CHAPITRE DIX


Alors que je courais le plus rapidement possible, je sentis mes pieds se prendre dans une branche d'arbre. Je tombai violemment, m'écrasant sur le sol dans un cri essoufflé. Devant moi, je remarquai un trou d'arbre creux. Je rampai pour me frayer un passage dedans afin d'échapper à mes assaillants.

Je tentai tant bien que mal de calmer ma respiration. Je devais faire le moins de bruit possible pour qu'il ne me repère pas. Je fermai les yeux quelques instants, le temps de me calmer, avant de les rouvrir. Ma respiration n'était plus saccadée, elle est si faible qu'il est impossible de l'entendre.

Je ne bougeai pas, je reste totalement figé de terreur à l'idée de me faire prendre. Si on venait à me trouver, je ne pourrais plus rien faire, et je mourrais seule dans cette forêt sans que personne ne le sache.

Au bout de plusieurs minutes, les pas et les voix des hommes qui me poursuivaient s'étaient dissipés dans la nature. Il n'y avait plus que moi. Moi, et seulement moi dans cette grande forêt.

Je sortis néanmoins de ma cachette. Il faisait nuit noire, j'avais peur. Je commençai à marcher lentement, tentant de faire le moins de bruit possible. Je ne savais absolument pas où j'étais, et cela me faisait terrible peur. Je m'imaginais déjà en train de mourir seule ici de faim ou de soif.

Seulement, mon instinct me dicta de continuer droit devant moi, alors je le fis. J'évitais les branche au sol, ne souhaitant pas tomber à nouveau.

Ma violente chute m'avait valu des égratignures sur le visage et les bras. J'avais tellement peur par la situation que je n'avais nullement mal.

La lune descendait dans le ciel alors que je marchais toujours vers une destination inconnue. Il me serait peut-être plus facile de quitter cet endroit lorsque le soleil sera levé. Je m'installa près d'un arbre, fermant les yeux. Cela faisait des heures et des heures que je n'avais pas fermé l'oeil de la nuit. Il me fallait un peu de repos.

...

« Réveille-toi. » Fit une forte voix que je ne connaissais pas.

Lorsque j'ouvris les yeux, je sursautai de peur en voyant la créature devant moi. Je n'en avais jamais vue avant, alors je me relevai et me pétrifiai contre l'arbre, observant l'animal devant moi.

C'est un homme très grand, mais le bas de son corps n'était pas celui d'un homme lambda : c'était le corps d'un cheval. Je compris rapidement que je me trouvais juste devant un centaure. Le souffle court, je le regardais simplement me regarder.

« Je sais que je fais peur, mais de là être terrifié par moi... »

J'étais incapable de dire quoi que ce soit.

« Je... je suis désolé... » Parvins-je tout de même à murmurer.

« Allons, tu dois être épuisé. » Me dit le centaure en s'asseyant à quelques mètres de moi. « Que dirais-tu de t'asseoir et de reprendre tes esprits ? »

Je hocha la tête tout en me laissant glisser contre l'arbre. Mon regard ne parvenait pas à dévier le regard de cette créature. Je ne savais pas si je devais le qualifierai comme un homme ou un animal. Je respirais lentement, essayant de reprendre mon calme. Ce n'est que là que je parvins à dévier le regard.

« Pardonne... Pardonne mon impolitesse... »

« Ce n'est pas tous les jours que l'on rencontre un centaure, je le conçois. » Me dit-il avec un sourire.

C'était un sourire rassurant, alors je lui rendis, toutefois très crispé.

« J'ai appris la tragédie qui a touché le palais du roi Néophyle. » Dit-il alors.

« C'était... la folie là-bas. » Dis-je alors.

Nous ne dîmes plus rien. Je fronçai soudain les sourcils.

« Comment sais-tu que je viens de Pthie ? »

« Je suis le centaure Chiron. Je sais beaucoup de chose. »

Je le regardai alors, et pensai automatiquement au prince Alexios. Si Chiron était ici, sans lui, c'était qu'il était parti de chez lui. Le prince était seul contre lui-même dans la nature. Il avait dû voir le massacre du palais, et avait dû se mettre en quête de retrouver son oncle, ou alors d'aller chasser les assaillants.

