CHAPITRE SEIZE


« C'est quoi le plan, Agria ? » Me demanda mon frère alors qu'il s'arrêtait.

Je soupirai un instant, m'arrête également. Nous étions à quelques kilomètres d'Athènes, désormais. Nous étions là, au bout milieu du paysage en pleine nuit. Nous devions décider d'un itinéraire.

« On doit aller à Ithaque. Ou du moins, vers Ithaque. »

« Tu en es certaine ? Parce qu'il faut naviguer pour y aller. »

« Je sais. Laisse-moi juste réfléchir. »

Depuis l'attaque de Phtie, Ithaque avait bien eu le temps de se faire attaquer par l'armée de Sparte. J'ignorais qu'elle était leur stratégie d'attaque, et pourquoi ils avaient décidé d'attaquer Ithaque. Ce qui était certain, c'était que nous étions très loin du compte. Cette fois-ci, nous avions l'avantage d'avoir une monture, nous faisant gagner énormément de temps.

« Si le prince a fait ce que tu prédis », dit moi frère. « Alors il est déjà à Ithaque. Mais s'il a trouvé son oncle là-bas, il n'a plus rien à faire là-bas, surtout s'il doit partir à ta recherche. Avec ce qu'il entendra des marchands et des voyageurs, il pourra retracer ton parcours. Il saura que tu es passé par Thèbes, et Athènes. La logique voudrait que nous restions en Péloponnèse pour... »

« Regagnons Delphes. Il y a le temple de son père là-bas, c'est logique que nous nous retrouvions à cet endroit. »

Nous nous regardâmes sans dire quoi que ce soit.

« De toute façon, nous n'avons pas cinquante possibilités. » Lança Bion en s'asseyant sur un rocher près de lui. « Vous pouvez vous retrouver soit à Phtie, soit à Delphes, soi à Athènes, soit à Corinthe. Il faut juste... »

« Qu'on devine la destination de l'autre. Et que l'on prit pour qu'on choisisse la même. »

« Exact. » Répondit mon frère après un léger silence.

Je soupirai avant de venir m'asseoir à côté de lui. Nous devions réfléchir, et être malin sur ce coup-là.

« Il faut prendre la ville la plus proche entre Ithaque et Athènes. Mais est-ce que le prince a eu ce raisonnement là. Je suis persuadé que de la pitié jusqu'à Ithaque, il y a au moins une semaine jours de marche. »

« S'il prend passe par l'Etolie, la cité la plus proche serait surement Delphes. Mais s'il passe par l'Achaïe, c'est forcément Corinthe. » Dit Bion.

En arrivant en Phtie, le prince avait surement dû se rendre à Lamia et continuer en passant par l'Etolie, c'était le plus court pour lui. Il était possible qu'il fasse le chemin inverse pour rentrer sur la Grèce continentale. De ce cas, il irait surement rejoindre Delphes. Mais s'il faisait le chemin que mon frère proposait, il longerait l'Achaïe en passant par Patras afin de rejoindre Corinthe.

« Est-ce qu'on est sûr que la nouvelle soit arrivé jusqu'à Ithaque ? Au cas contraire, il n'aurait aucune raison de venir vers Corinthe. » Demandais-je.

« Il faut espérer que ce soit le cas. »

« C'est soit Delphes, soit Corinthe. Maintenant, lequel des deux ? »

Nous étions dans une impasse. Et cela me terrifiait. Et si nous nous trompions ? Et si nous nous retrouvions à Corinthe mais le prince Alexios était à l'autre extrémité de la Grèce ?

« Tu connais le prince, non ? »

« Oui mais... »

« Tu ferrais quoi, à sa place ? »

Je fermai alors les yeux, et je tentai de faire le vide dans ma tête. Je sentais la main de Bion se faufiler dans la mienne. Je la serrai, et pensai au prince. A quoi a-t-il pu penser lorsqu'il était dans la même situation ?

« Je pense qu'Alexios aurait choisi la vengeance. Une fois à Ithaque, il aurait choisi la destination la plus proche en pensant que j'y serais. Je lui aie parlé des centaines de fois de notre cité, et il rêvait que nous nous y retrouvions ensemble. » Dis-je alors avant de réouvrir les yeux.

« Alors nous savons où aller, dans ce cas. »

Il se redressa et se mit face à moi. Je ne bougeai pas d'un poil.

