Chapitre 24

Leïmy se réveilla en panique. Elle ne reconnaissait pas l'endroit où s'était endormi ni l'odeur qui y flottait.
Elle se redressa vivement, faisant glisser la couverture.
Elle regarda autour d'elle, le lit, l'armoire, la petite étagère, le bureau. Les souvenirs de la veille lui revinrent en mémoire. Le passage dans le futur, les policiers et Elann.
La jeune fille poussa un soupir en se laissant retomber contre l'oreiller, totalement découragée dès de le début de la journée. Elle s'encouragea en se rappelant que ce n'était pas la situation la plus précaire dans laquelle elle avait été. Certes, elle se retrouvait à une époque dont elle ignorait tout mais elle était parvenu à se dégoter quelqu'un qui l'aiderait quoi qu'il arrive.
Leïmy se leva et écarta le rideau qu'Elann avait tiré. Ses yeux s'écarquillèrent et elle demeura absorbée par le panorama qui s'offrait à elle.
Comme elle l'avait déjà constaté dans la nuit, les bâtiments étaient de hauts rectangles aux toits plats et percés de fenêtres. Elle dominait le sol de plusieurs mètres et la route se déroulait en un ruban gris qui formait comme un quadrillage autour des îlots de bâtiments. D'étranges véhicules totalement fermés circulaient dessus en dégageant une fumée grisâtre. D'ailleurs, Leïmy avait l'impression que le gris régnait. Les constructions, les rues, tout était gris. Il n'y avait que le bleu du ciel et le vert maladif de quelque arbres plantés à intervalles réguliers.
C'était vraiment laid.
Leïmy ouvrit la fenêtre pour respirer un peu d'air frais. Un souffle de vent ainsi qu'une odeur nauséabonde s'engouffra dans la chambre. Elle s'empressa de refermer la fenêtre, le cœur soulevé par cette odeur.
Cela ressemblait à un mélange des pires senteurs existantes mais Leïmy se doutait que la fumée grise y contribuait grandement. Elle pensa qu'elle respirait un parfums d'agonie. L'agonie était un état et ne pouvait donc pas avoir d'odeur mais c'était ce que ça lui évoquait : une lente agonie.
La jeune fille fronça le nez, dégoûtée par le tableau qu'elle observait.
Elle se détourna de la fenêtre. Elle n'allait pas passer la journée à regarder le paysage surtout lorsqu'il étai aussi peu agréable.
Un appel affamé de son estomac lui signala qu'elle avait effectivement plus urgent et important à faire. Elle ne se souvenait plus de son dernier repas et n'allait pas jeûner alors qu'elle avait quelqu'un pour la servir.
Leïmy se rendit dans le salon où Elann dormait paisiblement, allongé sur le divan et un bras pendant vers le sol. Il ne semblait pas prêt de se réveiller.
Sans l'approcher ou le déranger, Leïmy entra dans la cuisine. La pièce était remplie d'appareils qu'elle ne connaissait pas et qui vibraient doucement. Dans la semi-pénombre, elle repéra plusieurs bouteilles d'eau enveloppées dans une espèce de papier rigide et transparent. Elle le déchira pour s'emparer d'une des bouteilles, elle aussi dans un étrange matériau transparent et plutôt mou.
Leïmy se dit qu'elle devrait interroger Elann sur toutes ces matières qui lui étaient inconnues.
Elle déboucha la bouteille et but quelques gorgées en revenant dan le salon et s'arrêta juste au niveau d'Elann. Elle détacha ses lèvres du goulot de la bouteille et en renversa une bonne moitié sur la tête d'Elann.
Ce dernier bondit vivement dans un petit cri de surprise. Il baissa d'abord les yeux sur son oreiller à présent imbibé puis les posa sur Leïmy qui buvait une nouvelle gorgée tranquillement.
Furieux d'avoir été tiré du sommeil mérité de cette manière, il s'exclama :

« Non mais ça va pas ?

- Je déteste les gens qui dorment trop longtemps, ça m'énerve. En d'autres termes : debout !

