Episode 6

SAISON 1-La Hess et l'amour ne font pas bon ménage.

GROS CAILLOU, Paris 7e arrondissement

23:30

SHAÏNA point de vue

La jeune femme était assise sur le fameux sofa brun du salon, elle tenait en main en verre de vin rouge alors qu'elle remuait le liquide en regardant l'album photo sous ses yeux, caressant chaque photo en voyant les sourires joyeux de la jolie petite famille. Elle entendait un petit son de jazz émettre du tourne disque tandis qu'elle feuilletait les pages. Elle bu une gorgée, puis fronce les sourcils brusquement en déglutissant.

— Aucune photo de ton père ni ton oncle...que toi, ton frère et ta mère, remarque t'elle. Pourquoi donc ?

Hichem se tend subitement en entendant les dires de la jeune femme, alors qu'il était dos à elle, torse nu, montrant son dos imposant de boxeur et sa musculature si bien tracée. Il bricolait son petit rubix cube.

— Mon père n'a jamais été réellement présent dans ma vie, il est comme...un fantôme qui vient te hanter quand tu t'y attends le moins..., dit-il en se retournant. Et mon oncle je l'ai connu seulement aujourd'hui...il est grave cool mais je comprend pas comment mon père peut être aussi froid et mon oncle...super sympa. J'ai l'impression qu'ils s'entendent pas aussi, c'est super tendu entre eux. Mais en même temps qui s'entend avec mon père...sauf les imams corrompus.
— Comment ça ?
— Mohammed...mon père...rend souvent visite à la mosquée mais différentes mosquées selon les secteurs....mais toutes dans le 93. Au début je trouvais pas ça bizarre mais à chaque fois qu'il dépose de la nourriture ou quoique ce soit...j'ai toujours entendu le mot virement, affirme t'il en la regardant. Je trouve ça super chelou de faire un virement alors que l'action est purement charitable...
— Je ne m'y connais pas super bien mais...j'avoue que c'est étrange, répond t'elle en grattant l'arrière de sa tête.

Le jeune homme hoche la tête avant de s'asseoir à côté de la jeune femme, elle était seulement vêtue d'un grand tee-shirt beige extrêmement large alors que lui portait un jogging pour sa part. Il la contemple avant de sourire en coin ce qui interroge la concernée et la gêne pendant quelques instants.

— Tu veux me dire quelque chose ?
— Non, rien de spécial, j'admire juste ta beauté, glisse t'il en caressant sa joue.
— Ta proposition tient toujours ?
— Laquelle ? Celle où je t'emmène manger des baklawa ou...
— Celle de se poser ensemble...je veux bien essayer...

Le jeune rappeur écarquille des yeux avant de sourire grandement et de prendre le livre pour le poser sur la table basse. Il vient à passer ses phalanges sous le menton de la jeune femme avant d'approcher ses lèvres et d'effleurer celles de la jeune femme.

                   — Donc...tu veux être mienne madame ?
                   — Commencer par un flirt déjà...et ensuite on verra...
                    — On va faire des dates d'abord et ensuite...on verra. Mais sache que j'ai jamais fait ça de toute ma vie alors je risque d'avoir du mal...avec beaucoup de choses en vrai j'aurais du mal, je serais assez maladroit j'imagine...

La jeune femme ricane doucement en le trouvant plus que mignon, elle le regarde dans les yeux avant de frotte le bout de son nez au sien. Elle glisse sa main sur la nuque de son vis à vis puis embrasse délicatement ses lèvres dans un baiser pur et sain. Elle pose son front contre le sien et ferme les yeux alors qu'elle sent Hichem resserrer l'étreinte en passant ses paumes sur le dos creux de la jeune femme. Elle le prend rapidement dans ses bras en le serrant fortement contre sa poitrine avant de soupirer par ses narines.

— Tu seras peut-être maladroit mais moi je serais très méfiante...j'ai du mal à faire confiance et le fait de me livrer ça me déchire la peau carrément...trop de promesses...de non dit...de découvertes...
                       — Je ferais en sorte de te rassurer...

