Chapitre 9 (partie 2)


Coucou! ;)


Que se passe-t-il avec les Vestergaard, vous croyez?


Bonne lecture!


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Chapitre 9 (partie 2)


Anya n'est pas très difficile à trouver. Rajik a senti sa piste dès la sortie de l'allée menant aux Jardins. L'odeur de peur viscérale corrompt son parfum fruité de cheveux fraîchement lavés.

— Kauapat a dit qu'elle était en colère, pas effrayée, remarque Rajik. Et pourtant, je ne détecte que la peur.

Lucie se garde bien de traduire les paroles de sa Garde-partenaire à madame Astrid. Elle pense très fort, se concentrant sur sa question car elle ne veut pas inquéter la jeune femme qui marche à ses côtés, le visage tendu. Elle ne réussit pas encore très bien à communiquer par la pensée à sa Garde-partenaire, tout comme Rajik ne peut communiquer qu'à elle pour l'instant et parfois à d'autres membres de la communauté des Sentinelles.

— Kauapat n'aurait pas pu se tromper, dit Rajik. Pas sur ça. Nous percevons le monde avec tous nos sens, bien sûr, mais notre monde est fait d'odeurs.

Lucie reste songeuse. Elle ne voulait pas insulter son amie.

— Elle est peut-être rentrée à la maison, propose Astrid réalisant que la Garde les dirige vers un des chemins qui contournent le lac. C'est un peu loin à pieds, mais c'est possible.

Mais, à la sortie du village, au lieu de continuer sur le chemin, Rajik bifurque à travers la végétation sauvage qui entoure le lac. De hautes fougères leur bloquent la vue et elles ne remarque pas la sandale brisée d'un rose pailleté d'or qui gît dans une crevasse. Maintenant, Lucie aussi peut suivre les traces, Anya a foncé à travers les hautes herbes à la manière d'un taureau enragé.

— Oh non! ANYA! hurle soudain Astrid avant de se précipiter vers la berge.

À cet endroit, le terrain forme un promontoir rocheux, une espèce de falaise qui embrasse la portion Sud du lac situé une dizaine de mètres plus bas. Figée dans une position grotesque, Anya Vestergaard ressemble à la statue à échelle humaine d'une jeune fille sur le point de se jeter à l'eau en courant. Seuls ses cheveux d'un blond doré aux reflets cuivrés sont en mouvements, balayé doucement par la brise qui caresse les herbes.

Astrid, plus petite que sa fille, s'accroche à elle, lui caresse le visage, les cheveux.

Une jambe lancée en avant, stoppée dans sa course, Anya, pieds-nus a été sauvée de graves blessures, voire d'une mort certaines par quelques sigils gravés dans la pierre, interdisant à quiconque de se jeter à l'eau à cet endroit. En contrebas, d'énormes rochers pointus attendent les baigneurs sous une couche d'eau insuffisante pour empêcher un corps humain de se fracasser au fond.

— ANYA... mon bébé... elle ne respire plus, braille Astrid van Meierlindt.

Lucie s'approche, touche le bras de l'autre adolescente. Il est brûlant de soleil là où les rayons le frappent de plein fouet, étrangement froid et moite en-dessous.

— Elle a été pétrifiée. Une fois désenchantée, ça ira, dit-elle, s'étonnant elle-même de la pointe d'amertume qui perce à travers sa voix.

Pour être bien honnête, elle est rongée par l'envie.

Car bien que sa tante Gaby et sa kukum aient fait de leur mieux, bien que son père soit le plus extraordinaire des pères, parfois, sa mère lui manque, provoquant un vide violent à l'intérieur de son coeur.

— Mais kukum et Gaby seraient intervenu bien avant que tu en soies rendue à vouloir sauter dans le lac, fait Rajik qui inspecte le pied figé en l'air d'Anya. Cette mère que tu jalouses ne s'est pas rendue compte que ses propres louveteaux ont été ensorcelé. Je détecte l'odeur de l'Autre sur elle.

L'Autre, autrement dit Elizabeth.

Qu'a-t-elle fait encore? Pourquoi est-elle revenue pour faire autant de mal? Sans même penser à Lucie.