« Je suis... »

« Agria, princesse exilée de Corinthe, fille de Créon et Néphélée. Pas de chance. » Répondit-il avant même que je ne termine.

Je fis un sourire légèrement amusée.

« On me le dit souvent. »

« Je le sais aussi. Alexios m'a beaucoup parlé de toi. »

Je perdis presque automatiquement mon sourire.

« Raconte moi ce qu'il s'est passé. » Me dit-il.

Tout était plutôt flou dans ma tête. Je n'avais que des bribes de certains moments, comme un fil conducteur. Mais j'avais été tellement effrayé que j'en avais oublié beaucoup, comme pour me protéger.

Je me souvenais que j'étais dans le temple d'Apollon lorsque cela s'était passé. Il n'était pas venu dans le temple alors que j'étais seule. Je m'étais dit qu'il avait du avoir énormément de chose à faire, et qu'il n'avait pas eu le temps de me consacrer quelques minutes. Je ne m'étais pas inquiétée.

J'avais commencé à m'inquiéter lorsque j'avais entendu des hurlements. En entendant cela, je me suis directement rendu en dehors du temple d'Apollon. J'ai vu des serviteurs courir vers moi et m'attraper en me disant que je devais fuir avec les serviteurs et les servantes loin d'ici.

La suite est toujours aussi floue. Je me vois courir, et je me vois pleurer. Je me souviens que je me suis retrouvé seule.

« On a dû fuir, je ne sais pas pourquoi. Je suis alors partie. C'est tout ce que je sais. On ne m'a rien dit. »

Le centaure à mes côtés semblait réfléchir.

« Est-ce que tu en sais davantage, toi ? »

« Non. »

« Et Alexios ? Où est-il ? »

« Là-bas, j'imagine. Il doit probablement être parti à la recherche du roi. »

« Je m'étais persuadé que le roi était mort là-bas. »

C'était vrai. Je m'étais persuadé que j'avais perdu tout le monde. J'étais persuadé que j'avis perdu le roi, mais aussi tous mes amis Myrmidons.

« Non, je ne pense pas qu'il soit mort. Le roi de Sparte n'aurait pas osé. »

Je fronçai les sourcils en entendant cela.

« Le roi de Sparte a beau avoir un grand et prestigieux statut, il n'oserait pas tuer un roi protégé du dieu Apollon, à moins qu'il soit complètement fou. Quoique je pense qu'il l'est, il s'est attiré la colère de plusieurs dieux et de demi-dieux. »

« Apollon est en colère ? » Demandais-je.

« Très. Il était déjà de mauvais poil après la mort de sa bien-aimée, il est d'autant plus agacé que l'on vienne s'attaquer au royaume dont son fils est l'héritier. »

Un peu désorienté, je me levai.

« Il faut que je retrouve le prince... Si le roi de Sparte attaque d'autres villes, nous entrerons en guerre. Et si nous rentrons en guerre, il va mourir, et je refuse qu'il meure sans que je ne puisse le voir une dernière fois. »

« Nous sommes déjà en guerre, Agria. »

Je me retournai brusquement vers le centaure, attendant qu'il en dise davantage.

« Avant d'attaquer la Phtie, il a attaqué une autre ville. Il sait parfaitement ce qu'il fait. Si j'en crois sa stratégie, sa prochaine destination sera Ithaque. »

« Par quelle ville a-t-il commencé ? »

Le centaure me regarda simplement, avant de dévier le regard.

« Par Corinthe. » Dit-il simplement.

Je ne répondis pas. Je me contentai de baisser le regard. Ma respiration augmenta, mes jambes tremblèrent. Je me laissai à nouveau tomber contre l'arbre.

« Quand ? » Demandais-je, la voix aussi tremblante que mes jambes.

« Il y a de cela presque deux semaines. Le roi Créon est mort, et la reine aussi. On dit que les garçons ont fui. Les deux premiers ont fui ensemble, alors que les deux autres ont fui avec les servantes. »

« Je dois les retrouver. Il faut que... »

« Tu vas aller en Epire, à Dodone. »

Je le regardai, incrédule.

