8h, Sérignac

Alix a passé la nuit à pleurer, à quelques mètres d'Olive et Damien, que ce dernier a récupéré en soirée, après avoir trouvé un test de grossesse dans la marée de produits du supermarché dévalisé. Le matin est venu, elle a pissé sur le test à moitié réveillée de sa nuit entrecoupée de crises de larmes, pas bien consciente de ce qu'elle vit. Depuis le résultat négatif du dernier test, elle s'est persuadée qu'elle ne pouvait pas être enceinte, que c'était autre chose. Un coup de froid, un virus qui partirait rapidement. Ce n'est que quand elle voit la languette afficher un résultat positif qu'elle se rend compte de l'événement qui la secoue. Les cliniques ne fonctionnent plus, l'IVG médicamenteuse n'est plus administrée, elle n'a plus aucun moyen de stopper ce processus qu'elle n'a pas voulu.

Ce n'est pas une époque pour un enfant, se dit-elle. Le monde tombe en ruines, tout se meurt, et elle s'apprête à donner la vie. Ce n'est pas un temps pour les enfants, ce n'est plus le temps du printemps et de la fertilité malgré les arbres qui fleurissent. Ce n'est plus le temps de donner la vie. Elle va tenter un avortement clandestin.