Chapitre 16 - Problème de mort
La nuit tombait rapidement et les derniers passants regagnaient paisiblement leurs domiciles sans prêter attention aux deux silhouettes dissimulées sous des capuches qui se faufilaient de taches d'ombre en taches d'ombre avec une parfaite discrétion.
Lentement, ils se dirigèrent dans les quartiers aisés de la ville bien que les beaux-quartier d'Orlio, la cité la plus pauvre de Welkonn, ne puissent pas rivaliser avec ceux d'Orquia mais c'était la ville la plus proche du campement des voleurs alors ils s'en contentaient.
Ce n'était que l'initiation de Leïje, pas le coup du siècle.
Le garçon était fébrile et impatient. Si la discrétion n'avait pas exigé le contraire, il aurait sautillé comme l'enfant qu'il était tout le long du chemin. D'ailleurs, il trouvait que Wëdon avançait trop lentement devant lui et, si ça n'avait tenu qu'à lui, il l'aurait dépassé et aurait accéléré. Après tout, il connaissait parfaitement sa cité natale, cependant, il ne souhaitait pas vexer Wëdon, pas aujourd'hui.
C'était une journée trop importante pour l'entacher d'une dispute avec Wëdon.
Sous les lueurs du coucher du soleil, les beaux quartiers semblaient encore plus grandioses, enflammés de l'or et du sang coulant du ciel.
Pour Leïje, ces rues étaient les plus belles qui puissent exister, lui qui avait grandi dans une masure et n'en avait jamais vu d'autres. Wëdon lui, ne s'attarda pas sur cette somptuosité. Au contraire, il accéléra le pas, ne souhaitant pas qu'on les remarque à trainer dans ce secteur.
Son regard expert examinait chaque demeure avec attention, cherchant la meilleure, la plus appropriée pour la première vraie tentative de Leïje. Son choix s'arrêta sur un manoir flanqué d'une petite tour et aux tuiles brunes. D'un geste discret, il l'indiqua à Leïje qui hocha lentement la tête.
Il était tellement fébrile que n'importe quelle maison lui convenait. Il entrerait dans toutes celles de la rue si besoin et si la nuit le lui permettait.
Sans un mot et prenant Wëdon de vitesse, Leïje se dirigea vers la demeure opposée à celle choisie par son maître.
Le garçon vérifia qu'aucun visage n'apparaissait à aucune fenêtre puis il gravit la palissade de briques blanches peintes de motifs floraux sans la moindre difficulté.
Il était vrai que la pierre était plus solide que le bois pour construire mais les gens ne se rendaient pas compte qu'ils bâtissaient également de parfait murs d'escalade pour les voleurs.
Wëdon regarda faire son apprenti avec une aisance et une facilité déconcertante. Seulement trois mois dans la guilde et déjà si doué. Il ne lui avouerait jamais mais ce gamin avait le vole dans le sang.
Wëdon se pressa de le suivre dans le jardin avant de le perdre.
Lorsqu'il le rejoignit, Leïje se hissait déjà à la clématite poussant sur la façade.
Ça aussi c'était stupide. On croyait que c'était joli et très décoratif mais c'était juste une corde pour des personnes qui voudraient entrer par effraction.
La plante des pieds contre le mur, Leïje atteignit rapidement le toit. Courbé en deux, il alla s'installer derrière la cheminée pour se cacher des regards d'éventuels passants. Il ne se préoccupa pas de Wëdon, qui se posta à côté de lui, et observa plutôt le manoir.
Les fenêtres s'ouvraient régulièrement dans les murs. Une tous les soixante centimètres et quatre par face. Le toit était particulièrement pentu, trop pour s'y tenir debout. La lucarne de la tour était juste suffisamment large pour s'y glisser. Quant au jardin, il se résumait à une étendue de graviers ponctuée de parterres de roses. Impossible de s'y déplacer sans qu'on l'entende. Le seul endroit vraiment praticable était le sommet du mur d'enceinte qui avait soigneusement était mis à plat par des dalles toutes en longueur.
Leïje comprenait mieux pourquoi Wëdon avait choisi cette habitation. Elle représentait un véritable défis mais rien d'insurmontable, il en était certain.
À présent qu'il avait déterminé le chemin à prendre, il devait se concentrer sur la surveillance de la demeure. Il plissa les yeux pour améliorer son acuité visuelle et apercevoir les silhouettes évoluant derrière les vitres des fenêtres. Il compta trois domestiques, le couple de propriétaire et leur fille. Cette dernière ne devait pas avoir plus de l'âge de Leïje. Par contre, il ne vit aucun garde, ce qui était une bonne nouvelle. Il n'encourait pas trop de risques en y entrant.
