Episode 10

SAISON 1-La Hess et l'amour ne font pas bon ménage.

RUE DES RUFFINS

SOFIANE point de vu

Le jeune homme était assis sur une chaise, plus précisément celle de la table à manger, il était exactement 4h30 du matin, ses parents étaient à présent réveillés, sa mère et son père à sa gauche, sa mère était assise du à sa grossesse tandis que son père marchait derrière elle en faisant les cents pas. Et de l'autre côté se trouvait son frère et son oncle tout deux debout. Il avait l'impression d'être au tribunal et visiblement il était le principal accusé, tous semblait remonté contre lui et normalement il pouvait sentir la déception et la colère mortuaire de son paternel.

                     — Je pense que pour Sofiane le mieux est qu'il aille faire ses études dans un internat, loin de toutes ces fréquentations, propose Hakim.
— Jamais je ne mettrais mon fils dans un internat, on va penser qu'il est fou ou complètement débile dans la famille et ça je ne supporte pas, répond Mohammed.
— C'est vrai que tu préfères soigner ton image au lieu de penser au bien de ta famille, lance violemment Hichem en croisant les bras.
— Hichem, chuchote sa mère.
— Si l'internat ne te convient pas, alors il ira chez Hichem, il ira dans une école privée.
— Ce n'est sûrement pas moi qui vais payer pour l'école, sache le Hakim, rétorque Mohammed.
— Non effectivement, ce n'est pas toi, mais moi, affirme durement Hakim. Je ferais en sorte que Sofiane ne manque de rien. Je ne peux pas le prendre en charge car je n'ai pas un appartement qui me le permet. Mais m'occuper de sa scolarité n'est pas un problème.
— Ah oui ? Je pensais que tu avais des problèmes d'argent non ? Demande cupide son frère en le regardant.

L'oncle déglutit avant de froncer des sourcils, il sent la main de son plus vieux neveux se poser sur son épaule et le regarde légèrement surpris.

— Je l'aiderai à payer, ce n'est pas un problème pour moi. On va s'arranger, affirme Hichem fièrement.

Mohammed regarde les deux et ne peut s'empêcher d'exprimer un désaccord face à leur complicité. Cela le mettait en rogne et le rendait vert de jalousie. Il regarde par la suite son fils Sofiane qui ne touchait pas un mot, la tête baissée. Sofiane redresse doucement son minois gêné et rougi par les pleurs, les yeux gonflés, et croise le regard de son père qui était virulent et dur.

— Très bien, occupez vous de lui, souffle Mohammed en partant de la conversation.

Imène, la mère des deux garçons regarda son jeune fils avant de caresser la joue de ce dernier, laissant filer une larme sur sa joue tellement elle était peinée de voir qu'il allait quitter la maison. Sofiane caresse la main de sa mère en lâchant un désolé, sachant très bien dans quel calvaire il laissait cette dernière, elle sourit doucement se voulant rassurante malgré que ses larmes fusait sur ses pommettes.

                      — Ce n'est pas de ta faute Sofiane...je t'aime....
                    — Je t'aime aussi maman, dit le jeune homme en reniflant.

Hichem contracte sa mâchoire en voyant cette scène plus que émouvante tandis que Hakim sentait l'émotion le prendre. Il voulait à tout prix parler à Imène et lui dire de les suivre et de ne pas rester avec ce fou de Mohammed qu'est son frère mais visiblement il ne pouvait rien dire, du moins pas en sachant que ce dernier était dans les parages, il fallait qu'il soit seul à seul pour qu'il puisse lui parler et la convaincre d'une certaine manière de quitter cette enflure.
Le jeune homme fini par se lever pour aller dans sa chambre afin de faire ses affaires, il est suivi de pas très loin par son frère qui reste à l'encadrement de la porte pour le regarder faire son sac.

— Certes tu vas vivre avec moi donc tu auras beaucoup de liberté et en plus de ça je ne serais pas souvent là...mais ça ne veut pas dire faire n'importe quoi comme tu fais et vivre à ta guise ou inviter n'importe qui.
— Je sais, répond l'autre en pliant ses affaires.
— Tu sais bien que si tu veux rester habiter avec moi il va falloir que tu prouves à papa que tu es plus talentueux sans lui, donc cela oblige à avoir un comportement exemplaire et des bonnes notes. Surtout des bonnes notes, ton bulletin doit être impeccable petit frère. Je veux pas te mettre la pression, mais c'est en prouvant que tu es plus intelligent et capable que lui, que tu lui fera fermer sa bouche.
— Je veux surtout le voir pourrir en enfer, affirme t'il sans émotion en fermant brusquement son sac.