« Et si j'avais tord ? Et si je pensais connaitre le prince, mais que finalement, nous ne nous connaissions pas autant que je le prétends ? »

J'étais en plein doute, encore. Si je me trompais, cela nous ferais perdre du temps et donnerai l'avantage à Sparte d'envahir de nouvelle cité. La plus possible pour la prochaine attaque était Argos, de par le mariage de Bion avec la princesse.

« Non, c'est forcément ça. Il est forcément à Corinthe. »

« Vous avez cette fâcheuse manie à tout remettre en question, les femmes. » Fis une voix que je reconnus instantanément.

Bion sursauta et se retourna rapidement. Devant nous se trouvait un jeune homme.

« Hermès... » Chuchotais-je.

Bion se retourna vers moi, et me regarda avec insistance.

« Très heureux que tu me reconnaisses, fille guerrière. C'est comme ça que l'on t'appelle je crois.

Mon frère se retourner vers le dieu, avant de se retourner à nouveau faire moi. Ce petit jeu continua encore un peu. Il semblait ne par croire à ce qu'il voyait sous ses yeux.

« Je... Je... » Bégaya-t-il.

« Roi de Corinthe. » Fis le dieu avec un sourire taquin. « Tu n'es pas dans ton palais, mon roi ? Oh, c'est vrai, suis-je bête, il est détruit. Désolé, c'est parti tout seul. » Reprit-il en faisant mine d'être attristé.

« J'imagine que tu as un message pour nous, messager des dieux ? » Demandais-je alors, tentant de garder mon calme.

« Perspicace. »

J'intimai à Bion du regard de se mettre à côté de moi, ce qu'il fit. Je me redressai et m'approchai du dieu.

« Mon caducée, il est où ? »

Je lui montrai d'un geste de la main. Il était toujours là, fièrement attaché à ma ceinture.

« Je dois dire que ton combat contre l'hippalectryon était remarquable. J'aurais pensé que tu mourrais bêtement mais j'avais tort. J'ai perdu, et pour ça, j'ai dû me déguiser en femme pour séduire Zeus. Et il a cru que j'étais une femme. Je crois que c'est ça le pire dans l'histoire. Je n'ai aucun problème avec les hommes, loin de là. Mais disons que je préfère les personnes avec une poitrine. »

Je le regardai, inspirant lentement. Il semblait comprendre que cette histoire ne m'intéressait pas vraiment, et que j'avais d'autres priorités en tête. Cependant, j'imaginais bien la scène, et je ne pu réprimer un léger sourire sur mon visage.

« Je te promets que si tu es en train de m'imaginer en femme, je vais te lancer dans le Tartare. »

Je m'avançai un peu plus vers lui.

« As-tu un message pour mon frère et moi, dieu bienveillant. » Dis-je de la voix la plus douce que je puisse lui offrir.

Je le vis me regarder un petit moment, avant qu'il ne détourne le regard.

« Le prince Alexios, justement. » Finit-il par répondre.

« Que t'a-t-il dit ? Tu m'apportes de bonnes nouvelles ? »

Ma voix tremblait légèrement. J'avais espoir que les nouvelles soient bonnes, mais j'avais aussi peur qu'elles soient mauvaises.

« Il s'est rendu à Ithaque avant que Sparte ne puisse envahir les îles. » Commença-t-il à m'expliquer. « Son oncle était là-bas, gravement blessé. Il n'est pas mort, pour le moment. Appolonide est en direction de Corinthe. Il espère t'y voir là-bas dans deux jours. »

J'avais eu raison. Il prévoyait de se rendre à Corinthe. Je connaissais le prince. Je souris d'enthousiasme.

« Merci dieu messager. »

« Ne te réjouit pas, fille guerrière. Cela fait plus d'une semaine qu'il est à Ithaque. »

Je fronçai les sourcils, ne comprennent pas où il voulait en venir.

« Ne te souviens-tu pas que sa mère souhaite que leur lignée soit perpétuée ? » Lâcha-t-il avec un sourire en coin.

Le reste de sourire sur mon visage s'effaça, comprenant enfin où il voulait en venir.

« Le roi Néophyle est trop blessé pour batifoler. Son neveu, en revanche, s'est volontiers accouplé avec la princesse d'Ithaque. »

« Tu mens... » Osais-je lui dire, mon visage commençant à se déformer par la colère.

« Je suis persuadé qu'il lui a fait l'amour pendant toute une semaine... »

Je secouai la tête en me reculant lentement.

« La princesse d'Ithaque est d'une beauté sans nom... »

« TAIS-TOI ! LA FERME ! » Hurlais-je de toutes mes forces.

