𝐗𝐈𝐈. 𝐄verybody needs somebody

XII

Mac résolut malgré tout, après une minute de flottement, de rejoindre discrètement Vendredanche à côté du bureau qu'il crochetait.

Il y avait quelque chose de très rassurant chez le jeune homme, même si Mac n'arrivait pas franchement à dire quoi. Peut-être parce que c'était le seul de la troupe à essayer un minimum de lui expliquer les choses.

De quelles choses il s'agissait, Mac n'était pas non plus franchement fixé là-dessus, mais c'était le cadet de ses soucis entendu qu'il se trouvait actuellement coincé dans une entreprise dont personne ne savait franchement l'activité avec une poignée de geeks visiblement otakus et encore plus ouvertement pas piqués des vers. (Il n'arrivait toutefois pas bien à dire si cette dernière réflexion relevait de l'admiration ou de l'ironie.)

Aussi Mac s'approcha-t-il mine de rien de Vendredanche, le nez en l'air, pour ne rien laisser deviner de ses intentions.

« Alors ? » lança-t-il, l'air nonchalant. « Du nouveau ?

— Oh, non » marmonna le stagiaire, concentré sur sa serrure. « Pas trop. La plupart des placards sont vides, ou alors je ne veux pas savoir ce qu'il y a dedans, si tu me demandes.

— Hm » Mac se racla la gorge « je ne veux pas avoir l'air d'insister, mais pourquoi est-ce qu'on fouille des placards si on cherche des héros légendaires ?

— On peut trouver plein de choses légendaires dans des placards » fit patiemment Vendredanche, qui s'acharnait sur la porte. « Tu as vu ? Toi-même, tu as ramassé un viocque.

— C'était une coïncidence » grimaça Mac.

« Si tu fouilles tous les placards, tu dois bien admettre que ça n'a plus grand rapport avec une coïncidence » nota Vendredanche, alors que le verrou céda dans un cliquetis.

« J'entends bien. Mais qu'est-ce qu'on cherche, exactement ? »

Vendredanche sortit la tête du placard et soupira.

« Rien dans celui-là. Des indices » ré-expliqua-t-il patiemment. « Des trucs. N'importe quoi. Un moyen de remonter à ces...révoltés du... »

Il eut un grognement contrit et laissa tomber. « À ces gens.

— Donc, on cherche des personnages de légende ? » s'étonna Mac.

« Au point où on est » lâcha Vendredanche d'un air très fatigué. « Écoute, si tu veux savoir, je ne sais pas ce qu'on va faire. J'en ai pas la moindre idée. Ja...Jasmine est la seule à proposer des trucs. Je suis, c'est tout. J'aimerais me sentir utile. »

Un pli barra le front de Mac, lorsqu'il vit l'abattement passer sur les traits de son ami. Un peu gêné, il lui tapota maladroitement l'épaule.

« Ça va se tasser » lâcha-t-il bizarrement, parce qu'il ne savait pas bien quoi dire d'autre.

« Ouais, j'aimerais bien » renifla Vendredanche avec un petit rire. Mac se racla la gorge.

« D'ailleurs, le placard n'est pas complètement vide » proféra-t-il gauchement.

Vendredanche fronça les sourcils, lui jeta un coup d'œil, puis se retourna pour examiner le placard. Il farfouilla une seconde dans la semi-pénombre...

...et réémergea, une carte d'anniversaire pleine de poussière à la main.

« ...Une carte ? » lâcha-t-il, un peu déçu.

« Il y a un chaton dessus, » fit remarquer Mac, un peu gêné.

« D'accord. J'imagine que ça peut toujours servir...quoique je ne m'explique toujours pas pourquoi...OHNOMD'UNEAGRAFEUSE » hurla-t-il soudain, lorsque la carte brusquement ouverte se mit à scander du Public Enemy sur une note suraiguë en la mineur. « Ça n'a rien de drôle » répliqua-t-il à un Mac amusé, en lui décochant un regard noir. « J'ai été surpris, c'est tout.

— Je n'ai pas dit le contraire » répondit le recenseur, en prenant doucement la carte des mains de Vendredanche. « Tu n'étais plus habitué aux cartes musicales ? C'est un classique, pourtant.

— Tout le monde ne peut pas frôler la mort en allant aux toilettes » rétorqua Vendredanche, qui reprit la carte. Mais la curiosité reprit bien vite le dessus : « c'est quoi, cette musique ?

Fight the power » s'étonna Mac. « Ça m'étonne que tu ne connaisses pas. » Puis, parce que le regard de Vendredanche l'incita à rétropédaler : « enfin, tu as tes excuses...

— J'imagine » fit le stagiaire, l'air neutre.

« Et puis, ce n'est pas trop mon style » ajouta Mac en désespoir de cause. « Ça ne plaît pas à tout le monde.

— J'imagine aussi » répéta Vendredanche.

Mac eut une grimace d'excuse. À côté le stagiaire comme frappé d'une idée lança (le plus discrètement possible, ce qui était compliqué à cette distance) à Jasmine :

« Vous avez fini de fouiller ? »

La jeune femme répondit par l'affirmative. Vendredanche hocha la tête. « Partez devant. On vous rejoint. »

« Il va falloir y aller » chuchota-t-il à l'adresse de Mac. « Mais discrètement.

— Pourquoi ? » balbutia le recenseur. Vendredanche eut un claquement de langue désapprobateur, en jetant un regard aux bleus vautrés par terre.

« Il y en a un qui a remué le mollet, là » jaugea-t-il sévèrement, l'air nerveux. « Je les sens en pleine redescente.

— Et...qu'est-ce qui se passe, quand ils sont en pleine redescente ? » insista Mac d'une voix blanche.

Vendredanche fit volte-face vers lui et détailla son visage d'un regard grave. « Ils parlent » articula-t-il.

Mac déglutit lourdement.


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