𝐗𝐗. 𝐃ommage pour eux
XX
Le plafond du cinquième — couvert d'une mosaïque en échiquiers de plaques de faux-plafonds — était baigné d'une lueur d'aube, par les carreaux abîmés, qui perçaient la lumière de rayures bleues et vertes. On voyait s'allonger comme des rectangles d'obscurité et de clarté, le long de la paroi, — et les reflets féeriques du soleil levant, qui courait tout en l'air.
Il y eut un craquement bizarre au plafond, puis des chuchotis précipités, enfin le silence bizarre et tendu d'un animal aux aguets.
Malheureusement pour les taupes, personne n'était dans le coin pour s'arrêter, l'oreille tendue, à guetter le moindre vrombissement de mouche.
Dommage pour eux, mais aucun employé n'était de garde pour voir, après deux minutes de mutisme, une plaque de faux-plafond remuer doucement en l'air.
Peut-être l'issue aurait-elle été toute autre si un type de passage avait vu la susdite plaque se soulever soudain de l'échiquier régulier du plafond, puis se déplacer, pour laisser béante une bouche d'ombre, — et penchés par l'ouverture : un buisson, un stagiaire de la photocopieuse, une fillette mal peignée, Siobhain Fletcher, ainsi qu'un Wayde Preston à l'air franchement stressé qui toussait un peu parce qu'il s'était étranglé avec une rognure d'ongle.
On aurait pu imaginer une fin à cette histoire bien plus favorable aux taupes, si quelqu'un avait entraperçu Wayde Preston commencer à hyperventiler légèrement tout en lâchant nerveusement :
« Et maintenant, on se laisse tomber dans le couloir, c'est ça ? »
Cette scène reste toutefois fortement improbable, entendu qu'on imagine avec assez de difficultés Wayde Preston, Siobhain Fletcher et un buisson dire de telles choses penchés par un trou dans le plafond.
« On se dépêche » souffla Vendredanche, en faisant signe à la petite troupe. « Il n'y a personne.
— Quelqu'un a la moindre idée de où pourraient se trouver les prisonniers ? » lança Tango. « On ne peut pas se jeter là-dedans à l'aveuglette.
— Oui, élaborons un plan d'attaque détaillé » approuva convulsivement Mac. « Sachez que je ne sens pas trop le programme de la matinée.
— Le problème est qu'on en a pas, Mac, » soupira Vendredanche.
« Justement. C'est bien ce que je lui reproche.
— Ah, ah, la bleusaille, » ricana mauvaisement Sonja.
« Sonja, arrête.
— 'Zont toujours les miquettes pour leur baptême du feu.
— Tu mêles tellement le courage avec l'inconscience que je ne m'y retrouve plus » capitula Vendredanche. Sonja lui tira la langue.
« Bon, allons-y » soupira Tango. « Vous voulez vraiment me forcer à prendre la tête des opérations ? Allez pas râler si les ordres s'avèrent être "vous tracez le plus loin possible du danger".
— Je te délègue la responsabilité des manœuvres de survie, mais en ce qui concerne l'infiltration, je vais m'en charger, merci.
— Pas de quoi. » Tango cracha dans ses mains et les frotta entre elles avec un air très content et très concentré. Mac eut une remontée gastrique.
« On ne se sépare pas » reprit Vendredanche. « On reste ensemble, ou pas du tout. C'est le meilleur moyen de s'affaiblir.
— L'union fait la force ? » lança Tango.
« À peu de choses près. Il va falloir être rapides. Lily, tu crochètes les portes, d'accord ?
— C'est Lily (Conina Battle@x), » ronchonna Lily (Conina Battle@x).
« Si tu veux. Prête ?
— Prête. »
Tango hocha sèchement du chef.
Sonja eut un petit salut militaire.
Mac eut un bruit de vidange d'évier.
Malheureusement pour les taupes, personne, non plus, ne vit la petite troupe sauter du trou dans le plafond, et détaler comme des lapins.
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