« Qu'est-ce que je vais aller faire à Dodone ! »

« On t'apportera une aide. Tu n'auras qu'à dire que tu es la femme d'Alexios, ils t'accueilleront. »

« Je ne me rabaisserais pas à être la femme de quelque pour me protéger. »

Il me regardai en soupirant.

« Je suis assez grande pour pouvoir retrouver mes petits frères. D'autant plus que l'un d'eux est roi désormais. Je les retrouverais, et je retrouverai Alexios par la suite. Nous rebâtirons Pitié et Corinthe ensemble. »

« Cela signifiera que tu partira à la guerre. »

« Qu'il en soit ainsi. »

« Tu es une femme. »

« La déesse de la stratégie et de la guerre est une femme. J'ai les bases de l'art de la guerre. J'ai grandi et vécu toute ma vie auprès des hommes. Je sais me servir d'une lance, d'un arc, d'une épée et d'un bouclier. Je connais les différentes stratégies militaires et défensives. Ne me sous-estime pas sous prétexte que je suis en femme. Je ferais bien des choses, et tu le constateras. » Lançais-je d'un ton colérique.

Chiron continuait de me regarder, mais l'expression de son visage avait changé. Désormais, il me souriait.

« Bien sûr, fille guerrière. »

« Te moques-tu de moi ? »

Il secoua la tête.

« Es-tu sûre d'être la fille de simple mortel ? Tu as l'esprit d'une demi-déesse. »

Je le regardai à mon tour. Je le toisai avant de détourner le regard. Il devait surement penser ça, car une fille d'une faible d'esprit et d'un homme assoiffé par le pouvoir ne pouvait probablement pas penser ainsi.

Lorsque je repensai à mes parents, je constatai qu'à présent, ils étaient morts. Pour de vrai. Ils étaient dans le Royaume des Enfers et, pourtant, je ne ressentais pas de tristesse. Cela faisait-il de moi un monstre ?

« Tu ressembles à Artémis et à Athéna. »

C'était un compliment qu'on ne m'avait jamais fait, pas même le prince. Comparé une mortelle à une déesse était quelque chose qui pouvait se faire pour courtiser une femme. Mais là, le centaure ne me courtisait pas. Il ne parlait pas de ma beauté, mais de mon esprit, de ma personnalité, de qui j'étais.

« Tu as peut-être raison, après tout. Tu feras de grandes choses, à ce que l'on dit. »

« Il ne faut pas toujours écouter ce que les autres disent. »

« Même lorsque c'est le dieu prophète qui le dit ? »

Je ne répondis pas. Je le vis bouger légèrement avant de me donner une besace. Je la pris alors et l'ouvris. J'y vis plusieurs herbes médicinales, de l'eau et de la nourriture pour quelques jours.

« Je savais que tu n'allais pas te laisser faire lorsque je te dirais d'aller en Dodone. C'était une sorte de test pour savoir si tu étais enfin prête. »

« Prête ? Prête à quoi ? »

Il me sourit avant de se lever. Je fis de même, et je le vis qu'il me regardait de haute en bas.

« Prête pour ta quête. Tous les héros ont une quête. »

Mon sang ne fit qu'un tour. Une quête ? Pour moi ?

« Tes frères... Les rois... par la guerre... le massacre... dans ta quête... »

C'était de ça que m'avait parlé la Pythie ? J'allais réellement avoir une quête comme les héros des histoires que je racontais à mes petits frères ?

« Je... Je ne suis pas certaine de comprendre. »

« On t'avait promis une quête, il me semble. La voilà. »

Septique, j'observai tout autour de moi. J'étais persuadé que l'on me faisait une mauvaise blague.

« Je ne peux pas recevoir de quête. »

« Pourquoi ? »

« Je ne suis pas une demi-déesse. Et je suis en femme. Il n'y a que des hommes qui ont reçu une quête. Tu dois probablement donner cette quête à Alexios. Lui, c'est un homme et un demi-dieu de surcroit. »

« Il a déjà sa propre quête, ne t'en fais pas pour lui. »

Ma tête commençait à me tourner, probablement dû au fait que je n'avais pas beaucoup mangé, ni bu et ni dormi depuis plusieurs jours. Et les révélations que le centaure Chiron me faisait n'aidaient pas non plus.

