Chapitre 2

  Chez les Egills, il existait différents Dieux tirés de la mythologie nordique. Fálki lui n'en connaissait que quelques-uns d'entre eux :

Odin, le dieu souverain de la mythologie nordique. Dieu de la guerre victorieuse et de la poésie. Appelé Alfödr, qui signifiait père de tout en Egill, il était considéré comme le créateur de la terre et de l'humanité.

Thor, le dieu du tonnerre, guerrier brutal, on racontait souvent au coin du feu, qu'il était le pire ennemi des géants qu'il tuait régulièrement avec son fameux marteau le Mjöllnir. Et que celui-ci par ses pouvoirs faisait de Thor un dieu de la guerre tout comme un dieu de la fertilité.

Njörd quant à lui était le dieu du vent et de la mer.

  Au cours de son apprentissage à la forge, Fálki apprit des légendes supplémentaires au sujet de la disparition des Egills. Le fameux roi serait en réalité Njörd qui, jaloux des pouvoirs de Thor et d'Odin aurait demandé au plus vaillant peuple des contrées de venir les défier en échange de la gloire et de la richesse éternelle. De nombreuses tribus auraient essayé en vain avant les Egills, mais la défaite de la plus Grande armée du nord aurait fait perdre tous espoirs aux autres peuples.

Des rumeurs supplémentaires couraient les rues de la ville d'Ýlir. On racontait que Njörd lui-même se faisait passer pour un vieil homme pour avertir les peuples et qu'ayant perdu tout espoir, il cherchait désormais un héros qu'on pourrait appeler : le tueur de Dieux. Mais Fálki avait arrêté de croire les rumeurs et les légendes, malgré son jeune âge, il avait décidé de ne s'en tenir plus qu'aux faits.

Et les faits étaient simples, il gagnait une pièce d'argent par semaine ce qui équivalait à une pièce d'or par mois. Même s'il serait rapidement plus riche que la moitié de la ville, le jeune Egill n'aurait pas les moyens de s'acheter un navire et il le savait. Il allait devoir partir avec un équipage qui ne lui appartiendrait pas et devrait sûrement servir jusqu'à l'arrivée sur l'autre rive. Or, Fálki commençait à douter de plus en plus de la réelle présence d'un continent derrière les brouillards.

Lorsque la neige eut définitivement quitté Ýlir, Fálki s'était fait déjà une réputation de meilleur forgeron de la région, mais ses vivres étaient toujours trop faibles pour s'acheter un bateau. Mais le jeune Egill ne perdait pas espoir et travaillait de plus en plus durement pour pouvoir gagner toujours plus de sous. Les pièces d'or s'entassaient de plus en plus, il avait pu se racheter une paire de chaussures, trouver un endroit où loger, mais cela ne lui suffisait pas. La flamme de son peuple brûlait dans son cœur, lui forçant à faire toujours plus.

Lorsque l'été arriva, il avait assez de pièces d'or pour repartir vers les contrées du nord et se trouver une place auprès d'un équipage convenable. Pourtant, Fálki resta dans la ville des brigands, car Heimdall, le forgeron pour qui il travaillait lui avait appris que l'armée royale arrivait en ville. Le Roi ne se déplaçait jamais en personne, et la présence de son armée était également rare et convoitée. Heimdal avait alors demandé à Fálki de concevoir la plus belle des épées, et de la présenter à Erika, le chef des armées pour espérer être recruté :

- Mais Erika est un nom féminin, elle ne peut-être chef des armées, avait relevé Fálki durant leur discussion.

- Dans les contrées du nord, où je trouve que vous êtes très misogyne peut être que ce n'est pas le cas. Mais pour le Roi, les femmes sont les meilleures guerrières et les meilleurs stratèges, elles ont d'ailleurs pour cela les meilleurs postes au sein de l'armée royale.

- Que dois-je faire pour l'impressionner alors ?

