Chapitre 9 (partie 1)
Salut!
Je voulais tout relire pour le 1er juillet et le festival de @3AzumyHan3 mais je ne crois pas que ce sera possible. Je suis cependant confiante que la première partie - et peut-être la deuxième - sera prête.
Sur ce, bonne lecture!
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Chapitre 9
Lorsque le Commandant McLeod de la Sureté Magique du Québec débarque dans l'allée menant au portail des Jardins des FierTrèfles, il est d'abord surpris de constater que les lieux sont protégés, que la tente de l'unité médicale de première ligne est prête et que les citoyens et les touristes ne sont pas en train de s'amonceler en amas voyeurs sur la ligne du périmètre de sécurité.
— Comment avez-vous fait pour ne pas attirer l'attention, demande-t-il.
— Avec un truc qui nous a certainement éviter bien des problèmes à l'adolescence, répond Raphaël en indiquant un groupe de runes peint à l'entrée de l'allée.
— C'est quoi ça, demande MCLEOd en examinant la construction runique.
— En gros, explique Marisol, ça veut dire: "cet endroit est tellement banal et ennuyeux qu'il ne sert à rien de s'attarder ici!
— C'est brillant, vous pourriez faire une fortune avec ce truc!
— Je fais déjà une fortune, répond Karl, platement. Je pensais que vous étiez ici pour retrouver nos enfants, pas pour vous extasier sur mes runes comme des fillettes devant le comptoir de chocolats de Pépé-Sucré.
McLeod redresse la tête, prêt à riposter mais c'est le moment que Géraldine Porrènes choisi pour se retourner vers eux et annoncer qu'elle est prête.
Son mélange permettra de forcer l'entrée pour six personnes, incluant la soeur supérieure et elle-même.
— Kapesh, tu entre avec elle. Tu es le seul d'entre nous qui peut travailler avec les Gardes et nous savons tous qu'elles seront beaucoup plus efficaces et rapides à retrouver les survivants que n'importe quel groupe de magiciens, explique McLeod en ajoutant un sceau d'identification sur l'un des avant-bras de Raphaël parmi les runes posées par Karl.
Raphaël commence à se sentir comme un tableau à dessins dans une classe de maternelle, mais il ne dit rien. Il doit pénétrer les Jardins, il doit se retrouver à l'intérieur pour se rendre compte lui-même de la réapparition d'Elizabeth.
— Docteure Nadeau, je crois que vous êtes la mieux placée pour vous rendre à l'intérieur, ajoute McLeod. Votre expérience du terrain et des situations d'urgence sera utile. Ensuite, deux de mes hommes, Morin et Daviau vont accompagner mesdames Porrènes et FierTrèfles. Moi, je reste ici pour coordonner le tout.
Dans un geste décidé, tout les participants à la première entrée choquent leur Chuchoteur avec celui de McLeod. Les communicateurs s'illuminent, entrant en mode de conversation de groupe.
— Tenez-vous prêts, fait la professeure Porrènes en leur faisant signe de se rapprocher. Le plan est simple. À mon signal, Karl va activer le cercle de protection. Ensuite, je forcerai notre entrée et Églantine et moi, accompagnées de nos vaillantes escorte iront raccrocher les Jardins à l'ouverture pendant que Raphaël et Marisol commenceront à chercher les victimes à l'aide de ces magnifiques Gardes. Une fois les Jardins raccrochés, la porte s'ouvrira et les équipes de secour auront le champs libre.
— Cela me semble clair, dit McLeod.
— Bien. Que ceux qui n'ont pas d'affaire ici aillent se mettre à l'abri dans la tente de l'unité médicale d'urgence. Ça risque de secouer un peu.
Raphaël observe les deux officiers affectés à la sécurité d'Églantine FierTrèfles et de Géraldine Porrènes en se disant que ça fait deux fois que cette dernière prévient que ça risque de secouer un peu, ce qui est généralement un euphémisme. Les officiers semblent mal à l'aise. L'un d'eux à l'air particulièrement anxieux et hésitant. Raphaël le trouve très jeune, tout juste une recrue. Il ne cesse de jeter des regards nerveux partout et se mordille la lèvre inférieure. Géraldine le remarque et lui tapote le bras d'un air maternel.