« Mais tu as cependant raison. Tu es une femme. Mais les Moires t'ont visiblement préparé un avenir différent. Tu seras la première femme à avoir une quête à toi. Vois cela comme une récompense. »

« Je ne suis pas une demi-déesse. »

« Peux-tu le prouver ? »

« J'ai entendu plusieurs fois le récit de ma naissance. Je suis bien sorti du sein de ma mère. Je l'ai faite souffrir pendant des jours et des jours. Et j'ai le nez horrible de mon père, je pense que ça suffit comme preuve. »

« Vue comme ça... »

Je soupirai en serrant la besace contre moi.

« Est-ce que, comme toute bonne quête, je vais devoir affronter des monstres ? »

« Peut-être. Je ne suis pas un dieu. »

« Est-ce tout ce que je dois savoir ? »

Je vis le centaure se lever et s'éloigner de quelques mètres.

« Dirige-toi vers Delphes. Arrivé là-bas, va sur la colline la plus haute. »

« Et ? »

« Attends le coucher du soleil. Et prie, comme tu le fais si bien. »

Il me salua d'un coup de tête. Je fis de même.

« Merci. » Ajoutais-je simplement.

Il me fit un sourire, avant de s'éloigner. Rapidement sa silhouette imposante n'était plus visible.

...

J'avis l'impression que je marchais depuis des jours entiers. Mes pieds étaient aussi lourds que des pierres, mes jambes aussi dure que le tronc des arbres, mon dos me faisait souffrir et mes paupières luttaient pour ne pas se fermer. J'avais pris une pause il y a de cela plusieurs heures, lorsque le soleil s'est couché. Il me fallait quelques heures de sommeil, sinon je ne pourrais pas continuer.

Mais j'avais l'impression de perdre du temps. Cela faisait environ cinq jours que le massacre de la Phtie avait eu lieu, et plus de deux semaines pour le massacre de Corinthe. En deux semaines, mes frères avaient pu aller à l'autre bout de la Grève. Ils pourraient même être sur l'île d'Aphrodite s'ils en avaient eut envie. Ils pouvaient être n'importe où. Et comme pour me faciliter la tâche, ils n'étaient pas réunis tous les quatre.

Je marchais tellement que je ne savais plus exactement dans quelle direction j'allais. J'espère aller vers le sud, mais je désespérais. Je me contentais de continuer toujours droit devant moi, en priant les dieux que mon instinct me guidait dans la bonne direction. J'avais du mal à me repérer avec le soleil, car il était caché par le soleil. Et j'étais si fatigué que j'avais du mal à réfléchir pour savoir dans quelle direction où allait.

Si j'étais une protégée des dieux, peut-être me guideraient-ils vers ma destinée.

Le vent commençait à monter, comme si les dieux étaient en colère. Peut-être que Zéphir et Apollon s'était disputé pour la énième fois. Peut-être que Zeus était en colère et qu'il préparait à faire éclater sa rage sur le territoire des hommes. Cela pouvait être expliqué par tellement de choses, mais ma tête semblait être sur le point d'exploser si je pensais à toute les explications plausibles derrière ce vent.

Ou alors, c'est une aide. Une aide des dieux.

Je m'arrêtai et levai les yeux vers le ciel. Je n'avais aucune offrande à lui donner, mais il fallait que je tente auprès d'elle.

« Je chante Héra au trône d'or !

Que Rhéa a enfantée,

Reine immortelle, glorieuse par sa beauté sans égale !

Femme et soeur de Zeus qui tonne dans les hauteurs !

Glorieuse, et que tous les dieux heureux,

Dans le large Olympe,

Honorent et vénèrent autant que Zeus

Qui se réjouit de la foudre !

Couverte de vêtements bleus, a la forme aérienne, Héra, reine universelle,

Héra, Epouse bienheureuse de Zeus,

Nourrissant de douces haleines les âmes des mortels,

Génératrice des pluies et des vents,

Qui, seule, permet de vivre,

Qui te communique à tout, qui règne sur tout,

Et anime tout par les sifflements de l'air,

Viens avec bienveillance, Déesse bienheureuse,

Illustre, Reine universelle, joyeuse et pleine de beauté !