Le ton de Leïmy fit immédiatement se calmer Elann qui pinça les lèvres, tout de même contrarié.
La jeune fille alla s'adosser à côté de la télé, sa bouteille toujours à la main.
Elann poussa un profond soupir en se passant une main sur le visage, encore fatigué. Il se rallongea en arrière mais se remit très vite en position assise, le dos glacé par l'eau détrempant le divan.
Avec résignation, il chausse ses lunettes puis se leva et entreprit de retirer les draps mouillés avant que ça n'abîme le divan.
Il grommela :

- C'est malin, tout est trempé.

- Je n'avais pas pensé à ça.

Ironisa Leïmy sur un ton condescendant.
Elle lança la bouteille, à présent vide, sur le tas des couvertures que réunissait Elann en ajoutant :

- L'eau a un goût infecte. C'est une constante du futur ? Tout y est répugnant ?

Elann ne dit rien, sachant bien qu'elle n'attendait pas de réponse.
Il alla mettre ses draps dans le panier à linge sale de la salle de bain puis la bouteille avec les objets à recycler sans cesser de soupirer. Il aurait vraiment mieux fait de manquer ses cours de la veille et de rester chez lui. Ça lui aurait évité d'avoir à ramener une mercenaire à moitié psychopathe débarquée du passé à son appartement.
Leïmy demanda sur un ton signifiant clairement qu'il s'agissait en réalité d'un ordre déguisé :

- Quand mange t-on ici ?

- Je peux m'habiller d'abord ?

Au regard que lui lança Leïmy, Elann comprit que c'était non. Ce serait donc une mâtinée pyjama.
En soupirant une fois supplémentaire, il conduisit Leïmy à la cuisine à la table de laquelle la jeune fille s'installa sans un mot. Elann sortit le grille-pain qu'il brancha puis il posa un paquet de pain de mie entamé et deux pots de confiture à côté de l'appareil. Il mit de l'eau à chauffer dans la bouilloire et versa une cuillerée de café dans la cafetière mais, avant qu'il ne l'enclenche, Leïmy exigea :

- Pas question que tu fasses cette immonde boisson ! L'odeur est écœurante.

Ses épaules s'abaissèrent.
Il délaissa la cafetière pour fouiller dans le fond de son placard à la recherche de la petite boîte en métal dan laquelle il conservait les sachets de thé en prévision des visites de sa mère qui ne buvait que ça. Il la trouva derrière un paquet de riz.
Il l'amena à Leïmy avec deux tasses contenant déjà les petites cuillères. Il s'assit en face de la jeune fille qui tapotait impatiemment la table du bout des doigts.
Elann évita soigneusement son regard gris acier et mit deux tranches de pain dans le grille dont il pressa le bouton. Il bailla en remontant ses lunettes sur son nez.
S'agaçant, Leïmy grogna :

- Tu comptes me donner à manger ou tu es trop idiot pour comprendre ?

Leïmy termina sa phrase dans un de ses très rares sursauts, surprise par les deux tartines qui venaient de jaillir du grille-pain. Elann les sortit à l'aide d'un couteau et en envoya une à Leïmy qui continua à fixer l'appareil avec des yeux ronds.
Elle se retourna vivement vers le plan de travail, alarmée par la bouilloire qui, en chauffant, se mettait à siffler bruyamment. Elann se leva, sa tartine confiturée à la bouche, et il ramena la bouilloire avec l'eau de laquelle il remplit les tasses.
Il se rassit tranquillement, assez satisfait d'être parfaitement posé alors que Leïmy était presque en panique.
Voyant qu'Elann n'était absolument pas affolée, la jeune fille comprit que tout cela était normal et ne représentait pas le moindre danger.
S'abaissant à afficher son ignorance, elle demanda vraiment étonnée :

- Comment tous ces objets peuvent-ils fonctionner ?

- Avec l'électricité. Répondit Elann entre deux bouchées.

- La quoi ?

- Tu vois la foudre. C'est une formidable source d'énergie et on a trouvé le moyen de la produire en grande quantité. C'est également ça qui permet d'avoir de la lumière.

Elann montra l'ampoule qui brillait contre le plafond. Leïmy ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux, impressionnée mais aussi un peu effrayée.
Elle prenait réellement conscience du changement d'époque pour la première fois depuis son arrivée mais, en même temps, c'était un endroit inconnu qui souhaitait qu'elle le découvre, comme Arancha. Elle pouvait très bien redevenir une adolescente avide de découvertes pour quelques minutes.
Le seul problème était que Negg ne se trouvait pas là pour mêler sa curiosité à la sienne.
La jeune fille donna une pichenette contre la surface du grille-pain, ce qui le fit teinter, et elle demanda à Elann, qui recouvrait sa deuxième tartine d'une couche de confiture :

- Qu'est-ce que cette matière ? Et toutes les autres qui ne se sont pas du bois, de la pierre ou du métal ?

