Chapitre 16

Les araignées poussèrent des cris stridents étrangement puissants pour leur taille. Elles se recroquevillèrent alors qu'elles se consumaient en dégageant une odeur nauséabonde.
Leïmy aurait eu son compte de corps brûlés après cette épreuve.
La mercenaire se pressa de se relever et s'élança à travers le couloir, ne souhaitant pas se faire piéger par son propre geste. Elle n'avait plus besoin de trancher les toiles pour passer. Le feu les brûlait rapidement, lui dégageant le passage. La mercenaire eut tout de même besoin de se protéger de temps à temps en plaçant les bras devant son visage, le gauche par-dessus le droit pour utiliser le cuir de sa mitaine comme protection et éviter que le bandage du droit ne s'enflamme.
Tout comme elle, les araignées, qui n'avaient pas été carbonisées dès le départ de l'incendie, tentèrent de fuir, prenant la même direction que Leïmy. Cette dernière accéléra car le feu était vorace et risquait de la prendre à son tour. Elle sauta agilement par-dessus un pan de soie ardente.
La chaleur, déjà haute à la base, augmenta très vite. La sueur commença à couler aux tempes de Leïmy. Cette dernière espérait qu'elle sortirait bientôt de ce four, qu'il n'y avait pas des kilomètres de toiles.
Jugeant certainement qu'elle était le meilleur moyen de survivre, une araignée glissa dans la nuque de Leïmy. Sans ralentir, la jeune fille voulut la saisir pour l'enlever mais elle sentit quelque chose s'enfoncer dans la main qu'elle avait posé dans son dos. Elle la retira et y découvrit deux petits points sanglants. L'araignée avait dû la mordre. Elle fit une nouvelle tentative avec davantage de prudence et attrapa l'arachnide qu'elle jeta dans les flammes.
Elle s'écarta vivement vers la gauche pour esquiver un large morceau de toile s'affaissant sous l'assaut du feu.
La chaleur commençait à faire fondre la chandelle que la jeune fille tenait toujours. Préférant éviter de se faire brûler par la cire chaude, elle n'avait pas besoin d'une blessure supplémentaire, Leïmy se débarrassa de la bougie dans les flammes.
À plusieurs mètres, elle aperçut la fin des toiles et donc, de l'incendie. Elle força sur ses jambes, ne se souciant pas de la recommandation de Rilin grâce à la potion de qui elle ne souffrait pas réellement de la chaleur.
Elle déboucha soudainement hors de la fournaise mais elle ne ralentit pas, se pressant de s'éloigner. Elle n'alluma pas tout de suite sa quatrième chandelle, profitant de la forte lueur des flammes rougeoyantes.
Elle cessa de courir pour marcher plus tranquillement lorsque l'obscurité se referma de nouveau sur elle. Elle fouilla dans la besace pour en sortir une nouvelle bougie qu'elle alluma.
Il y avait encore quelques toiles d'araignées mais ce n'était plus l'invasion d'il y avait quelques minutes.
Elle agita sa main droite qu'elle sentait s'engourdir. Elle remua les doigts. Ayant une idée inquiétude, elle porta sa main à son regard. La morsure de l'araignée ne saignait pas mais était gonflée, voir même boursouflée. Elle grimaça, voyant sa crainte se confirmer. Sa blessure présentait fort les symptômes d'un empoisonnement. Les araignées d'ici devaient être venimeuses. Elle n'avait plus qu'à espérer que le poison n'était pas mortel ou qu'il était lent et qu'elle aurait le temps de remonter à la surface pour réclamer les soins appropriés.
À défaut de mieux, elle appliqua un peu d'onguent cicatrisant sur les petites plaies et enveloppa sa main dans un bandage.
Si elle oubliait l'empoisonnement, les araignées avaient été l'embûche la plus simple à passer, si le poison ne la tuait pas, évidemment.
