Chapitre 23
La forte lueur éblouissante diminua peu à peu, rendant leur acuité visuelle aux personnes présentes.
Negg baissa les bras qu'il avait dressé devant ses yeux pour se protéger. Il cligna plusieurs fois des paupières pour chasser les taches noires dansant devant sa vision. Il regarda de tous côtés. Dévlin semblait chercher à comprendre ce qu'il s'était produit et Sire Délèk paraissait totalement déboussolé mais, de Leïmy, aucune trace.
À cette constatation, Negg bondit en s'écriant :
« Où est Leïmy ?
Les deux autres examinèrent la pièce à leur tour. Dévlin écarta l'un des deux rideaux leur masquant le reste de la salle.
Le nécromancien secoua négativement la tête en informant Negg plus que Sire Délèk :
- Elle n'est nulle part.
Negg serra les poings, pressentant une catastrophe ou au moins quelques choses de difficile à régler.
Sire Délèk quitta la pièce d'une démarche raide qui traduisait son anxiété. Il cria dans le couloir jusqu'à ce que Sulfurd arrive en courant.
Le souverain lui ordonna :
- Fouillez tout le palais à la recherche de Leïmy et si ce n'est pas suffisant, ratissez toute la ville !
Le Capitaine Sulfurd hocha la tête d'un mouvement sec du menton et s'empressa d'aller déployer ses hommes pour les recherches à mener.
Negg sortit à son tour en bousculant volontairement Sire Délèk d'un coup d'épaule. Le rouquin gagna les appartements de Leïmy au pas de course. Il ouvrit violemment la porte et inspecta chaque pièce qu'il trouva vide.
Un juron franchit ses lèvres lorsqu'il vit que les affaires de Leïmy étaient encore toutes soigneusement rangées dans l'armoire. La jeune fille n'avait donc pas figer le temps pour s'enfuir.
De toute manière, cette hypothèse ne semblait pas vraisemblable à Negg dès le départ. Leïmy n'aurait pas tenter à nouveau de s'enfuir d'Arancha, pas sans lui en parler avant mais, alors, où était-elle passé et quelle était l'origine de cette intense luminosité dorée ? Elle ne pouvait provenir que des pouvoirs de Leïmy, c'était aussi évident que logique.
À part sa chambre, l'endroit où la jeune fille était la plus susceptible de se trouver était le parc. Negg quitta les appartements et tomba face à Dévlin qui venait le rejoindre.
- Elle n'est pas là non plus. Devina le nécromancien.
- Non. Je ne comprends pas.
Grogna Negg en enfonçant ses ongles dans ses paumes, de plus en plus nerveux et inquiet. Dévlin lui posa une main apaisante sur l'épaule. Il fallait absolument que le rouquin conserve son calme. Il n'avait pas besoin d'avoir à le contrôler en plus de la disparition de Leïmy.
Dévlin assura à son frère cadet :
- Nous allons la retrouver. Elle ne peut pas être très loin.
- J'ai une mauvaise intuition. Vas-tu m'aider à inspecter le jardin ?
- Bien sûr. »
Les deux frères fouillèrent les jardins durant de longues heures.
Ils passèrent également au temple et Negg escalada même les plus hauts arbres pour tenter d'avoir un meilleur point de vue mais, rien, pas une seule trace de Leïmy.
En rentrant dans le palais, ils croisèrent Sulfurd qui devait certainement aller faire son rapport à Sire Délèk. D'un commun accord et un regard entendu, les deux frères décidèrent de le suivre pour connaître les nouvelles.
Comme ils s'en doutaient, le souverain attendait dans son salon privé, assis sur le divan, les jambes croisées et un verre de liqueur à la main. À en juger par le niveau d'alcool dans la carafe, ce n'était pas le premier qu'il buvait. La disparition de Leïmy l'inquiétait vraiment.
