Chapitre 4 (partie 2)

Coucou!


Dans mon document, ce n'est pas exactement séparé comme ça. En réalité mais pour Wattpad, ça va faire l'affaire.


Bonne lecture!


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Chapitre 4 (partie 2)


Lorsque le groupe arrive près de la boutique d'articles de secondes main, Lucie et Sandy sont encore à l'intérieur. Liane sort son cahier de dessins et s'installe sur le rebord d'une boîte à fleurs. Le portail magique des FierTrèfles hante son esprit, alors sa main trace presque d'elle-même les lignes dures de la grille de fer et ajoute, petit à petit les rosiers grimpants, la poignée tordue et le visage longiligne aux grands yeux creux. Il lui fait penser à un totem. Il lui évoque un peu la même impression mystique à la fois inquiétante et fascinante. Non loin, Stella raconte leur villa sur la mer à Darcy et Luna échange des messages avec d'autres ami/e/s à l'aide de son Chuchoteur.

Heureusement, l'efficacité pragmatique de Lucie fait en sorte que la bande n'a pas très longtemps à attendre. Sandy et elle sont à peine sorties que Luna bondit sur ses pieds:

— Ma mère demande si nous avons faim, annonce-t-elle, remettant son Chuchoteur dans son sac à main.

— Darcy et moi n'avions pas prévu prendre autre chose qu'une crème glacée, répond Sandy, légèrement ennuyée, pensant que Luna les invite encore une fois à dépenser.

— Allons!... ma mère a fait assez de nourriture pour une armée. Elle souhaite juste savoir vers quelle heure on sera prêts et se demande nous serons combien pour le pique-nique.

— C'est correct, dis-lui que nous acceptons son invitation avec plaisir, cède Sandy.

— On devrait d'abord passer par la librairie, décide Lucie. Il est encore tôt et c'est toujours plein là-bas. En même temps, on essaiera de voir si Matt mange avec nous ou avec ses amis.

— Bonne idée, dit Luna. Allons-y!

La grille des Jardins des FierTrèfles n'est pas très loin de la Librairie Astrid. Cependant, la Rue des Saules, sur laquelle est située la boutique seconde main se trouve presque à l'opposé sur la place. Liane a remarqué, à leur traversée précédente, que Darcy donnait des signes de nervosité. Maintenant que le groupe doit à nouveau franchir la place publique, elle l'observe plus attentivement et constate qu'il serre les poings de manière compulsive et qu'il tremble, jetant des regards nerveux partout autour de lui. Il faut dire que depuis leur dernier passage, la foule a presque doublée.

Surveillant son frère du coin de l'oeil, Sandy encourage le groupe à circuler en périphérie de la place. Malheureusement, le mal est fait. Dès que l'on effleure Darcy, il sursaute nerveusement et retient avec peine un réflexe de fuite.

Jetant un oeil vers Kauapat, Liane constate sans étonnement qu'elle a également remarqué le malaise de Darcy. La Garde blanche rôde autour de Liane et lui,, créant une bulle d'espace vide où les inconnus n'osent pas s'aventurer de par sa seule présence. Cela fait parti de la magie des Gardes et de leur nature de protecteurs. Son instinct permettra au moins à Darcy de ne pas se désorganiser avant que le groupe soit arrivé à destination.

En passant près de la crémerie, Lucie et Liane repèrent leur frère en compagnie de Léo. Ils font la file - enfin, si on peut appeler cet amoncellement d'adolescents une file - afin de rencontrer leur idole du sport.

Comme s'il les avait ressenties, Mat se retourne puis fonce vers ses soeurs à toute vitesse, ce qui fait sursauter Darcy. Ce dernier, sur le bord de la crise de panique d'agoraphobie laisse échapper un gémissement qui pourrait presque ressembler à un cri.

— C'est Jordan Goudreau! s'écrie Matthieu, comme si la planète entière savait de qui il s'agit. Il parait que son fils entre à B.H. cette année.

— Oh! Matthieu, veux-tu demander un autographe pour moi! supplie Stella qui sait visiblement qui est cet homme. Ses yeux gris sont brillants et son sourire plein d'espoir.

— Pourquoi tu ne viens pas avec nous? fait l'adolescents, tentant de se tenir le plus droit possible pour ne pas paraître aussi petit qu'il l'est réellement.