Hichem pince ses lèvres, il comprenait tout à fait ce qu'il ressentait, il y a deux, trois ans avant il avait la même rage. Il l'a toujours mais il a appris à se canaliser avec la boxe. Il regarda à sa droite et vit son père sortir de la chambre, ils croisent leur regard et Mohammed s'arrête devant la porte. Il avait toujours cette même expression faciale, les sourcils froncés, comme si il était toujours en colère ou aigri. Il ne dit rien, dévisage ses deux enfants sans un mot avant d'accéder à la cuisine.

IMÈNE point de vu

La jeune mère était assise, elle caressait nerveusement son ventre rond de ses doigts tremblants tandis qu'elle avait les iris qui fixaient la table. Elle se demandait bien comment allait se passer la suite des événements, elle entend la chaise en face d'elle frotter le sol et relève le regard en voyant Hakim prendre place, il avait l'air gêné, embarrassé et pensif. Elle voyait bien que quelque chose avait changé dans son attitude, par rapport à elle. Même quand il était venu la saluer, il n'avait pas osé la regarder dans les yeux. Et là encore il la regardait à peine comme si c'était dur de le faire.

— Je sais à quel point c'est difficile pour toi de ne plus avoir Sofiane à la maison, mais je pense que c'est le mieux pour lui, pour qu'il soit plus concentré sur ses études.
— Je comprend tout à fait, je ne veux que son bien...mais ne dis pas que tu sais à quel point cela est difficile, tu n'as pas d'enfants Hakim, dit-elle.
— Certes..., dit-il en baissant la tête et regardant ses mains. Mais je considère Hichem comme mon fils.
— On en a déjà parlé, ce n'est pas ton fils, dit-elle en le fixant durement.
— J'attend toujours le test, rétorque t'il.

La jeune femme cligne des yeux faiblement avant de détourner le regard tandis qu'elle pince ses lèvres. Effectivement, ils avaient eu une petite aventure, le temps d'une nuit, ou deux ou trois. Juste avant le mariage et ensuite après la soirée des festivités, dehors contre un bâtiment. Mais ils avaient fait comme si rien ne c'était passé. C'était mieux de faire comme si ils n'avaient plus de mémoire que tout c'était effacé. Ou rien n'était arrivé tout simplement. Hakim regarda la jeune femme avant de soupirer.

— Si seulement j'avais su...je t'aurais marié Imène..., laisse t'il échapper.
— Ne dis pas ça, dit-elle en secouant la tête. Tu n'avais ni les moyens ni l'attitude d'un homme, dit-elle en se levant.

Mohammed apparaît soudainement alors qu'il regarde son frère. Il appelle sa femme qui vient à ses côtés alors qu'il embrasse son front en caressant sa hanche.

— Va te coucher....

Elle hoche la tête et s'exécute en partant alors que Mohammed regarde une dernière fois son frère en soupirant avant de partir à son tour rejoindre sa femme. Hakim c'était toujours demandé si il avait su, si il savait ce qu'il s'était passé pour être aussi en colère contre lui et en vouloir autant à sa femme pour lui faire subir tout cela. Il se demandait si c'était la raison pour laquelle il lui avait interdit de voir sa famille. Et plus précisément d'avoir gâché ses 18 années avec Hichem. Il c'était toujours demandé si c'était son fils biologique ou non. Il savait qu'ils n'avaient pas utilisé de protection ou quoique ce soit, et puis les dates coïncidaient. Il devenait fou à ne pas savoir la vérité. Ça le rongeait.
Après quelques minutes, les affaires de Sofiane étaient prêtes, ils quittèrent rapidement l'appartement dans un mutisme effrayant, comme un deuil. Il n'y a que la porte qui émana du bruit signalant leur départ. Ils montèrent dans le véhicule, tous silencieux alors que la radio était allumée. Il était cinq heure à présent et cela se voyait, le soleil venait à se lever et les gens qui bossait tôt le matin en ce vendredi était déjà debout.