- Ce sont toutes du plastique sous différentes formes. Ce serait un peu long et compliqué à expliquer le processus de fabrication mais, aujourd'hui, il y en a presque sur chaque objet. On ne peut plus s'en passer.

- Pourquoi l'air a t-il une odeur aussi nauséabonde ?

- Deviendrais-tu loquace ?

- Ferme-la et répond !

- D'accord, d'accord. C'est à cause de la pollution. L'électricité, la fabrication de plastique et de tous les biens de consommation, les véhicules, tous cela dégage de la pollution. J'espère que tu ne vas pas pas exiger des détails là-dessus car je risque de me perdre dans mes explications.

- Ça ira. Les grosses têtes qui font savoir à quel point elles sont intelligentes m'agacent profondément. Dis-moi, y a t-il d'autres innovations propres à ton époque ?

- Beaucoup, oui. Attend, je peux te montrer ça.

Elann reposa sa tartine et alla à l'évier. Il ouvrit le robinet et laissa l'eau couler durant quelques secondes.
Leïmy constata :

- Comme pour la douche.

- Exactement. On pompe l'eau et on la redistribue à toutes les habitations grâce à un système de tuyauteries, un peu comme les égouts ou le fonctionnement des fontaines de ton époque mais à grande échelle.

- C'est incroyable, concéda Leïmy. J'ai peine à imaginer comment toutes ces choses peuvent exister. Est-ce grâce à la magie ?

Elann se raidit à ce mot et ses doigts se crispèrent autour de sa tasse.
Leïmy fronça les sourcils. Encore cette réaction de crainte qu'elle avait déjà remarquée chez le jeune homme.
Avant qu'elle ne puisse le questionner, Elann changea de sujet un peu trop vite pour ne pas paraître suspect à la mercenaire :

- Je pense que je pourrais te montrer d'autres éléments une fois dehors.

- Pourquoi devrais-je t'accompagner à l'extérieur, je te prie ?

- Si tu refuses de porter les vêtements que je t'ai proposés, il va falloir t'en acheter d'autres. Tu ne vas tout de même pas te balader avec seulement une de mes chemises sur le dos ?

Leïmy dut bien accorder raison à Elann mais elle ne le lui dit pas à voix haute. Ne manquerait plus qu'il se sente intelligent.
La jeune fille mangea sa tartine grillée qui était froide à présent.
Elle ne s'occupa pas de son eau chaude contrairement à Elann qui fit infuser un sachet de thé en attaquant sa troisième tartine, alternant la confiture qu'il mettait dessus. Il but une gorgée de sa boisson en grimaçant. Il n'aimait pas le thé, trop fade à son goût, mais il n'imaginait pas son petit déjeuner sans quelque chose de chaud à avaler.
Ils terminèrent leur premier repas de la journée tranquillement et dans un silence qu'Elann jugea pesant mais qui ne dérangea pas Leïmy. Elle était même plutôt satisfaite de sentir qu'elle impressionnait le jeune homme.
La dernière bouchée de pain avalée, Elann rangea le paquet de pain de mie, les pots de confiture ainsi que la boîte à thé puis il débrancha le grille-pain pour le laisser refroidir et il remit la bouilloire à sa place. Il ramassa ensuite les tasses, vida celle de Leïmy dans l'évier puis les mit dans le lave-vaisselles.
Il pensait que la jeune fille l'interrogerait sur l'utilité de cet appareil mais elle n'en fit rien. Les quelques explications qu'elle avait eues lui suffisait et elle n'avait pas envie de s'encombrer de détails qu'Elann lui fournirait avec un air de professeur sage qui lui donnait envie de lui faire ingurgiter ses lunettes.
Le laissant nettoyer la table sans lui proposer son aide, Leïmy quitta la cuisine et se rendit dans la salle de bain où elle avait abandonné ses vêtements la veille. Elle enfila son pantalon et remit ses bottes.
Elle posa les mains sur ses hanches, consciente de l'absence de sa ceinture. Elle ne l'avait pas oubliée, au contraire, elle y pensait beaucoup.
Elle fit tourner son anneau autour de son annulaire gauche puis remua ses bras droit qui la tirait, signe que ses blessures commençaient doucement à cicatriser. Elle devait penser à changer les bandages.
La jeune fille revint dans le salon où Elann remettait le divan en place. Elle s'appuya contre le mur rouge et signala au jeune homme :

- J'ai besoin de bandages et de pommade cicatrisante.