- Une épée qui représente ton talent et ton peuple, montre lui que tu as une histoire, un passé et surtout une quête à accomplir.

Fálki réfléchit quelques instants avant de répondre à son maître.

- Combien de temps ai-je pour réaliser mon œuvre ? Demanda l'Egill déjà impatient de travailler.

- Je dirais cinq jours.

- Mais je n'aurais jamais le temps ! S'indigna l'adolescent.

- Raison de plus pour commencer dès maintenant, lui répondit Heimdal un sourire en coin.

Fálki souffla, passa ses mains dans ses cheveux maintenant parfaitement tressés comme le voulait la tradition Egill. Il allait passer dans sa seizième année, le rituel le plus important pour son peuple, le jour où il devait se voir remettre une arme, son arme. Les Egills étaient certains que dans l'arme de chaque guerrier se trouvait une âme, et son propriétaire devait lui trouver un nom ayant un sens particulier à ses yeux.

Fálki savait comment il aurait appelé son épée, Angrboda qui signifiait celle qui apporte le chagrin en Egill. Il voulait faire ressentir au Roi de derrière l'océan, le même chagrin qu'il éprouvait loin de son peuple chaque jour.

C'est en imaginant réaliser sa propre arme, qu'il confectionna celle qu'il allait offrir au chef de l'armée royale, pour s'attirer ses bonnes grâces. Il utilisa l'acier le plus pur de la forge, qu'il allia avec de l'argent pour réaliser la lame. Pour la poignée, il utilisa de deux demi-coques de bois, recouvertes d'une épaisseur de cuir enroulé autour de celles-ci. Il l'orna ensuite d'un pommeau en fer plein qu'il avait façonné de ses mains abîmées par le travail.

Un observateur néophyte aurait pu considérer l'épée de simple, pourtant elle était légère, parfaitement équilibrée et sa lame tranchante serait redoutable lors d'un combat. Il mit plus de cœur à réaliser le fourreau, qu'il ne termina que quelques instants avant l'arrivée de l'armée royale. Heimdal attrapa fermement le bras de l'adolescent qui se ruait déjà dans la foule qui s'amassait autour du chef des armées :

- Tu as fini ton épée ? Demanda-t-il inquiet.

- Oui, répondit Fálki fier de son travail, je compte la montrer à dame Erika dès que possible pour qu'elle me recrute en tant que forgeron.

- Penses-tu que ton épée conviendrait à un chevalier ?

Fálki serra son œuvre contre son torse, redoutant le moment où il devrait la quitter.

- Oui, souffla-t-il, Angrboda conviendra parfaitement à un preux chevalier.

- Angrboda ? Demanda Heimdal soudain amusé.

- Chaque Egill doit donner un nom à l'arme qui l'accompagnera jusqu'à sa mort.

- Cela signifie que tu ne comptes pas t'en séparer ?  

  Fálki serra l'arme plus fort contre lui ce qui fit sourire son maître. 

- Concours au titre de chevalier alors et non à celui de forgeron, tu es un Egill tu sais te battre.

- Mais je n'ai pas l'aptitude pour être chevalier, ça ne s'apprend pas comme ça.

- Tu ne l'avais pas non plus pour être forgeron et pourtant...

- Qui veut être mon premier combattant ? Hurla une voix derrière la foule.

Erika était descendue de son cheval et se tenait triomphante devant le peuple d'Ýlir. Un silence, c'était fait après sa demande, tout le monde regardant son voisin et se demandant qui serait assez courageux ou stupide pour l'affronter. Contrairement aux attentes, Erika était jeune, ses cheveux étaient soigneusement rabattus en arrière. Mais malgré cela, elle avait un visage dur qui trahissait son passé difficile.

- Fálki le dernier Egill vous affrontera ma dame, répondit Heimdall sur le même ton qu'Erika.

- Quoi non je...

Mais Fálki ne pouvait revenir en arrière, car déjà, la foule s'était écartée pour le laisser atteindre la grande place où Erika l'attendait.  



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