Je serrai loin poings si fort que mes phalanges me faisaient souffrir le martyre. J'entendis mon frère dire mon nom plusieurs fort, en me demandant de me calmer. Mais je ne pouvais pas. Je sentis une vague de haine m'envahir. Le dieu face à moi semblait lui-même ne pas avoir anticipé ma réaction.

« Ne me torture pas plus que je ne me torture déjà l'esprit ! Je sais déjà que je ne suis pas une femme comme les autres ! Je ne peux pas donner d'enfant à n'importe quel homme, encore moins au prince ! » Criais-je alors, ravalant mes sanglots.

Il fallait que j'arrête de me lamenter sur mon sort en pleurant. Je devais être forcé, et affronter la réalité en face.

Personne ne répondit quoi que ce soit. En revanche, le messager de dieux se rapprocha de moi. Je sentis sa main se poser sur ma joue. Sa main était rugueuse. Je plongeai mon regard dans le sien.

« C'est parce que tu ne mérites pas ces mortels, fille guerrière. » Chuchota-t-il dans mon oreille.

Je pouvais désormais sentir le souffle chaud sortant de ses narines sur mon visage. Il s'approcha de plus en plus, mais je détournai le visage, lui donnant unique l'accès à ma joue.

« J'ai... J'ai donné ma chasteté au dieu prophète. Il n'y aura que lui s'il souhaite que je m'offre à lui. Mais personnes d'autres. »

Le moment entre ce que je lui dis et avant qu'il ne se décide à se reculer sembla durant des heures entières. Il me caressa à nouveau la joue, et me fit un sourire.

« Dommage pour moi, j'imagine. Nous nous reverrons bientôt, fille fléau des hommes. Tu portes bien ton nom. »

Après quoi, il partit encore plus vite qu'une biche fuyant l'ennemi. Je reniflai péniblement avant de me retourner vers mon frère. Bion me regardait avec des yeux ronds, remplis d'incompréhension.

« Qu'est-ce qu'il vient de se passer, là ? »

« Rien. »

« Rien ? RIEN ? » Lâcha-t-il avec frustration. « Je viens de voir un dieu devant moi. Un dieu Agria, tu te rends compte ? Et ce même dieu ta courtisé, et toi, tu la repoussait pour un dieu qui force les femmes à... »

« Dis un mot de plus sur le dieu solaire, et je peux te promettre que je te donne une claque encore pire que celles que pouvait te donner père, est-ce clair ? » Fis-je froidement.

Il me regarda, avant de soupirer et de détourner le regard.

« Tu es sûr d'être Agria ? Tu n'es plus celle que j'ai connu. »

« J'ai grandi, et j'ai muri. Je ne suis plus une petite fille innocente que tu devais protéger. Je suis une femme indépendante qui n'a pas besoin d'être protégée. »

Je pouvais voir l'air attristé sur son visage, et cela me fit de la peine.

« Tu es toujours en colère, alors qu'avant tu ne t'énervais jamais. »

Avec un léger sourire, je m'approchai de lui en lui embrassa la joue.

« Je suis honnêtement totalement dépassé par cette situation. Je suis sûr que lorsque nous serons à Corinthe avec nos frères, tout sera mieux pour moi. »

Il sembla me croire, puisqu'il se redressa légèrement.

« J'en reviens pas... Il y avait le dieu Hermès devant nous. »

Amusé, je souris, avant que nous reprenions notre route en direction de Corinthe.

...

C'est au petit matin que nous arrivâmes dans la cité de Mégare. C'était une petite cité à mi-chemin entre Corinthe et Athènes. Son port, Nisée, sur le golfe Saronique, était l'un des plus connus du sud de la Grèce et l'un des centres commerciaux le plus important pour nous, notamment pour Athènes et Corinthe. Mégare était une sorte d'extension d'Athènes.

Nous prîmes le temps de nous reposer dans un commerce et de manger quelque chose. Nous n'avions qu'une journée pour rejoindre Corinthe. Nous avions donc l'occasion de prendre notre temps.

Je n'avais pas beaucoup parlé depuis la veille. En fait, je repensais à ce que le dieu messager m'avait dit à propos du prince.

Je suis persuadé qu'il lui a fait l'amour pendant toute une semaine, m'avait-il dit. J'avais tout de même du mal à me dire que c'était vrai. Mais après tout, je me souvins qu'un homme était un homme, j'en avais eu la réaction avec mon frère, quelques jours plus tout.

Je sais que tu n'es pas encore une femme. J'attendrai. C'était ce qu'il m'avait dit avant de partir s'entrainer avec le centaure Chiron. Visiblement, c'était lui qui n'avait pas pu attendre. Des belles paroles pour attendrir une jeune fille de quatorze ans, rien de plus.