La jeune fille soupira en secouant la tête. Tout ça pour faire comprendre à des dieux idiots et n'entendant que ce qui les intéressait qu'elle ne les rejoindrait jamais. Si, au moins, elle avait eu la certitude que son plan fonctionnerait, elle n'aurait pas ressenti cette lassitude mais il y avait une possibilité pour que tout cela soit inutile. Elle verrait bien comment les événements se dérouleraient. Pour le moment, elle devait arriver au bout.

La mercenaire progressa durant deux heures en surveillant attentivement sa morsure qui avait encore gonflé. La peau avait également pris une vilaine teinte violacée autour de la blessure.
En cet instant, Leïmy regrettait d'avoir ingurgité la potion anti-douleur de Rilin. Si elle avait senti les douleur, elle aurait certainement pu suivre l'avancée du poison bien plus simplement mais elle n'aurait sûrement pas pu bouger la main et le bras droit, poser la jambe gauche à terre à cause de la brûlure, n'aurait pu remuer son épaule et son dos lui aurait envoyé de longues ondes de douleur donc, c'était un mal pour un bien.
Elle était assise à terre, ayant fait une pause pour se reposer quelques minutes, boire et manger et surtout, vérifier l'état de sa main. Son examen terminé, elle replaça son bandage et se releva en reprenant sa chandelle qu'elle avait posé à côté d'elle.
Avec un gros soupire, elle se remit en route, agacée, lassée, exaspérée. Elle commençait vraiment à être fatiguée, sur les nerfs. Elle espérait qu'elle n'avait pas encore des heures à passer dans ces insupportables souterrains.
Quelle magie allait-elle devoir encore affronter et quel piège était tendu au détour du couloir ? Elle n'avait pas spécialement peur de tomber sur un danger, elle se savait capable de tout surmonter malgré son état, en particulier grâce à la potion de Rilin.
Une goutte d'eau tomba dans sa nuque. Elle l'essuya.
Après la chaleur de l'incendie qu'elle avait déclenché, le souterrain était devenu très humide. Des taches d'eau mouillaient les pierres du mur. S'attendant à être à nouveau victime de la magie de l'eau et de vent, Leïmy restait sur ses gardes, prête à retenir sa respiration à la moindre alerte mais rien ne lui donna de raison d'être inquiétée. À part les gouttes mouillant sa peau et sa chevelure, il n'y avait rien à signaler ni aucune trace des pouvoirs qu'elle soupçonnait et ce n'était pas faute d'inspecter les parois en quête de la moindre peinture écaillée bleue.
Son instinct lui soufflait avec insistance qu'un piège était proche, si il n'était pas déjà sur elle.
Elle enjamba une épaisse racine. Avec l'humidité, les plantes poussaient avec allégresse. Une mousse spongieuse grignotait les pierres des murs ça et là et quelques racines pendaient du plafond. Cet environnement changeait totalement des précédents. L'air était lourd d'eau et Leïmy avait presque l'impression de le boire. Certaines racines atteignaient à présent son crâne et frôlaient parfois son cuir chevelu et d'autres se tordaient au sol tels des serpents torturés.
Grâce à son agilité, Leïmy ne trébucha pas dessus.
La végétation devenait vraiment dense. Une liane perçait même le mur à en endroit avant de couler sur les dalles du sol. Une véritable jungle souterraine, un lieu étrange et singulier.
Leïmy aurait pu être fascinée, voir même émerveillée par ces plantes vivant aussi dans un couloir passant sous terre si elles n'avaient pas ralenti sa progression. Elle n'avait aucune envie de s'attarder là.
Comme deux heures auparavant, elle dégaina une lame et commença à se tailler un passage à travers les lianes. Elle avait totalement l'impression d'être revenue aux toiles d'araignées.
Au départ, elle avança bien, rattrapant le petit retard qu'elle avait pris, bien que le seul horaire à respecter était celui qu'elle s'imposait, mais elle déchanta après seulement quelques minutes. À mesure qu'elle avançait en sectionnant les lianes et les racines, ces dernières se faisaient plus dures et noueuses si bien qu'elle ne pouvait plus les trancher d'un coup mais que plusieurs étaient nécessaires et leur nombre augmentait alors qu'elle se frayait un chemin. Elle termina par presque devoir scier les plantes.