Il leva son regard vers le ciel. Plus que quelques minutes avant la nuit et avant de pouvoir agir.
Il s'installa aussi confortablement que possible contre la cheminée en utilisant ce temps d'inaction pour se détendre un peu. Sa fébrilité pourrait le perdre.
Il échauffa les articulations de ses poignets et de ses doigts ainsi que celles de ses chevilles. Il remua les muscles de ses épaules et étira ceux de ses cuisses. Il massa sa nuque et attendit avec un sourire impatient.
Il guetta chaque trace d'assombrissement dans le ciel.
Dès que la première étoile s'alluma, il bondit sur ses pieds.
Il se força à se calmer pour vérifier son équipement : le poignard à sa ceinture, les crochets dans sa poche et la corde pliée dans la doublure de sa veste. Tout était parfait.
Wëdon acquiesça pour confirmer à Leïje que c'était le moment.
À la faveur de l'ombre, il descendit de ce toit et quitta ce jardin pour traverser la rue. Wëdon se pressa de le rattraper. Leïje n'était censé que l'assister. Ce cambriolage restait le sien. Par geste, il ordonna à Leïje de se diriger vers la droite pendant qu'il se chargeait de la gauche.
Le garçon lui tira la langue avant de sauter sur le mur d'enceinte. Il avança dessus avec rapidité, courant presque pour ne pas s'attarder dessus.
Arrivé face à la corniche qu'il avait repérée, il déroula sa corde au bout de laquelle il forma un petit lasso qu'il ferma d'une nœud solide. Il lança la corde qui s'accrocha à la corniche. Il vérifia la solidité de la prise en tirant sur la corde puis s'y tint fermement et, d'une impulsion du pied sur le mur, il se propulsa en direction de la façade. Il la heurta plus durement qu'il ne l'avait prévu et en fut étourdi mais il s'empressa de se reprendre et de grimper sur le toit sur lequel il s'allongea.
Il récupéra sa corde pour ne pas laisser une seule trace qui puisse alerter les habitants de la demeure.
Sans se soucier des tuiles lui blessant le ventre à travers sa tunique, il rampa en direction de la petite tour.
Il jeta un regard en contrebas et aperçut la silhouette de Wëdon. Il était suspendu à sa corde au-dessus des graviers bruyants du jardin. Il n'avait pas choisi le parcours le plus discret. Leïje laissa son maître se débrouiller pour mieux se concentrer sur sa propre infiltration.
Il se redressa prudemment en position accroupie et il bondit. Il se rattrapa au rebord de la lucarne de la tour. Il préféra nouer sa corde sur l'une des fioriture par sécurité.
Se tenant toujours avec seulement cinq doigts, il dégaina son poignard et glissa la lame entre le cadre et le battant unique de la petite fenêtre. Il força en serrant les dents. La lucarne céda dans un craquement et s'ouvrit.
Leïje se faufila à l'intérieur et dénoua à nouveau sa corde qu'il rangea dans sa veste.
Ses yeux n'étaient pas encore totalement habitué à l'obscurité malgré ses réguliers déplacements de nuit, surtout dans un lieu inconnu, il sortit le morceau de chandelle qu'il avait pensé à emporter et l'enflamma.
Il promena la maigre lueur dans la pièce et découvrit qu'il se trouvait dans ce qui devait servir de boudoir. Il ne s'y attarda pas et sortit dans un couloir aux murs garnis de portraits, certainement des membres de la lignée de cette famille.
Il s'intéressa à une commode placée entre deux portes. Wëdon lui avait ordonné de prendre tout ce qui avait un peu de valeur, ce qui exigeait une fouille minutieuse. Il examina un bibelot de verre qui s'avéra sans grand intérêt. Les tiroirs recelaient peut-être des butins plus précieux. Leïje ouvrit le premier. Il n'y trouva que des documents, tout comme dans le suivant. Le garçon les referma avec un grognement de dépit.
Ne se laissant pas abattre par ce début infructueux, il s'approcha des tableaux mais évalua le prix de leurs cadres qui se révélèrent n'être que de bois passé à la peinture dorée, rien de valeur. Décidément, ces riches ne semblaient l'être qu'en apparence.
Un soupir déçu souleva quelques unes de ses mèches qui tombaient sur son visage. Pour son premier vole en tant qu'apprenti officiel de la guilde, il avait imaginé mieux et plus palpitant.