— Je n'ai pas mes livres, explique Stella d'une moue boudeuse.

— Ma soeur peut les prendre pour toi, vous êtes dans la même année renchéri Matthieu à la grande surprise de Liane.

"Depuis quand veut-il passer du temps avec elle", se demande Liane, choquée. "Et en plus, qu'est-ce qu'il lui prend de se tenir aussi raide? On dirait qu'il a avaler un mât de Paravoile. Ce n'est pas le genre de Matthieu de se pavaner comme ça."

— Je suis en attente pour aller chez les FierTrèfles. S'il te plaît!...

— Bon d'accord, cède Matthieu en tendant la main pour ramasser le carnet d'autographes de Stella. Mais tu m'en devras une!

— Super, merci merci!!! Je ferai tout ce que tu veux.

Lucie et Liane échangent un regard entendu tandis que Matthieu repart en joggant vers ses amis. Stella n'aurait jamais du dire ça, Matthieu a toujours des idées... pour le moins... originales.

Aux côtés de Sandy, Darcy tremble et sa respiration s'est accélérée. L'inquiétude que Liane ressent pour lui a tôt fait de balayer la conversation entre Stella et Matthieu de son esprit. Elle décide de rester près de lui, sachant très bien que Kauapat ne s'éloignera d'elle que d'une certaine mesure. La louve reprend ses rondes mais le mal est fait et Darcy arrive au bout de ses forces. Tous peuvent distinguer la peur sur ses traits délicats.

Liane ne sait pas trop comment lui témoigner sa sympathie. Elle aimerait pouvoir lui apporter son aide car elle connaît très bien cette peur viscérale qui vous transperce jusqu'au fond de l'âme. Elle a tellement peur des hauteurs et son vertige est tellement intense que même voyager dans la voiture enchantée de Marisol lui est presque intolérable. Et la simple idée de grimper sur un Paravoile la terrorise. La tristesse lui donne envie de pleurer en remarquant que son nouvel ami s'accroche au bras de sa soeur avec un air totalement désespéré.


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Lorsque le groupe arrive enfin près de la Librairie Astrid, Darcy n'en peut plus. Il s'est rendu au bout de ses forces. Il se laisse tomber par terre, s'adossant au mur et enroulant ses bras autour de ses genoux repliés. Il est maintenant livide et en sueur, complètement dépassé par les événements.

— Tu n'as pas besoin de rentrer, lui dit gentiment Sandy. La boutique est bondée, ajoute-t-elle en jetant un regard à travers la vitrine.

— Qu'est-ce qui se passe? demande Stella.

— Il n'aime pas les foules, explique Liane d'une voix douce.

Les soeurs Kapesh échangent un regard avec Kauapat. Elles se connaissent parfaitement toutes les trois et elles n'ont pas besoin de parler pour se comprendre. Établissant un périmètre de sécurité autour de Darcy et Sandy, Lucie, Kauapat et Liane forment une barrière de par leur seule présence. Luna et Stella les observent, légèrement fascinées de cette compréhension quasi surnaturelle entre leurs deux amies.

— Je n'en peux plus, c'est assez, gémit tristement Darcy. Je veux rentrer à la maison.

La tristesse et la vulnérabilité dans sa voix donnent des frissons a Liane. Elle aimerait tellement pouvoir faire davantage pour lui, mais elle sait bien qu'elle n'a pas les moyens de gérer ça. Elle jette un regard inquiet vers Sandy qui semble de plus en plus dépassée par la crise de son frère.

— C'est impossible, Darce, dit-elle d'une voix navrée. Nous n'avons pas terminé. Tu n'as même pas encore été chez les FierTrèfles.

Cette fois, le leurre tombe à l'eau. En réalité, Sandy se doutait bien en prononçant ces mots que l'attrait des Collecteurs ne fonctionnerait pas une seconde fois. Elle soupire, inconfortable. Elle a honte que ses amies voient son petit frère dans un tel état. Et pourtant, il n'y a aucun jugement dans les prunelles des soeurs Kapesh. Luna et Stella regardent vers la librairie, clairement mal à l'aise devant la panique de Darcy. Elles, au moins, ont une réaction normale, se dit Sandy en prenant place dans la barrière formée par Lucie, Liane et Kauapat. La présence solide des soeurs Kapesh à ses côtés a quelque chose de rassurant et bienveillant qui lui donne du courage.