Alors qu'elle s'acharnait sur une racine pour se dégager la voie, Leïmy s'entailla la paume de la main. La mercenaire jura grossièrement, rendue furieuse par cette stupide blessure provoquée par cette non moins stupide racine. Quelques gouttes de sang tombèrent sur le sol ou plutôt sur les plantes le recouvrant en des positions tortueuses.
Avec rage, elle termina d'enlever la racine qui lui barrait le passage en l'arrachant à mains nues pour la jeter plus loin. Elle l'aurait bien enflammée à l'aide de sa chandelle qu'elle devait poser à chaque liane à couper mais elle se ravisa et se força au calme. Mettre à nouveau le feu aurait été idiot, inutile et dangereux. Elle n'avait nul besoin de se retrouver à nouveau au milieu d'un incendie par simple colère.
Elle prit plusieurs profondes inspirations puis retira le bandage de sa main droite que la lame avait traversé. Elle l'abandonna à terre puis essuya sa paume ensanglantée sur son pantalon et pansa sa plaie d'un bandage propre puis elle reprit sa laborieuse besogne en grommelant et marmonnant contre la végétation, le souterrain, Arancha et surtout, les dieux.
Une liane supplémentaire chuta, vaincue par les coups de Leïmy, comme la trentaine précédente mais combien d'autres devrait-elle encore abattre pour atteindre la salle où était conservé les artéfacts magiques ?
Du coin de l'œil, elle aperçut un mouvement. La mercenaire se retourna vivement, changeant la position de son arme dans sa main, la brandissant devant elle, parée au combat. Elle examina attentivement le couloir mais ne remarqua rien.
Pensant qu'il ne s'agissait que d'un vacillement de la flamme de la chandelle ou d'un effet de son imagination à force d'être dans ce sombre sous-sol, elle haussa les épaules et retourna à sa coupe avec la sensation d'être un bucheron.
Elle souffla pour écarter une mèche tombant devant son visage sans cesser de trancher.
On la tira soudainement par le pied, la déséquilibrant et la faisant chuter. La jeune fille poussa un petit cri surpris et se réceptionna souplement sur les dalles. Elle récupéra sa chandelle dont elle approcha la flamme de son pied pour découvrir à quoi était due cette brusque chute. La lumière éclaira une racine enroulée autour de sa cheville.
Comment était-ce possible ? À croire que la plante avait poussé en quelques secondes à peine. Leïmy écarquilla les yeux, une nouvelle supposition se glissant dans son esprit. Et si ce n'était pas la magie de l'eau qui cherchait à la piéger mais celle de la nature ? Cela aurait pu expliquer l'abondance de plantes qui serait dû à de la magie et non à l'humidité ambiante.
Leïmy s'empressa de trancher la racine l'emprisonnant et qui, heureusement, n'était guère épaisse puis elle bondit sur ses pieds, chandelle en main.
Ne prenant plus la peine de trancher les lianes, elle courut, se servant de son élan pour les écarter mais cette méthode qui lui faisait gagner du temps lui valait des coups et des griffures de la part de la végétation qui semblait vouloir la retenir. Peut-être était-ce le cas.
Son bras se prit dans la boucle d'une liane qui, elle en était certaine, n'était pas là quelques secondes auparavant. Elle glissa sa lame entre la plante et la cuir de sa mitaine pour sectionner la liane mais, pendant qu'elle s'occupait de libérer son bras, une racine s'enroula autour de son mollet. Leïmy tira pour terminer de libérer son membre et s'attaqua à sa jambe.
Elle baissa et approcha sa main tenant la lame de son tibia mais la racine le serrant grandit subitement et emprisonna son poignet à son tour. La pression qu'exerça la plante fut telle qu'elle fit lâcher son arme à Leïmy qui ne s'avoue pas vaincue pour autant. Elle banda ses muscles et tira mais la racine resserra ses vrilles et se fit plus solide.
Une liane s'enroula autour de son poignet gauche et remonta rapidement le long de son bras jusqu'à son épaule.