Mais après tout, je ne pouvais pas avoir d'enfant, c'était la suite logique à mon existence : voir l'homme dont j'étais amoureuse s'éloigner pour une autre qui pourrait lui donner un héritier. Après cela, il allait devoir l'épouser, et je ne serais qu'un lointain souvenir pour lui.

Et moi, je serais seule, car personne ne voudrait d'une femme infertile.

« Tu aurais dû accepter les avances d'Hermès. » Me fit soudain mon frère. « Il aurait regretté ce qu'il a fait. »

Je secouai légèrement la tête, avec un petit sourire.

« Je ne vais pas faire plaisir à un dieu comme Hermès, quand même. Il se moquait de moi. »

« Il t'a regardé comme un homme regarde une femme qui lui plaît. »

« Qu'est-ce que tu connais aux relations humaines, toi ? »

« C'est comme ça que je regarde la princesse d'Argos. »

Je pencha la tête légèrement sur le côté.

« Tu l'aimes alors ? »

« Peut-être. Et le dieu Hermès t'aime. Tu te rends compte ? Tu pourrais être sa concubine, tu serais connu pour être. »

« La maitresse d'un dieu, oui. » Le coupais-je. « Mais je préfère encore rester inconnu du monde. »

Il me regarda avec un drôle d'air au visage.

« Les hommes sont connus pour leurs exploits, pour être les fils d'un tel. Les femmes, elles, sont connues pour être les épouses des rois, et rien d'autre. Je ne veux pas que dans cent ans, on parle de moi pour être l'amante d'un dieu. Je veux qu'on parle de mon combat contre l'hippalectryon, et pour avoir aidé à ressouder la Grèce. »

« Tu es une fille bizarre. »

« Faut croire que je n'ai jamais été normal. » Dis-je en attrapant la chope devant moi.

Je pris une grande gorgée, avant de reposer mon verre devant moi. Lorsque je levai à nouveau les yeux vers mon frère, je le vis regarde sa droite. Je tournai alors la tête dans la direction de se regard et vietune femme arriver. Une magnifique jeune femme avec de longs cheveux bruns. Je soupira en donnant un coup de pied à Bion qui reporta son attention sur moi.

« Quoi ? » Demanda-t-il, innocemment.

« Non mais je rêve... » Lançais-je dans un soupir d'exaspération, levant ainsi les yeux vers le ciel. « Tu es marié, Bion. »

« Je ne vois pas de quoi tu parles. »

« Ne regarde pas les autres femmes comme ça. Ça pourrait la vexer. »

« Anaïs n'est pas là, elle n'en saura rien. »

Un homme restait un homme, visiblement.

« Mais moi je suis là. Si je lui dis, elle saura. »

Lorsque la jeune femme se tourna, je vis son visage. Elle était aussi belle qu'on pouvait l'imaginer. Un visage parfaitement symétrique, des yeux de biche, un nez légèrement retrouvé et des lèvres charnues. Bion la regardait, et cela m'agaça plus que tout.

J'en avais assez d'être là. Alors, je me levai.

« On y va ? »

« Je... Je te rejoins dans pas longtemps. »

« Si dans cinq minutes, tu n'es pas dehors, je viens de chercher. C'est clair ? »

Il hocha la tête et je m'éclipsai en dehors de l'auberge. Il y avait de plus en plus de monde ana spa toute petite auberge, cela en devenait étouffant. D'autant plus que tous les hommes n'avaient d'yeux que pour cette belle et mystérieuse femme qui venait d'arriver.

Je n'étais pas aussi belle qu'elle. À côté d'elle, j'avais même l'impression d'être un être inférieur. Je n'avais pas ses yeux de biche, ni son nez retroussé, ni ses lèvres charnues. J'avais de grands yeux bleus, un nez convexe que je tenais de mon cher et tendre père, ainsi que des lèvres fines. Et je ne parlais même pas du reste du corps. Elle était grande, j'étais petite. Elle avait des hanches et de la poitrine, alors que j'étais plate, sans aucune forme.

J'avais encore un corps d'enfant, et ce corps me mettait mal à l'aise. J'avais évidemment de la poitrine, mais c'était très léger, comme pour mes hanches qui étaient à peine élargies..

Je soupirai, et levai les yeux vers le soleil qui brûla instantanément mon visage. Cela faisait déjà un certain temps que j'attendais Bion, et il n'était toujours pas là.