— Anya! Anya, ma chérie.

Le regard dans le vague, Anya reste immobile, sans réaction.

Lucie se secoue, écoutant sa nature profonde de Sentinelle et laissant ressortir son pragmatisme. Elle s'approche de madame Astrid et fouille dans sa poche pour en sortir le Chuchoteur. Normalement, ces objets sont liés à leur propriétaire et aucun autre magicien ne peut s'en servir. Heureusement, Lucie Kapesh a plus d'un tour dans son sac. Pendant que la femme est occupée à pleurer sur sa fille statufiée, Lucie s'applique à lui prélever quelques cheveux, incluant la racine. Rapidement, elle entortille les mèches d'or pâle autour du Chuchoteur, laissant dépasser un bout assez long pour qu'elle puisse le tenir sans que sa propre peau touche à l'objet.

Ensuite, lorsque la miniature Diane pend au bout des cheveux, Lucie envoie une minuscule impulsion magique à l'intérieur des cheveux. La manoeuvre est délicate, Lucie doit camoufler son énergie derrière celle contenue dans les cheveux d'Astrid. Il n'y en a pas pour longtemps. Seulement assez pour voir que la dernière personne à être entrée en contacte avec madame Astrid est Patience Duval. Lucie lance la communication. Presque immédiatement, la voix de madame Duval se fait entendre.

— Astrid, l'as-tu trouvée?

— Madame Duval, je n'ai pas beaucoup de temps. C'est Lucie Kapesh, je suis avec madame Astrid et Anya près du lac, il faut appeler des secours pour nous...

L'impulsion magique est passée. La statuette se met à vibrer de façon menaçante sentant l'énergie de Lucie à travers les cheveux. Prestement, Lucie lance le Chuchoteur au loin et celui-ci laisse échapper une décharge défensive qui n'atteint heureusement personne. Une fois la statuette redevenue inoffensive, Lucie court la chercher et la replonge dans la poche d'Astrid.

— Anya... mon bébé... Anya!

Astrid est paniquée et son manque de réaction commence à ennuyer Lucie.

— Peux-tu rester avec elle? demande-t-elle à Rajik. Je ne crois pas qu'elle tentera quelque chose de dangereux, mais on sait jamais.

Dans la poche d'Astrid, son chuchoteur annonce une communication de Prudence, puis ensuite de Karl. Les deux noms s'emmêlent et s'embrouillent, faisant résonner l'objet qu'Astrid ignore complètement.

— Je veille sur elles, dit Rajik.

— Tant mieux.

Lucie glisse la main dans ses poches et trouve une serre de corbeau. Ce sera parfait.

Serre en main, elle se concentre en fermant les yeux, tentant de rejoindre ce qui donne la vie à toutes ces créatures, atteignant l'essence primaire. Les cris d'Astrid et ses sanglots brisent sa concentration alors elle s'éloigne, toujours les yeux fermés. Plus elle avance dans les hautes herbes plus la Nature l'apaise. Le vent souffle, faisant s'entrechoquer les roseaux et les fougères en une mélodie rêche et sèche avant de venir caresser sa peau, folâtrer dans ses cheveux. Le soleil envoie ses chauds rayons, inonde l'atmosphère de sa lumière. Ça sent l'eau, la terre, le foin.

Et, soudainement, Lucie ouvre des bras qui sont devenus des ailes et elle s'élève, emportée par les courants aériens.

Son champs de vision s'est élargi et les odeurs chatouillent maintenant ses naseaux, envoyant des informations par millier vers son cerveau.

En quelques battements d'ailes, elle tourne et s'oriente droit vers l'allée menant aux Jardins. Voler est grisant, libérateur et certainement plus rapide que sillonner, même à la course, tout cet enchevêtrement de rues pavées entre les boutiques et les maisons.

La construction runique de Karl fait de son mieux pour la convaincre qu'il n'y a rien d'intéressant à voir, mais Lucie combat, sachant qu'elle doit rejoindre l'unité médicale d'urgence. Elle atterri devant un Karl Vestergaard, chuchoteur en main, qui tente encore de rejoindre son épouse.

reprendre sa forme de naissance est beaucoup plus facile et bientôt, le corbeau redevient adolescente.