Dévlin et Negg s'installèrent dans un coin, le visage sombre. Le Capitaine Sulfurd salua le roi en se postant au garde-à-vous puis il déclara :
« La ville et le palais ont été entièrement fouillés et nous ne l'avons pas trouvée.
Sire Délèk se crispa à cette annonce. Il avala le reste de son verre d'une seule traite et il grimaça sous la brûlure de l'alcool descendant dans sa gorge puis il se tourna vers Negg et Dévlin en espérant que, puisqu'ils connaissaient mieux Leïmy, ils aient une piste. Dévlin secoua négativement la tête alors que Negg demeurait stoïque malgré sa grande angoisse.
Sire Délèk enserra l'arrête de son nez, très inquiet. Il reposa son verre et ordonna :
- Bon, que chaque membre de la Garde ait une description précise de Leïmy et que les rondes et les patrouilles s'effectuent en permanence dans la cité. Il ne reste plus qu'à prier pour que les dieux n'apprennent pas cette disparition sinon, je ne donne pas cher de nos existences.
A peine Sire Délèk terminait-il sa phrase que l'on frappa timidement contre la porte. Le souverain grommela son autorisation à entrer et Sulfurd alla ouvrir.
Iléany entra, un air gêné sur le visage. Son bras gauche était serré dans un morceau de tissu qui s'imbibait lentement de sang. Tous comprirent qu'il était visiblement inutile d'espérer que les dieux restent dans l'ignorance.
Sachant bien que ce qu'elle venait annoncer était tout sauf réjouissant, Iléany balbutia :
- Ex...excusez-moi mais...mais je reviens du temple et...et les dieux sont fortement contrariés. Ils exigent le retour immédiat de Leïmy ou leur colère sera terrible.
Les doigts de Sire Délèk se crispèrent autour de son verre de cristal, qu'il avait repris.
Sentant l'énervement monter chez son souverain, Iléany recula, se plaquant contre le mur droit, sans cesser de comprimer ses neuf blessures.
Sire Délèk reposa violemment son verre sur le guéridon et se leva subitement en s'écriant :
- Comment voulez-vous que je la retrouve ? Nous n'avons pas la moindre piste ! Si ils veulent qu'elle revienne, qu'ils nous aident !
Iléany s'aplatit encore davantage contre le mur, effrayée. Elle n'avait jamais vu son roi dans cet état, lui qui était d'ordinaire si calme et posé.
Dévlin s'empressa d'intervenir. Il s'interposa entre Iléany et Sire Délèk et força ce dernier à se rasseoir en lui conseillant fermement :
- Vous feriez mieux de conserver votre sang-froid. Ce n'est pas en hurlant que vous ferez avancer la situation. La meilleure et première des choses à faire est de comprendre ce qu'il s'est passé dans l'infirmerie. Les pouvoirs de Leïmy se sont déchaînés, c'est un fait confirmé par la lueur dorée qui nous a aveuglés. Ce qu'il faut découvrir sont les conséquences que la magie a causées et là, nous aurons des indices.
- Vous avez parfaitement raison, reconnut Sire Délèk. Je vous prie de pardonner ce débordement indigne d'un régent. Croyez-vous que vous pouvez vous charger de ces recherches ? Vous me semblez qualifié et brillant.
- Je comptais bien m'en occuper avec l'aide de Rilin.
- Très bonne idée.
Approuva Sire Délèk avec un hochement de tête.
Le calme étant revenu, Iléany se détacha du mur avec un imperceptible soupir de soulagement.
Negg réfléchit rapidement, le menton entre les doigts puis, repérant ce qui le tracassait, il fit un pas en avant et exposa son hypothèse à tous :
- Ne trouvez-vous pas étrange que cet homme qui nous a suivis depuis Welkonn soit arrivé juste avant la disparition de Leïmy ?
- Tu penses qu'il est impliqué ? Demanda Dévlin.