La jeune femme sourit lentement en ne le lâchent pas du regard avant de poser sa tête sur son épaule, elle caresse la main du jeune femme avant de déposer des baisers sur sa main.

— On va dormir ?
— Oui, demain j'ai une séance super tôt au studio...

SOFIANE point de vue

GARE DU NORD

Le jeune lycéen venait de descendre de la ligne D, il avait son sac sur le dos alors qu'il tenait les lanières noires. Il regarde sur le quais de gauche à droite avant de soupirer en se mordant l'intérieur des lèvres. Sofiane marche rapidement en pensant un des Escalators puis sort son portable afin de localiser la fameuse Athena. Il se demandait bien ce qu'une fille pouvait bien faire dans ce genre de magouille. Non pas qu'il pensait que ce n'était dédié qu'aux hommes, mais le monde la drogue était et est toujours extrêmement sexiste et machiste alors il se demandait comment avait-elle pu avoir sa place ? Alors que lui-même avait du galérer. Il s'arrête net en voyant une jeune femme debout, elle portait un jeans, des baskets et un pull, une peau basanée et un minois juvénile. Des cheveux crépus d'un roux clair. Elle se tourne en entendant les bruits des semelles frotter le sol. Elle s'approche du jeune homme alors qu'elle sourit doucement. Ce dernier remarque les yeux verts clairs de sa vis à vis. Il vient à sourire bêtement instantanément alors que son cœur bat soudainement à la chamade, il sent son corps prendre en chaleur de la tête aux pieds, et ses pupilles scintillent et se dilatent.

— Athena ?
— Oui, tu as la livraison ?
— Euh ouais...

Il lui tend le sac en le retirant préalablement avant de la regarder inspecter l'intérieur de ce dernier. Elle affiche une moue sérieuse puis le met sur son dos avant de lui présenter sa paume.

— Ravie de collaborer avec toi...tu t'appelle comment ?
— Sofiane...., dit-il en serrant sa paume.
— Enchantée...bon on va commencer à vendre hors de la gare, j'ai déjà quelques clients habituels...mais comme il te connaisse pas...tu vas me servir de guetteur...

Sofiane hoche simplement la tête avant de passer ses mains dans les poches de sa veste. Il commence à la suivre alors qu'il la regardait souvent en marchant. Elle était super belle, c'était la première fille de sa vie entière, mis à part sa mère, qu'il trouvait radieuse. Et puis son sourire, sa tête, chaque mouvement de la fameuse Athena faisait battre son cœur à plein foison. Il ne savait même pas pourquoi il se prenait des sueurs froides et avait peur de paraître ridicule à ses côtés. Ils viennent à sortir hors de la gare alors qu'il faisait nuit noire complet. Il y avait plusieurs véhicules qui passaient dans la zone, quelques bourrés et drogués dans les rues, certains étaient tellement morts qu'ils jonchaient le sol, d'autres étaient extrêmement bruyants et racontaient des histoires ou lançaient des gros mots d'affilée. Le jeune homme n'était pas du tout serein et décide alors d'accélérer sa démarche. La jeune adolescente remarque que le noiraud ne se sentait pas bien alors par réflexe elle vient à prendre sa main et la caresser afin de se montrer le plus possible rassurante.

                    — T'inquiète ça va aller, dit elle.

Le jeune ado rougi aussitôt avant de sourire embarrassé alors qu'il se gratter la nuque. Ils marchent rapidement avant d'arriver derrière un bâtiment dépravé. Une immense épave. Il vient à se placer devant sous les ordres de la fille alors qu'elle se met plus en retrait pour vendre aux gens qui arrivent. Échange de billets et de came se font assez rapidement. Après quelques heures, ils viennent à récolter une assez grosse somme dans le sac. Les deux jeunes ados sourient en voyant l'amas de billet récolté avant de rebrousser chemin vers la gare.

                             — Eh ! Hurle un homme.

