Chapitre 8 (partie 2)
Coucou!
Le sauvetage s'organise. Ça s'en vient. :D
Avez-vous besoin que j'ajoute plus de mots dans le lexique? Si oui, lesquels? Voulez-vous un mini tutoriel de prononciation pour les noms des Gardes?
Bonne lecture!
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Chapitre 8 (partie 2)
La première chose que Raphaël remarque lorsque Tavik le transporte à Kakinanga est l'allée dévastée et les deux femmes âgées qui fouillent les débris devant le portail tordu. La plus petite le ramène à ses années d'études à Barbe-Hallay. Géraldine Porrènes donnait, il y a une vingtaines d'années les cours d'Artifices avancés. Non loin, Marisol range son chuchoteur et essuie ses larmes avant de se précipiter dans ses bras et de le serrer de toutes ses forces, fondant à nouveau en sanglots.
— Raph! Je suis désolée, je l'ai perdue! Je ne devais pas la perdre. Je te demande pardon, je... je ne devais pas la perdre!
Raphaël étreint très fort sa meilleure amie. Il n'a pas de mots pour la réconforter. Elle doit se ressaisir, ils ne pourra offrir sa compassion à qui que ce soit tant qu'il ne pourra pas serrer son bébé-solstice dans ses bras.
— Où sont Lucie et Matthieu? demande-t-il.
— Je leur ai ordonné de se réfugier dans la librairie d'Astrid. Octavia les protégera.
De l'autre côté de la ruelle, Astrid van Meierlindt tente elle aussi de contrôler ses larmes, se blottissant près de Karl. Et dire que l'autre n'a même pas la décence de l'envelopper d'un bras. Cette image pourrait le rendre triste si Raphaël ne connaissait pas la retenue démesurée dont Karl a toujours fait preuve. Impeccablement vêtu d'un complet gris argenté taillé sur mesure dont une seule des pièces vaut certainement au moins le double de la garde-robe entière de Raphaël et de ses trois enfants, Karl montre une image parfaite de contrôle et de retenue. Cependant, il s'impatiente et s'inquiète. Dix ans ont beau s'être écoulées depuis leur dernière rencontre, Raphaël reconnaît les signes discrets que l'autre ne peut retenir.
— Que s'est-il passé? demande Raphaël en se dirigeant vers le portail détruit.
En reconnaissant l'Élémentaliste, Karl sursaute, sortant de sa stupeur. D'une voix neutre et précise, il répond.
— Il y a eu une intrusion des Jardins. Quelqu'un a profité du fait que les Collecteurs accueillaient les enfants pour entrer, mais surtout, forcer la sortie. Des enfants manquent à l'appel dont Kristian, Liane et Damien Landry, le petit fils de professeure Porrènes.
"Ce ne peut pas être un hasard", songe Raphaël en repensant à son coéquipier à la SMQ, Lucas Landry. "Quelles étaient les chances pour que soudainement, nos enfants se retrouvent emmêlés dans cette histoire."
Tentant d'endiguer la rage meurtrière qui émane de son partenariat avec Tavik - les Gardes n'obéissent pas aux mêmes règles que les magiciens humains et le chef de meute veut carrément tuer la menace -, Raphaël tourne son attention vers la professeure et la Collecteure penchées sur les débris.
— Avez-vous appelé la DMC? demande-t-il.
— Nous avons parlé à McLeod de la SMQ, répond la Collecteure en se redressant.
— C'est davantage un cas pour la Défense Magique Canadienne, mais je suppose que McLeod se chargera de les prévenir, répond Raphaël.
— Je peux forcer l'entrée, déclare Géraldine Porrènes en se redressant à son tour, une loupe magique autour de laquelle tourbillonnent plusieurs symboles dans sa main encore ferme. Karl, j'espère que tu connais encore tes runes.
Karl retient à peine une grimace. Raphaël suppose que rares sont ceux qui osent encore l'interpeler par son prénom. Monsieur Vestergaard est devenu un homme puissant au cour des dix dernières années. L'argent que Karl brasse désormais incite généralement les autres à vous appeler Monsieur avec une majuscule.
— Ne devrions-nous pas attendre que la SMQ et la DMC soient arrivés, demande Astrid, inquiète.
— Les constructions pluridimensionelles sont imprévisibles dans le meilleur des cas et à voir la tête d'Églantine, celle-ci ne tardera pas à s'écrouler et devenir un trou noir si nous ne faisons rien, rétorque la professeure Porrènes d'un ton sans appel. Je n'ai pas passé les dix dernières années de ma vie à élever mon petit fils pour le voir disparaître au royaume des Collecteurs.
— Les enfants peuvent disparaître, vraiment!
La soeur supérieure se retourne vers eux, hautaine et austère. Ses cheveux blancs sont parsemés de roses de toutes les teintes. Celles-ci ont vu de meilleurs jours et des pétales fanés tombent abondamment autour de la Collecteure. Malgré l'évidence de sa piètre condition, son ton est ferme lorsqu'elle s'exprime:
— Bien sûr que non! S'il était si facile de détruire les Jardins des Collecteurs, des civilisations entières ne nous confieraient pas leurs trésors depuis la nuit des temps!
