Mensonges cachés
Les pages suivantes sont manquantes, arrachées d'une main fébrile qui refusait que la vérité éclate aux yeux des Hommes qui lui faisaient confiance.
Le passé a été modifié pour ne garder que ce qui n'était que lumières. Mais les ombres ont toujours été là.... Attendant seulement leurs heures.
La robe qu'on m'avait fait porter était d'une blancheur immaculée. Elle épousait mes formes sans vraiment les dévoiler, à peine transparente, à peine indécente.
J'avais froid sous le tissu trop fin. Mais mes frissons glacés n'étaient rien face à la peur qui m'étreignait le cœur. Otho s'approcha, une moue sur le coin des lèvres. Les mots qui s'échappèrent de ses dernières ne parvinrent à prendre consistance, glissant sans que je ne parvienne à les attraper en vol. Sûrement me demandait-il si j'allais bien.... Comment aurais-je pu ? J'avais le cœur au bord de lèvres et le souffle rauque. J'étais du bétail destiné à l'abattoir, pour la simple volonté d'un dieu fou qui ne respectait que le chaos qu'il créait.
L'halfelin me tendit la main, que je pris sans même le désirer vraiment. Je n'étais qu'une carcasse vide dont les lèvres bleutées ne pourraient offrir le moindre cri. Ils avaient donc gagné. Ils lui avaient tout pris, jusqu'à sa volonté, jusqu'à la dernière parcelle d'humanité que je croyais pouvoir faire vibrer en lui. Mon père était maintenant un monstre.... Et il allait me rendre égale à lui.
Le sol n'était étrangement pas froid sous mes pieds nus. Les pierres semblaient raisonner de vies et de murmures alors que le reste du monde était gelé. Le soleil se levait, teignant le ciel de sang. J'aurais cru qu'ils agiraient en pleine nuit, sous les rayons de la lune, pour mieux me narguer mais ils préféraient rire de Rodhan. Mon frère serait là. J'en avais maintenant la certitude.
— J'pensais vraiment pas qu'il f'rait ça.... murmura le halfelin.
Il sera légèrement ma main, me faisant avancer pour mieux m'entrainer à sa suite. J'aurais dû tenter de fuir, utiliser cette magie qu'on m'avait rendu, déclencher des tempêtes et hurler jusqu'à ce qu'on me juge assez folle pour m'exécuter. Mais je n'en fis rien, me contentant de croiser le regard du mage que j'avais appris à apprécier. Il n'y avait que des ombres dans mon regard. Cette farouche détermination qui avait autrefois été mienne, alors que je croyais encore être capable de sauver mon père était morte à l'instant même où l'ordre avait été glissé.
C'est dans le silence que nous empruntâmes les longs couloirs de la forteresse. J'avais compté les journées et observé les saisons. Neuf mois que nous étions là. Neuf mois que j'entendais Alekyne hurler dès que le sommeil me saisissait. Neuf mois qu'ils essayaient de m'ouvrir aux mots impies d'un monstre. Neuf mois que nous n'étions plus que les ombres de ce que nous avions été.
Le sourire goguenard d'Ilos m'attendaient. Il prenait son pied à me voir ainsi, reléguée au rang de la chienne d'un dieu au visage de qui je crachais. Ses yeux gris se perdirent sur ma peau, sur ma pudeur que je ne parvenais à cacher sous le tissu trop transparent. Il y avait trop de vices dans son regard, trop d'envies qu'il ne prenait même plus la peine de cacher. Mais ce ne serait lui qui enfoncerait la lame sacrificielle dans ma poitrine. Ce ne serait lui qui aurait l'immense honneur de faire couler mon sang. Je ne connaissais le nécromant qu'ils avaient fait venir. Je ne voulais pas même voir son visage. La simple vision d'Ilos me répugnait.... et je n'osais imaginer quel monstre plus gradé encore aurait le plaisir de m'offrir à Isadril. Le prêtre avança sa main jusqu'à ma joue, touchant mon visage avec une langueur calculée. J'avais peur mais je ne tremblais plus. Jamais je ne lui offrirais le plaisir de m'avoir fait baisser la tête. Je refusais de taire celle que j'étais face à des monstres qui ne méritaient que la corde.... Avais-je pourtant le choix ? Je ne savais encore ce que leur sacrifice me pousserait à faire. Et je ne savais encore ce qui m'arrachait le plus le cœur. La trahison de mon père ou l'esclavage qui serait le mien ?
Les lèvres d'Ilos vinrent frôler les miennes, m'arrachant un frison de dégout. J'en aurais vomi si les portes ne s'étaient ouvertes.
L'autel était presque beau dans tout son chant morbide.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top