Heureusement, un chandelier en argent l'encouragea un peu et lui redonna de l'enthousiasme. Il retira les trois chandelles piquées dessus et sortit le sac de toile plié dans une de ses poches pour le mettre dedans. Bien, il aurait au moins une chose à donner à Wëdon.
L'idée ne plût pas à Leïje. Il voulait lui rapporter un sac plein pour lui prouver encore davantage qu'il était le meilleur des deux.
Soudain, le bruit d'une porte s'ouvrant l'alerta. Il se pressa de souffler sa chandelle et de se dissimuler derrière un rideau en gardant tout de même un œil à l'extérieur de sa cachette.
Il reconnut la fille des propriétaires s'éclairant d'une petite lampe à huile. Certainement devait-elle se rendre aux cuisines pour manger quelque chose ou boire un peu d'eau.
Leïje attendit que la lumière disparaisse dans les escaliers se trouvant au bout du couloir puis il sortit de sa cachette et se dirigea vers la pièce de laquelle la fille était partie, sûrement sa chambre.
Pour s'en assurer, Leïje ralluma sa chandelle. Il n'accorda qu'un regard désintéressé au lit à baldaquin, à l'armoire et au divan.
Par contre, il s'approcha de la coiffeuse. Il ouvrit une boîte et sourit largement en la voyant remplie de bijoux : bagues, colliers, bracelets, boucles d'oreilles et pinces ouvragées, le tout adaptés à la taille d'une enfant. Leïje prit le coffret qui rejoignit le chandelier dans le sac.
Il ouvrit l'armoire et trouva une robe de bal au col décoré par une améthyste. Il s'en empara avec toujours ce sourire.
Finalement, les choses s'arrangeaient et il aurait de beaux objets à fournir à Wëdon.
Il ressortit de la chambre en retenant de siffloter joyeusement.
Sans perdre de temps, il passa à la pièce suivante qui s'avéra être un cabinet de travail, sans aucun doute celui du patriarche. Il ouvrit les tiroirs du bureau un à un mais, comme ceux de la commode du couloir, ils ne contenaient que des documents.
Il referma le dernier et fronça les sourcils en remarquant qu'il y avait un problème avec les dimensions. Après cette constations, trouver le double-fond fut d'une simplicité incroyable. Leïje était presque triste pour les propriétaires. Tous ses scrupules s'envolèrent bien vite lorsque ses yeux s'illuminèrent à la vue des nombreuses pièces entassées dans la cachette qu'il vida dans son sac.
Il refermait juste la porte du bureau lorsqu'un fort bruit de chute résonna dans la demeure.
Leïje fronça à nouveau les sourcils. Ce ne pouvait qu'être Wëdon, il était bien trop expérimenté pour tomber stupidement donc, ce devait être la fille.
Inquiet et soucieux, Leïje se dirigea vers la provenance du bruit. Il descendit les escaliers et découvrit, alors que Wëdon arrivait par une porte latérale, le corps de la fille gisant au bas des marches. Elle avait dû se prendre les pieds dans sa chemise de nuit et chuter. La petite lampe, elle, était parfaitement tombée sur son socle.
Le sac glissa des mains de Leïje alors qu'il ne parvenait pas à détacher les yeux de la tache de sang qui s'étendait en imbibant le tapis.
« Merde, jura Wëdon. On va nous accuser. Faut pas trainer, Leïje. Leïje? »
Wëdon se tourna vers son apprenti qui rendait le contenu de son estomac contre la rampe des escaliers.
Le voleur arqua un sourcil, surpris. Il aurait pensé que Leïje avait les nerfs plus solides.
Quoi qu'il en était, ils ne devaient pas s'attarder comme il l'avait signalé, on leur attribuerait une tragédie qui n'était qu'un accident.
Wëdon enjamba le cadavre et empoigna Leïje par l'épaule pour le tirer vers la sortie de la demeure.
En repassant à côté du corps sans vie, le garçon se dégagea brusquement et, les mains encadrant son crâne, il se mit à hurler en secouant la tête de gauche à droite, en proie à une sévère crise d'hystérie.
Wëdon entendit du mouvement à l'étage supérieur. Ils devaient filer au plus vite mais, avec Leïje en pleine crise, ça semblait compromis.
Une seule solution. Wëdon dégaina son poignard et asséna un coup de pommeau derrière la nuque de son apprenti, l'assommant. Il le chargea sur son épaule et déguerpit dans plus chercher à être discret, ce n'était plus la peine.
L'eau fouetta le visage de Leïje. Ce dernier se redressa subitement en crachant. Il écarta ses cheveux mouillés en regardant autour de lui, hagard.
