On dit que la recherche de la beauté est éternelle

Mais la mienne a pris fin au détour de ton regard

Fauchée dans le jour avant de l'avoir vu naître

Mon

L'encre noire éclate sous le poids d'une larme qu'il n'a pas sentie couler. Le garçon s'essuie la joue, agacé par cet aveu de faiblesse, et rature le dernier mot jusqu'à le rendre illisible. Assez. Assez de lettres posées sur un chagrin sans espoir, d'heures gâchées à se morfondre sur un passé sans avenir. Il est temps de tourner la page.

Il serre le poing pour arracher la feuille de son carnet à spirales. Une bourrasque maritime fouette son visage, voilant sa vision d'un rideau de cheveux caramels. Le papier claque dans le vent.

Son regard embué d'émotions contradictoires se lève vers l'horizon flamboyant. Le soleil termine de se coucher, teintant les nuages et l'océan d'un rose orangé apocalyptique. Aucune terre à des kilomètres à la ronde. En cet instant précis, on aurait juré le navire capable de fendre la mer pour l'éternité. On aurait même juré l'humanité disparue.

Le garçon en a le souffle coupé. Le monde est un si bel endroit quand il est en feu.

— Ah, te voilà, fait la voix d'un homme derrière lui. Tu viens ? J'ai réservé une table pour deux à ce restaurant que tu voulais essayer.

— J'arrive.

Son souffle se perd dans la brise. Une ultime hésitation fait trembler son menton.

— Aucun regret, murmure-t-il.

Il ouvre la main et laisse la feuille s'envoler, au gré du vent, au péril de la mer, jusqu'à ce qu'elle disparaisse éternellement de sa vue. Avec un peu de chance, peut-être disparaîtra-t-elle aussi de son cœur.

Le garçon se lève et, après un dernier regard en arrière, emboîte le pas à celui qui l'attend.

Adieu, Azura.

Contrairement à ce que je vendais dans l'avant-propos, ce chapitre est le seul et l'unique à se dérouler avant les événements de LEDC. Je vous laisse donc en la compagnie des 24 vrais moments de joie et d'insouciance à venir ! Bon mois de Noël !