Depuis son plus jeune âge, Bloom ne connaissait que l'entraînement, il ne maîtrisait en réalité qu'une seule compétence, mais était avancé sans le savoir sur une grande majorité des autres. Son père l'éleva tel un héritier des Ox, qui pour le rappeler est une puissante famille dirigeant sa propre principauté où elle y règne d'une main de maître. Bloom fut placé sous la tutelle d'un maître Ranger sous les ordres de la garde Ox.

Il lui enseigna tous les rudiments du maniement de diverses lames et il opta finalement pour les doubles lames. Il lui enseigna en parallèle la littérature, l'histoire et le reste, Bloom l'apprit lui-même après de nombreuses heures de lectures diverses.

Lorsqu'il quitta son domaine avec sa bourse de 150 aigles d'argent, ne sachant pourtant pas sa réelle valeur, il emporta les lames qu'il maniait lors de ses entraînements. Sa mère réprimanda son père au sujet de la quantité d'argent qu'il donna à son fils, lui disant que lui donner assez d'argent pour acheter un village n'était pas raisonnable si il voulait lui enseigner le sens des responsabilités. Ce dernier rétorqua qu'un noble ne pouvait pas sortir sans un minimum d'argent, l'homme lui-même avait un sens déréglé de la vraie vie à force d'avoir vécu dans l'opulence. En comptant qu'un aigle d'argent en vaut 100 de bronze et qu'un d'or en vaut 1000 d'argent, son père trouva ceci raisonnable.

Bloom avait tellement cultivé un talent déjà présent de naissance qu'il en était arrivé à un point où tout ce qu'il voulait entreprendre lui paraissait simple, et pourtant... Les lézards âcrés lui avaient résisté sous leur forme géante et il ne put terrasser seul le Wyrm. Il était à la fois frustré d'avoir rencontré les premières difficultés de sa vie et heureux d'avoir enfin trouvé une limite à franchir.

Il ne put cependant pas se résoudre à être véritablement heureux. ''Un Ranger n'a le droit d'être heureux que lorsqu'il a atteint ses objectifs, il doit suivre la voie qu'il s'est tracée et la respecter, les émotions entravent la mission''. Tels étaient les mots de son maître. Au fond, s'occuper de la cartographie des zones visitées, gérer les économies du groupe, être dans un groupe où il est apprécié et où il entrevoit une once de bonheur... suffirait à rendre heureux un grand nombre de personnes, mais pas Bloom. Cette contradiction illogique minait son moral sans qu'il ne puisse rien faire pour y remédier.

Il trouva sa destination en suivant les panneaux, comme indiqués par l'intendante, et arriva sous peu à la guilde des Rangers. L'endroit rappela à Bloom l'atmosphère qui régnait dans le Désert Bucolique, un endroit calme et ouvert dans lequel circule une brise naturelle et rafraîchissante. L'architecture du bâtiment est faite de bois clair contrasté de bois sombre à différents endroits. Une voûte forme l'entrée qui ne contient aucune porte, l'intérieur résonne d'un bruit régulier produit par une fontaine où de l'eau coule dans un bambou fendu en créant un système de balancier.

Deux piliers de chaque côté de la pièce de façon symétrique soutiennent un plafond d'où différentes lanternes pendent de façon à éclairer la pièce dans sa totalité, des poutres transversales relient les différents piliers.

Le sol est recouvert aux deux tiers d'un parquet en bois clair et le dernier tiers d'un jardin ouvert où se situe la fontaine à côté d'un grand cerisier.

Personne dans le bâtiment de la guilde des Rangers ne remarqua la présence de Bloom, il s'avança à la recherche de ce qui pouvait ressembler à un instructeur.

Un homme l'arrêta, il exhibait une musculature développée et était de la même taille que Bloom, il portait des bottes et un pantalon en toile noire, son abdomen n'était habillé que d'une cape attaché autour de son cou et redescendant au sol. Il portait également un bandana et avait une cicatrice traversant son œil droit. Un sabre était accroché à la gauche de sa taille sur une ceinture de facture simple.

??? : Toi là-bas ! Continue à tenir ton sabre comme ça et je vais vraiment t'apprendre ce qu'est une posture !

Apprenti : Je suis désolé !

??? : Toi, qu'est-ce que tu fais ici ?! On se présente lorsqu'on pénètre quelque part !

L'homme défia Bloom d'un regard empli de force, lorsqu'il s'en aperçut, il rendit un regard interrogateur qui irrita fortement L'homme, au vu de la veine ressortant sur sa tempe gauche. Ceci fut remarqué par les apprentis qui se firent encore plus petits qu'ils ne l'étaient déjà.

Bloom : Je me prénomme Bloom.

Artorias : Je suis Artorias ! Formateur de cette salle et de la garde d'Eredora ! Quiconque ose me manquer de respect doit accepter d'en subir les conséquences !

Bloom : Les conséquences ?

Bloom comprit la situation lorsque son bras fut saisi avec force, puis lorsque son corps fut projeté dans les airs. Il effectua une pirouette, après avoir repris un semblant d'équilibre sur son corps, en plein air, et atterrit au sol derrière Artorias.

Artorias : Ooooh...? Ce que tu as fait là... c'est rare ça ! Tu es venu attaquer cette salle, avoue le !

Bloom : Non. Ce n'est pas la raison de ma présence ici.

Artorias : Que fais-tu là alors, à part effrayer mes apprentis ?!

À cet instant, suite au cri retentissant d'Artorias, qui semblait ne communiquer que par cris, tous les apprentis sentirent un frisson d'effroi traverser leur corps. Bloom était d'avis que ce n'était sans doute pas sa présence à lui qui provoquait une réaction pareille chez eux mais plutôt la constante présence d'Artorias. Il décida de ne pas énoncer ce fait face à cet homme déjà très irrité.