Il reconnut la tente du campement.
Il posa les yeux sur Wëdon qui se tenait face à lui, un seau à la main et l'air visiblement contrarié.
Leïje essuya ses joues de sa manche sans comprendre. Il ne se souvenait pas de comment ils étaient revenus au camp. Il se rappelait de la demeure, de l'infiltration puis du cadavre. À cette pensée, il se mit à trembler de tout son corps.
Wëdon lui posa une main ferme sur le crâne pour l'immobiliser et, se penchant vers lui, il demanda d'un ton dur :
« Je peux savoir ce qu'il s'est passé ?
- Cette...cette fille, elle...elle était...
- Morte ?
A ce simple mot, une violente nausée monta dans la gorge de Leïje et il se détourna vivement pour vomir. Wëdon recula avec une grimace de dégoût.
Il commenta :
- Ce n'est pas normal de réagir ainsi, surtout pour une inconnue.
- Mais...mais personne ne devait mourir !
- Les accidents, ça arrivent. Ce qui ne devrait pas arriver, en revanche, c'est de manquer de se faire arrêter car tu as perdu le contrôle de tes nerfs. Regard-toi, tu ne supportes même pas d'entendre le mot "mort".
En effet, Leïje régurgita à nouveau. La bile lui brûla l'œsophage et la langue. Il s'essuya le coin de la bouche du revers de sa manche, le souffle court. Il prit sa gourde se trouvant non loin et se rinça la bouche.
Wëdon déclara :
- Il va falloir régler ça.
- Comment ?
- Debout et suis-moi.
Sans attendre qu'il s'exécute, Wëdon saisit Leïje par sa tunique pour le mettre de force sur ses pieds. Il vacilla sur ses jambes, encore faible et sous le choc, et il se laissa trainer sans résistance à l'extérieur de la tente.
Sa tête bourdonnait, un haut le cœur pesait sur sa poitrine et il avait l'impression de sentir ses nerfs vibrer, prêts à craquer à tout moment pour provoquer une nouvelle crise d'hystérie.
Encore ailleurs, il se laissa conduire par Wëdon sans s'interroger sur ses intentions ou sur l'endroit où il le conduisait. Il ne voyait que l'image du corps sans vie de cette fille aussi âgée que lui. Une nouvelle nausée le prit.
Il se détourna à nouveau pour vomir mais Wëdon le retint et le redressa brutalement, ne souhaitant pas ralentir pour lui. Leïje se retint, ravalant son haut le cœur et le suivit.
Il l'amena jusqu'à une petite tente qui paraissait inoccupée. Leïje fronça les sourcils, revenant à la réalité.
Quelle idée Wëdon avait-il en tête ? Comment comptait-il soigner ce problème profondément ancré chez Leïje ? Le garçon commençait à craindre et redouter la suite, surtout après les exercices qu'il lui avait déjà fait faire.
Leïje recula d'un pas mais Wëdon le rattrapa,comme toujours, le ramenant à côté de lui.
Le voleur écarta l'un des deux pans de la toile et poussa le garçon à l'intérieur de la tente.
Le garçon écarquilla les yeux et hurla en découvrant un cadavre de biche étendu entre les murs de toile. Il fit vivement volte-face pour s'enfuir de là mais il se heurta à Wëdon qui le retourna pour le pousser à nouveau vers le corps.
Il martela son maître de ses poings pour qu'il le laisse passer mais Wëdon ne cilla pas.
Pressant son épaule avec force et enfonçant ses doigts dans sa peau, il força Leïje à s'agenouiller.
- Tu vas rester là un moment. Ça devrait te désensibiliser.
- Non ! Laissez-moi sortir !
Wëdon gifla violemment Leïje qui retomba au sol mais il ne demeura pas sonné bien longtemps.
Il se redressa vivement en découvrant le cadavre de la biche à seulement quelques centimètres de son visage.Un cri rauque franchit ses lèvres.
Wëdon appuya son pied sur son dos, l'allongeant à plat ventre puis, avant qu'il ne se relève, il l'abandonna dans la tente dont il noua les pans de l'entrée ensemble, emprisonnant Leïje.
Ce dernier se précipita vers cette porte en hurlant :
- Non ! Vous n'avez pas le droit ! Faîtes-moi sortir ! Vous m'entendez ! Wëdon, vous n'êtes qu'un salaud ! »
Leïje asséna ses poings contre la toile huilée qui lui revint en plein visage.
