Prologue

12/03, 1h, Paris


— Ça pue. Pourquoi on est venu, déjà, Lionel ?

— J'en sais rien, Alix, c'est toi qui a dit que tu voulais te défouler.

— Ouais, fin, c'est un peu miteux ce genre de bars quand même...

— Non, c'est la délicatesse parisienne, tu peux pas comprendre. T'es sûre que tu veux pas rester ? Y'a un groupe qui va jouer, je les connais de nom, et c'est pas trop mauvais. Je te paye même une bière si tu veux, et puis j'ai bien envie de rester un peu avec Mélodie.

— Bon, OK, je marche.

— Yes ! Je t'aime trop Alix.

— T'enjaille pas non plus, hein.

Lionel s'éloigne d'elle avec sa copine Mélodie, pour aller chercher deux pintes de bières à déguster devant le groupe qui commence à se mettre en scène. Alix scrute le regard des gens, leur posture, leurs habits, leur regard, et elle se dit qu'elle n'a pas fréquenté les pubs parisiens depuis trop longtemps, et a bien envie de passer sa nuit à en profiter. Elle repère des yeux un brun assit au bar, qui lui fait lance un sourire, auquel elle répond par un clin d'oeil pleins de sous-entendus.

Lionel finit par revenir, avec deux bières débordantes en main, qu'il offre généreusement à son amie.

— Bon, à votre déménagement leur lance Alix en levant sa pinte

— A notre déménagement, renchérit Mélodie, un sourire transcendant sa figure

— Hm, pas ouf, commente l'invitée en buvant quelques gorgées.

— C'est qu'elle met la barre haut la nantaise !

— Ou alors c'est juste ton bar qui est à vomir.

— T'abuse... C'est un des meilleurs du coin, défend Lionel

— Il faudrait vraiment que je t'emmène à Nantes, tu goûterais aux vraies choses.

— Lionel, on va danser ? Je peux te l'emprunter, Alix ?

— Ouais, vas-y c'est ton mec si je me souviens bien.

— Tu te souviens bien, effectivement, rigole Mél' au trait d'humour de son amie.

Alix se retrouve seule, mais ce n'est pas pour lui déplaire. Ces dernières heures ont été épuisantes, elle ne souvenait pas à quel point trimbaler des armoires et des cartons dans des immeubles sans ascenseur pouvait être si fatiguant. Les déménagements parisiens sont toujours un calvaire, mais après une journée intense, elle ne renonce pas à un peu de débauche dans un pub moyen de la capitale. Elle recroise le regard du brun qu'elle a vu tout à l'heure, un mec pas très grand ni très imposant, habillé d'un polo et d'un jean, un peu trop classique et léger pour la saison. Il a des cheveux courts, finement coupé, un verre d'alcool devant lui, et semble seul. Une bonne proie, se félicite Alix. Elle a envie de s'amuser, ce soir. Ça fait plusieurs mois qu'elle n'a pas baisé, alors elle n'est pas contre un coup d'un soir, un coup où on se prend pas la tête, juste pour le plaisir. Décidée, elle s'approche de lui avec un regard brûlant de désir.

— Salut, commence-t-elle sobrement. Tu es seul ?

— Salut, lui répond-il avec politesse. Ouais, je suis tout seul, mes amis m'ont abandonné aujourd'hui.

— Ah oui ? Pourquoi donc ?

— L'un a un plan avec sa meuf, et l'autre, j'ai pas de nouvelles. Mes potes, quoi. Et toi, tu es seule ?

— Je suis venue avec des potes, de base. Mais ils sont sans doute trop occupés à s'embrasser là.

— Aïe, je compatis.

— Je te repaie un verre, demande Alix, voyant que son interlocuteur vient de terminer le sien.

— Euh, ouais, pourquoi pas. D'ailleurs, c'est quoi ton nom ?

— Alix. Et le tient ?

— Maximilien, mais appelle-moi Max.

— D'acc, Max.

De fil en aiguille, Alix s'est ouverte à son interlocuteur qui a fait la même chose, et quand ils ont eu assez bu pour se mettre à l'aise, elle l'a invité à danser sur la piste de danse, aux côtés de dizaines couples plus ou moins pudiques. Max a les joues rougies par l'alcool et la transpiration, un sourire pendu à ses lèvres. Il finit par la prendre par la taille, Alix baisse un peu sa tête vers ses lèvres, et ils s'embrassent sans passion, mais avec un peu d'excitation.

Les heures filent, les musiques baissent en qualité, la pudeur des danseurs aussi. Lionel et Mélodie finissent par laisser Alix seule, repartant chez eux pour dormir, voyant l'occupation de leur amie.

— Tu veux venir chez moi ? finit par demander Max, sa main remontant contre le dos de sa partenaire.

— Ouais, pourquoi pas.

En réalité, Alix attend cette proposition depuis plusieurs heures, voyant au fil du temps le bar devenir un repère à alcooliques, loin du côté raffiné qu'il se donnait en début de soirée.

Dehors, les rues parisiennes sont calmes, quelques hommes bruyants passent dans les rues de temps à autres, eux aussi alcoolisés, et certains appartements ont encore leurs lumières allumées malgré l'heure tardive. Max ramène Alix devant sa petite voiture, lui ouvre galamment la porte passagère, puis démarre malgré son alcoolémie, jusqu'à sa piaule à Gentilly, à une dizaine de minutes. Alix regrette à plusieurs reprises quand elle voit son discernement fortement affecté au contact des autres conducteurs ou aux feux d'intersections. Au terme d'une épopée, ils arrivent finalement à l'appart du brun, une chambre d'une quinzaine de mètres carrées un peu trop classique pour retenir l'attention de la nantaise.

La nuit n'est pas particulièrement incroyable. Ils couchent un peu ensemble, s'endorment dans leurs sueurs mélangées, à une heure où le jour pointe presque le bout de son nez. Quelques heures plus tard, à son réveil, Alix se fait mettre dehors, comme si Max se rend soudainement compte de sa bêtise de la veille. Elle a du mal à comprendre, sur le moment. Et puis, revenue à l'appartement de ses amis, elle le trouve sur Instagram, et elle comprend. Maximilien Guivarch a une copine, et ça, il n'en a jamais fait état. Alix est en colère, elle a envie d'envoyer des messages à cette fille identifiée sur presque tous les posts de ce type. Elle envoi presque le message quand elle se rend compte qu'elle n'a pas envie de briser un couple, que ce n'est pas ses affaires. Alors elle range son téléphone en maugréant.

— Alix, viens nous aider pour le canap' s'teup !

Elle aurait presque oublié que ce week-end, elle est censée aider ses potes à déménager.

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