Bienheureuse Déesse, Héra reine de Renom,

Je t'implores, guide moi !

Apporte-moi le courage et la force !

Apporte-moi ta bienveillance et guide moi !

Je t'implore, déesse au trône d'or ! »

C'était un geste totalement désespéré. Je ne reçu aucune réponse comme je m'y étais attendu. Je n'avais rien à lui offrir, il était évident qu'elle n'allait pas m'aider. Je soupira avant de reprendre ma route. Je me dirigeai vers la droite afin de pouvoir contourner la montagne devant moi.

Alors que je commençais à marcher, je sentis le vent monter dans mon dos. Je vis les arbres autour de moi se pencher un peu sous le souffle. Les feuilles faisaient du bruit. Elles attiraient mon attention. Le souffle du vent ressemblait à un murmure, comme si quelqu'un m'indiquait d'aller dans sa direction.

Sans que je ne réfléchisse, je décidai de suivre ce que le vent faisait. Et il se dirigeait droit vers la montagne. Avec un peu d'hésitation, je m'engageai alors vers la montagne. Elle était très haute, il me faudra plusieurs heures avant de pouvoir apercevoir l'autre bout, je le savais. Il me restait un peu d'eau, et quelque chose à grignoter. Il n'y avait ni point d'eau, ni animal à chasser. Je devais faire vite, mais sans trop m'épuiser pour ne pas être à court de besoin.

« Merci, Déesse bienheureuse. » Dis-je.

Je levai les yeux une dernière fois vers la montagne et m'y engageai alors.

Je ne sais pas vraiment combien d'heures je restai à explorer cette montagne. Mais ce qui était sûr, c'était que j'y passai au moins une nuit et une matinée. J'avais dû faire une longue pause lorsque je ne parvenais plus à me déplacer. M'installant contre un arbre, je fermai les yeux et m'endormis si vite que je n'eus même pas le temps de penser à quoi que ce soit.

Je me demandais comment j'avais réussi aussi facilement à arriver jusqu'ici. Personne ne malhonnête et malveillant ne m'avait arrêté, et je ne semblais pas aussi perdue que je le prétendais. Et de plus, j'étais encore aidé par les dieux.

Je priais Apollon dès que j'en avais l'occasion pendant mes pauses. Je le suppliais de me donner des nouvelles d'Alexios, et de me dire si lui-même allait bien. Mais je n'avais aucune réponse. Le dieu ne me parlait plus depuis la mort de sa bien-aimée. J'avais tendance à penser qu'il m'en voulait pour cela. Alors, j'avais décidé qu'à Delphes, avant de partir pour ma quête, j'irais prier dans son temple et que j'irais rencontrer une nouvelle fois la Pythie.

Lorsque je me suis réveillé quelques heures plus tard, il faisait encore nuit. Je ne savais pas ce qui m'avait réveillé. Mais je savais que j'avais entendu un bruit qui m'avait fait me réveiller en sursaut, sans savoir ce que c'était, ni d'où il provenait. Sans chercher plus longtemps, je me remis en route.

Le soleil se leva, et je parviens à entrevoir l'autre côté de la montagne. De là où j'étais, je pouvais voir le soleil au loin se lever dans la mer. Je pouvais voir des cités, des forêts, des montagnes et des temples au loin. Je réparai ce que je supposai être le temple d'Apollon. J'étais donc sur la bonne voie. La déesse au trône d'or m'avait aidé, et je lui en était profondément reconnaissante.

Cela me surprenait toujours que les dieux soient aussi intéressés, et présents dans ma vie. Normalement, les dieux n'apparaissaient et ne répondaient directement aux demandes qu'aux héros et aux demi-dieux. Également aux rois et reines, princes et princesses. Mais je n'en été plus une, j'avais été déshonoré, je ne méritais pas un tel intérêt venant des divinités.

Peu à peu, le soleil se lever un peu plus dans le ciel. Et moi, je m'approchais peu à peu des premières villes de fermiers. Lorsque je parviens à l'une d'elles, je me précipita vers l'un des commerces pour m'acheter de quoi manger et boire. Je n'eus même pas besoin de payer. Je pense que la commerçante avait pitié de moi.