Je décidai de retourner dans l'auberge, mais il n'était plus là. Le fit rapidement balader mon regard dans toute l'auberge, une boule d'angoisse dans la gorge. Je demanda à chaque personne à proximité de moi s'il avait vue un garçon brun partir.

« Avec la dame. Ils viennent tout juste de partir. » Me fit la gérante de l'auberge.

Je la remerciai, avant de partir vers la sortie de derrière. Si j'étais une femme qui voulait être avec un homme accompagné, j'emprunterais probablement les petites ruelles. Alors, je marchai rapidement vers la première ruelle que je rencontrai, et m'y engageai.

J'avais raison. Au bout de la ruelle, je vis la jeune femme et mon frère, côte à côte, main dans la main. Je courus rapidement vers eux, en hurlant le nom de mon frère. Ce dernier se retourna, tout comme la jeune femme. Plus je m'avançais vers eux, plus je voyais son visage se crisper de colère.

« Bion, je t'avais dit que je t'attendais dehors. » Lui dis-je alors.

« Qui est-ce ? » Demanda alors la jeune femme aux côtés de mon frère.

« Ma... » Commença Bion, la voix hésitante.

« Sa femme. Nous devons aller chez le guérisseur pour savoir si je porte son enfant. » Expliquais-je sans laisser le temps à Bion d'expliquer quoi que ce soit.

Elle me regarda, sceptique. Je mis une main sur mon ventre, mais elle ricana.

« En armure tout en étant enceinte ? Ne te fiche pas de moi. »

J'avais l'habitude de la porter maintenant. Si bien que je l'oubliais.

« J'aurais essayé. »

Pendant que je retirais la lance de mon dos, elle commença à se métamorphoser en un énorme serpent de plusieurs mètres de long. Bion revint à mes côtés en courant, attrapant son épée à sa ceinture.

« Je t'avais dit d'arrêter de la regarder. » Laissais-je alors sur un ton de reproche.

« Désolé... Qu'est-ce que c'est que cette... »

« C'est une Lamia. Elle prend une apparence féminine pour attirer les hommes pour en tirer des profits sexuels. Mais lorsque son identité est révélée ou qu'elle est en danger, elle se transforme en un serpent. Après quoi, elle tue les hommes et les femmes.

Il y avait quelques habitants autour de nous qui hurlaient d'effroi.

« Tu vas mourir, sale putain mortelle ! » Cria la créature avant de se jeter vers nous.

Je bondis devant nous l'égide pour nous protéger, avant qu'elle ne puisse nous toucher. Elle s'arrêta devant l'égide et l'observa un moment.

« Où l'as-tu volé, mortelle ! »

« La déesse Athéna m'en a fait cadeau durant ma quête. Si tu souhaites vivre encore un peu, je te conseillerais de partir d'ici. »

Elle hurla de colère, et décida de se jeter sur une femme innocente pour la tuer. Je n'eus pas le temps de réagir que le monstre tua la femme devant nous en l'avalant. Elle me regarda ensuite, avec un air victorieux sur le visage.

La colère monta en moi, si bien que je ne cherchai pas à réfléchir longtemps. L'égide n'allait pas voulait m'être utile. Je la confiai à mon frère qui se protégea avec, alors que je me jetai sur la créature.

Elle était agile, tellement agile qu'elle parvint à m'entourer avec son corps. Elle serrait si fort que j'avais l'impression qu'elle allait broyer tous mes os. Soudain, elle hurla, et desserra sa prise sur moi. Bion venant de planter son épée dans le corps du serpent.

Je me précipitai loin de la bête afin de pouvoir décocher une flèche entre ses deux yeux. Une fois cela réussi, je repris la lance qui était désormais au sol et la lança sur le monstre, s'enfonçant péniblement dans sa gorge.

La Lamia, vaincu, s'écroula au sol. Je resta tout de même à une certaine distance d'elle, avant de m'approcher lorsque j'étais certaine qu'elle était morte. Bion s'approcha aussi.

« Merde ! Agria ! » Cria mon frère en laissant l'égide tomber. « Où est-ce que tu as après à faire ça avec la lance ? »

« Les Myrmidons, j'imagine. Ouvre un peu sa peau pour extraire du venin, on va en imbiber mes flèches. On ne sait jamais, ça pourrait nous aider. »

Il s'exécuta aussitôt, malgré la grande surprise qui envahissait son visage. Je retirai la lance de la bête, juste après avoir replacé l'égide dans mon dos. Lorsque je me retournai, et je vis tous les habitants de Mégare être dans la petite ruelle, ayant probablement été témoin de ce qu'il venait de se produire. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top