— Mais... il y a tellement de monde, geint Darcy, de grosses larmes coulant sur ses joues. Plus ça va, plus il y en a...

Lucie s'inquiète. Rajik cherche toujours, mais n'a rien trouvé. Et pourtant, cette intuition d'un danger imminent les ronge de plus en plus toutes les deux. À travers leur Lien de Garde, Lucie l'encourage à poursuivre ses recherches. La Garde noire est déterminée, mais les pistes sont tellement faibles, tellement subtiles. Elle aurait besoin d'autres membres de sa Meute pour l'aider mais ses frères et soeurs sont tous occupés.

Pour sa part, Sandy craint de plus en plus de devoir rentrer à Longueuil, ou pire, de devoir appeler leur père pour qu'il sorte Darcy de là et l'amène au calme le plus vite possible. Elle voit Luna et Stella qui s'impatientent à chaque fois qu'un groupe d'étudiants de plus entre dans la librairie. C'est étrange que les Villanueva et les Kapesh soient aussi proches les unes des autres, elles sont tellement différentes. Certes, Lucie a l'air un peu tendue aujourd'hui, mais debout là, le regard alerte, Liane et Lucie ont l'air d'avoir tout le temps du monde. Elles agissent exactement comme si c'était normal de couvrir un garçon en crise de panique tout en lui laissant sa bulle. "Prenez votre temps, on a toute la journée", disent leur regard tranquilles.

— Allez-y, je ne veux pas retarder personne, lance néanmoins Sandy, consciente que seulement deux des quatre autres filles risquent d'accepter son offre. Je vais régler ça moi-même.

— Stella et moi allons entrer, décide Luna, l'air soulagé. Nous n'avons encore aucun de nos livres.

— Allez-y, fait Lucie, sans surprise, récoltant un hochement de tête positif de la part de sa petite soeur. Nous, on attend ici.

Le départ de Luna et Stella soulage légèrement Darcy. Il se sentait terriblement mal qu'elles soient obligées d'attendre après lui. Il veut quand même rentrer, retourner chez lui, se cacher sous ses couvertures et dormir jusqu'à la rentrée. Et surtout, ne plus voir personne à l'exception de sa mère et sa soeur. Il se demande pourquoi Liane et Lucie ne partent pas elles aussi. Elles se tiennent là, chacune de leur côté, leurs pieds bien campés dans le sol, leur posture souple et pourtant solide. Elles lui font penser à des arbres, prêtes à tout accueillir sans broncher. Sandy lui a beaucoup parlé de Lucie et maintenant qu'il l'a rencontrée, l'adolescent peut comprendre pourquoi sa soeur l'aime autant.

Un autre groupe d'étudiants déboule sur le trottoir, renversant presque les filles, ce qui fait remonter en lui une nouvelle vague de frayeur. Il ne peut plus retenir ses larmes et cache son visage dans ses mains, honteux.

— Calme-toi un peu! Je t'ai dit que tu pouvais rester dehors, reprend Sandy, perdant de plus en plus patience à cause des larmes de son frère.

— Je veux rentrer à la maison, je veux rentrer à la maison...

Darcy n'a plus que ces mots dans la bouche lorsque la porte de la librairie s'ouvre à nouveau, faisant tinter ses clochettes derrière Liane.

L'instant d'après, elle sens une présence dans son dos et Kauapat montre les dents, regardant dans cette direction. Laissant les McGregor à leur débat, elle se retourne, se retrouvant le nez à quelques centimètres d'un pull bordeaux. Surpris par son mouvement rapide, la poitrine qui habite le vêtement recule d'un pas, levant les mains en guise de protection.

Levant les yeux, Liane se retrouve face à une paire de prunelles d'un vert clair qui lui fait pensé à de la fougère pailletée d'émeraude.

— Désolé, fait un autre garçon vêtu d'une chemise orange en tendant une main vers elle, un resplendissant sourire aux lèvres. On ne voulait surtout pas te faire peur.

— Ça va, répond Liane en serrant la main offerte machinalement.

