Hé, hé!

Vous êtes toujours là?

J'ai encore quelques mots pour conclure cette première chronique (il y en aura plein d'autres après, ne vous inquiétez pas!)

Alors voilà, sans plus attendre...

Bonne lecture!

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Épilogue

La Baie, quelques jours plus tard

Darcy est assis sur le bout du quai situé derrière la maison de son père à La Baie, un endroit encore plus retiré que tous les endroits retirés de la province. Sandy et lui n'étaient pas supposé passer cette dernière semaine avant la rentrée avec lui et il se sent seul et incompris. Sa mère lui manque, il aimerait pouvoir lui raconter ce qui s'est passé à Kakinanga et il ne comprend pas pourquoi leur père tient à la garder éloignée. Victoria, au contraire, croyait qu'il était essentielle que Charlotte soit tenue au courant de ce qui se passait dans la vie de ses enfants. Sans utiliser elle-même la magie qu'elle n'a qu'en quantité très limitée, Charlotte connaît son existence et comprend que le monde est bien plus grand que ce que les Réguliers croient.

Il revoit les deux gâteaux solitaires sur l'assiette près de la causeuse dans le salon des employés de la librairie. Il se souvient avoir surveillé les cupcakes dans l'espoir de les partager avec Liane jusqu'à ce que monsieur Goudreau et madame Hilda van Meierlindt leur explique qu'il y avait eu ce problème aux Jardins.

Il avait attendu, Sandy à ses côtés de découvrir ce qui se passerait avec eux. Est-ce que, comme il l'avait offert, monsieur Goudreau les ramèneraient, Sandy et lui, à Longueuil? Darcy avait espéré de tout son coeur que ce soit le cas.

Lorsque ce méchant garçon de la Garde-Robe était arrivé et avait voulu prendre les cupcakes, Darcy ne les avait pas défendu. Il ne voyait pas l'intérêt de déguster des cupcakes de l'amitié si son amie était introuvable.

Darcy ne comprend pas encore ce qu'il lui a pris. C'est comme si son pied était parti tout seul. Il a tendu la jambe et au moment où Reinhart Rasmussen s'éloignait avec un cupcake dans la bouche et l'autre dans la main, son pied s'est enroulé autour de la cheville de Rasmussen, le faisant s'étaler de tout son long sur le sol, le visage plein de cupcake bleu.

Évidemment, personne ne l'a aidé et une petite Garde brune que Darcy ne connaît pas en a profité pour ramasser le dernier gâteau et l'avaler d'une bouchée. Darcy lui a adressé un sourire approbateur. Les Gardes avaient travaillé très fort pour retrouver les victimes de l'explosion et celle-là méritait bien davantage la sucrerie que l'égoïste de Reinhart.

Darcy a dû se résigner à partir avec Jonathan avant de connaître l'issue des recherches, ce qui l'a rendu amer et inquiet. Kristian était parti d'urgence à l'hôpital sans que ses parents ne disent quoi que ce soit à leurs proches - il avait essayé d'écouter, se tenant à proximité de la soeur de madame Astrid nommée Hilda, sans succès. De plus Liane et un autre garçon nommé Damien manquaient toujours à l'appel et on avait commencé à sortir des cadavres, ce qui n'avait rien de prometteur.

Voilà que c'est déjà vendredi et Darcy n'a eu de nouvelles d'aucun de ses nouveaux amis et futurs camarade de classe.

Il a bien lu dans les journaux que l'explosion avait fait plusieurs victimes dont neuf morts - deux personnes grièvement blessées ayant succombé à leurs blessures - et que les criminels qui s'étaient introduits dans les Jardins étaient toujours en fuite, mais il n'a eu de nouvelles ni de Liane ni de Kristian.

Il joue avec son bracelet, le regard perdu dans l'eau grise de cette journée morose lorsqu'il entend le "tac tac" familier d'une canne heurter le début du quai avant que le roulement de la bille sur les planches lui tire un sourire radieux.

— Maman!

Bondissant sur ses pieds, il rejoint sa mère en trois enjambées et la serre dans ses bras.

— Tu pensais pas que Jo allait m'empêcher de vous voir avant que vous partiez à l'école, tout de même? fait Charlotte Mackenzie en lui souriant.

— Comment es-tu arrivée, c'est le bout du monde, ici!

— Ton père a ses secrets. Il t'en parlera bien un jour. Comment est l'eau?

— Vraiment gelée, tu vas détester ça.

Darcy la guide néanmoins jusqu'au bout du quai et Charlotte s'assoie avec précaution avant de replier sa canne blanche et de la déposer à côté d'elle.

Darcy reprend place près d'elle et soupire, la joie de voir sa mère à beau être grande, elle ne réussit pas à repousser son inquiétude.

— Comment ça va, mon coco, demande Charlotte, sortant de son sac les drôles de lunettes électroniques qui lui permettent de voir plus de détails à distance.

Darcy la regarde les porter à son visage et explorer le paysage. Cela lui donne le temps de rassembler ses idées et de se confier.

— Sapristi, c'est toujours aussi gris et laid, ici, commente Charlotte en observant les alentours. À part ce héron, il n'y a rien!

— Même lui, il s'ennuie. C'est un héron dépressif, je suis sûr.

La mère et le fils éclatent de rire puis Darcy redevient sérieux, racontant tout ce qu'il a vécu à Charlotte qui l'écoute, ses lunettes ayant retrouvé leur place dans son sac. Darcy lui tend son bras afin qu'elle explore son bracelet. Il lui laisse guider son bras afin qu'elle l'ait devant les yeux et observe ses doigts explorer délicatement les motifs.