Leïmy se débattit furieusement. Les chaînes de la Garde d'Orquia ne l'avaient pas retenue alors elle n'allait tout de même rester la prisonnière de simples plantes !
Comme pour lui démontrer le contraire, une autre racine monta à l'assaut de sa jambe déjà piégée alors que la première s'étirait pour passer à la jambe gauche.
Finalement, elle aurait dû incendier cette partie du souterrain aussi. Elle tenait toujours sa chandelle mais impossible de faire un mouvement.
Des lianes se lièrent à sa chevelure et les plantes progressèrent vers le milieu de son corps tout en resserrant leur étreinte sur ses membres. Ses jambes semblaient à présent entièrement faites de bois et ses doigts avaient commencé à bleuir à cause de la coupure de sa circulation sanguine.
Pas question qu'elle se fasse tuer par des racines ! C'était bien trop ridicule et stupide ! Il lui fallait une mort à la hauteur de sa réputation !
Les racines entourèrent sa taille comme le faisait parfois Negg avec son bras et les lianes, après avoir recouvert ses épaules, coulèrent vers sa poitrine. Ses jambes cédèrent et elle tomba à genoux. Les plantes suivirent son mouvement sans se desserrer d'un millimètre. Les racines appuyaient sur son abdomen, contractant douloureusement son estomac et faisant remonter une nausée le long de son œsophage.
Les lianes et les racines se rejoignirent et s'entremêlèrent sur sa poitrine, vidant tout l'air de ses poumons. Elle avait donc le choix entre mourir d'asphyxie ou broyée.
Elle chuta, s'étalant de tout son long au sol. De nouvelles racines vinrent la recouvrir par-dessus les premières, l'étouffant encore davantage. Les lianes montèrent sur ses joues.
La jeune fille leva le visage, ayant encore le cou un peu mobile, cherchant à aspirer de l'air mais sans vraiment y parvenir.
Pour une fois, elle devait bien avouer qu'elle avait besoin d'une aide extérieure.
Manquant d'oxygène, elle perdit connaissance.

***


Contrairement à ce dont était persuadée Leïmy, elle n'était pas seule.
Juste après avoir passé le piège de la magie de l'air et de l'eau, on avait commencé à la suivre. On ne l'avait pas lâchée depuis des heures mais on n'avait pas osé l'approcher ou intervenir dans ses épreuves.
Celui suivant ainsi la mercenaire était un fantôme. Celui d'un mage ayant participé à l'ensorcèlement des souterrains et qui avait été tué par sa propre magie.
Il y avait des décennies, il y avait encore quelques personnes qui tentaient encore l'expérience d'affronter les pièges magiques mais aucun n'avait survécu. Aucun n'avait tenu plus d'une heure or, Leïmy était là depuis cinq heures. Un incroyable record !
Si l'esprit avait emboîté le pas à la jeune fille, c'était car elle était le premier être vivant qu'il voyait depuis des siècles et qu'il se sentait très seul. Il avait été impressionné par sa débrouillardise, son agilité et sa combativité mais, en cet instant, elle semblait avoir besoin d'aide. Elle gisait au sol, recouverte par des dizaines de lianes et de racines, haletante à cause du manque d'air.
Le fantôme invoqua ses pouvoirs dont la mort l'avait doté et serra les deux poings. Les plantes se tordirent comme si elles souffraient.Lentement, elle se retirèrent du corps de Leïmy, cessant de comprimer ses poumons et lui permettant à nouveau de respirer plus librement.
L'esprit sourit, satisfait.

***


Leïmy se redressa brusquement en inspirant une longue goulée d'oxygène.
Les plantes l'avaient libérée sans qu'elle n'ait réussi à faire quoi que ce soit pour cela. Comme toujours, la mercenaire ne s'interrogea pas sur le pourquoi du comment.
Elle bondit sur ses pieds, chandelle toujours en main, ramassa sa dague et s'élança dans le couloir. Elle quitta le champ d'action de la magie de la nature en quelques minutes, le fantôme, qu'elle était incapable de voir, toujours sur les talons.
