Combat
Car ce ne fut ta dame de chambre qui te réveilla ce matin là mais les cloches de la garde qui carillonnaient l'odeur d'un grand danger. Les cheveux encore emmêlés, tu avais bondi jusqu'à la fenêtre. L'horizon était orangé et les flammes léchaient déjà les boiseries de la ville en contrebas. Tes doigts ont tremblé, ton cœur a hurlé. Puis tu t'es mise à courir. Ton père avait déjà revêtu sa cote de maille et l'épée flamboyante des Ó Mordha pendait à ses côtés. Il ne t'adressa pas un regard alors qu'il sortait de la pièce, ses généraux à sa suite. Tes mains tremblaient toujours mais tu lui emboîtas le pas, accrochant à ton passage la lame d'une dague qu'on t'avait appris à manier. Tu n'étais pas une guerrière. Mais tu ne laisserais personne blesser ton peuple.
C'était des orcs. De sombres créatures dont on t'avait autrefois parlé et que tu savais devoir craindre. Tu avais voulu te battre mais à peine ton père t'avait-il vu qu'il t'avait repoussé en arrière, ordonnant à un homme de te ramener à l'abri. Ta mère avait pris place à ses côtés, guerrière mortelle. Sa joue était déjà cisaillée de rubis alors que feulait derrière elle l'animal totem qui l'accompagnerait pour l'éternité. Le roi et la reine prenaient toujours par au combat, ensemble contre le monde, ensemble contre une énième menace. On t'avait empêché de te battre mais tu refusas la parfaite sécurité de la salle du trône. Tu avais bondi sur les murailles, évitant avec agilité les mains qui t'interdisaient la vision de l'horreur. Car c'était la seule chose qui avait lieu en contrebas. Le sang avait giclé, teintant l'herbe d'une couleur carmin, obscurcissant ce qui avait été un glorieux chemin menant à la ville. Tes parents se battaient, semant les cadavres jusqu'à ce qu'une seule lame s'enfonce dans la poitrine de ton père. Ta mère avait rugi, si fort que tu l'avais entendu jusqu'aux murailles. Sa panthère avait fondu sur celui qui avait blessé ton géniteur et lui avait arraché la tête alors que, mue d'une force inconnue, ta mère avait retrouvé une nouvelle vigueur. Tu avais observé le ballet des corps s'écroulant de tes yeux encore vierges et emplis d'innocence.
Puis les cornes avaient retenti.
La victoire n'était pas vôtre alors que ta mère ordonnait aux troupes de rentrer à l'abri. Ils reculèrent, lentement, tentant de se frayer un chemin entre les cadavres. Pauvre d'eux. Ils furent abattus sans pitié, des nuées de flèches s'enfonçant dans leur corps. Là, tu avais hurlé. Plus fort que jamais tu n'avais hurlé. Car c'était ta mère qui avait craché du sang. Regarde ton visage. Essuie tes larmes Aaricia. Elle est morte il y a des années. Elle t'avait jeté un regard. Puis les orcs avaient envahi votre ville, brisant les portes, hurlant leur victoire.
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