Les deux ados viennent à tourner la tête vers l'homme qui venait de crier avant de remarquer son uniforme de police. Ils commencent alors à courir rapidement en rentrant dans la gare. La jeune femme lance le sac à Sofiane avant que ce dernier ne le met rapidement sur son dos. Elle prend rapidement sa main dans la sienne en courant rapidement à ses côtés tandis que le policier semblait essoufflé à l'arrière ne pouvant les rattraper. Mais malheureusement pour eux ils viennent à se faire arrêter au croisement par deux mecs beaucoup plus baraqués. Ces derniers les prennent rapidement en les mettant au sol. Les deux jeunes gens grimacent en sentant leur visage sur le sol alors qu'ils se regardent.

                              — Vous allez faire un joli p'tit tour en gav, histoire de vous calmer.

Un des flics redresse le jeune homme par son sac avec assez de facilité vu son gabarit plutôt sec et fin. Ils trainent assez rapidement les deux gosses hors de la gare de nouveau avant de les foutre séparément dans les voitures de flic. Sofiane serre sa mâchoire à l'arrière, menotté tandis qu'il regarde par la fenêtre. Il n'allait définitivement pas rentrer à temps à la maison. Il laisse sa tête tomber en arrière contre le siège alors qu'il ferme les paupières en soupirant de frustration. Il croisa le regard du flic au volant qui semblait être amusé de la situation mais aussi plutôt content en sachant qu'il avait péché deux gros poissons ce soir.

IMÈNE point de vue

MONTREUIL

La jeune femme était assise à sa tête à coiffée, elle tenait actuellement une brosse dans sa main alors qu'elle s'occupait de ses cheveux en se reluquant dans le miroir. Imène brosse quelques mèches alors qu'elle regarde un gros amas de mèches. Elle fronce des sourcils en posant brusquement sa brosse. Elle passe quelques phalanges dans ses cheveux, elle voit un second amas de cheveux de mêler à ses doigts alors qu'elle le regarde en commençant à lâcher quelques larmes. Elle vient à pincer ses lèvres en retenant un couinement alors qu'elle passe ses phalanges sur sa bouche. La jeune femme tourne sa tête en regardant son mari dormir paisiblement. Elle regarda par la suite son poignet, voyant le fameux bleu qui allait sûrement disparaître dans quelques jours.
    Effectivement Imène souffrait beaucoup dans sa vie d'épouse, elle avait essayé a de nombreuses reprises d'en parler à sa mère. Mais cette dernière lui disait « tiens ton rôle de femme, si ton mari est énervé contre toi c'est que tu fais les choses mal. Regarde tes enfants, ils nous font honte. » Ses paroles lui faisaient tellement mal, elle essayait de tenir sa famille mais elle-même avait du mal à tenir les debout. Elle lâche quelques larmes, reniflant à ses pensées alors qu'elle vient à sentir un regard sur elle. Elle croisa le regard de son mari à travers le miroir alors qu'elle se fige et se tend soudainement.

                          — Tu comptes éteindre cette foutue lumière et arrêter de pleurnicher ?

La jeune femme hoche rapidement de la tête en pinçant ses lèvres, alors qu'elle dépose sa brosse à cheveux sur la table. Elle se lève puis accourt sagement à ses côtés alors qu'elle s'allonge sur le dos, droite et immobile. Elle sent la tête de son mari se poser sur sa poitrine en la serrant, déposant sa main sur sa hanche.

                              — Mh...j'suis désolé d'avoir levé la main sur toi tout à l'heure...c'est la fatigue...
                               — C'est pas grave omri, dit-elle en caressant fébrilement ses cheveux.

Il s'excusait toujours après. Comme si il réalisait ce qu'il avait fait. C'était limite flippant à vrai dire. Il agissait comme un gosse après d'avoir fini de la tabasser. Et puis il était malin, il s'acharnait toujours sur elle quand il y avait personne à la maison. Elle souffrait en silence, elle se murait pour ne pas faire tomber son mariage. C'était mal vu une mère célibataire avec deux enfants et en sachant qu'elle en attendait encore un troisième elle devait garder la tête haute. Après tout c'était Mohammed qui payait tout, électricité, eau, tout. Donc elle se devait de rester accrocher à lui, n'ayant jamais travaillée de sa vie.

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