que des rois commençaient à faire la queue pour lui parler.

Tout cela sembla durer des heures. C'était extrêmement long, mais le prince restait de marbre. Il faisait ce qu'il avait a faire sans se plaindre.

« Mon prince, je suis Satyros, roi d'Argos. C'est un honneur de rencontrer un demi-dieu. » Dit-il en s'inclinant.

C'était un vieil homme. Je pouvais remarquer qu'il avait du mal à s'abaisser, mais qu'il voulait visiblement s'incliner le plus possible devant le prince.

« Allons, roi d'Argos, tu n'es pas obligé de t'incliner ainsi. Redresse-toi, et dit moi si le trajet s'est bien passé. »

Le vieil homme sembla reconnaissant. En se redressant correctement, il fit une grimace, signe qu'il avait mal quelque part à cause de son mouvement, probablement son dos.

« Je suis un vieil homme, tu te doutes que le trajet a été compliqué. »

« Repose-toi bien durant ton séjour, dans ce cas. » Fit le prince d'une voix bienveillante. « C'est ta fille ? » Demanda-t-il en jetant un regard vers la jeune femme à côté du roi.

« Ma petite fille, mon prince. Elle est la fille de ma fille. Mon gendre est décédé il y a peu. »

« J'en suis désolé, que les dieux vous protègent, toi et ta famille. »

« Merci, mon prince. Elle se nomme Anais, elle a 16 ans. »

« Bienvenue en Phtie, princesse Anais. J'espère que tu trouveras du plaisir à observer les jeux demain. »

J'étais toujours fasciné par sa façon de s'adresser à une femme. En général, les hommes ne leur parlait pas ainsi. Sauf lui. Quand je lui avais fait remarqué, il m'avait dit qu'il respectait les femmes plus que n'importe qui dans ce monde. Il était logique pour lui de s'adresser avec respect à une femme.

« Merci, mon Seigneur. » Dit-elle en s'inclinant.

« Comme beaucoup de jeunes princesses, elle est venu tenter sa chance pour devenir ton épouse, mon prince. » Finit par dire le roi.

Je tournai le regard vers le prince. Il ne réagit pas, il restant stoïque, presque indifférent comme à chaque fois qu'on lui proposait la main d'une jeune femme. C'était la treizième.

« Je ne cherche pas d'épouse pour le moment, mon roi. Je me concentre sur mon apprentissage avant de penser à fonder une famille. Mais si tu souhaites trouver un époux à ta petite-fille, Althaé, la servante de ma mère, peut lui présenter mes Myrmidons. Ce sont des hommes de confiance qui chériront ta petite-fille et qui ne te poseront aucun problème. »

C'était ce qu'il disait mot pour mot à tous les rois qui lui proposaient un mariage.

En effet, les compagnons du prince étaient des garçons bien élevés, et très gentils. Ils ont toujours été gentils avec moi, très respectueux.

Le roi baissa le regard vers sa petite-fille, comme s'il lui laissait choisir.

« Ce serait un honneur, mon Seigneur. » Répondit-elle en s'inclinant.

Alors, comme pour toutes les autres filles, je lui demandai de me suivre. Aucun roi n'avait osé dire non face à fils d'Apollon, de peur de s'attirer les colères du dieu, certainement.

Nous nous frayâmes alors un chemin entre les invités et les serviteurs. Soudain, je sentis mon poignet être attrapé. Je me tournai et c'était Anais qui me tenait. Nous nous arrêtâmes dans un coin un peu tranquille.

« Tu as un problème ? » Lui demandais-je alors.

Elle semblait chercher ses mots.

« Tu as changés d'avis ? »

Elle secoua la tête.

« Je... Je me demandais juste si... Si tu n'étais pas sa femme. Au prince Alexios. » Me dit-elle finalement.

Je souris.

« Je suis une servante de la princesse Athanasie, et une servante d'Apollon. Je ne me marierai jamais. Le prince a refusé toutes les jeunes filles qu'on lui a présentées. »

« Je suis soulagé qu'il ait dit non. »

Je fus réellement surprise par sa remarque.

« Pourquoi ? »

« Il est tellement beau, j'aurais peur de ne pas être assez bien pour lui. »

Les sourcils froncés, je rétorquai.

« Le prince Alexios n'est pas un garçon ordinaire, il est... »

« Un demi-dieu. Le fils du plus beau des dieux. Comment fais-tu pour ne pas être sensible à son charme ? »

« Je connais le prince depuis plusieurs mois. Il est peut-être le fils d'un dieu, mais il ne reste pas moins un homme. S'il ne s'hydrate pas ou ne mange pas, il meurt. Il est comme toi et moi. C'est un homme très simple qui chérira plus que n'importe quel homme sa promise. » Lui dis-je alors.

Elle sembla sceptique, puisqu'elle ne répondit pas tout de suite.

« Je te crois. »

Je ne répondis pas, puis je l'accompagnai près des Myrmidons. Rapidement, ils l'accueillirent de façon très polie pour ne pas lui faire peur. Mais j'étais presque sûr que la princesse d'Argos allait se prêter au jeu comme les autres princesses.

Car nous n'étions que des enfants. 

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