𝐗𝐗𝐗𝐕. 𝐀u diable le quatrième mur

XXXV

Ce qui traversa l'esprit de Vendredanche ressembla à peu de choses près à la séquence suivante :

— Déni,

— Colère,

— Marchandage,

— Dépression.

C'était par une étrange coïncidence la quasi-totalité des étapes du deuil selon le modèle de Kübler-Ross, quoique dans une situation un peu bâclée sur la fin, mais Vendredanche y travaillait. Pour être totalement honnête, son oreille gauche bourdonnait comme un essaim d'abeilles tandis que la droite rejouait l'appel du Général de Gaulle du 18 juin 1940 pour une raison obscure que même quelqu'un de super-au courant (comme Vldadimir Poutine) n'aurait pas vraiment pu expliquer. Finalement, il se souvint qu'il avait quand même des bases minimes en motricité et décida de choper Mac par le bras, pâle comme un linge.

Ce faisant, il oublia de s'appuyer sur le bureau et manqua de se casser la figure, mais c'est une toute autre histoire que personne ne tient à rappeler ici.

« Attends — non » balbutia-t-il. « Ça peut pas être Bleuchardon, si c'est mon père. »

Mac tourna la tête vers lui, incertain.

« Tu n'as pas été adopté ? » Demanda-t-il tout à trac.

« Qui ?

— Toi.

— Je — si, bien sûr que si. Mais découvrir que son patron est en fait son père biologique, c'est quelque chose qui n'arrive que dans les livres ennuyeux. »

Le front de Mac se plissa sous le coup d'une réflexion intense. « Tu sais, puisqu'on en parle, j'ai toujours eu la sensation que —

— Mac, tu garderas tes doutes métaphysiques pour plus tard, d'accord ? » Vendredanche passa une main fébrile dans ses cheveux, complètement sous le choc. La main en question resta coincée dans un nœud. « Tu es sûr que c'est Bleuchardon ?

— Oh, sûr et certain. J'ai étudié le dossier de la CHMOUF, tu sais, » se rengorgea-t-il. « Et puis, est-ce que ce n'est pas cohérent ? Je veux dire. La succession. La CHMOUF. Tout ça.

— Non. Non, pas vraiment. C'est même assez tiré par les cheveux.

— Vous avez les mêmes yeux. » Vendredanche buggua.

...Finalement, il finit par admettre :

« ...Bon. Ça, scénaristiquement, c'est bien plus crédible. » Son cœur dansait sur l'air de "Macumba" de Jean-Pierre Mader. Bon sang, c'était comme ça que tout se concluait ? Coincé dans un sous-sol, en...en espèce de tunique à motifs écossais, à enfin apprendre l'identité de son père biologique ?

Vendredanche commençait sérieusement à trouver que le destin qui se déroulait au-dessus de sa tête avait été sérieusement bâclé, un vendredi soir, par un type qui avait abusé d'une boisson alcoolisée quelconque.

« Et...et qu'est-ce qu'il y a, de l'autre côté de la vitre ? » demanda-t-il finalement, en relevant la tête vers Mac.

Mac grimaça. À vrai dire, il fit un vrai effort pour donner l'impression de ne pas avoir compris la question. Le jeu d'acteur était impeccable.

Il dit :

« Hein ?

— Derrière la vitre » insista Vendredanche. « Tu as regardé pendant deux minutes comme un guignol. »

Mac se racla la gorge. « Bon, d'accord, je vais te le dire. Mais ne t'énerve pas.

— D'accord.

— Il y a des gens, » avoua Mac.

« QUOI ?!

— Et je crois que ce sont des viocques, » renchérit-il.

« QUOI ?! »


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