- C'est possible. Le seul moyen de savoir est de l'interroger. Je suppose que vous ne verrez pas d'inconvénient à ce que je le fasse.
Lança Negg à Sire Délèk en se tournant vers ce dernier. Le souverain lui répondit affirmativement d'un signe nonchalant de la main. De toute manière, Negg se serait passé de sa permission.
Le roi remplit à nouveau son verre. Il risquait de terminer ivre avant la fin de la journée si il continuait comme cela.
Negg s'arrêta à la hauteur de Dévlin en lui posant une main sur l'épaule pour lui glisser :
- Ne perdons pas de temps.
Dévlin acquiesça et les deux frères quittèrent le salon sans saluer Sire Délèk mais le nécromancien adressa tout de même un sourire bienveillant à Iléany qui le lui rendit.
Les deux frères cheminèrent dans le couloir en silence durant plusieurs minutes, chacun réfléchissant à la disparition de Leïmy et échafaudant des suppositions dessus, puis Dévlin le rompit :
- Crois-tu vraiment que notre mystérieux compatriote a un rapport avec le fait que Leïmy se soit volatilisé ?
- Je l'ignore mais je ne crois qu'aux coïncidences que lorsque j'ai constaté par moi-même que c'en sont. Je me ferai donc ma propre idée et je te répondrai ensuite.
Dévlin ne put retenir un léger sourire en coin en entendant ces propos. La vision que son frère avait du monde lui plaisait assez et le faisait souvent sourire malgré de fortes différences d'opinion sur de nombreux sujets.
Le nécromancien soupira en se passant une main dans les cheveux. Ils étaient encore moins prêts de retourner chez eux à présent.
Negg donna un coup de coude à son frère pour le tirer de ses sombres pensées et il lui montra Rilin venant à leur rencontre de l'autre côté du couloir.
Le multi-magicien s'arrêta face aux deux frères et il engagea la conversation sur un ton moins douloureux qu'à l'accoutumée :
- On m'a rapporté que Leïmy était revenue de la première épreuve. Je savais qu'elle s'en sortirait sans aucune difficulté. Comment va t-elle ?
Dévlin baissa les yeux sur le bout de ses bottes et le visage de Negg s'assombrit, ni l'un ni l'autre ne sachant que répondre puisqu'ils ne comprenaient pas encore exactement ce qu'il s'était produit.
En voyant leurs réactions, Rilin s'inquiéta, craignant le pire pour Leïmy qu'il considérait un peu comme une fille ou plutôt une sœur car il trouvait qu'ils se ressemblaient beaucoup. Tout deux étaient des êtres compliqués ballotés dans les méandres et les cruautés de la vie.
Très angoissé et imaginant déjà une terrible nouvelle, il demanda d'une voix blanche :
- Leïmy va bien, n'est-ce pas ?
- Et bien...
- Nous n'en savons rien. »
Répondit Negg, interrompant Dévlin qui cherchait la manière d'expliquer les faits à Rilin.
Ce dernier fronça les sourcils, très surpris par cette phrase. Comment pouvaient-ils l'ignorer ? Sire Délèk aurait-il interdit à quiconque de visiter la jeune fille ? Cela était abusif, même pour leur cher souverain et ce n'était pas ça qui aurait stoppé Negg. Il serait allé prendre des nouvelles de son amante alors pourquoi cette étrange réponse ?
Dévlin commença à raconter au magicien ce qu'il était arrivé dans l'infirmerie, mettant fin à ses interrogations.
Tout en l'écoutant, Rilin réfléchit, cherchant une explication à cette soudaine disparition mais il ne fit que mener les mêmes réflexions que Dévlin.