— Ne vous inquiétez pas, mon garçon, dit-elle, il ne vous arrivera rien. Votre chef me prend pour une vieille folle, mais je suis une vieille folle compétente.
Morin rougit jusqu'aux oreilles, l'air catastrophé. Raphaël sourit et entend Karl pousser un juron amusé. À ses côtés, Marisol a à peu près la même réaction. Inconsciente de l'illarité qu'elle vient de causer à ses anciens élèves, Géraldine Porrènes se redresse de toute sa hauteur, ce qui, il faut l'avouer, n'a rien de bien impressionnant, et annonce:
— Vestergaard, c'est à vous, ordonne-t-elle.
Tandis que la voix grave de Karl s'élève pour activer le cercle de protection, Géraldine entaille son index afin que quelques gouttes de son sang viennent s'ajouter à sa mixture. Elle encourage les cinq autres à faire de même, ce à quoi Raphaël et Marisol se plient sans hésiter. Églantine et les deux agents de la SMQ obéissent à leur tour et Géraldine plante une mêche enflammée dans le gouleau de la fiole.
— Le sang que nous y avons ajouté permettra à l'explosion de nous reconnaître et de nous éviter, précise l'artificière en laissant tomber le flacon de verre sur les derniers restes du rosier protecteur du portail.
Le lendemain, dans les journaux, on rapportera que la détonation a été entendue jusqu'à Toronto et New York. Mais les voyageurs n'entendent rien, leur corps emportés par le maelström causé par la brèche qui vient d'être ouverte entre les Plans. Raphaël et Marisol s'agrippent l'un a l'autre, craignant que la force du vortex ne les brisent en morceaux. Raphaël se concentre sur le lien qui l'uni à Tavik, s'interrogeant sur la méthode qu'a utilisée la Meute pour pénétrer les Jardins.
— C'est la Loi des Gardes, frère, dit la voix douce de basse de Tavik dans son esprit. Dès que l'un des miens pénètre quelque part, je peux le rejoindre. Je ne pouvais pas t'emmener, la magie des Collecteurs m'en empêchait, mais maintenant que l'ouverture a été forcée, la Meute peut se déployer et repérer les Vivants.
— Où nous emmènes-tu, Mari et moi comme ça?
Raphaël sent l'emprise de sa Garde-partenaire sur son corps et il s'accroche encore plus fort à Marisol qui s'agrippe à l'étouffer.
— Vers Kauapat. Le petit de Karl est avec elle et si vous n'arrivez pas, ils vont mourir tous les deux.
"Eh merde! pense Raphaël, il ne manquait plus que ça."
Heureusement, l'appel de Tavik est puissant et son Pouvoir de Garde est fort. Raphaël et Marisol traversent des couches de Jardins, tombant toujours de plus en plus bas.
Des ciels de toutes les couleurs, des galaxies, des océans, de jour comme de nuit. Un défilé d'étoiles, de châteaux, de planètes, de baleines, de nuages, d'arcs-en-ciel, de paravoiles, de navires de... girafes ailées! tourbillonnent autour d'eux jusqu'à ce que les ténèbres les enveloppes et qu'ils s'immobilisent d'un coup, heurtant un sol poussiéreux.
L'air est expulsé des poumons de Raphaël alors qu'il atterri sur le dos afin de prendre le plus gros du choque et d'épargner des blessures à Marisol.
— Je suis trop vieille pour ça! gronde-t-elle alors qu'elle roule à ses côtés, invoquant un globe de lumière. Raph, ça va?
— Ouais. Je pense.
Encore un peu sonné, Raphaël se redresse. Certaines des runes que Karl a tracé sur sa peau sont disparues maintenant qu'elles ont été épuisées à force de prendre les coups à sa place.
— Ça faisait longtemps que je n'avais pas sentie sa trace sur toi, remarque la Garde Alpha en s'avançant vers eux.
Peu après, il apparait dans le cercle de lumière, son pelage gris recouvert de poussière. Il renifle son Sentinelle-partenaire et, satisfait de le trouver en un morceau, tourne les talons, prêt à les guider vers le premier vivant.