— Tu ne sais pas ce qu'il fait?

Pas encore.

— Fais-lui bien attention, je crois qu'il est important.

— Moi aussi.

— Pour en revenir à tes inquiétudes, je ne peux pas régler tous tes problèmes, mais j'ai peut-être quelque chose qui te soulagera un peu, dit Charlotte en sortant un objet de son sac. Ta soeur m'a prêté son cahier magique. Elle a marqué des pages qui vont t'intéresser. Elle m'a bien averti de te prévenir de ne rien lire d'autre que là où il y a des post-it.

— Sérieux? Comme si ça m'intéressait de lire les conversations qu'elle a avec ses amies.

Charlotte sourit et lui tend le carnet.

Il s'agit d'un petit carnet de note des plus banal à la couverture rose. Cependant, au coin des pages et dans la couverture sont tracés des formules magiques que le garçon ne comprend pas encore. Il lit, sur la couverture: "Cahier de duplication". Et en dessous, "Lucie K., Sandy M., Luna V.

".

"Sandy,

"J'ai fini par découvrir ce qui est arrivé à Li..."

Darcy lit le message de Lucie rapidement. Puis ensuite un message de Luna qui raconte que les parents de Kristian sont hébergé chez eux car leurs jumaux sont hospitalisés à Québec. Apparemment, Anya n'est pas trop mal en point, mais Kristian a bien failli mourrir dans les décombres. Heureusement, Kauapat l'a trouvé à temps, ce qui lui a sans doute permis de survivre assez longtemps pour être pris en charge. Luna ne croit pas qu'il sera en mesure de commencer l'école en même temps que tout le monde mardi prochain. Darcy est quand même soulagé de savoir que Kristian ne fait pas parti des morts.

"J'ai entendu ma mère et ton père parler hier soir", écrit Luna à Lucie. "Raphaël a décidé que Liane était plus en sécurité là où ils sont que n'importe où ailleurs pour le moment. Elle et l'autre garçon disparu resteront donc là jusqu'à samedi ou dimanche, ça dépendra de quand Raphaël reviendra de sa mission pour Karl. Tu en sais peut-être plus, enfin, si Rajik t'en a parlé. Si c'est le cas, rassure-nous. C'est quand même difficile à croire qu'il y ait un endroit sur terre qui soit plus sécuritaire que l'Anse."

"Sandy,

"J'ai parlé à Li. Elle m'a dicté un message pour ton frère. Le voici: "Darci, rassure-toi, je vais bien. J'apprends beaucoup de choses intéressantes là où je suis. Je t'en parlerai à l'école, ne t'inquiète pas pour moi, nos gardiens nous traitent très bien. Matt m'a dit que Rei a volé les gâteaux devant toi. Tu as bien fait de lui faire payer ça! À bientôt. Li" Elle voulait que je dessine un personnage qui envoie la main, mais je dessine vraiment moins bien qu'elle, alors Darcy, tu n'auras qu'à lui demander de le faire à l'école.

"Bon, ma tante m'appelle. Je t'écris plus tard. Sinon, on se voit mardi matin!

"Lucie xx

"P.S. pour Darcy: C'est moi qui vais te l'offrir cette crème glacée, la face bleue de Rasmussen en vaut totalement le prix!"

Darcy referme le carnet et soupire. Il ne croit pas que Sandy apprécierait qu'il réponde dans son cahier. En même temps...

— Maman, as-tu un crayon?

Charlotte sourit et sort un crayon de son sac. Une fois l'objet entre les doigts, il s'arrête un instant pour réfléchir. Il a encore des tonnes de questions. D'un autre côté, il est plutôt certain que ni Lucie ni Luna n'auront de réponses pour lui. Alors il écrit simplement:

"Lucie et Luna,

"Ma soeur m'a fait lire les messages qui me concernaient à propos de Liane et Kristian (et je vous promet que je n'ai pas triché). Je vous remercie d'avoir pensé à me donner des nouvelles.

"À mardi, Darcy

"P.S.: Est-ce qu'on apprend à faire des cahiers comme ça à l'école? J'espère vraiment que j'aurai des amis avec qui en partager un, c'est trop cool!"

Satisfait, il referme le cahier et le rend à sa mère. Charlotte range le tout puis sort deux bocaux de son sac aux couleurs de la Vache Fanfaronne.

— Maman! Comment t'as eu ça?

— J'ai demandé à ton père d'aller en chercher. Je vais avoir besoin de toi pour les ouvrir, le sortilège est trop complexe pour ma micro-magie. En plus, je ne me souviens plus lequel est lequel.

— Celui-là est à toi, cheese-cake aux baies sauvages.

D'une impulsion magique, Darcy brise le sceau qui rend le contenant hermétique et garde son contenu à une température idéale. Charlotte sort des cuillères de son sac et en tend une à son fils qui ouvre son propre contenant.

— Comment tu savais que je voudrais gâteau forêt noire, demande Darcy.

— Parce que je te connais, mon coeur. C'est la saveur que tu choisi à chaque fois que tu es morose. Lorsque tu es joyeux, tu préfères caramel aux bleuets.

Évidemment, Darcy est bien trop occupé pour répondre, il a déjà une énorme cuillèré de délicieuse crème glacée plein la bouche.

On dirait bien que ses derniers jours de vacances ne seront pas si pénibles finalement.

Fin de la Chronique 1 — Une visite explosive