« Assis-toi ici, timia(1). Viens manger, tu dois être affamée. »

Je l'étais. Et j'étais tellement épuisée que des larmes de joie perlaient au coin de mes yeux.

« Raconte moi ce qu'il s'est passé, timia. »

Je lui racontai toute mon aventure. Je lui parlai de la mort de la princesse de Phtie, du massacre, dû ma rencontre avec le centaure Chiron et de ma quête. Elle ne sembla pas me prendre au sérieux. Qui aurait pris au sérieux une jeune femme qui parle de quête ?

« Tu dois être fatigué, timia. » M'avait-elle d'abord simplement dit. « Tu n'es plus très loin de Delphes, tu y trouveras surement de l'aide là-bas. »

Je ne l'écoutai pas. Maintenant que je voyais quelqu'un, je devais tenter ma chance. Avec un peu d'espoir, ce sera aussi concluant que la veille.

« N'aurais-tu pas vu des garçons seuls ? »

« Je vois toujours des garçons seuls. »

« Je suis en quête de retrouver mes quatre petits frères. Le plus vieux est un jeune homme d'environ quinze ans. Il a les cheveux bruns et les yeux de la même couleur. »

« Un garçon banal, quoi. »

Je la regardai avec des yeux ahuris.

« Ce n'est pas un garçon banal. C'est le roi Bion de Corinthe. »

Les gens autour de nous s'arrêteront pour écouter ce que j'avais a dire.

« Ecoute, je suis la princesse Annie de Corinthe, fille de Créon et de Néphélée. J'ai été banni de Corinthe et je me suis retrouvé en Phtie. Mais Corinthe et Phtie ont tous deux subis une attaque du roi de Sparte. Mes parents sont morts, mes petits frères sont seuls dans la nature. Les dieux m'ont chargés de les retrouver. »

« Tu dois être celle qui a tué le prince Euryanax il y a plusieurs années. Tu as tué le prince Nicanor aussi, j'imagine. »

« Exactement. Et si tu continus à m'insulter de la sorte, tu finiras comme eux. Tu iras te présenter devant Hadès et Perséphone, et tu leur expliqueras que tu m'as manqué de respect. » Dis-je d'une voix ferme.

Plus personne n'osa dire quoique ce soit. Il n'était pas commun de prononcé le nom du Roi des Enfers, de peur d'attirer ses foudres. Mais je n'avais nullement peur de dire un nom. Il se nommait Hadès, et c'est ainsi que je l'appelais.

Mon comportement était odieux, et j'aurais pu m'attirer les foudres des dieux en me comportant de cette manière. Seulement, il ne se passa rien. Absolument rien. J'étais épuisée, et terrifiée, je n'avais que faire de mon comportement et de mes paroles. Ce qui comptait uniquement pour moi, c'était de retrouver mes frères. Uniquement cela.

« Je repense ma question. Est-ce que quelqu'un a vus le roi Bion de Corinthe et l'un de ses frères, Cléarque, Diogène et Electhère ? » Demandais-je en me tournant devant les personnes qui me regardaient.

Chacun se regardait, tour à tour. Cette situation commençait à m'agacer. Je vis à ma gauche un couteau. Je me levai alors lentement et l'attrapai. La femme devant moi se leva aussi et se recula violemment, comme si elle avait peur que je ne la blesse.

« Les quatre se ressemblent, seuls leurs âges diffèrent. Cléarque doit avoir une dizaine d'années, Diogène, environ sept et le dernier quatre ans environ. Quelqu'un les as vu ? »

Certains secouèrent la tête. D'autres ne répondirent pas. Cela me suffisait. Ils n'étaient probablement pas montés vers le nord. Ils étaient donc soit toujours en Péloponnèse, soit ils étaient partis se réfugier à Athènes.

Je posai le couteau avant de reprendre mes affaires.

« Je te remercie pour ton hospitalité, que les dieux te protègent. » Dis-je, avant de sortir du petit commerce.

Je sortis du village à grands pas, me précipitant vers la ville de Delphes. J'avais perdu beaucoup trop de temps maintenant. 



(1) timia signifie « ma chère » ici.

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