Il se laissa glisser à genoux au sol, des larmes roulant sur son visage. Il serra ses bras autour de lui en sanglotant. Il ne se retournait pas pour ne surtout pas voir le cadavre de l'animal. Il rejeta la tête en arrière et hurla.
Il ne pouvait pas rester ici ou il deviendrait fou, il le sentait. Il devait sortir.
Se doutant que Wëdon surveillerait l'entrée de la tente, il se dirigea vers la paroi opposée, plaquée contre la toile et dos au corps pour ne pas perdre tous ses moyens.
Il s'agenouilla et glissa ses doigts sous la toile pour la soulever.
Sans le vouloir et par inadvertance, le bout de sa botte frôla le cadavre de la biche. Leïje se raidit et se mit à trembler de tous ses membres. Il s'écroula avec un cri étouffé et la bile lui brûla à nouveau les lèvres.
Ce fut par réflexe que sa main droite, toujours passée à l'extérieur, se referma sur une touffe d'herbes et, les doigts serrés sur cette prise, il se tira hors de sa prison de toile.
Il resta un instant étendu sur le sol, tremblant et haletant. Il vomit à nouveau avant de retomber, comme si ses forces avaient été aspirées par ces quelques minutes.
Il se redressa sur ses avants-bras, les lèvres tordues de colère.
Cette fois, c'en était trop, il ne le supportait plus. Wëdon était allé trop loin et l'avait poussé à bout. Il s'était plié à tous les exercices de fous qu'il lui avait donnés à faire mais là, il exagérait.
Le garçon se releva et gagna la tente de son maître où ce dernier ne se trouvait, heureusement, pas sinon, il l'aurait ramené auprès du cadavre.
Leïje réunit ses affaires dans un baluchon qu'il confectionna avec sa couverture, comme la première fois, puis il quitta le campement d'un pas déterminé. Il s'enfonça dans la forêt sans savoir ou se soucier réellement de la direction qu'il prenait.
Les tentes restèrent dans son dos et il progressa durant plusieurs minutes puis il entendit quelqu'un le suivre au pas de course.
Prêt à s'élancer pour échapper à Wëdon qu'il s'attendait à trouver derrière lui, Leïje se retourna et découvrir Nidia qui l'appelait.
Surpris, le garçon stoppa, laissant la chef des voleurs le rejoindre.
La jeune fille prit appui contre un arbre, essoufflée, puis elle prit la parole :
« Je t'ai vu partir seul. Où vas-tu ? Qu'as-tu là-dedans ?
Nidia tendit la main vers le baluchon de Leïje. Elle en écarta un pan, dévoilant son contenu, avant que Leïje ne l'éloigne d'elle. La jeune fille fronça les sourcils.
Elle constata, de l'interrogation dans la voix :
- Tes affaires ? Tu nous quittes ? Mais pourquoi ? Tu as pourtant un fort potentiel. Ce serait dommage de ne pas l'exploiter et...
- J'en ai assez ! S'écria soudainement Leïje, interrompant Nidia.
- Je vois. Wëdon est allé trop loin. Je le lui avait interdit ! Que vas-tu faire hors de la guilde ?
- Je n'en sais rien. Je vais certainement errer.
- Écoute, visiblement, si tu pars, tu te retrouveras sans but dans la vie. Il faut que tu restes. J'ai quelque chose à te proposer. Honnêtement, je ne crois pas que Wëdon ait encore beaucoup à t'apprendre après ces quelques mois. Je peux faire de toi un voleur officiel dès maintenant.
- Déjà ? N'est-ce pas un peu précipité ?
- Je suis le chef de la guilde, je fais ce qu'il me plaît.
- Wëdon n'acceptera jamais.
- Tu sais que si il t'a pris sous son aile, c'est uniquement pour que tes larcins gonflent son propre butin ?
- Je ne suis pas idiot, c'est facile à deviner mais, si je m'en vais, il ne pourra pas mettre son plan à exécution.
- Oui mais si tu quittes ton statu d'apprenti non plus.
- Je suis trop jeune pour être un membre à part entière, personne n'acceptera, vous le savez.
- Tu peux le devenir officieusement, un secret entre toi et moi mais tes butins ne compteraient que pour toi.
- Il va falloir que je reste au service de Wëdon pour donner le change.
- Ne t'inquiète pas, je vais avoir une discussion avec lui. »
Assura Nidia, ce qui rassura Leïje. Il sourit et acquiesça, acceptant la proposition de Nidia qui en sembla soulagée.
Les deux voleurs rentrèrent côte à côte au campement et, en effet,Nidia fit une sérieuse mise au point à Wëdon. On l'entendit cirer dans tout le camp.
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