Elle s'arrêta après plusieurs mètres et prit le temps d'étirer ses muscles, ses articulations et massa ses muscles qui auraient certainement pu être douloureux si elle avait senti la souffrance. Elle vérifia ses blessures. La brûlure se portait plutôt bien, la morsure avait continué à enfler et à violacer, les blessures de son bras droit ne saignaient plus et ne posaient pas d'inquiétude.
Le problème restait les deux plaies qu'elle n'avait pu panser. Même si elles ne saignaient plus, elles étaient laides, notamment à cause des grains de poussière se logeant dedans. Espérant toujours qu'elle pourrait recevoir des soins rapidement à sa sortie des souterrains, elle se remit en route, sachant très bien qu'elle ne pouvait rien y faire.
En nourrissant sa réflexion de ses précédentes expériences dans ce maudit sous-sols, elle put constater que les pièges venaient par deux ou trois avant de lui laisser quelques heures de répit donc, en suivant ce raisonnement, elle ne devrait pas tarder à tomber sur le prochain.
Tout en avançant, elle faisait le compte des magies qu'elle avait déjà affronté pour tenter de deviner la suivante qui se présenterait. Elle avait donc rencontré la magie de l'air, celle de la foudre, des familiers et de la nature. Quatre types de magies. Cela laissait beaucoup trop de possibilités donc impossible de déterminer le prochain piège comme elle le souhaitait.
Qu'importe. Elle continuerait à progresser à l'aveuglette comme elle faisait depuis son entrée dans le souterrain.
Elle s'essuya le front qu'elle avait mouillé, pensant que c'était toujours l'humidité qui avait permis aux plantes de pousser librement mais elle remarqua qu'il s'agissait en réalité de sueur. En effet, la température augmentait depuis quelques minutes. À croire qu'elle se trouvait à nouveau au milieu de l'incendie.
En pensant cela, la mercenaire n'était pas très loin de la vérité. Au bout du couloir, à plusieurs mètres, des lumières rougeoyantes projetaient des ombres mouvantes sur les pierres.
Leïmy soupira en secouant négativement la tête. Elle commençait à trouver tout cela vraiment très agaçant, encore plus qu'au départ. En levant les yeux au ciel avec exaspération, elle entra dans une nouvelle salle.
Celle-ci était plus petite que celles déjà traversées et un véritable mur de flammes s'élevait du sol au plafond en son milieu.
La mercenaire grommela. Elle n'avait aucune envie de réfléchir durant de longues minutes qu'elle aurait pu utiliser plus intelligemment qu'à se creuser la cervelle. Elle connaissait également le dicton qui disait que, lorsqu'une idée venait rapidement et facilement, c'était souvent qu'elle était bonne alors elle ne chercha pas longuement.
Elle s'étira la nuque comme elle en avait pris l'habitude, s'épongea le front, éteignit sa chandelle et ferma les yeux. Elle prit une longue et profonde inspiration pour s'aider à descendre dans son subconscient. Comme toujours, elle peina à se saisir de ses pouvoirs. Ils glissaient de ses doigts, fuyaient, lui échappaient, se dissimulaient à son regard. C'était une véritable course-poursuite intérieure que menait Leïmy.
Au bout d'un long quart d'heure de lutte à subir la chaleur du mur de feu situé à quelques centimètres d'elle, la jeune fille referma ses mains autour de sa magie qu'elle fit lentement et consciencieusement remonter le long de ses bras pour l'emmagasiner au bout de ses doigts. Elle se concentra sur ce qu'elle désirait faire et libéra ses pouvoirs en ouvrant les paupières, dévoilant ses iris dorées.
Les flammes se figèrent, gelées dans le temps par la magie de Leïmy. Cette dernière ne bougea pas immédiatement, ayant besoin de quelques secondes pour se remettre de l'utilisation de ses pouvoirs. Elle essuya le sang qui avait coulé de sa narine gauche sous l'effort et elle reprit son souffle qu'elle avait court.
Se sentant mieux et ayant retrouvé ses forces, la mercenaire recula de quelques pas pour prendre de l'élan et s'élança, prenant de la vitesse très rapidement en fonçant droit sur le feu.