- Je vais rajouter ça à la liste.

- Dépêche-toi. Je n'ai pas envie de patienter durant des heures.

Ne souhaitant absolument pas provoquer l'agacement de la redoutable mercenaire, Elann s'empressa de regagner sa chambre.
Il se vêtit d'un jeans délavé et d'un sweat violet foncé par-dessus un simple T-shirt. Il mit sa paire de baskets puis rejoignit Leïmy.
Il récupéra son porte-monnaies rangé dans sa besace et le glissa dans sa poche. Il décrocha sa veste et hésita. Leïmy n'avait rien pour se protéger des averses qui ne cessaient de tomber depuis la nuit dernière.
Il lui tendit sa veste qu'elle écarta d'un geste énervée de la main.

- Encore ! C'est une manie de jouer les chevaliers servants chez toi ? Je me moque de la pluie ! J'ai affronté des dangers bien pires que quelques gouttes !

Là-dessus, Leïmy bouscula Elann pour ouvrir la porte et sortir dans le couloir de l'immeuble. Elann soupira en enfilant sa veste et la suivit.
Il prit soin de verrouiller son appartement puis il conduisit Leïmy à la cage d'escaliers puisqu'elle refusait de prendre à nouveau l'ascenseur.
La pluie et le vent les accueillirent à l'extérieur. Les cheveux de Leïmy se soulevèrent en s'agitant en tous sens, fouettant les joues d'Elann qui grogna. Le jeune homme remonta le col de sa veste.
Prenant la tête de leur duo, il guida Leïmy sur les trottoirs et dans les nombreuses intersections.
La jeune fille fronça le nez, dérangée par l'odeur de l'air qui la dégoûtait et incommodée par le bruit des véhicules. Cette époque lui donnait la migraine.
Elle suivait Elann en grommelant son énervement envers cet endroit.
Ils arrivèrent dans une rue commerçante où les boutiques se côtoyaient en se serrant les unes contre les autres le long du trottoir. Leurs vitrines brillamment éclairées montraient leurs produits sous leur meilleur jour et les noms inscrits au-dessus des portes rivalisaient d'imagination. Leïmy leva les yeux au ciel, jugeant tout cela ridicule.
Elann saluait une connaissance de temps à autre mais sans aller converser avec elle, trouvant que, avec Leïmy à ses côtés, ce serait trop risqué.
Il avançait donc en silence jusqu'à un magasin devant lequel un portant présentait les promotions. Elann entra, Leïmy toujours sur les talons.
La jeune fille demeura stupéfaite pour la deuxième fois de la journée. Ça commençait à bien faire ! Mais elle devait bien avouer que ce qu'elle avait sous les yeux ne correspondait absolument pas à l'idée qu'elle se faisait d'un magasin.
La grande salle au sol en faux parquet était bien loin d'une boutique de tailleurs. Ici, pas de rouleau de tissus et pas de mannequins de toiles rembourrés de toiles portant une ou deux créations de l'artisan mais des vêtements de toutes les couleurs s'alignant sur les portants soigneusement placés en allées. Au centre, une étagère en plastique blanc supportait des dizaines de modèles de paires de chaussures. Le tout était éclairé par une lumière crue et des hauts-parleur diffusaient une musique insipide qui déplût aussi bien à Leïmy qu'à Elann.
Ce dernier déclara à l'attention de la jeune fille :

- Tu devrais trouver ton bonheur.

Comme les fois précédentes, il ne vit pas la gifle fuser, Leïmy étant bien trop rapide pour ça. Le jeune homme porta la main à sa joue avec un air incrédule sur son visage presque féminin, ne comprenant pas la raison de ce coup.
Leïmy siffla, un doigt brandit sous son nez :

- Ne parle jamais de bonheur devant moi.