À cet instant précis, c'est davantage un réflexe qu'un véritable geste de politesse car elle est quand même contrariée d'avoir été surprise. Intriguée bien malgré elle, elle observe les nouveaux venus. Ils pourraient difficilement être plus différents l'un de l'autre. L'un est grand et élancé, l'autre de taille moyenne et athlétique. On voit bien que celui-là est amical, attachant et extraverti. Il possède une confiance en lui-même qui lui permet de porter avec style une chemise à manches courte de couleur criarde, d'amples bermuda bleu et des babioles dans ses tresses. Il est aussitôt sympathique à Liane car il dégage une telle confiance en lui et une bonne humeur à toute épreuve. Elle lui rend donc volontier son sourire.

L'autre s'efface sans doute facilement peu importe où il va. Il porte un pantalon de toile léger, de couleur sable et son t-shirt à manches longues bordeaux. Des chaussures fermées complètent l'ensemble. Ses cheveux blonds très clairs sont coiffés à la perfection, sans aucune mèche qui dépasse. Liane le reconnaît et ça la trouble. Il était dans la Garde-robes lorsque ce méchant garçon a poussé Darcy. Il la fixe toujours sans rien dire et avec tout ce qui se passe, elle décide qu'elle n'a pas de temps à perdre et le confronte:

— Je te reconnais, dit-elle.

Aussitôt, il détourne le regard, mal à l'aise.

— Je suis désolé... souffle-t-il, ce qui, de manière irrationnelle, irrite davantage Liane que ça ne l'apaise.

Il continue de marmonner des excuses inutiles, son visage s'empourprant, adoptant une position défensive.

— Je ne comprends pas pourquoi tu t'excuses pour les mauvaises actions des autres, finit-elle par l'interrompre un peu froidement. Ce n'est pas toi qui a poussé Darcy ou qui l'a insulté. Ce n'est pas toi non plus qui lancé des noms à notre famille.

Il se confond en excuse une autre fois, mais cela n'intéresse aucunement Liane. Elle n'a pas le temps pour ça car plus ça va, plus Sandy se laisse emporter elle aussi dans la panique de son frère. Elle reporte son attention sur eux, tournant le dos au gars qui s'excuse d'exister. Non mais franchement, on aura tout vu!

— Que se passe-t-il? Est-il blessé? demande le garçon métissé à la chemise orange, tentant de s'approcher.

Par réflexe, Liane lui bloque le passage d'une main sur le ventre. Automatiquement, le garçon prend place dans leur demi-cercle, se tenant droit comme un soldat. Liane lui explique brièvement la situation et le nouveau venu hoche la tête, compatissant.

— Le mieux est certainement de lui laisser sa bulle et d'attendre qu'il se calme, reconnaît-il. Je vais vous aider. Comme ça, personne ne pourra venir t'étouffer.

La dernière phrase s'adressait à Darcy. Celui-ci ne répond pas, gardant le front appuyé sur ses genoux.

— En passant, je m'appelle Tommy, fait le garçon aux dreads, adoptant une attitude cool et détendue. Et lui, le timide, c'est Kris.

Liane fait les présentations des autres. L'arrivée de Tommy et Kris semble faire diminuer la panique de Darcy. Il est vrai que tous ensemble, ils peuvent créer une bulle protectrice plus grande autour de lui. Ce que personne ne remarque, c'est que l'arrivée de Kris a réveillé Octavia, la Gargouille protectrice de la librairie. Celle-ci, reconnaissant la détresse de son petit visiteur fait vibrer doucement sa structure de pierre, envoyant des ondes de calme à l'adolescent adossé à ses pieds. Kris garde la main contre le mur, n'ayant pas encore les talents de sa mère pour communiquer avec Octavia.

— On est peut-être mieux d'aller chercher Marisol, souffle Lucie en croisant le regard de sa soeur.

Les soeurs Kapesh commencent à croire que l'intervention d'un adulte sera nécessaire. De son côté, ayant entendu le prénom de la meilleure amie de son père, Kristian s'interroge. Il se demande soudain si ses filles ne sont pas celles du mystérieux Raphaël dont Mari et sa mère parlent à l'occasion. Il sait que lors de leurs études à Barbe-Hallay, Marisol et son père formaient un trio qui s'est brisé du jour au lendemain. À en croire ce que raconte parfois Mari, la mère de Luna et Stella est restée amie avec les deux hommes. Et, comme les filles Villanueva étaient avec ce groupe-là, il ne suffit que d'un pas pour en venir à cette conclusion.