— Sauf que lorsqu'un portail implose, renchérit Géraldine Porrènes, sortant un flacon de verre de l'énorme sac qu'elle porte en bandoulière il peut se passer des années avant que les Jardins auxquels il était lié réapparaissent. J'ai bien l'intention que ce petit voyou rentre à l'école mardi prochain.
Églantine FierTrèfles se tait. L'artificière a raison. Qui sait quand ses jeunes reviendront si le portail se détruit.
— Karl, prépare un cercle de protection capable de résister à la charge d'une Drake électrique. Raphaël, met la pression sur McLeod. Rappelle-lui que je ne l'ai pas invité pour le dîner de Noël, mais bien pour sauver des adolescents. Marisol, je compte sur toi pour faire appel à l'unité médicale d'urgence.
Aussitôt, les trois anciens amis s'exécutent. Pendant qu'il sort son chuchoteur, Raphaël encourage la Terre et l'Air à nettoyer le périmètre que lui indique Karl de quelques gestes afin que le spécialiste des runes ait une surface bien lisse pour poser son cercle. Marisol se transporte à la clinique médicale de Kakinanga et Karl débute le tracé des protections demandées par la professeure.
— Et moi? que puis-je faire, demande Astrid, se sentant un peu exclue.
— Vous, ma jolie, répond Géraldine Porrènes, allez avertir les gens des commerces voisins de ne plus activer d'objets magiques ou d'utiliser de magie, aussi minimes soient-elles. et demandez-leur de fermer leurs portes et leurs volets. Ça risque de secouer un peu.
— D'accord.
Astrid s'éloigne à pas vif lorsqu'elle sent la main de Raphaël effleurer son bras. Elle s'arrête, saisie par la solidité et le calme déterminé de l'Élémentaliste. Elle le sent dans son élément en situation de crise et a envie de rester à ses côtés, où, elle suppose, il ne pourra rien lui arriver.
— Il faut aussi dénombrer les jeunes. Rassemble les nôtres et essaie de voir qui manque à l'appel. Lucie t'aidera.
Elle hoche la tête et s'éloigne à pas rapides. D'abord, démarrer la chaîne d'appels afin que tous les adultes responsables présents retrouvent leurs enfants. Elle peut démarrer ça tandis qu'elle traverse l'allée jusqu'au salon de coiffure et à la boulangerie. Ensuite, elle se dirigera à sa librairie où Octavia pourra l'aider à passer le message de fermeture des commerces via les autres gargouilles du village.
Comme ils le faisaient souvent à l'époque, Raphaël continue d'assister Karl dans la réalisation de son cercle de protection. L'artiste runiques a toujours été brillant et il semble que sa carrière d'industriel n'ait pas freiné son talent. Observer son ami travailler a toujours été un plaisir pour Raphaël qui apprécie les démonstrations de pouvoirs faites avec finesse et intelligence. La combinaison de runes et de symboles de pouvoirs qu'utilise Karl est sophistiquée, précise et efficace et saura contenir une force bien plus grande que celle d'une Drake électrique.
— Églantine, vous allez devoir nous excuser, dit soudain Géraldine Porrènes en secouant la fiole dont le contenu turquoise parsemé de perles roses gonflent à chacun de ses mouvements. J'ai bien peur de devoir endommager vos Jardins.
— Au point où nous en sommes, soupire la grande et mince femme à la chevelure fleurie.
— L'Ordre des Collecteurs vous aidera à tout reconstruire de toute manière, balaie Géraldine en ouvrant son flacon et en y insérant quelques brins d'une herbe qu'elle vient de retirer de son sac.
Karl ne comprend pas comment Raphaël fait pour rester aussi zen. Il a envie de tout péter autour de lui, de secouer cette foutue Collecteure jusqu'à ce qu'elle lui redonne son fils. Dès qu'il a appris que Kristian était à l'intérieur au moment de l'effondrement, il s'est empressé de vérifier où était sa fille. Reinhart a confirmé qu'Anya est retourner le trouver au Manoir Kakinanga et sa belle-soeur est supposée les tenir occupée.
Raph n'a pas changé, n'a pas vieilli d'une minute. Il prépare le sol comme il le faisait avant, communique les détails importants à ses amis de la SMQ et de la DMC, précis, pragmatique, efficace. En vérité, Karl ne l'a vu qu'une fois perdre ces moyens, le jour où Elizabeth est partie.
À sa défense, Raphaël était entravé de bracelets de suppression, avait plusieurs côtes éclatées, ainsi qu'une jambe complètement désarticulée et sa petite avait survécu par miracle aux manigances d'Elizabeth. Mais puisque Raph avait toujours été leur rock, à Mari et lui, Karl en était resté ébranlé.