ATHENA point de vu

VAL DE FONTENAY
7h

La petite délinquante était dans la cuisine, elle passait le balais, alors qu'elle avait un tablier autour de la taille. Elle habitait dans un petit appartement très mal localisé, délabré et loin de son école. Et puis tous les midis ils avaient droit à une odeur insoutenable des canalisations, pour dire elle pouvait sentir la chiasse de ses voisins. Elle logeai donc ici, avec sa grand-mère et ses deux petits frères, des jumeaux indisciplinés, âgés de 8 ans, qui adoraient foutre le bordel à deux quand ils passaient dans les parages. Si elle aurait pu choisir une autre famille elle l'aurait sans doute fait les yeux fermés sans riposter. Elle passait donc le balais histoire de dépoussiérer, en sachant qu'ils habitaient ici à cinq dans un petit appart, c'était donc primordial que tout soit le plus possible bien aménagé et nettoyé. Même si elle voyait ça comme une trêve, elle s'exécutait. Elle prend par la suite le saut et rempli ce dernier d'eau avant de prendre son petit téléphone, un iPhone 3 pour regarder quelle heure il était. Une heure si matinale pour faire le ménage, mais elle savait qu'à 8h pile elle se devait de prendre ses clics et ses clacs pour aller faire le ménage chez deux, trois voisins histoire d'empocher quelques billets. Elle passa la serpillière par la suite alors qu'elle longeait les meubles de cuisine, elle releva doucement la tête en voyant son père passer. Ce dernier avait un teint très ébène alors qu'il portait en un chignon ses locs, il était torse nu, jogging noir à ras des fesses qui laissait paraître son caleçon de même couleur. Il coinça entre ses lèvres le joint brun qu'il venait à peine d'allumer à l'aide du gaz alors qu'il semblait avoir les yeux rouges comme à son habitude. Il avait quelques tatouages au bras droit. Ils ne discutaient que très rarement, sûrement parce que la jeune femme ressemblait comme deux gouttes d'eau à sa mère, et qu'elle avait plus pris de sa couleur que les deux jumeaux bien plus foncés. Le père soupira la fumée avant de regarder sa fille.

                         — Ce soir t'ira prendre les p'tits chez Katy, je rentre super tard, annonce t'il alors qu'il renifle avant de prendre une tasse.

Elle hocha simplement de la tête alors qu'elle le regarda écouler son café brun dans sa tasse. Elle devait avouer qu'elle n'avait pas l'impression de connaître son père, du moins elle le connaissait avant que sa mère ne fugue un beau jour. Et ce jour là, son père changea complètement du jour au lendemain. Elle n'avait que 8 ans quand sa mère a quitté la baraque. Une dispute, des cris masculins et féminins, alors qu'elle était assise sagement sur les genoux de sa grand-mère qui lui plaçait une jolie fleur dans les cheveux au creux de son oreille. Ils étaient dans le salon tandis que ses parents hurlaient et ses frères, de simples bébés étaient dans leur berceau. Athena avait simplement chéri sa fleur en la regardant et faisant abstraction aux cris, c'était habituel. Un verre cassé alors que sa grand-mère essayait de les raisonner, les yeux larmoyants. Et boom, une porte claquée et des bagages en main. Sa mère les avaient donc tous abandonnés dans ce médiocre appartement, et avait brisé le cœur de son père. Martins, son père, est d'origine domicaine et mauricienne, tandis que sa père, Elira est marocaine. Les deux s'étaient rencontrés au lycée et ça avait matché d'abord amicalement puis ensuite amoureusement, selon sa grand-mère Maria. Naturellement Athena  avait appris l'espagnol, ainsi que le créole mauricien, mais ne savait pas un mot d'arabe. Et puis son père lui parlait majoritairement créole et espagnol. Un beau mélange mais un résultat catastrophique.
    En bref, elle avait droit à un beau spectacle de voir son père boire, et fumer comme un pompier en solitaire. Le cœur meurtri par sa mère. Elle ne se souvenait que très brièvement de la figure de sa mère, elle se rappelait seulement de son odeur naturelle de lavande, et ses cheveux bouclés, mais aussi de ses nombreuses représentations de danse du ventre. Une ceinture orientale à la taille, qui émettait quelques bruits satisfaisant sur un rythme marocain. Elle était souvent vêtue de soie rouge. Elle se souvient de ses mouvements d'épaules, et de l'admiration que son père portait à l'égard d'Elira. Des odeurs d'épices, des claquements de mains et des bruits de bouche traditionnels. Et le regard et sourire de sa mère qu'elle portait sur elle, si doux et léger, un amour inconditionnel.

Athena reprend rapidement conscience de la réalité des choses. Sa mère n'était plus là. Elle était morte pour elle.

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