— Celle-qui-retrouve est coincée sous le bois avec lui, explique Tavik projetant sa voix dans l'esprit de Marisol en plus que dans celui de son Sentinelle-partenaire. Il y a eu d'autres tremblements et Ils seront bientôt complètement aplatis si vous ne faites rien pour les dégager.
Comme pour appuyer les pensées de la Garde, un grondement sourd se fait entendre, bientôt suivi de craquements rappelant la fonte des glaciers et une secousse au loin fait vibrer le sol sous leurs pieds. Raphaël invoque également des globes de lumière. L'un d'eux flotte au-dessus de Tavik alors que l'énorme loup s'approche d'une pile de lourdes bibliothèques de bois tombées comme des dominos. Ils passent près d'un long corps couvert de sang mais Tavik ne lui jette aucun regard. Marisol pousse une exclamation surprise mais il est évident qu'ils ne peuvent rien pour cette personne.
— Pauvre Collecteur, déplore Marisol avant de porter son attention sur l'amoncellement fragile de bibliothèques.
— Kristian et Kauapat sont là, dit-elle en s'agenouillant, je les vois!
Elle n'ose rien toucher, reconnaissant la fragilité de la structure. Couchée par-dessus le corps ensanglanté de l'adolescent, la Garde blanche tremble de tout son corps, retenant le poids d'une infrastructure instable de sa seule force. Immobile, elle laisse néanmoins échapper un couinement de détresse, sachant qu'elle ne tiendra plus longtemps.
— Oh, mon dieu, Raph! s'alarme Marisol.
L'Élémentaliste est déjà à l'oeuvre. Posant les mains au sol, il appelle l'élément de Terre, celui avec lequel il a le plus d'affinité. Les courants d'énergies sont fracturés mais il parvient néanmoins à communiquer avec les esprits de la Terre.
Petit à petit, comme un excroissance au milieu des décombres, une silhouette vaguement serpentine lève une tête de pierres et de boue.
— Jules est là, annonce Raphaël, il va nous aider.
L'Élémental se déplace avec des mouvements saccadés, presque comiques. Tous savent que ce phénomène est du aux veines d'énergies fissurées.
Cependant, Jules fait son oeuvre, se glissant sous Kauapat et Kristian et déplaçant la terre, les graviers et la roche en un cliquetis somme toute harmonieux. Petit à petit, l'élémental se transforme, formant une coupe, puis une sphère autour de la Garde blanche et de l'adolescent, créant un cocon rocheux qui les protègera des dangers.
Rapidement, Marisol pose une main sur la tête de Kristian et l'immobilise dans l'état, empêchant son corps de perdre son énergie vitale et de s'épuiser. Son système se fige, arrêtant son déclin de plus en plus évident.
— S'il te plaît, Jules, protège aussi Mari, demande Raphaël.
L'Élémental ne répond pas, mais sa coupole protectrice englobe aussi Marisol. Il est un peu plus rapide, il n'a pas besoin de prendre autant de précautions afin de ne pas la bousculer. Marisol rapproche un globe lumineux et se retrouve bientôt agenouillée dans un cocon rocheux avec un adolescents presque mort et une Garde épuisée.
Maintenant que Kristian ne risque plus de se faire écraser par les bibliothèques, Kauapat se laisse tomber sur le côté, haletante, tout son corps secoué de spasmes. Marisol n'est pas vétérinaire et n'a pas vraiment idée de ce qui pourrait aider la louve. Elle la laisse donc se reposer et se concentre sur Kristian, utilisant un enchantement diagnostique qui renvoie pour ses yeux seulement une priorisation des bandages à appliquer. Heureusement, comme toujours, elle est équipé de son sac fourre tout. Pouvant contenir bien davantage que sa taille le suggerre, elle transporte constamment avec elle plusieurs trousses de premiers soins avancés. Sans tarder, elle se met au travail, étrangement rassurée par le calme serein qui règne à l'intérieur de Jules.