Juste avant de l'atteindre, elle bondit à travers les flammes en se protégeant de son bras gauche. Figé, le feu ne lui causa aucun dégât. Leïmy se réceptionna souplement de l'autre côté.
Et voilà un piège efficacement passé.
La mercenaire se remit sur ses pieds et reprit son chemin alors que les flammes recommençaient à brûler dans son dos, créant des reflets sanglants sur la peau laiteuse de Leïmy.
Elle ne reprit pas tout de suite sa chandelle, profitant des lueurs du feu pour s'éclairer.
La salle et ses lumières disparues derrière elle, elle ralluma sa chandelle.
Elle constata que la couche de poussière avait épaissi et se rapprochait grandement de la moquette, encore plus qu'au départ. Était-ce car elle arrivait dans une partie plus ancienne ou bien se trompait-elle comme avec les toiles d'araignées mais puisque, même en cherchant, elle ne trouvait aucune magie qui aurait pu, même de loin, avoir un rapport avec de la poussière, elle ne s'inquiéta pas.
Elle devait certainement approcher de la fin de son pénible périple. Cette constatation fit naître une vague de soulagement au creux du ventre de la jeune fille mais elle déchanta bien vite en se souvenant qu'elle devrait faire le même trajet en sens inverse.
Elle marmonna son mécontentement tout en soulevant des nuages de poussière en avançant.
Cela se terminerait-il ou bien errerait-elle éternellement dans cet insupportable sous-sol ?
Elle s'asséna une gifle mentale pour se forcer à stopper ce pessimisme. Elle ne devait plus se montrer défaitiste. Elle arriverait au bout et ressortirait en un seul morceau, et elle y tenait.
Elle se figea soudainement, alertée par un son de piaillement énervé et suraigüe, ceux des vargos. Leïmy jura.
Encore eux ! Là, ça devenait redondant.
Avant même qu'elle ne réagisse, les premières créatures se profilaient dans le fond du couloir. Leïmy lâcha sa chandelle, craignant qu'elle ne la ralentisse et elle s'élança.
Comme la première fois, les vargos se déplaçaient à quatre pattes ce qui leur conféraient une grande vitesse, plus que celle de Leïmy qui perdait du terrain malgré ses efforts.
Elle ne voyait pas comment s'en sortir. Cette fois, il n'y aurait certainement pas de salles remplies d'éclairs ou de flammes pour repousser les vargos.
D'un bond sur le côté, elle esquiva l'un des petits monstres qui voulut lui tomber dessus depuis le plafond.
Elle força sur ses muscles, espérant distancer les vargos mais sans grand succès. Elle entendait les créatures se rapprocher à leurs cris stridents insupportables.
En tournant à l'angle du couloir, elle découvrit une porte s'ouvrant dans le fond, à plusieurs mètres. Y voyant une possible et espérée échappatoire, elle accéléra et gagna quelques centimètres.
Elle s'engouffra dans la pièce maigrement éclairée par une source lumineuse qu'elle ne prit pas le temps de repérer. Cette chiche clarté lui permit tout de même de remarquer que la porte n'était pas qu'un trou dans la paroi comme les précédentes mais qu'elle se refermait avec un pan de mur coulissant grâce à une technologie qu'elle ne connaissait pas.
Elle ne réfléchit pas, n'en ayant pas l'occasion. Elle se jeta contre la partie coulissante et, bandant ses muscles, elle la poussa et barra le passage juste à temps.
Les vargos s'écrasèrent sur les pierres. Leïmy soupira de soulagement en s'adossant contre la porte et elle écarquilla les yeux de stupeur.
Face à elle, un cristal grossier de la taille d'une main humaine trônait sur ce qui semblait être une table de roche et dégageait une maigre lueur blanche et crue, révélant une pièce circulaire aux murs peints de fresques écaillées et meublé de supports de pierres sur lesquels étaient posés toutes sortes d'objets hétéroclites.
Un sourire se dessina sur ses lèvres.
Elle était arrivée, enfin !

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