Negg resta silencieux, attendant la fin du récit pour les laisser, se dirigeant vers les geôles du palais, ayant bien l'intention de questionner Vargram comme il l'avait signifié. De toute manière, c'était inutile qu'il assiste à la discussion des deux magiciens, étant totalement inculte en magie. Il risquait plus de les gêner qu'autre chose sans parler de l'ennui qu'il ressentirait et l'énervement de ne rien comprendre. Il préférait se charger de quelque chose où il se débrouillait mieux : impressionner et effrayer afin d'obtenir des informations.
Sachant très bien ce qu'il allait faire, Dévlin ne le retint pas ni ne l'interrogea. Negg s'éloigna rapidement, plongé dans son inquiétude.
Où Leïmy était-elle et qui lui était-il arrivé ? Allait-elle bien ? Ses blessures s'étaient-elles rouvertes ?
Le rouquin secoua la tête pour chasser ses pensées angoissées. Comme l'avait dit Dévlin, il devait conserver son calme et la tête froide si il voulait découvrir ce qu'il s'était produit dans l'infirmerie.
Il s'inquiéterait lorsque toutes leurs tentatives se seraient révélé vaines et qu'ils ne sauraient plus dans quelle direction se tourner or, ce n'était pas encore le cas.
Negg arrêta un domestique pour lui demander le chemin exacte pour les geôles. L'homme lui indiqua rapidement le trajet avant de retourner à sa tache sans attendre que Negg le remercie, ce qu'il ne comptait pas faire de toute manière.
Le rouquin gagna rapidement les cachots. Il ne croisa aucun garde ni sur le chemin ni une fois à l'intérieur. Décidément, le fonctionnement de la surveillance à Arancha lui échappait totalement.
Il constata que les geôles n'avaient rien à voir les prisons qu'il avait déjà eut l'occasion de visiter. Le lieu n'était pas sombre ni insalubre ou mal entretenu, seulement éclairé par quelques lanternes médiocres. Comme le reste du palais, les parois étaient faites de blocs de marbre blancs, ici veiné de noir. Des lucarnes perçaient le plafond, laissant entrer la lumière du jour au cas où celle des lampes à huile placées à intervalles réguliers n'aurait pas suffi. Le seul point commun avec les cachots welkonniens étaient les cellules délimitées par de solides barreaux de fer.
Il ne fut pas difficile à Negg de repérer Vargram. Il se trouvait dans l'unique cellule occupée.
Les pas du mercenaire résonnèrent sur le marbre. Pour une fois, il ne souhaitait pas se déplacer silencieusement, au contraire. De cette façon, il annonçait son arrivée. Il stoppa face au blond et s'adossa contre le mur en croisant les bras sur sa poitrine.
Le prisonnier se leva de sa couchette où il était allongé et demanda à Negg avec hargne :
« Que veux-tu ?
- Ce serait plutôt à moi de poser la question. C'est toi qui es sorti de nulle part pour attaquer mon frère. Je me demande ce qui peut pousser un homme à prendre les risques dans lesquels tu t'es jeté car, puisque tu ne te trouvais pas sur le navire, j'en suis certain, tu as forcément dû avoir recourt à un voyage magique.
Vargram fut secoué d'un rire condescendant puis il s'approcha jusqu'à saisir les barreaux et il répliqua :
- Je suis sûr que tu as l'impression d'être très intelligent en faisait une pareille déduction.
- Non, seulement quelqu'un de logique.
Corrigea Negg avec nonchalance avant de changer de comportement aussi subitement que radicalement.
D'une vive enjambée, il se plaça à quelques centimètres de Vargram jusqu'à ce qu'ils ne soient séparés que par la grille puis, toujours aussi rapide et imprévisible, il saisit le blond par la nuque et lui écrasa le visage contre les barreaux, faisant remonter des ondes de douleur dans ses joues. Établissant un rapport de force évident entre eux deux, Negg siffla :
- Écoute-moi bien. Je passe des mauvaises journées depuis que je suis arrivé ici et je crois que mes nerfs sont proches de la rupture alors je te conseil de ne pas m'énerver, surtout aujourd'hui. Tu vas donc être sage et me répondre sans détour. Est-ce clair ?