Sur une des parois, deux yeux et une bouche sont apparus, comme dessinés par un pouce maladroit. Lorsque Marisol le remarque, Jules lui fait un clin d'oeil et trace: "Raphaël s'occupe de vous libérer."
Kristian aura besoin de chirurgies et de beaucoup de physiothérapie s'il survit. Son squelette est fracturé de partout et ses jambes en particulier ont encaissé une grande partie des coups. Mari commence à rédiger des messages à ses collègues, elle sait exactement qui sera le meilleur spécialiste pour aider l'adolescent.
— T'en fais pas, mon chaton, dit-elle, des larmes ruisselant sur ses joues. Ça va aller, nous sommes là.
Avec douceur, elle commence à soigner des plaies mineures, faisant de son mieux pour soulager l'adolescent en attendant que Raphaël les libère.
☪️ ☪️ ☪️
À l'extérieur de la bulle protectrice formée par Jules, Raphaël s'active. Mettant une main au sol, il appelle une armure d'élément pour le protéger. Rapidement, la terre remonte vers lui, coulant autour de son corps comme une coulée de lave inversée, lui offrant une armure magique d'élément. Ainsi protégé, il peut commencer à dégager les débris qui recouvrent Jules.
Il fait appel à l'Air qui forme des tourbillons de vent qui commencent à soulever les débris les plus légers, les envoyant au loin.
Il s'agit d'un long travail. Les courants d'air soulèvent des morceaux de plus en plus gros qu'ils écartent avec précaution, guidés par Raphaël. Il est concentré à dégager un énorme pan de bibliothèque lorsque le grincement d'une porte gigantesque se fait entendre, suivi d'une voix spectrale résonnant de partout.
— Les Jardins des FierTrèfles sont maintenant ouverts. La procédure d'urgence numéro 812 est désormais en vigueur.
Autour de Raphaël, des objets se mettent à disparaitre, mais il n'y porte aucun attention. Un rayon de lumière rouge fuse du corps du Collecteur mort à quelques pas, envoyant son rayon vers le ciel. Alors qu'il dégage le cocon, la voix continue:
— Ressencement des Collecteurs FierTrèfles. Églantine: vivant, en parfaite santé. Rose: vivant, blessé. Lotus: vivant, gravement blessé. Dahlia: mort. Jasmin: mort. Chrysanthème: vivant, mortellement blessé. Pivoine: vivant, légèrement blessé. Coquelicot: mort.
La liste continue, mais Raphaël n'écoute pas. Il aura bientôt réussit à dégager le cocon-Jules.
Une fois à découvert, Jules fait gonfler sa structure afin d'élargir le périmètre autour de ses protégés et sa forme se déploie, formant des rigoles qui crépitent comme des pop-corns de graviers. La forme serpentine de Jules dévoile enfin Kristian, Marisol et Kauapat. Une fois que la Garde blanche est libre, Tavik bondit la rejoindre et les deux loups collent leur tête, échangeant de l'énergie.
Raphaël aide son amie à se relever tandis que Kauapat s'illumine de rayons blancs-bleus avant de disparaître.
— Où est-elle passée? demande Marisol.
— Elle va rejoindre Nishim, explique Tavik avant de partir à son tour à la recherche d'autres victimes de l'effondrement.
— Il faut le sortir de là, reprend la docteure Nadeau. Raph... il faut faire quelque chose.
— Les portes sont ouvertes, on peut appeler les secours.
Soulagée d'enfin pouvoir agir, Marisol touche le front de Kristian d'un doigt et murmure une parole, envoyant un signal lumineux dans les airs. Le rayon orange inquiète un peu Raphaël, mais bientôt, deux magiciens vêtus d'un uniforme blanc, un croissant de lune bleu dans le dos et sur l'épaule gauche arrivent sur un Paravoile aux couleurs de l'Unité Médicale d'Urgence. Les deux magiciens soulèvent le corps de Kristian à l'aide de leur magie afin de l'installer sur la civière à l'arrière du Paravoile. Une fois le garçon bien attaché et recouvert d'une couverture chauffante, l'un des magiciens médical reste à ses côtés tandis que l'autre prend les commande de leur véhicule. En un instant, ils sont repartis vers la sortie.
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