𝐗𝐗𝐈𝐕. ...𝐂rotte.
XXIV
Crotte, fut tout ce que le cerveau de Vendredanche lui dicta.
Mac à côté de lui se raidit, et — miracle — en oublia presque d'hyperventiler. Le stagiaire jeta un coup d'œil en coin à son comparse. Le badge orange moche de la CHMOUF dépassait de son poing droit, tout crispé et pâle aux jointures.
Mac avait de grandes mains longues et mince et nerveuses, parcourues par endroit de fines veines comme des serpents d'eau. Des mains de pianiste, nota Vendredanche, même si ce n'était clairement pas le moment de faire ce genre de constat. Il s'ébroua, releva les yeux. Le recenseur respirait fort en fixant Trompe au bout du couloir avec exactement le même regard qu'un cerf devant une voiture aux phares allumés : vingt pour cent de panique, trente pour cent de désynchronisation cardiaque, — et un bon cinquante pour cent de cette espèce de curiosité morbide qui semble dire je me demande ce qui se passe si j'attends encore cinq secondes en faisant semblant d'être un buisson.
Le stagiaire lui décocha une bourrade en vache. Mac sursauta, en papillonnant des paupières.
« Passe-moi le badge, » fit-il entre ses dents.
Mac se décomposa. « Hein ? » balbutia-t-il. — « Passe-moi le badge, » insista Vendredanche, d'un ton plus pressant. Mac eut un mouvement de recul.
« Tu réalises que s'il voit ton... » il jeta un coup d'œil en coin à Trompe et baissa la voix « ...ton nom, tu es FOUTU ? » Vendredanche frémit au dernier mot, mais resta grave.
« Oui. Sauf qu'on est ici pour sauver les autres. » Vendredanche leva les yeux vers Mac, qui faisait une mine de chiot choqué. Le stagiaire soupira.
« J'ai été ravi de te connaître, Mac. Mais donne-moi ce badge. S'il te plaît. »
Mac déglutit. Le badge poissait un peu, de stress et de sueur, au creux de sa main.
Il y eut un silence.
Trop lourd.
« Non, » souffla Mac.
C'était presque inaudible. Vendredanche papillonna des paupières, fronça les sourcils.
Quoi ?
« Hein ? » lâcha-t-il, — c'était un peu moins bien exprimé, mais c'était l'idée tout de même.
« Non, » répéta Mac, plus fermement. « Si je veux faire partie de...de votre combat...
— Mac » l'interrompit Vendredanche, qui sentait se profiler la suite et ça ne lui plaisait pas du tout.
« ...Si je veux faire partie de votre combat » le coupa le recenseur, le front plissé d'un tic contrarié. « Il faut que j'arrête de tourner autour du pot. Je...je ne peux pas rester ici, si je n'aide pas.
— Tu es complètement en train de vriller —
— EST-CE QUE MA PLACE EST ICI ?! C'EST TOUT CE QUE JE TE DEMANDE ! » Vendredanche sursauta brusquement. Mac avait crié.
Les traits du recenseur semblèrent se relâcher dans une perlure de larme. Il redressa le menton.
« Si...si je n'ai rien à faire ici, alors dis-le, » souffla-t-il d'une voix qui se brisa comme un sanglot. « Mais si je dois rester ici...alors je dois me battre comme tout le monde. »
Son visage tremblait. Vendredanche baissa la tête.
Il entendait. Oh oui, il entendait.
« Tu comprends, » ajouta le recenseur à voix basse. Vendredanche releva ses yeux vers lui. Ce n'était pas une question.
« Tu ne lui donneras pas le badge » poursuivit-il. Le souffle du stagiaire se raccourcit.
Mais pas autant que lorsque le recenseur pivota brusquement sur ses talons pour clamer d'une voix qu'il voulait assurée :
« D'accord, j'arrive. Cela vous convient-il si je procède à la récupération ? »
Le sourire de Trompe s'élargit.
Et, de nouveau, un seul mot traversa l'esprit complètement perturbé de Vendredanche :
...Crotte.
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