- Vous les mercenaires, vous êtes tous les mêmes.
- Tout comme les nobliaux de ton espèce. Vous pensez que tout vous est dû et que vous êtes supérieurs, que c'est normal d'écraser les autres pour votre seul profit ! Ça n'a pas été compliqué de déterminer ton statu social. Ta posture, ta manière de te mouver, l'éclat dans ton regard. C'était comme si c'était inscrit sur ton front.
- Maintenant que tu as montré à tous à quel point tu étais doué, peut-être pourrais-tu me dire pourquoi tu es là, à moins que tu ne viennes que te repaître du spectacle comme le vautour que tu es !
Negg ne broncha pas à l'insulte. Depuis le temps, les injures ne lui faisaient plus rien, surtout qu'on lui avait déjà crié bien plus grossier.
Il libéra Vargram en le rejetant en arrière, le faisant chuter. Le blond se redressa, furieux d'être traité de la sorte et le regard luisant de haine.
Negg ne s'en soucia pas plus que de l'insulte. Il retourna s'adosser contre le murs et reprit la parole :
- Je n'ai qu'une question très simple. Tu devrais donc pouvoir la comprendre. As-tu quelque chose à voir avec la disparition de Leïmy ?
La stupéfaction qui marqua les traits de Vargram indiqua à Negg que ce n'était pas le cas. Finalement, il s'agissait bien d'une coïncidence comme il en arrivait parfois.
Il allait devoir chercher une piste ailleurs.
Vargram ne resta pas surpris bien longtemps et une rage profonde remplaça l'étonnement sur son visage. Il abattit violemment son poing contre le sol de marbre. Negg leva un sourcil, ne voyant pas ce qui justifiait une telle réaction de colère.
Vargram s'emporta :
- C'est une plaisanterie ! J'ai tout abandonné et risqué ma propre vie pour vous retrouver et tu me dis que Leïmy s'est volatilisé ! Ce n'est pas croyable !
L'intérêt de Negg s'éveilla de nouveau à ses paroles.
Pas tant une coïncidence que ça après tout.
Vargram venait d'avouer qu'il était venu pour les poursuivre, Leïmy et lui.
Le rouquin repensa à l'hypothèse qu'avait fait sa compagne sur la présence de cet homme à Arancha. Peut-être avait-elle raison après tout.
Vargram continua à déverser sa fureur dans sa cellule alors que Negg réfléchissait sans l'écouter.
Son regard si particulier fut attiré par le sol qui, aux pieds des barreaux, était fendillé. Le rouquin fronça les sourcils, pas convaincu que le marbre était dans cet état il y avait à peine quelques secondes plus tôt.
Comme pour confirmer ce doute, le sol se brisa totalement, envoyant voler de petits éclats blancs en tous sens, poussant les deux hommes à se protéger de leurs bras. De petites racines vigoureuses s'enroulèrent autour des barreaux sur quelques centimètres. Elles étaient passé à travers le marbre.
Negg dévisagea Vargram avec davantage d'attention que la première fois. Ce noble sortant de nulle part et ayant pris des risques inconsidérés pour suivre les deux mercenaires les plus redoutés de Welkonn était un magicien. Un de ceux que les Aranniens appelaient les "naturaux" mais ce pouvoir n'existait pas sur leur continent alors comment était-ce possible ?
Avant que Negg ne puisse l'interroger sur ce sujet, deux gardes arrivèrent. L'un d'entre eux tenait un trousseau de clés dans sa main droite.
Il en introduisit une dans la serrure de la cellule de Vargram, libérant ce dernier.
Negg les regarda faire en s'exclamant :
- Vous le le faîtes sortir ?
- Oui. Je vous rappelle que c'est la décision de Sire Délèk.
Sur insistance de Leïmy, ajouta mentalement Negg mais sans répliquer à voix haute.