— Calme-toi, Darcy, supplie Sandy. Il n'est rien arrivé de mal aujourd'hui.

— À part ces cons dans la boutique de vêtements, renchérit son frère, levant des yeux rougis vers elle.

— Mais tu t'en es sorti! Et Liane, Matthieu et Lucie t'ont aidé.

"Eh merde", pense Kris. "Pourquoi faut-il que même lorsqu'il n'est pas là, Rei vienne tout foutre en l'air?" Impossible, après ça, que les autres ignorent qu'il a été témoin de l'attaque de Reinhart. D'autant plus que Liane l'a reconnu.

Néanmoins, il ne peut pas rester là à regarder ce pauvre gars se décomposer sur le trottoir les bras croisés. Il droit agir, il peut agir. D'autant plus que bien que le groupe forme une bulle protectrice autour de lui, la foule en recherche d'une place pour dîner cumulée à l'animation et à tous ces bruits ne doivent pas l'aider.

Kristian se racle la gorge, rassemblant son courage puis touche du bout de l'index le t-shirt rouge sur l'épaule de Liane.

Il voulait tirer discrètement sur sa manche mais il n'en a pas le temps, car à peine a-t-il effleuré le tissus qu'elle tourne la tête vers lui.

Nom d'une Gargouille, cette fille est encore plus intimidante de près et ce même si elle a une bonne tête de moins que lui. Ses yeux bleus en amande ont quelque chose de sauvage, comme les yeux d'un lynx ou encore de cette grande louve blanche qui repousse les passants qui s'approchent trop d'un seul regard.

Rassemblant tout son courage, Kristian propose:

— Il pourrait venir se reposer à l'intérieur?

— Le magasin est bondé, rétorque Liane en indiquant un groupe d'étudiants qui sortent en trombe de la librairie, les bras chargés. Ça m'étonnerait qu'il apprécie le voyage.

Liane n'est pas certaine d'avoir envie de lui faire confiance. Kris était avec Rasmussen dans la boutique de vêtements et il n'a rien fait pour empêcher l'autre d'intimider son ami. De plus, cette façon qu'il a de ne pas oser la regarder en face l'irrite. Elle a l'impression qu'il lui cache quelque chose et ça la rend suspicieuse.

— Ma mère est la propriétaire, Astrid van Meierlindt, précise Kristian. Si vous passez par la ruelle, je pourrais aller ouvrir la porte qui donne sur l'entrepôt. Il n'y aura personne dans la salle des employés, il pourra se reposer au calme.

— Ouais! ça c'est une bonne idée, s'exclame Tommy, attirant l'attention de Lucie et Sandy.

Puisque maintenant que l'attention de tous est tournée vers eux, Kristian s'empourpre et ne peut plus parler. C'est donc Tommy qui explique le plan, tandis que Lucie hoche la tête. Sandy rumine un peu, se sentant encore plus mal à l'aise. Elle a l'impression qu'après cette journée, elle sera redevable à tout le village de Kakinanga. Heureusement, Liane prend les choses en mains, répartissant les rôles de tous.

— Lucie et Sandy, vous allez emmener Darcy à la porte de derrière avec Kauapat. Moi, je passe par l'intérieur avec les gars.

C'est ainsi que tous s'activent. Lucie et Sandy aident Darcy à se relever. Kris remarque que Lucie serre Darcy dans ses bras un instant, prononçant des paroles réconfortantes. Ce geste l'intrigue. Il n'est pas habitué à voir des gens aussi plein de considération pour la souffrance des autres. Il n'a pas l'habitude, non plus, de démonstrations d'affection aussi évidente. Ayant d'autres priorités, il balaie ce pincement de jalousie qu'il ressent. Les gens normaux sont-ils toujours aussi gentils pour autrui?

Tommy ouvre toute grande la porte de la librairie et invite Kris et Liane à passer d'un geste théâtral, inconscient des interrogations de son ami.

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