Bloom : Je suis à la recherche d'un formateur me permettant de tester mes capacités, c'est la seule chose qui explique ma présence ici.

Artorias : * hausse un sourcil * Tu recherche un formateur ?!

Bloom : Oui, c'est ce que j'ai dit.

Artorias : Ahahaha mais il fallait le dire tout de suite !

Bloom : Vous ne m'avez pas laissé le temps et vous m'avez envoyé dans les airs...

Artorias : Il ne fallait pas paraître suspect ! Suis moi, je vais te tester !

Les apprentis se déplacèrent naturellement sur les côtés de la zone délimitant l'affrontement, comme si ils étaient habitués à ce genre de chose, certains d'entre eux chuchotent ''Le chef va encore amocher quelqu'un''.

Bloom n'avait pas ses deux lames mais un sabre en bois, de même qu'Artorias. L'un des apprentis frappa un gong que Bloom n'avait pas remarqué, ou peut-être venait-il de l'apporter. Artorias profita de l'instant où Bloom fut distrait pour foncer sur lui sans prévenir tout en brandissant le sabre au dessus de sa tête. D'un pas de côté, Bloom esquiva le coup, un peu en retard cependant et quelques uns de ses cheveux furent emportés par la brise. Il asséna par la suite un coup de pommeau en visant la nuque de son adversaire qui ne bougea pas, sans doute surpris de l'évasion de Bloom.

Un bruit de bois sourd se fit entendre, Bloom sentit une vibration dans son bras, Artorias prit le coup volontairement afin d'asséner un coup transversal qui envoya Bloom contre un des piliers. Alors que tout l'air s'échappa des poumons de Bloom, Artorias massa doucement sa nuque visiblement endolorie.

Lorsque Bloom reprit ses esprits, il croisa le regard d'Artorias qui avait repris sa position de départ, les deux pieds bien ancrés au sol, les deux mains sur la garde de son sabre. Même si son adversaire avait visiblement plus l'habitude des combats, et si sa propre maîtrise du sabre n'était pas parfaite... il changea de posture, les pieds légèrement en contact avec le sol, le sabre dans une seule main et le corps de côté par rapport à sa cible. Lorsque leur duel de regard fut terminé, Bloom bondit en direction d'Artorias qui préparait un autre coup transversal. Bloom décolla du sol en effectuant un salto durant lequel il infligea un autre coup léger sur la nuque d'Artorias, au même endroit que précédemment, ce qui le fit trembler. Lorsqu'il atterrit, Artorias le percuta, enfonçant son épaule dans son plexus, Bloom percuta un second pilier et manque de s'évanouir.

Bloom peina à se relever, il retrouva Artorias un genou au sol, se tenant la nuque. Les coups portés par Bloom lui donnèrent le vertige et il finit par céder sous son propre poids.

Artorias se releva finalement tout en riant fortement, il s'amusait pour la première fois depuis longtemps. Cet homme qui se revendiquait être un Ranger maîtrisait en réalité un mélange de techniques de Ranger et de Guerrier, il se força à les apprendre lorsque Maleo refusa de prendre la tête de la garde, place revenant normalement à un guerrier. Maleo non plus d'ailleurs ne maîtrisait pas seulement des techniques de guerriers, Artorias fut très surpris lorsqu'il affronta l'enfant et perdit misérablement sans jamais comprendre pourquoi.

Artorias : Bien joué !

L'apprenti responsable du gong le finir retentir à nouveau, ce qui étonna Bloom, déjà prêt à recommencer à échanger des coups. Il y avait une limite de temps, et elle avait été atteinte sans véritable vainqueur.

Bloom rangea le sabre en se tenant le ventre et reprit ses lames, ce qui lui parut bien plus confortable. Il se retourna vers le responsable de sa douleur...

Bloom : J'imagine que c'est une égalité.

Artorias était assis en massant toujours sa nuque meurtrie.

Artorias : Ahaha, je n'ai pas connu ça depuis Maleo ! Je serai ravi de pouvoir t'enseigner quelque chose, si tant est que tu aies encore quelque chose à apprendre de moi !

Bloom : Si vous avez pu me faire ça, c'est que j'ai encore des choses à apprendre.

Artorias : On pourrait dire la même chose de moi alors ! Que quelqu'un amène de la glace pour soulager ma nuque !

Un apprenti se rua en dehors de la pièce et revint instantanément avec ce qu'avait demandé Artorias. Il l'enroula dans un tissu et l'appliqua où Bloom avait frappé deux fois.

Artorias : Mais dis moi petit, où as-tu appris à faire des choses comme ça ?!

Bloom : Un instructeur de la garde de ma famille m'a enseigné l'art Ranger.

Artorias : Eh bien, ce devait être un grand homme, on n'en fait pas beaucoup des gens capable d'apprendre des choses à quelqu'un de nos jours !

Bloom : C'était un très bon mentor... en effet.

Artorias : * murmurant * C'était... ? Quoiqu'il en soit ! Je veux bien t'apprendre comment éviter les coups que je t'ai porté, des monstres qui font ce genre d'attaques il y en a plein, ce serait dommage que tu te fasses avoir bêtement ! Et moi j'en profiterai pour essayer de comprendre ta mécanique de déplacement, ahaha !

Bloom : Je vous remercie d'avance pour le temps que vous déniez m'accorder.

Artorias : Une chose avant de commencer ! Arrête de me vouvoyer, j'ai l'impression d'être un grand-père !

Bloom : Très bien.

Sur les murmures des apprentis, la légende de celui qui tient tête à Artorias naquit.