- Tu devrais trouver de quoi te satisfaire.

- Je préfère.

Après un dernier regard furieux à Elann qui aurait souhaité pouvoir être absorbé par le sol, Leïmy s'engagea dans un des rayonnages.
Elle examina rapidement les vêtements en les faisant coulisser sur leur tringle les uns après les autres. Elle grommela quelque chose d'incompréhensible puis passa au portant suivant.
Elann pensa que, au moins, ce serait vite terminé mais il craignait que Leïmy n'extériorise sa colère de s'être déplacé pour rien sur lui. Il ne connaissait la mercenaire que depuis la veille mais il avait rapidement saisi comment elle était, du moins, en apparence.
Après plusieurs minutes que Leïmy passa à marmonner en regardant les différents habits présentés, une vendeuse aux cheveux châtains tressés vint vers eux et proposa avec un large sourire particulièrement adressé à Elann :

- Puis-je vous aider ?

- Ai-je l'air stupide au point de ne pas pouvoir regarder ces fripes toute seule ? Je vous conseille de ne pas répondre "oui" !

Rétorqua Leïmy sans même lever le regard du portant.
Surprise par son agressivité, la vendeuse écarquilla les yeux puis elle se tourna vers Elann, attendant qu'il lui fournisse une explication à ce manque de politesse.
Gêné, le jeune homme se passa une main dans les cheveux, son envie d'être avalé par le parquet revenant à la charge.
Ne voulant surtout pas alerté la vendeuse, Elann lui dit en montrant Leïmy d'un discret mouvement de la tête :

- Excusez-la. C'est la mauvaise période du mois.

- Je vois. Appelez-moi si besoin.

La jeune femme les laissa pour aller offrir ses conseils à d'autres clients certainement plus sympathiques.
Elann soupira, soulagé que l'incident n'aille pas plus loin. Il se retourna pour tomber face aux iris luisantes de colère de Leïmy.
La mercenaire le menaça :

- Fais très attention à ce que tu dis sinon, je te prouverais que les cintres peuvent servir d'armes.

Elann déglutit, se doutant que Leïmy était parfaitement capable de mettre cette menace à exécution.
Il resta silencieux durant les minutes qui suivirent, se contentant de porter quelques vêtements sélectionnés par Leïmy.
Lorsqu'ils eurent terminé de faire le tour du magasin, il en tenait une dizaine, tous noirs.
Avec prudence, Elann suggéra :

- Peut-être devrais-tu prendre des chaussures.

Leïmy acquiesça d'un imperceptible mouvement du menton puis elle se dirigea vers l'étagère centrale. Elle observa rapidement les différents modèles avant de jeter son dévolu sur une paire de rangers aussi noires que le reste de ses choix. Elle fut obligée de vérifier sa pointure, ce qui l'agaça grandement puis Elann récupéra la bonne boîte.
Le jeune homme se posta à la fin de la queue pour aller payer. Il n'y avait qu'une personne devant lui mais avec la très courte patience de Leïmy, il craignait qu'elle ne s'énerve très rapidement.
Sans savoir pourquoi, il eut envie de plaisanter avec la jeune fille alors il lui lança :

- Avec le style de ce que tu prends, il ne te reste plus qu'à acheter un collier clouté.

- Tu me mets au défis, là ?

- Pas du tout !

- Je le prends comme ça.

Décréta Leïmy avant de se diriger vers les présentoirs chargés de bijoux. Elann la regarda avec un air circonspect, très surpris par cette réaction qui lui enseignait au moins une chose : même en la connaissant, il était impossible de prévoir à l'avance la comportement qu'adopterait Leïmy. Aussi belle qu'imprévisible.
Ces deux éléments contribuaient certainement à sa dangerosité.
Elle revint sans tarder avec un ras-du-coup hérissé de pointes carrées et arrondies. Elann retint un sourire.
Il paya puis ils sortirent, le jeune homme portant tout les sacs. Ils marchèrent en silence sur plusieurs mètres en silence puis Leïmy déclara :

- Nous retournons chez les policiers d'hier.

Elann stoppa de surprise. Il balbutia :

- Mais...mais pourquoi ?

- Car j'ai quelque chose d'important à récupérer. »

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