Une fois le cercle en place - pas encore actif, il attendra le signal de l'artificière pour ça -, il fait signe à Raphaël de s'approcher mais celui-ci ne bronche pas, l'équipe de premiers répondants vient d'arriver et il est occupé à leur indiquer où installer leur tente médicale afin de ne pas nuire à professeure Porrènes.
— Merde, Raph, viens ici, gronde Karl, excédé.
L'autre le regarde, lui jette un oeil à peine curieux. Karl reconnaît cet air-là. C'est celui du gars qui s'apprête à se jeter dans le danger afin de protéger les siens. C'est la tête de l'adolescent qui a charmé une hydre avec une flûte afin que ses amis puissent s'éloigner en toute sécurité. C'est l'air qu'il avait juste avant de partir après Elizabeth pour récupérer sa fille.
Ce n'est pas aujourd'hui qu'il y aura des paroles entre eux. Les gestes devront suffire. D'une main ferme, Karl agrippe le poignet de Raphaël et à l'aide d'un stylet runique qu'il a développé afin de créer des runes d'encre temporaires, il dépose des symboles de protections sur la peau du Sentinelle.
"Qu'est-ce qui te prend?" demandent les prunelles noires de l'Élémentaliste.
— J'ai l'intention que tu sortes de là vivant, Raph. Et essaie pas de nous faire croire que tu n'iras pas, on n'a pas de temps à perdre avec tes contes de fées.
Tandis que Raphaël reste immobile et accepte patiemment les protections rapides qu'il peut lui offrir, Karl se dit qu'il n'est pas prêt. Que c'est impossible, que même dix ans n'ait pas réussi à estomper cette douleur.
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Astrid n'est pas certaine de comprendre pourquoi Raphaël lui a suggéré de se faire accompagner de Lucie. Cependant, lorsque la jeune fille arrive en compagnie d'une énorme louve noire comme la nuit, elle réalise que ce que Raphaël lui offre, c'est la protection d'une Garde.
La chaîne de communication fonctionne et les commerces les plus près de l'allée des Collecteurs ferment leurs portes et leurs volets.
Elle fait le décompte des jeunes dans sa boutique. Tous les enfants des employés sont là, ainsi que les jeunes McGregor, les filles de Marisol, le nouvel ami de Kristian et son père, Jordan Goudreau. Il ne manque plus qu'Elfriede, son fils et Anya et Octavia pourra fermer ses portes.
Mais lorsqu'Elfriede et Reinhart arrivent, Anya n'est pas avec eux.
— Où est Anya? demande-t-elle.
— Je me suis dis qu'elle était rentrée à la librairie, fait Elfriede, confuse. Elle est allée aux Jardins et n'est pas revenue après.
Astrid sent son sang bouillir dans ses veines. Reinhart arbore un air suffisant qui ne lui revient pas. Furieuse, elle l'agrippe par le bras et le foudroie du regard.
— Pourquoi as-tu dis à Karl qu'Anya était avec vous?
— J'ai pas dit ça! s'écrie l'adolescent.
Astrid sait qu'il ment et son regard lui laisse savoir. Karl n'aurait pas inventé ça.
— Où est ta cousine? demande-t-elle, le ton plus dur qu'elle s'en serait cru capable.
— Je sais pas! M'en fous, gronde Reinhart en se dégageant d'un mouvement brusque.
Elfriede baisse les yeux vers sa soeur l'air choqué.
— Mais laisse-le tranquille, bon sang! s'énerve l'aînée.
— Dans ce cas, assure-toi qu'il réfléchisse à une explication plausible, car j'ai bien l'intention de découvrir pourquoi il a menti à Karl. répond Astrid.
Elle tremble, à la fois furieuse et épouvantée. Où est Anya?
— Rajik est certaine qu'Anya est sortie des Jardins, dit Lucie. Kauapat l'a vue à l'extérieur. D'ailleurs, Rajik peut la retrouver.
— Allons-y, décide Astrid, troublée. J'espère juste que ton père ne m'en voudra pas de te forcer à sortir d'ici.
— Sans vous manquer de respect, madame Astrid, je suis une Sentinelle. De plus, Rajik dit que la piste s'éloigne de la zone dangereuse. Allez, venez!
Inquiète, mais pressée de retrouver sa fille, Astrid van Meierlindt emboîte le pas de l'adolescente. Lucie Kapesh dégage le même genre d'assurance calme et alerte que son père et cela aide Astrid à ne pas paniquer. Elle n'a pas choisi d'être libraire par hasard, elle aime le calme et la tranquillité d'une routine ordinaire. De plus, elle est une magicienne moyenne, pas une héroïne comme ces Sentinelles ou une génie des runes comme Karl. Elle est une mère qui veut le mieux pour ses enfants, rien de plus.
Et pourtant, la voilà qui suit une adolescente et une Garde à travers son village d'adoption à la recherche de sa fille pendant qu'une équipe d'intervention d'urgence se prépare à partir récupérer son fils.
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