— Tu es supposée être à l'intérieur, lui lance Karl, la reconnaissant.

Lucie se demande un instant ce qu'il fait encore là pendant que son père et Mari sont, de toute évidence, entrés dans les Jardins. Elle n'a pas le temps de s'en soucier car elle doit avertir les secours et retourner près du lac. Rajik veille sur Astrid et Anya mais on ne sait jamais, d'autres malheur pourraient leur tomber dessus sans prévenir. Ignorant la question de l'industriel, elle le contourne et se dirige droit vers le commandant McLeod.

— Nous avons trouvé Anya Vestergaard, annonce-t-elle. Elle a besoin d'aide.

Le chef de police se tourne vers elle et l'écoute rapporter brièvement ce qu'elle a découvert. Karl Vestergaard veut en savoir plus, mais McLeod l'interrompt. Il désigne un duo de magiciens-médicaux et décide:

— Monte avec ces deux-là et indique-leur l'endroit précis où trouver la fille.

Et voilà. À peine a-t-elle le temps de grimper sur le Paravoile d'urgence et de s'accrocher au mât qu'ils décollent en vitesse. Les Soigneurs écoutent ses explications et on arrive en quelques secondes sur la scène. Anya se fait installer près du mât, toujours pétrifiée et on embarque également Astrid Vestergaard pour choque nerveux. Lucie refuse de monter à bord, il y a déjà bien assez de passager sur cette embarcation et elle a d'autres méthodes pour se déplacer.

Une fois le paravoile de l'UMU hors de vue, elle enfonce les mains dans le pelage de Rajik et celle-ci les transporte près de Matthieu et Jaharl, un des mâles de la Meute et grand ami de Matthieu.

L'adolescent enlace sa soeur dès qu'elle apparaît près de lui.

— Crois-tu qu'elle a pris Li? demande Matthieu, plus vulnérable que jamais.

— Je ne sais pas, nishim. Les Gardes continuent de chercher.

À leurs pieds, les deux Gardes sont concentrés sur la communication avec leur Meute. Réalisant qu'ils ne sont pas très utiles car Matthieu et Lucie sont à l'abri dans une forteresse de gargouille, ils décident de se joindre aux efforts de la Meute et partent à la recherche des victimes de l'explosion.


☪️ ☪️ ☪️


Le paravoile médical emportant Lucie Kapesh vient toujuste de partir lorsqu'un appareil sort de l'immense brêche ouverte entre les couches de monde. Il s'arrête devant Karl et on lui intime de grimper à bord.

— Vous êtes bien le père du jeune homme nommé Kristian Vestergaard?

— Oui.

— Alors, venez. Nous nous rendons à l'hôpital de toute urgence.

Karl croit qu'il va devenir fou. Kristian est recouvert d'une couverture chauffante et un magicien-médical est affairé à lui installer toute sorte d'appareil dont un appareil de regénération sanguine. À peine est-il installé que le conducteur tire sur le mât directeur et que le paravoile repart à pleine vitesse.

À l'intérieur du dôme protecteur du véhicule volant, un silence à peine entrecoupés des mots de pouvoir servant à activer les divers appareils qu'on installe à son fils règne en maître. Le calme mesuré des magiciens-médic et l'assurance avec laquelle l'un conduit et l'autre soigne réconfortent le père qui communique avec Astrid.

— Nous nous dirigeons à l'Hôpital-Santa-Magica de Québec, dit Karl d'un ton neutre. Demande d'être conduite là-bas.

— Ils disent que le cas d'Anya n'est pas assez grave et qu'elle est un témoin de l'explosion, répond Astrid.

— On s'en fout. Dis-leur qu'elle est la jumelle de Kris et que nous demandons que nos enfants se retrouvent au même endroit, un point c'est tout.

Mais Astrid n'a pas cette aura d'autorité que Karl manie si bien. Et McLeod a de très mauvaises nouvelles à leurs annoncer.

Sauf que le commandant de la SMQ devra déplacer son cul jusqu'à Québec car Karl n'a pas l'intention de quitter le chevet de son fils avant qu'il soit tiré d'affaire.

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