Vargram lui adressa un regard victorieux accompagné d'un sourire condescendant dont Negg ne se formalisa pas.
Encadré par les deux gardes, il se dirigea vers la sortie des geôles. Avant qu'il ne s'engage dans les escaliers, Negg se posta au milieu du couloir derrière les trois hommes et demanda à Vargram :
- Qui était-ce ? (Vargram se retourna, un air d'incompréhension sur le visage).
- Pardon ?
- Quelle personne vous étant proche avons-nous tué ? Je ne vois que ça qui puisse expliquer votre acharnement à nous poursuivre : la vengeance.
- Vous n'êtes pas aussi brillant que vous le croyez. Ce n'est pas à cause de votre ancienne activité que je suis ici. »
Sans rien préciser de plus, Vargram quitta les cachots.
Negg demeura interdit. Comment était-ce possible que ce homme soit ici pour autre chose que pour punir la meurtrière d'un proche ? Pourquoi avoir risqué sa vie ? Negg se promit de le découvrir.
La résolution de la disparition de Leïmy résidant dans la magie, il ne pouvait être utile alors il allait se concentrer sur Vargram. Il apprendrait qui il était, ce qu'il venait faire ici et pourquoi et pourquoi il avait des pouvoirs propres à Arancha.
Negg le sentait, ce noble blond avait quelque chose à voir dans cette histoire.
***
Dévlin et Rilin avaient décidé d'aller inspecter l'infirmerie en premier avant de se plonger dans les trop nombreux ouvrages que contenait la bibliothèque.
Le médecin du palais n'avait pas été ravi de les voir venir examiner l'endroit alors qu'il avait des patients mais Rilin était parvenu à le convaincre et Dévlin le soupçonnait d'avoir usé de sa magie de mentaliste pour l'influencer.
À présent, les deux magiciens étaient agenouillés à terre à la recherche du moindre petit élément susceptible de les faire progresser dans leurs recherches.
Rilin passa la main sur une partie du sol et déclara à l'attention de Dévlin :
« Une forte concentration de magie a été libérée ici.
- C'est là que se tenait Leïmy.
Indiqua Dévlin après un regard sur l'emplacement que montrait Rilin.
Ce dernier demeura pensif un court instant avant de reprendre en se relevant :
- En tout cas, à en juger par la dose de magie qui a été déployée, les conséquences pour Leïmy sont sans aucun doute très élevées. Elle a peut-être même changé d'époque mais, pour en être certain, nous devons poursuivre les recherches.
Dévlin acquiesça en se relevant à son tour. Il épousseta son pantalon puis les deux magiciens se rendirent à la bibliothèque d'un commun accord.
Ils commencèrent par sélectionner les livres leurs paraissant pertinents puis ils s'assirent à une table et se plongèrent dans leurs lectures.
Après un quart d'heure qui se révéla infructueux, ils n'avaient en effet rien appris dans les pages qu'ils tournaient, Rilin rompit le silence qui s'était installé :
- C'est étrange, vous ne trouvez pas ?
- Quoi donc ? Demanda Dévlin sans lever les yeux du paragraphe qu'il lisait.
- Et bien, nous sommes tous deux des magiciens talentueux avec tous les deux une destinée qui sort du commun et nous avons tous les deux donné notre cœur à une femme rousse.
- En effet, c'est troublant.
- Pourquoi l'avoir quittée ?
- Car je n'avais pas le choix, c'était la décision de mes collègues mais il ne se passe pas une heure sans que je regrette ce départ. J'ai abandonné Maige alors qu'elle est enceinte.
- Il n'y a pas de plus belle trace qu'on peut laisser au monde qu'un enfant. »
Dévlin sourit tristement en tournant sa page.
Rilin avait raison mais, pour l'instant, l'important était de découvrir ce qu'il était arrivé à Leïmy et de calmer les dieux.
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